Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 10

Sanctuaire, Grèce, Avril 2006

Les pleurs transpercèrent de nouveau la nuit. Un soupir, un mouvement à côté d’elle, puis la voix ensommeillée de Kanon lui parvint :

« Laisse, j’y vais. »

L’ombre massive de son corps alors qu’il se levait se superposa sur le clair-obscur qui régnait dans la chambre : la Lune était presque pleine et filtrait au travers des persiennes.

Thétis se concentra sur ses pas qui s’éloignaient dans le couloir en direction de la chambre d’Andreas, sans pour autant réussir à faire abstraction des geignements de leur fils. Un peu plus tôt dans la soirée, elle s’était rendue à son chevet la première mais la petite victoire qu’elle avait cru pouvoir célébrer lorsqu’il s’était assoupi sous l’effet de la berceuse qu’elle lui avait chantonnée n’avait pas fait long feu. Il s’était écoulé, quoi : une heure ? Elle ne s’était même pas rendormie.

Basculant sur le dos, les yeux grands ouverts sur le plafond plongé dans la pénombre au-dessus d’elle, elle reprit le cours des réflexions qui l’avaient tenue éveillée. Demain – enfin, dans quelques heures – elle devait repartir à Athènes avec Rachel pour un dernier essayage. Non que ce fût indispensable mais elle tenait à ce que sa robe fût parfaite. Par ailleurs, celle de Rachel nécessitait des ajustements bien que la principale concernée s’en défendît : la Grecque avait encore maigri. Le front de Thétis se plissa quand ce constat s’entrechoqua avec le couinement de joie poussé par Andreas au même moment : son père venait d’arriver.

D’autres considérations étaient fort heureusement plus ou moins soldées. La décoration était choisie depuis longtemps déjà : des roses bien sûr, qu’elle avait elle-même sélectionnées, entretenues, bichonnées afin qu’elles fussent écloses pour le jour J, le tout sous un soleil que tous espéraient éclatant. Aphrodite aurait été fier d’elle, songea-t-elle avec un pincement au cœur. Cette passion qu’il lui avait transmise et qui dépassait de loin sa vocation initialement utilitaire, il y avait consacré un bonne partie de sa trop courte existence. Elle regrettait qu’il ne fût pas là pour en savourer le résultat. Et pour se tenir aux côtés de la nièce qu’il avait élevée, le jour de son mariage.

Ses doigts, qu’elle avait crispés sur les draps, se détendirent. Le silence était revenu dans le palais et son esprit, suivant le fil du déroulement prévu de la cérémonie, la conduisit à l’autre sujet important, si ce n’était le sujet majeur suivant les points de vue des uns et des autres à savoir le menu. Ou plutôt les menus, Loukas se réveillant chaque matin avec une nouvelle idée qu’il s’empressait de soumettre à son jugement afin de la convaincre de l’absolue nécessité de prévoir aussi telle mignardise, petit four, verrine ou autre douceur. Pas plus tard que la veille, il avait requis sa présence – indispensable ! – pour le lendemain afin de lui présenter le programme complet des agapes. Un programme qu’elle espérait aussi définitif que possible à moins d’un mois de la date fatidique.

Ah, oui. Le costume de Kanon. A priori il était prêt, dixit son futur époux que son frère avait pris en main à cet effet et ce, sans lui laisser le loisir de protester. De ce côté-là elle était sereine, Saga mettrait tout en œuvre pour que son jumeau fût à la hauteur de l’événement. Non qu’elle en doutât : Kanon ne lui avait pas demandé sa main sur un coup de tête et cette initiative relevait d’une acceptation pleine et entière de son destin, à l’image du cheminement mené par son jumeau de son côté. L’avenir, désormais, pouvait s’écrire sans plus risquer de ratures. Leur amour retrouvé en constituait la première phrase ; la naissance d’Andreas, un nouveau chapitre.

Elle ne se rendormirait pas, décidément. Trop de choses. Avec une profonde inspiration, elle se redressa et après avoir enfilé un cardigan par-dessus sa nuisette, elle s’achemina à son tour vers la chambre de son fils. Sur le seuil de laquelle elle s’immobilisa, encore et toujours saisie par un spectacle auquel elle ne réussissait pas à s’habituer.

Installé dans un fauteuil trop petit pour lui, Kanon donnait le biberon à Andreas dont les yeux vigilants ne quittaient pas ceux de l’adulte fixés sur lui. Bien que déjà plus grand et plus lourd que les bébés de son âge, Andreas paraissait pourtant minuscule dans le creux du bras puissant de son père, lové tout contre son torse nu. Une main sur le poignet de Kanon, l’autre emmêlée dans une longue mèche bleu sombre, l’enfant tétait avec application et constance, rendu à sa tranquillité. Et pour cause. Les ondes paisibles du cosmos du chevalier d’or des Gémeaux désormais en titre se propageaient sans discontinuer dans la petite chambre et au-delà et si elle n’était plus en capacité de les percevoir par elle-même, Thétis en percevait les effets par le truchement de son lien empathique avec son fils.

