Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 28

Domaine Sacré, Sanctuaire, Grèce, fin juin 2006

« Vas-y, je te rejoins.

— Je t’attends.

— Angelo, on est déjà à la bourre, inutile qu’on se fasse remarquer encore plus.

— J’ai dit : je t’attends. »

Le ton soudain glacé du Cancer renfonça un “mais” dans la gorge de Shura qui abandonna toutefois le sac dans lequel il fourrageait depuis plusieurs minutes pour se retourner et détailler le profil d’Angelo. Ce dernier s’était posté sous la stoa devant l’entrée restée ouverte des appartements du dixième temple, épaules voûtées, les mains enfoncées loin dans les poches de son jean et, l’air absent, mâchouillait la cigarette qui pendait mollement entre ses lèvres.

L’Espagnol prit une inspiration, ouvrit la bouche, la referma sur un silence. Lorsque quelques heures plus tôt Angelo l’avait rejoint au dixième temple dès sa sortie du Puits des Morts, son cœur avait menacé de jaillir hors de sa poitrine, en proie à l’affolement. Le revoir tout entier d’abord – enfin ! ; découvrir, ensuite, l’épuisement que le burin de la souffrance avait gravé à son front et autour de ses lèvres ; réaliser alors que sa propre douleur l’entraînait à ce point par le fond qu’il n’était pas certain tout à coup de trouver les ressources pour surnager à ses côtés : cette avalanche de ressentis décousus et contradictoires, qui n’avait duré que quelques dixièmes de seconde dans la réalité, l’avait laissé sans voix.

Il n’avait pu que remercier les dieux – peu importait lesquels – de l’accolade dans laquelle Angelo l’avait brusquement enfermé sans un mot, les muscles de ses bras durs comme du bois sur ses épaules et qui avaient continué à se resserrer jusqu’à ce que, à son tour, il enroula brièvement les siens autour de la taille de l’Italien.

Depuis ils n’avaient guère échangé que des mots sans importance, de ceux qui louvoient au loin des vrais sujets avec prudence. S’enquérir de la santé de l’autre en était un par exemple et si Shura se garda d’interroger ce que ses yeux, avant même son cosmos, constataient avec effroi et consternation, c’était bien parce que lui-même n’avait pas envie de répondre à certaines questions. Après tout, il ne respirait pas, lui non plus, la joie de vivre.

Il reporta son attention sur le sac resté entrouvert sur le fouillis de ses affaires. Un mois qu’il se trouvait au Sanctuaire et pour une raison qui ne lui ressemblait pas, il n’avait toujours pas réussi à ranger ses vêtements là où en d’autres temps il les aurait méticuleusement remisés dans l’armoire dédié à cet effet dans ses appartements personnels. Comme s’il ne devait pas rester. Comme s’il ne voulait pas rester ce qui n’avait aucun sens alors que, justement, l’idée de quitter le Sanctuaire après le mariage de Thétis et de Kanon ne lui avait pas effleuré l’esprit. A ceux qui lui auraient pourquoi, il aurait répondu de ne pas vouloir s’éloigner de Dôkho alors que ce dernier s’apprêtait à les quitter ; à lui-même, une culpabilité confuse avouait que les cosmos de ses pairs ainsi que celui de l’île allégeaient – en partie seulement, mais en partie tout de même – le poids de l’incomplétude chevillée à son corps avec laquelle il s’endormait chaque soir et se réveillait chaque matin depuis des mois, sans jamais bénéficier du moindre répit.

Tout en profitant de leur présence, il s’était cependant tenu à l’écart de ses camarades pour ne pas les éclabousser de son mal-être – et ne pas se le voir renvoyé en pleine figure, non plus – or en cet instant très précis, il se surprenait à vouloir aussi éloigner celui qui, pourtant, constituait la part manquante de son être et pour qui il revêtait la même importance, exactement.

La tête baissée et les yeux agrandis, Shura dodelina – Qu’est-ce qui me prend ? – comme une chaleur désagréable lui remontait jusqu’aux oreilles. Abaissant les paupières une seconde, il reprit son souffle puis :

« Quel est le problème ?