Ainsi, l’espace de quelques instants, elle se retrouva elle aussi baignée par la même brume bienfaisante, empreinte de douceur et de patience. Les battements de son cœur ralentirent comme une paix profonde descendait en elle. Elle se sentait rassurée, protégée, en totale sécurité par la grâce de la force incommensurable du cosmos auquel elle s’abreuvait.

Non. C’est Andreas. Toi, tu ne peux plus, tu as déjà oublié ?

L’enchantement se brisa net et elle rouvrit les yeux qu’elle ne se rappelait pas avoir fermés au moment même où la voix grave et profonde de Kanon s’élevait :

« Je crois que cette fois… – il récupéra le biberon avec d’infinies précautions – … il ne nous réveillera plus. »

S’ébrouant, elle s’avança dans la pièce jusqu’à venir s’asseoir sur l’accoudoir du fauteuil et contempler le visage endormi d’Andreas dont elle retraça les contours arrondis du bout de l’index. Une main passée autour de sa taille, Kanon lui sourit :

« C’est fou comme il te ressemble.

— Si on excepte ses yeux verts, son front haut et ce qui s’annonce comme un nez à faire pâlir Phidias d’envie, oui, c’est fou, en effet.

— Disons que bon sang ne saurait mentir ? La taquina Kanon tout en resserrant son étreinte autour d’elle.

— Un peu quand même, j’espère. »

Sans quitter l’enfant des yeux, elle se pencha pour enfouir son visage dans l’épaisse chevelure de son compagnon, avant que leurs lèvres se trouvassent pour un baiser empli de tendresse.

« Tu devrais retourner te coucher pour essayer de dormir un peu, lui conseilla Kanon. Je vais rester encore un moment avant de le remettre dans son lit. Histoire d’être sûr de mon coup », rajouta-t-il avec une grimace qui se voulait assez comique pour arracher un sourire à Thétis qui acquiesça et se leva, un ultime regard en direction de son fils.

Une fois dans le couloir, elle eut la surprise de se trouver face à face avec Rachel qui se dirigeait vers les escaliers :

« Oh. Andreas t’a réveillée, je suis désolée, fit-elle en se rembrunissant, aussitôt contredite avec bonne humeur par la Grecque.

— Absolument pas. Saga est le seul coupable : à force de se tourner et se retourner dans le lit, il a fini par gagner un coup de pied, direction son bureau. Ou je ne sais où mais dans tous les cas, ailleurs.

— Il y serait allé tout seul, non ?

— Certes mais un peu plus tard, disons… vers quatre heures du matin au lieu de trois ? »

Elles s’esclaffèrent brièvement avant de baisser d’un ton et de s’éloigner de la chambre d’Andreas.

« Asgard ? Demanda Thétis, avec un coup d’œil par-dessus son épaule en direction de l’autre aile du bâtiment où se trouvait le bureau du Pope.

— Asgard, confirma Rachel. Il n’en est pas revenu de la meilleure humeur qui soit et depuis, il consacre une bonne partie de son temps à la meilleure façon de leur présenter l’aide financière de cette année sans « froisser » Hilda. »

Un petit reniflement de mépris ponctua la fin de la phrase de Rachel ce qui valut à cette dernière un sourire compatissant de la part de la Suédoise :

« Nous avons besoin d’eux, n’est-ce pas ? Quand je dis « nous », je parle de l’humanité toute entière. Donc, si ménager la susceptibilité d’une seule personne peut permettre d’améliorer la situation du plus grand nombre, dans ce cas… »

Ce fut au tour de Rachel de sourire tout en secouant doucement la tête, les mèches grises échappées de sa tresse dansant sur ses joues :

« Tu es l’ange que j’aurais dû avoir sur mon épaule au cours de ces dernières années, tu le sais, ça ?

— Dis-tu, alors que tu aurais fini par me trouver sacrément lourde et m’éjecter moi aussi d’un coup de pied bien senti ! »

Pour toute réponse, Rachel enserra les épaules de l’autre femme et elles restèrent un moment enlacées au milieu du couloir silencieux avant de s’éloigner l’une de l’autre, les bouts de leurs doigts demeurant seuls entrelacés.

« Andreas n’a pas tardé à se rendormir en tout cas, remarqua Rachel.

— Kanon a l’art et la manière de savoir s’y prendre avec lui, à croire qu’il a fait ça toute sa vie. »

Elle avait fait attention pourtant. Le regard de la Grecque à cet instant cependant, était bien trop pénétrant et Thétis se détourna une seconde pour tenter d’y échapper, sans succès. A la place, les mains de Rachel vinrent encadrer son visage et elle n’eut d’autre choix que de plonger dans le bleu roi de ses yeux, parsemé des étincelles dorées caractéristiques du sang de ses ancêtres.

« Tu te sens bien ?

— Oui, pourquoi ? »

Les pouces de la Grecque caressèrent alors ses joues avec douceur :

« Parce que tu pleures. »

Un tremblement traversa Thétis de part en part, qu’elle maîtrisa tant bien que mal avant de chuchoter :

« Je ne m’en étais pas aperçue. »

Le front de Rachel s’appuya contre le sien et le silence retomba. De tous les mots de réconfort qu’elle aurait pu prononcer, elle n’en formula aucun. Ni de « ça va aller » ou de « ne t’inquiète pas » ou encore de « tu n’es pas la première à qui ça arrive ». Non, juste sa présence. Son attention. Rien de plus et c’était tout ce dont Thétis avait besoin.

Peu à peu un semblant de quiétude regagna la Suédoise qui lui exprima ses remerciements en étreignant ses poignets.

« Je descendais au salon, reprit Rachel sur un ton dégagé, histoire de terminer ma nuit devant un documentaire soporifique quelconque. Tu m’accompagnes ? On se partagera le canapé.

— La dernière fois tu t’es endormie sur moi, j’ai cru mourir de chaud ! »

La protestation bonne enfant de Thétis dressa les deux sourcils de la Grecque :

« Oh, vraiment ? Dans ce cas, promis, cette fois je te servirai d’oreiller ! »

Sanctuaire, Grèce, Avril 2006 – la même nuit

C’était une mauvaise idée. Cette certitude s’était chevillée à ses pensées dès l’instant où Ethan avait émis sa proposition, avant que lui-même, pourtant, signifiât son accord et lui emboîtât le pas. Depuis elle n’avait pas cessé de tourner en boucle dans son esprit comme ils s’enfonçaient dans les entrailles de l’île, le long des couloirs étroits taillés à même le calcaire et dans une obscurité qui eût été absolue si ce n’était le halo doré de cosmos pur qu’ils avaient créé de leurs mains pour les accompagner.

La légende personnelle d’Ethan. Celle qui avait conforté sa position parmi les apprentis les plus aguerris alors même qu’il n’avait pas encore été désigné par le Grand Pope en tant qu’aspirant officiel à la charge des Gémeaux. Celle que l’adolescent ne se lassait pas de narrer dès que l’occasion lui en était offerte. Celle qui allumait des étincelles d’admiration et d’envie dans les yeux d’Armand, fût-ce à son corps défendant.

Son ami avait contribué à sauver les chevaliers d’or lors de leur combat contre les Portes. Rien de moins.

Aussi, quand Ethan avait suggéré de lui montrer les armures d’or – à lui et à lui seul ! – refuser n’était pas précisément la première chose qui lui était venue en tête. Il n’avait toutefois pas anticipé certains détails. Au hasard, que lesdites armures d’or n’étaient pas accessibles. Voire même qu’elles demeuraient cachées. Et que tenter ne serait-ce que de s’en approcher était strictement interdit.

Ces considérations s’étaient bousculées sous son crâne bien trop tard : il avait dit oui, se dédire aurait fait de lui un lâche de la pire espèce et lui aurait à coup sûr valu le mépris de ce camarade qu’il admirait tant et à qui il devait beaucoup.

Ravalant ses inquiétudes dans un soupir étranglé, il accéléra le pas pour rattraper le jeune Irlandais qui venait de disparaître à l’angle d’un énième boyau rocheux. Jusqu’ici, leur périple initié au cœur de la nuit n’avait connu aucun accroc ; avec un peu de chance, il se terminerait comme il avait commencé et personne n’en saurait jamais rien ?

Rasséréné par cette hypothèse, il parvint à la hauteur d’Ethan qui lui adressa un sourire complice. Le fait que l’autre garçon lui accordait ainsi son estime et son amitié le stupéfiait chaque jour, tant il s’en sentait peu digne. D’accord, lui aussi disposait du septième sens, lui aussi avait hérité d’un apprentissage prestigieux auprès du chevalier du Capricorne mais en aucun cas il n’arrivait à la cheville d’Ethan ! C’était à se demander s’il n’y avait pas une erreur : tôt ou tard, quelqu’un allait finir par se rendre compte qu’il usurpait un destin qui n’était pas le sien.

« Regarde ! »

Suivant l’index de son camarade, Armand entrevit une lourde porte en acier flambant neuve qui leur barrait le passage. A son entour, pourtant étroitement scellé dans la pierre, un liseré doré se devinait, un trait de feu, fin mais incroyablement lumineux dans la pénombre.

Ils s’immobilisèrent dans un même mouvement et s’entre-regardèrent, indécis. Et maintenant ?

Un air résolu se peignit cependant sur les traits d’Ethan éclairés par son cosmos et sans plus d’hésitation, il s’avança jusqu’à la porte contre laquelle il appuya ses paumes. Elle pivota alors vers l’avant, sans heurt et dans un silence parfaitement assourdissant.

D’abord, ils durent détourner le regard, aveuglés par l’intense luminosité qui les submergea dès le vantail ouvert. La lumière se déversa loin dans le couloir derrière eux et il leur fallut plusieurs secondes avant de redresser la tête et de pouvoir pénétrer d’un même pas dans le lieu où ils étaient désormais certains de trouver l’aboutissement de leur quête.