— On y va ensemble. C’est tout. »

Parmi les ombres moirées du soleil éclatant de midi qui se faufilait jusque sous la stoa, le Capricorne devina l’éclat d’un bleu sombre qui l’observait à la dérobée mais qui disparut aussi vite qu’aperçu. Non ce n’était pas tout, mais Shura était probablement le seul à connaître la réponse au pourquoi qu’il avait en l’occurrence choisi de taire.

Parce qu’à chaque fois que l’Italien était revenu au Sanctuaire au cours de l’année écoulé, il avait emprunté les souterrains pour naviguer dans le Domaine Sacré. Tellement plus pratiques. Plus directs. Plus rapides.

Pas vrai ?

Si bien qu’en l’espace de six mois, Angelo ne s’était fendu que d’une unique visite à Dôkho et ce, uniquement parce que ce jour-là il avait eu le malheur de croiser le chemin de Thétis alors qu’elle descendait du palais en direction de la maison de la Balance. Pris de court – pas d’excuse valable, une mauvaise foi en berne – il n’avait eu d’autre choix que de l’accompagner et il fallait croire l’expérience suffisamment révélatrice pour qu’il eût depuis mis un point d’honneur à ne pas la réitérer.

Jusqu’à aujourd’hui.

« C’est bon, j’arrive. »

* * *

Ils n’étaient pas au complet ; certains étaient déjà passés, repartis, et reviendraient. Plus tard. Le moment venu. Mü, lui, n’avait a priori pas bougé du temple de la Balance depuis plusieurs heures, Shaka à ses côtés.

Saga, aussi, était là.

Le Cancer et le Capricorne furent surpris de sa présence. Non qu’ils n’eussent pas perçu son cosmos en descendant les dernières marches menant au temple de la Balance mais ils n’avaient pas imaginé le trouver assis auprès de Dôkho en train de chuchoter à son oreille.

« Comment ça se passe ? Souffla Shura à l’oreille de Shaka.

— Il ne peut plus parler. Ceci dit, il est encore conscient – l’Indien marqua une pause brève – mais plus pour très longtemps j’en ai peur. »

La Vierge avait répondu sur le même ton. Un peu plus loin, Mü avachi sur sa chaise de l’autre côté du lit leur tournait le dos.

Ce ne fut que lorsque Angelo s’éloigna pour rejoindre le Bélier que Shura prit la mesure de sa présence au cœur de son propre cosmos. L’air de rien et surtout sans lui demander la permission – que l’Espagnol lui aurait bien évidemment accordée mais ce n’était pas le sujet – le Cancer avait niché son esprit et ses pensées dans l’aura de son compagnon d’axe depuis qu’il avait surgi des tréfonds de son temple. Sous l’emprise de ses propres souffrances et du brouillard opaque dans lequel l’éloignement progressif de Dôkho l’avait égaré, Shura ne s’était rendu compte de rien. D’abord désarçonné, il comprit soudain et un rire – ou un sanglot, au choix – menaça de le déborder : le cosmos d’Angelo entremêlé au sien relevait désormais de la normalité telle qu’elle devrait être.

En d’autres circonstances, il aurait remisé à plus tard sa réflexion au sujet d’une situation dont il commençait à comprendre qu’il n’avait plus aucun espoir de la maîtriser. Après tout, n’était-ce pas ce à quoi il se résignait depuis des mois, à chaque fois que l’évidence venait gratter à la porte de ses pensées les plus mornes ?

Aujourd’hui néanmoins, leur interdépendance alourdissait l’espèce de chagrin hébété qui entravait ses pensées et dont il ne discernait plus les contours. Subissait-il celui d’Angelo ? Ou s’agissait-il du sien propre qu’il imposait à son compagnon ?

La main que posa le Cancer sur l’épaule de Mü le réconforta – à moins qu’il s’agît d’Angelo lui-même ? Ou du Bélier ? – et il finit par les rejoindre, un regard entendu à l’attention de son compagnon auquel ce dernier répondit par un rictus.