Oui.

Vraiment. Une. Très. Mauvaise. Idée.

A peine si l’évidence eut le temps de s’inscrire dans la partie consciente de l’esprit d’Armand alors que leurs yeux médusés tombaient sur le Grand Pope du Sanctuaire, installé avec nonchalance sur la troisième urne en partant de la gauche. Positionnée dans le demi-cercle constitué par ses onze semblables sur une estrade, ses contours se fondaient dans leur rayonnement commun.

Une cheville posée sur son genou, le coude appuyé sur l’autre genou replié et le menton soutenu par son poing, Saga Antinaïkos les contemplait sans mot dire.

Armand perçut le frémissement d’Ethan à ses côtés ; pour sa part, il était incapable de ressentir quoi que ce fût. Il avait l’impression d’être changé en pierre.

« J’ai failli attendre. »

La voix, grave et profonde, du Pope roula sous la voûte de la salle circulaire qui abritait ce qui restait des armures d’or.

« Maître, je suis…

— Tu crois vraiment disposer du droit de t’exprimer ? »

Ethan referma la bouche et Armand sursauta, littéralement, quand les yeux d’un vert luisant qui venaient de fusiller son compagnon pivotèrent dans sa direction.

« Shura du Capricorne sera extrêmement déçu. »

Son cœur se serait arrêté net que l’impression n’aurait pas été très différente. Un tremblement irrépressible s’empara du corps du jeune Français et il ne dut qu’à ses ongles qu’il planta profondément dans sa paume, de ne pas se liquéfier sur place.

Posément, Saga déplia sa jambe et se leva. En temps normal, il était déjà immense avec ses deux mètres et sa carrure de guerrier ; juché sur l’estrade, surplombant les deux garçons, il s’était transformé en géant. Bien malgré eux, leurs têtes basculèrent en arrière pour le suivre des yeux, avant de laisser échapper un gémissement bien trop sonore pour leur dignité quand le cosmos des Gémeaux se déploya tout entier dans la salle.

C’est. Impossible !

Le souffle coupé et les yeux exorbités, ils reculèrent d’un pas, puis deux, avant de tomber à genoux, laminés, écrasés par la puissance à laquelle, ni leur corps, ni leur propre aura n’étaient en mesure de résister. Leurs dos se courbèrent, petit à petit, jusqu’à appuyer leur front contre le sol en pierre lequel se fissura en étoile sous eux. Le craquement de la roche résonna sous leurs crânes et dans leurs os ; les poings serrés, et parce qu’ils étaient des apprentis de la garde sacrée du Sanctuaire, ils s’efforcèrent de lutter encore quelques secondes, ne serait-ce que pour l’honneur.

En vain.

Si tant était que ce fût seulement imaginable, l’énergie cosmique s’enfla d’un cran supplémentaire, une chaleur bientôt insoutenable s’enroulant en tourbillons furieux et redoutables qui les obligèrent à mobiliser leur propre cosmos pour se protéger de leurs effets délétères.

Ils demeurèrent ainsi recroquevillés pendant de longues minutes, résignés à subir un châtiment qu’ils avaient bien mérité ne put s’empêcher de songer Armand avec amertume, malgré la douleur qui vrillaient chacun de ses membres. Au temps pour lui et pour sa naïveté. Croire qu’ils pouvaient, Ethan et lui, tromper la vigilance du Grand Pope tout puissant du Sanctuaire ? Quelle hérésie !

Saga se mordit les lèvres pour dissimuler un sourire approbateur tandis que son propre cosmos amorçait sa décrue et qu’à ses pieds, les deux adolescents relevaient la tête avec une appréhension non feinte. Ils étaient costauds ces deux-là ; Ethan, décidément, ne le décevait pas et Armand lui emboîtait le pas, tout aussi prometteur.

Les bras croisés, il adopta derechef un air sévère lorsque son apprenti finit par lever les yeux vers lui :

« Si vous devez punir quelqu’un, que ce soit moi, argumenta Ethan avec franchise. C’est moi qui ai insisté pour qu’Armand m’accompagne. Il ne voulait pas venir. »

Stupéfait, le jeune Français avait pivoté vers son compagnon mais alors qu’il s’apprêtait à objecter, Saga lui coupa la parole :

« Je prends bonne note de ton aveu. Ainsi que de ta si haute opinion de toi-même que tu t’es cru autorisé à braver mon autorité pour te faire mousser auprès de ton camarade ici présent. Ton « exploit«  ne te dispense pas d’obéir aux règles en vigueur, jeune homme.

— Je… J’en ai pris conscience, Maître. Cela ne se reproduira pas. »

Le regard d’Ethan, cependant, avait dévié sur le côté et ses sourcils s’étaient froncés. Interrogatif, Armand l’observait sans pour autant oser tout à fait se détourner de Saga qui, d’un pas leste, descendit de l’estrade pour aller se poster près de son apprenti.

« Qu’y a-t-il ? »

Un reste de colère feinte peut-être ? Ethan se ratatina à côté de lui et ne se détendit que lorsque le Pope posa une main – a priori sans danger – sur son épaule.

« Elles… – l’adolescent tendit un index hésitant vers les urnes, avec un coup d’œil inquiet vers son maître – …. ce n’est pas comme la « dernière » fois, précisa-t-il enfin.

— Explique-toi.

— Eh bien, il manque, je ne sais pas, comme de la force ? »

Un signe de tête de Saga l’encouragea à poursuivre et sa voix acheva de se raffermir, en même temps que sa posture :

« Oui, c’est ça, elles brillent moins. Les urnes. Ou du moins, pas toute de la même façon. »

Balance. Verseau. Poissons : Ethan en désigna les réceptacles les uns après les autres avec assurance.

« Celles-ci sont éteintes. Je veux dire, en comparaison des autres », rajouta-t-il avec précipitation comme le regard de Saga s’assombrissait tout à coup.

Armand, qui ne comprenait rien ou pas grand-chose, se contentait d’observer alternativement le duo maître-élève et les douze urnes, encore ébloui par le cosmos qui en émanait et qu’il devinait leur appartenir en propre, ainsi que par la magnificence de leur orfèvrerie. Comme à n’importe quel aspirant chevalier, l’histoire du Sanctuaire lui avait été enseignée et avec elle, les légendes qui entouraient les armures aujourd’hui détruites mais avec lesquelles les premiers chevaliers avaient combattu pendant de nombreux siècles. Il y avait toutefois un fossé – non, un gouffre – entre l’imaginaire et la réalité et rien ni personne n’aurait pu le préparer à cette dernière.

Fasciné, il cessa bientôt d’entendre les voix du Pope et d’Ethan. A la place, il entendait de la… musique ? Un chant plutôt, mais si lointain qu’il demeurait trop indistinct pour qu’il fût incapable de ne serait-ce que de le fredonner. Il n’empêchait. Son envie de mieux le percevoir mut ses jambes en lieu et place de sa volonté et il se heurta au bras que Saga avait tendu devant lui.

« On ne va pas plus loin, avertit le Pope.

— Elles m’appellent. »

Armand avait répondu dans un marmonnement, avec un regard vide et égaré que Saga avait déjà vu. Ses doigts toujours fermement crochetés en travers du torse de l’apprenti du Capricorne, il interrogea Ethan :

« Avez-vous rencontré de la résistance sur votre chemin ?

— De la résistance ? Je ne comprends pas, Maître.

— Contente-toi de répondre à la question. Sans réfléchir.

— … Non. A part essayer d’éviter de se perdre, ça a été… plutôt facile. »

Ethan avait répondu avec réticence mais la répartie acerbe qu’il redoutait ne vint pas. La main posée sur son épaule retomba et un Armand encore hébété fut redirigé dans sa direction :

« J’en déduis donc que vous n’aurez aucun difficulté pour retrouver le chemin du retour. Filez.

— Mais… Maître, vous…

— Tu viendras t’enquérir de ta punition quand le soleil sera levé. »

D’abord immobile, Ethan empoigna le bras d’Armand et l’obligea à reculer et à s’incliner en même temps que lui. Puis, après une dernière hésitation et un ultime regard aux armures, ils déguerpirent sans demander leur reste.

Resté seul, Saga eut un profond soupir puis fit face à l’estrade. La sensation persistante et désagréable d’une perturbation dans la toile dimensionnelle propre au Sanctuaire n’était pas née de son imagination mais d’une certaine façon, il se trouvait soulagé que l’origine en fût ces deux gamins. Quand bien même elle lui avait valu d’être chassé de ses propres appartements : un sourire amusé traversa son visage et il adressa une pensée à Rachel qui la lui retourna empreinte d’une même affection.

De son temps, cette même excursion1 n’avait pas été dénuée d’embûches et même si pour cette bravade, Shion ne les avait pas épargnés, les frères Xérakis, Kanon et lui-même, jamais ils n’avaient regretté ce qui s’était mué en un bon souvenir au fil des années. Son attention s’immobilisa sur l’urne des Gémeaux. Le destin de son frère et du sien y était enfermé et ce jour-là, ils en avaient eu un premier aperçu même s’ils étaient trop jeunes pour comprendre ce dont Shion, lui, avait alors reçu confirmation.

Malgré leur état de délabrement, leur inutilité manifeste, leur savoir restait infini. Leur puissance, aussi. Si le Saga adolescent avait pu en douter, l’homme qu’il était aujourd’hui en était persuadé : il avait payé assez cher la destruction de nombre de ses certitudes pour ce résultat. Alors découvrir qu’en dépit de toutes les précautions qu’il avait prises, les armures – ou ce qui en restait – étaient à ce point vulnérables et qu’un simple promenade de santé suffisait pour les atteindre, constituait un problème.

Un de plus.