Saga continuait à parler tout bas à l’oreille de Dôkho qui le contemplait en silence, les paupières à peine dessillées sur ses yeux vitreux. Personne n’était en mesure d’entendre ce que le Pope murmurait, ni n’avait, en réalité, envie d’essayer.

Lorsque Saga se redressa, il avait les traits tirés de celui qui n’avait pas assez dormi depuis plusieurs nuits et de toute évidence, avait pleinement conscience de l’image peu réjouissante qu’il renvoyait. Son sourire de façade n’était pas en mesure de tromper quiconque quand il salua le Capricorne d’une tape dans le dos et le Cancer d’un signe du menton. Les remerciements qu’il leur adressa pour leur présence restèrent muets, les deux hommes les discernant dans son regard fatigué. Enfin, ils étaient auprès de Dôkho. Auprès de Mü, aussi, vers lequel le Grec baissa brièvement les yeux tandis que la gravité reprenait ses droits sur ses traits.

Sur un signe de la main du Pope qui se détournait, Shaka sortit à sa suite de son pas souple et tranquille qui glissa sur les dalles de pierre sans altérer le silence. La Vierge, ce préposé aux cérémonies en tout genre songea le Cancer, sardonique, alors qu’enfin il se décidait à regarder Dôkho en face. Bah. C’était moins pire que ce qu’il avait imaginé – à son corps défendant, notez bien. Contre toute attente, le visage du vieil homme avait cessé de se dégrader, une paix visible s’étant substituée à la douleur qui depuis des mois faisait le siège de son corps tout entier. Avait-il réellement cessé de souffrir ? Angelo se prit à espérer que ce fût vrai.

Le cosmos de Mü surnageait à la surface du niveau de conscience qu’ils partageaient tous les trois, exposé dans sa pleine fragilité. Sous-jacent, pulsait celui de Dôkho ou du moins ce qui en restait, à savoir plus grand-chose : à peine de quoi maintenir ses dernières fonctions vitales, le gonflement ténu de ses poumons, le battement de plus en plus lent de son cœur, l’irrigation laborieuse de son cerveau. La mort dans ses œuvres, ni plus, ni moins.

Sauf que là…

Ce n’est pas pareil.

Une douleur, informe et sans consistance, s’insinuait dans les esprits d’Angelo et de Shura qui s’entre-regardèrent en silence. Celle du Bélier. Issue de tréfonds lointains et sans âge, elle s’étirait le long d’une ligne sans début ni fin, lancinante, forte et impuissante à la fois, de celle dont on subit le joug sans espoir de s’en libérer.

Les doigts d’Angelo se resserrèrent sur l’épaule de l’Atlante qui ploya. Une autre douleur celle-là, plus vive, plus… vivante. Mü se tourna vers le Cancer dans un sursaut, le regard confus.

« Reste avec nous, murmura Angelo. D’accord ? »

Le Bélier hocha la tête. Sans conviction.

Chevillés l’un à l’autre, les cosmos du quatrième axe prirent en charge celui du Bélier. Il ne s’agissait que de l’intercaler entre les leurs, pour le soutenir, le porter, l’empêcher de chuter le long d’un chemin devenu périlleux mais qu’il n’avait d’autre choix que d’arpenter.

Contre toute attente cependant, Mü exerça une résistance, passive certes, mais bien réelle :

« S’il vous plaît, non, dit-il faiblement en tentant de se dérober à l’étreinte d’Angelo, sans succès.

— Ne subis pas ça tout seul. »

La voix de Shura, claire et aiguisée, venait de trancher le silence fait de leurs murmures et du souffle laborieux du Chevalier de la Balance ; celui-ci demeura sans réaction. Il n’entend plus, comprit Angelo en se détournant du lit, la mâchoire contractée, pour considérer son compagnon.