Non seulement ces deux gamins les avaient trouvées sans difficulté, mais en plus, l’un s’était immédiatement rendu compte qu’il en manquait trois d’entre elles et l’autre les avaient entendues. Le cosmos de l’île aurait du remplir son office et les empêcher de parvenir jusqu’ici ou à tout le moins leur rendre la tâche difficile. Et quand bien même ces apprentis étaient destinés à l’élite de la chevalerie – sauf accident malencontreux – ils ne disposaient pas encore du niveau requis de maîtrise du septième sens pour percevoir l’aura des armures du zodiaque avec une telle acuité.

Le cosmos de l’île… Celui qui protégeait le Sanctuaire des regards indiscrets et des incursions indésirables, et était censé émaner de la déesse Athéna deux mille cinq cents ans plus tôt. Une déesse qui n’existait pas.

Plus. Qui n’existe plus.

La ferme.

Donc, si Athéna n’était pas – plus – présente, où ce cosmos défensif puisait-il son origine depuis la disparition de la déesse ?

Oh bon sang. Quel imbécile.

Sous le regard du Pope soudain agrandi par la compréhension, le halo doré qui baignait l’estrade manifesta un regain de vigueur, en réponse à l’évidence informulée. Toutes les urnes s’illuminèrent alors que leur mise en résonance saturait l’atmosphère d’une vibration à la limite de l’infrason.

Toutes.

Sauf trois.

Province de Paktika, Afghanistan, Avril 2006

Le vrombissement de l’hélicoptère était devenu assourdissant, tandis que d’épais nuages de poussière avaient commencé de s’élever depuis la piste où il avait de toute évidence prévu d’atterrir.

Accroupis, la tête détournée afin de se protéger autant que possible, les soldats s’étaient réfugiés derrière un aplomb rocheux par précaution, non tant vis-à-vis des nouveaux arrivants que d’une éventuelle attaque de talibans trop heureux de tomber sur une petite troupe de soldats américains qui sur le papier auraient dû se trouver à quelques centaines de kilomètres de là où ils ne devaient surtout pas être.

La vitesse des rotors s’amoindrit suffisamment pour leur permettre de se redresser les uns après les autres comme deux hommes descendus de l’appareil accouraient vers eux, le dos courbé.

Le chef du groupe s’avança à leur rencontre et les interpella d’une voix assez forte pour couvrir les moteurs :

« Qui êtes-vous ? Et qu’est-ce que vous foutez ici ? Je n’ai pas été informé de votre arrivée ! »

L’un des deux arrivants empoigna le bras du soldat avec fermeté et l’attira à l’écart jusqu’à ce qu’ils pussent échanger sans hurler :

« Ça fait des semaines qu’on vous cherche, se contenta de répliquer l’inconnu sans répondre aux questions.

— Vous nous auriez trouvé plus facilement que ça m’aurait fait mal au cul, maugréa le sous-officier. C’est notre job, de ne pas être trouvés. Surtout dans cette région de merde. Même si désormais votre discrétion à toute épreuve nous a vissé une cible dans le dos. Et vous êtes qui à la fin, bon Dieu !

— Je ne suis pas habilité à vous le dire.

— Vous voyez beaucoup de bureaucrates, là, tout de suite ?

— NSA, intervint le second qui s’impatientait et piétinait sans cesser de regarder par-dessus son épaule avec nervosité.

— J’ai parlé trop vite, visiblement. »

Relevant ses lunettes, le sergent inspecta ses deux visiteurs du jour pourtant équipés tout aussi militairement que lui sans dissimuler son mépris :

« Depuis quand la NSA – il avait craché l’acronyme – envoie-t-elle des hommes sur un terrain d’opérations ?

— Depuis qu’on relève du même département de la Défense, vous et nous, riposta l’autre sans se démonter. Le caporal Thomas J. Orwell est-il avec vous ?

— Qui le demande ?

— Vous ne voulez pas le savoir.

— … Attendez, vous êtes venus jusqu’ici pour lui ?

— On ne peut rien vous cacher. »

Le sous-officier laissa échapper un long sifflement tout en hochant la tête.

« Je vois. En effet, vous avez raison, je ne veux pas le savoir. Tenez, c’est lui là-bas – il désigna du menton un homme à l’écart des autres et dont la tâche consistait apparemment en la surveillance des environs – Dommage.

— Pourquoi ?

— Disons que celui-là, il a oublié d’être con. Vous me le renvoyez, après ?

— Je ne peux vous apporter aucune garantie à ce sujet.

— Et merde. Qu’est-ce qu’il a fait ?

— …

— … Reste plus qu’à lui dire adieu, dans ce cas. »

1« Les reliques » – préquelle.

8 réflexions sur “Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 10

  1. C’est inquiétant cette histoire d’île qui ne protège plus les armures. Si n’importe quel quidam peut se balader dans les souterrains du Sanctuaire, Saga n’a pas fini de faire des nuits blanches (pour ce que ça change, cela dit…).

    Content que l’on retrouve enfin Orwell même si ça ne présage rien de bon pour lui. D’ailleurs il manque un verbe à la dernière phrase : « Reste plus qu’à lui adieu, dans ce cas. »

    L’officier est tellement ému de perdre une bonne recrue qu’il en perd ses morts, c’est dire…

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    • Hello !

      En effet, l’île ne protège plus les armures… parce que les armures ne protègent plus l’île ! C’est ce que Saga comprend : l’île est protégée par son propre cosmos, à l’origine celui d’Athéna. Sauf qu’il n’y a plus d’Athéna, il faut donc que ce cosmos soit alimenté par autre chose. Et quelles choses directement héritées d’Athéna sont présentes sur l’île ? Les armures. C’est leur cosmos qui alimente celui de l’île. Sauf que ça ne fonctionne bien que si elles sont au complet, ce qui n’est plus le cas. Le résultat reste cependant ce qu’il est et, oui, c’est inquiétant pour la protection dite « passive » du Sanctuaire.

      Arf, merci de m’avoir signalé la coquille de la dernière phrase, je vais la corriger ^^; Orwell est le dernier lien entre Corman avec le Sanctuaire, mais aussi avec l’Armée US. Que sait-il de ce fameux journal ? Mystère… 🙂

      Merci beaucoup pour ta lecture !

      J’aime

  2. Bonjour!

    J’aime beaucoup comme tu arrives à faire passer, tout en subtilité et en implicite, la souffrance de Thétis dans ce chapitre. La perte du septième sens doit déjà être terrible, mais là en plus on dirait que cela génère indirectement une culpabilité de ne pas être « assez » pour Andreas, de ne pas arriver à le calmer comme son père peut le faire. Avec en plus la sensation d’être d’une certaine manière exclue de cet aspect de leur relation. En tout cas c’est ainsi que j’interprète ses larmes, et ça me fait vraiment de la peine pour elle!

    Et côté armures, déjà qu’il en manque trois, en plus visiblement on peut entrer dans la cachette des autres comme dans un moulin… ça ne présage rien de bon! Je trouve intéressant par ailleurs que ce soient elles qui protègent l’île; je ne sais pas pourquoi, je n’avais jamais imaginé que leur rôle de protectrices puissent s’étendre au-delà de la personne de leur porteur, mais ça fait totalement sens! Et ça explique pourquoi elles sont si importantes même en étant plus ou moins hors d’usage en tant qu’armures…

    Merci pour ce chapitre, et bonne suite!
    Lily

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    • Hello Lily !

      J’essaye de mettre en pratique le « show don’t tell » autant que possible mais quand on est une maniaque de la description des affres psychologiques dans mon genre, ce n’est pas facile tous les jours. Aussi, tu me vois ravie que l’exercice concernant la situation de Thétis ait porté ses fruits en ce qui te concerne ! (et soulagée, aussi) (parce que tout le monde n’apprécie pas non plus la lecture entre les lignes)
      Oui, Thétis est en souffrance. Mais en bon chevalier d’or qu’elle est, elle ne va pas la verbaliser, ni l’afficher consciemment et ici son corps décide de parler pour elle. Il est probable que ce soit parce qu’elle est face à Rachel, elles sont très proches toutes les deux et comme elle se sent en confiance, sa vigilance se relâche. La « perte » du 7ème sens pour un chevalier d’or (dans son cas, plutôt une « rupture ») revient à le priver quasi d’oxygène, il faut s’habituer à un quotidien plus « fade » sans oublier que dans le cas présent, ce 7ème sens les unit tous. Mais en plus, Thétis se retrouve ici doublement handicapée face à son enfant qui le développe dès la naissance et qui de ce fait a besoin de repères qui « lui parlent », rôle qu’elle n’est plus en mesure de jouer ce qui pour une jeune maman est sans doute insupportable à vivre. A moi aussi elle me fait de la peine parce que s’il y a bien quelqu’un parmi eux tous qui mérite le meilleur, c’est bien Thétis…

      Dans l’UDC!verse, les armures sont d’une certaine manière aussi « légendaires » que l’est Athéna. Ma conception du sujet est que les armures ont été créées en même temps que le Sanctuaire et qu’elles sont de nature divine. Pour cette façon de voir les choses, j’ai été inspirée par une fic : « la Genèse des Armures d’or » que je recommande vivement, surtout quand on est fondu de mythologie 🙂 Ma vision n’est la même, mais le fondement divin, si. Tout ça pour dire que divin = gros, très gros cosmos avec des aptitudes particulières. De là, la raison pour laquelle le Sanctuaire a préservé et protégé ce qui n’est plus que des débris inutilisables depuis des siècles. Parce que, détruites ou pas, les armures sont intrinsèquement liées au Sanctuaire et inversement et que l’un ne peut pas exister sans l’autre. Et cela, les Popes le savent ou à tout le moins, comprennent le nécessaire besoin de protéger les armures sans forcément être au faits de tous les tenants et aboutissants. Shion ne faisait pas exception mais on va dire qu’il n’a « pas eu le temps » de transmettre l’information à son « successeur » XD (et de fait, Shion pensait que les armures étaient à protéger en cas d’ouvertures des Portes – en soi, il n’avait pas tort mais ce n’était pas la raison première)

      Je suis très contente que cette approche te semble plausible en tout cas 😉

      Merci beaucoup pour ta lecture et ton temps, à bientôt pour la suite !