« Tu ne te rends pas service, poursuivit l’Espagnol sur le même ton. De plus, que crois-tu que Dôkho ressente en ce moment, alors que tu déverses ta souffrance au travers de ce qui reste de votre lien ? »

Angelo ouvrit de grands yeux, tout en s’efforçant de donner la priorité à sa stupéfaction plutôt qu’à l’irrépressible éclat de rire nerveux qui lui remontait des tripes. En temps normal, c’était à lui que revenait la tâche d’asséner ce genre de vérités bien senties, fût-ce au Bélier ou à n’importe qui d’autre et à Shura celle de temporiser. Pas le contraire. D’ailleurs, il était si mauvais dans cet exercice qu’il choisit finalement de se taire non sans un coup d’œil d’avertissement à l’Espagnol qui fit mine de l’ignorer.

« Je le perds, se contenta de répondre Mü d’une voix détimbrée. Il s’éloigne et seul mon cosmos peut le retenir, encore un peu.

— Raison de plus pour nous laisser t’aider, insista Shura.

— J’ai besoin de sentir sa présence une dernière fois. Seulement lui, et moi.

— Tu… »

« Fichons-lui la paix. »

La pensée d’Angelo s’imposa dans l’esprit de son ami et amant qui lui retourna un regard de reproche :

« Il n’est pas prêt, tu le vois bien !

— Il ne l’aurait jamais été de toute façon. Et de notre côté, je crois qu’on ne vaut pas beaucoup mieux que lui en ce moment. Alors… laissons-lui au moins ce moment. Il ne sera pas plus difficile que tous ceux qui vont suivre. »

* * *

D’après le calendrier, l’été n’était arrivé que depuis quelques jours ; la végétation n’aurait pas été du même avis si d’aucuns le lui avaient demandé. Des herbes sauvages qui avaient coutume de s’insinuer à travers la moindre anfractuosité du Domaine Sacré dès la fin de l’hiver ne restaient déjà plus que des brins racornis par le soleil ; les pissenlits, pourtant tenaces, n’étaient plus qu’un souvenir, dressant leur tête chauve et grise au-dessus de leur nid de feuilles jaunâtres. Quant aux arbustes disséminés ça et là le long des escaliers, ils étaient moitié moins touffus que l’année précédente. Seuls les oliviers parmi les plus anciens du lieu – ceux dont plus personne ne savait où commençait et se terminait les troncs noueux – semblaient s’accommoder de cette chaleur sèche et écrasante.

A l’entrée du temple de la Balance, encore à l’ombre à cette heure-là, Angelo fumait, adossé à une colonne. Sur sa droite, le vieux fauteuil à bascule dans lequel Dôkho avait passé cette dernière année et demie avant de se retrouver alité quelques mois plus tôt se balançait légèrement sous l’effet de la brise trop tiède. Le bougre avait tenu bon la barre, bien plus longtemps que redouté. Une force de la nature digne de son rang avait commenté Shura non sans une pointe d’admiration et de respect, à chaque fois qu’il passait du temps à ses côtés ; Angelo le croyait sur parole.

Le poids d’une épaule musculeuse contre la sienne le sortit de ses pensées et il se décala pour laisser de la place au Capricorne. Il lui tendit la flamme de son briquet : la cigarette de l’Espagnol grésilla et il exhala sa première bouffée dans un soupir.

« Tu sais, jusqu’à preuve du contraire la vieillesse n’est pas contagieuse.

— Jusqu’à preuve du contraire, comme tu dis. Je ne me suis jamais senti l’âme d’un cobaye.

— Je n’aurais pas imaginé que ce serait un tel repoussoir pour toi.

— Ça veut dire quoi, ce “pour toi” ? »

La tête d’Angelo avait pivoté pour détailler le profil de l’autre homme.

« Parce que j’ai trempé les mains dans la merde, je devrais en apprécier l’odeur ?

— Tu n’as pas toujours dit ça, répliqua Shura sans se démonter.

— Entre ce que j’ai dit et ce que j’ai fait…

— Il n’y avait pas grande différence.

— Ouais. Mais là…

— … Ce n’est pas pareil. Oui, je t’ai “entendu” tout à l’heure. »

Un sourire mince se dessina sur les lèvres de l’Espagnol qui le regarda à son tour et Angelo eut un rire rêche :

« La mort, on croit toujours qu’elle n’a toujours qu’un seul visage parce qu’elle n’a qu’une seule issue. Mais ce sont des conneries. La mort est ce qu’on décide qu’elle doit être. Et ça change, en fonction des jours, des gens, de l’humeur, de la météo… – il haussa les épaules, ses yeux s’égarant brièvement par-delà les cheveux sombres de Shura avant de revenir sur lui – aujourd’hui, il fait beau, elle va emmener Dôkho et ça ne me donne pas spécialement envie de rigoler. Alors tu m’excuseras mais sur ce coup-là, moins je la vois, mieux je me porte.

— Tu n’as pas à t’excuser.

— Manière de parler. »

La sensation de l’épaule de Shura contre la sienne était agréable et il ferma les yeux, égrenant distraitement entre le pouce et l’index les derniers brins de tabac contenus dans son mégot qui voletèrent jusqu’au sol. L’effacement progressif de la présence de Dôkho au sein de la croix cardinale le tiraillait aussi désagréablement que Shura devinait-il, mais ils avaient la chance de puiser dans la force du quatrième axe pour se ménager l’un et l’autre un semblant de répit. Il serait temps, plus tard, d’y intégrer le Bélier si tout du moins celui-ci en émettait le souhait.

« Il va me manquer, dit encore Shura, sa cigarette au coin la bouche. Même s’il avait toutes les raisons du monde de ne plus y consacrer le peu de temps et d’énergie qu’il savait lui rester, il a continué à se préoccuper de chacun, et de nous trois en particulier.

— Dôkho était… est un drôle de bonhomme. Il pouvait nous foutre des raclées mémorables à nous coller par terre et l’instant d’après, plaisanter avec nous comme si de rien n’était. Pendant longtemps, j’ai cru qu’il voulait nous humilier ; j’ai compris mon erreur le jour où j’ai enfin réussi à lui tenir tête. »

Shura laissa échapper un gloussement qui lui valut un regard torve :

« Quoi ?

— Battu. Tu as dit et répété à qui voulait l’entendre à l’époque – c’est-à-dire pas grand-monde – que tu l’avais battu. A plate couture. Ça a duré des semaines.

— N’importe quoi. Je n’ai jamais dit ça. C’était un match nul.

— Visiblement pas dans la tête de Masque de Mort, dix-sept ans et presque toutes ses dents. »

Angelo leva les yeux au ciel avec un soupir ostensible :

« Je n’en ai aucun souvenir.

— Heureusement, nous sommes une petite dizaine pour nous en rappeler à ta place. Dôkho y compris. Mais rassure-toi – le regard en coin de l’Espagnol fit naître un sourire chez le Cancer bien malgré lui – il m’a promis d’emmener tes vantardises avec lui dans la tombe.

— Avec tous ses autres petits secrets donc. »

Et l’Italien de préciser devant l’air interrogateur de Shura :

« Il savait toujours tout sur tout le monde, y compris avant les principaux concernés et en se trouvant à l’autre bout du monde par-dessus le marché. Je n’ai jamais compris comme il s’y prenait.

— Jaloux ?

— Et pas qu’un peu. »

L’éclat de rire des deux hommes fit s’envoler les quelques moineaux curieux venus vérifier près de leurs semelles la nature exacte des étranges vermisseaux bruns qui venaient d’y être semés.

« Non. Pas tous ses secrets. »

Leurs doigts s’enlacèrent contre le marbre de la colonne, dans l’ombre de leurs corps. La tête de Shura bascula dans un soupir contre la colonne en pierre, son regard s’égarant vers les ombres fraîches sous le portique alors qu’il reprenait :

« Il ne m’a pas caché qu’il savait, à notre sujet.

— A moi il ne m’a jamais rien dit, objecta Angelo.