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  3. Coucou Al’,

    Merci pour ce nouveau chapitre, et toutes mes excuses pour le temps que j’ai mis à venir le lire. Bon mais tu t’en doutes, j’ai comme toujours beaucoup aimé ce que j’ai découvert ici. Car comment ne pas s’émouvoir de la situation dans laquelle se trouve Thétis ? Cela doit être terriblement difficile pour elle de ne pas pouvoir interagir avec son propre fils comme Kanon peut le faire. Et c’est intéressant car on se retrouve en quelque sorte dans une situation inverse à ce que l’on observe plus classiquement où le père peut parfois se sentir un peu « exclu » de la relation particulière mère – enfant, notamment lorsque la mère choisit d’allaiter. Mais là je m’égare. Enfin tout ça pour dire que j’ai beaucoup aimé ce passage et la manière avec laquelle tu as décrit le ressenti de Thétis. J’ai été très touchée par ses larmes incontrôlées lors de sa discussion avec Rachel. D’ailleurs j’imagine aussi que cette discussion a pu avoir un écho particulier chez cette dernière (en réveillant certains souvenirs…).

    Ensuite l’escapade des deux apprentis à la curiosité exacerbée a été à la fois drôle et rafraîchissante à lire mais aussi assez riche en nouvelles informations. Donc la protection naturelle et ancestrale du Sanctuaire aurait du plomb dans l’aile ? Aïe aïe aïe. Et j’ai apprécié de faire la connaissance de l’apprenti de Shura. Un petit français alors ?

    Et enfin le court passage en Afghanistan était lui aussi tout à fait intéressant. La NSA est donc finalement venu chercher l’une des rares personnes à détenir certaines informations. Et là, je dois te dire que tu as clairement titillé ma curiosité !

    Bref, vivement la suite !

    Merci pour cette histoire, prends soin de toi et à bientôt !

    Phed’

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    • Hello Phed’ !

      Merci à toi d’avoir pris le temps de lire ce chapitre ♥

      Comme toujours dans l’UDC!verse, l’Equilibre demeure le fil rouge à suivre. Condamner son septième sens au sommeil a permis à Thétis de vivre normalement, de continuer à interagir avec ceux qu’elle aime et à enfanter. Cependant il y a *toujours* un prix à payer et ici, c’est son incapacité à interagir avec son enfant comme il le faudrait. Bien sûr, la raison principale en est qu’Andreas est spécial, avec son cosmos éveillé dès la naissance. En l’occurrence, c’est très rare mais il a fallu que ça tombe sur Thétis. Pour une mère « normale » ce serait déjà compliqué, mais pour une mère chevalier d’or qui a bien conscience de la valeur de ce dont elle s’est sciemment privé, c’est pire. D’autant qu’elle y est confrontée chaque jour, comme ici en voyant Kanon faire ce dont elle est devenue incapable.

      C’est vrai ce que tu dis, je n’y avais pas songé : ici, les rôles sont inversés, avec un père qui entretient une relation fusionnelle avec son enfant, et un mère « en dehors » (bien malgré elle). On va dire que ça change ? 😉 Nul message de ma part à y voir en tout cas : ce qui a toujours compté pour moi, c’est que l’histoire soit bonne XD

      Son cosmos scellé implique pour Thétis une maîtrise altérée de ses ressentis, ce qui est d’autant plus problématique qu’elle est empathe, d’où ses larmes. Quant à Rachel, si ça la remue quelque part, elle ne le montrera pas : elle s’est construit une carapace particulièrement épaisse qui lui permet de tenir à distance tout ce qui pourrait la blesser, je dirais même qu’elle est capable d’une dissociation très utile au point de considérer que la Rachel qui a perdu ses enfants est une personne extérieure. Ce n’est pas sans doute pas très sain au fond mais au quotidien, c’est redoutable d’efficacité.

      Oui, un peu de légèreté avec Ethan et Armand ! Armand que, très chère, tu as déjà croisé dans Fragments, plutôt vers la fin de l’histoire 😉 C’est Aldé et Aiolia qui le présentent à Shura en le lui désignant comme un apprenti au potentiel prometteur, et Shura accepte de s’en occuper. Sinon, oui, Armand est français : le Sanctuaire est cosmopolite ou il n’est pas XD Ledit Sanctuaire qui est effectivement confronté à un problème inédit au grand désespoir de Saga qui se demande tous les jours pourquoi il a à ce point tenu à prendre le job XD

      Orwell le retour, effectivement le seul à avoir côtoyé d’assez près feu le général Corman pour qu’on puisse penser qu’il en sait un peu plus…

      Encore merci pour ta fidélité et la gentillesse de tes mots, j’espère que la suite saura alimenter encore un peu plus ta curiosité !

      A bientôt !

      J’aime

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