— Parce qu’il se doutait, je crois, que ça ne devait venir que de toi.

— C’était moins une, dans ce cas.

— … Il m’a avoué que ça le rendait heureux. Pour nous. »

Ils n’avaient pas eu, ou plutôt pas pris le temps de se retrouver, alors que l’Italien était arrivé quelques heures plus tôt. Non qu’ils ne crevassent pas de ce désir inassouvi depuis trop longtemps qui leur ravageait les entrailles mais l’amitié qui les unissait depuis les premiers jours prenait le dessus pour le moment. D’une certaine manière sa solidité et sa familiarité les rassuraient par l’ancrage qu’elles leur offraient dans le gouffre d’incertitudes que la disparition prochaine de Dôkho ouvrait sous leurs pieds. Aussi, la question de savoir si eux aussi étaient heureux n’était pas à l’ordre du jour. Pas encore.

Leurs mains se dénouèrent alors que des pas se rapprochaient depuis le bas de l’escalier et qu’ils décelaient dans le même temps d’autres présences qui se profilaient de l’autre côté du septième temple.

Shura écrasa sa cigarette sous sa semelle et remisa son mégot dans un paquet vide comme Angelo tournait les talons pour s’enfoncer dans les ombres :

« On ferait mieux d’y retourner. »

* * *

Rachel était d’une lividité à faire peur et ses mains, que le Cancer saisit brièvement entre les siennes pour la saluer, glacées malgré la chaleur.

Il aurait dû y penser et il n’était pas le seul s’il en croyait l’air coupable de Shura qui garda la Grecque dans ses bras quelques instants de plus que nécessaire. Aiolia n’était pas en reste avec ses traits penauds et ses mots maladroits de réconfort, lui qui à l’instar du Cancer avait préféré repartir après le mariage de Kanon et de Thétis au profit de sa nouvelle vie en compagnie de Jane. Cette dernière, imitant Marine sans le savoir, avait jugé préférable de laisser le Lion rejoindre seul ses pairs dans un moment difficile pour eux tous mais qu’ils ne pouvaient partager avec quiconque qui ne fît pas partie de leur cercle.

Vraiment difficile, admit sombrement Angelo en avisant le visage défait de Thétis à l’abri dans les bras de Kanon, lequel dans le même temps ne quittait pas son aîné des yeux. Shaka avait de nouveau rejoint Mü dont on pouvait se demander s’il était encore en prise avec la réalité : immobile et muet, il ne semblait tenir debout que par miracle. Le constat n’était pas celui d’Angelo mais de Shura qui fronçait les sourcils sous l’effet de l’inquiétude.

Aldébaran, pour sa part, s’était assis près du lit où gisait Dôkho et avait pris la main de celui-ci entre les siennes. Ses lèvres bougeaient en silence et l’espace d’un instant, Angelo s’interrogea : priait-il ? Avant de décider que cela ne revêtait aucune espèce d’importance si ce n’était que cette attitude lui apparaissait soudain comme la plus saine de toutes dans cette pièce. Milo et Aioros surgirent à leur tour, suivis de près par Camus. Leurs visages à tous trois étaient fermés et percevant une tension à l’arrière de sa propre nuque comme son regard croisait celui du Sagittaire, Angelo comprit qu’il ne devait pas présenter une figure très différente.

Cela aurait pu leur sembler à tous presque habituel, si ce n’était cette appréhension collective qui s’invita à l’union de leurs cosmos et dont la présence s’affirma encore un peu plus alors que les liens entre eux se rétablissaient, d’axe en axe, de croix en croix. Submergé par un flot d’or polychrome nourri des nuances propres à chacun de ses alter ego, Mü se laissa emporter à son tour, entraînant à sa suite les dernières étincelles de la Balance tandis que le chagrin achevait de nouer ses fils dans les entrailles de Shura et d’Angelo. La croix cardinale parvint pourtant à se reconstituer et contre toute attente la présence de Dôkho s’affirma au milieu d’eux et bientôt au cœur de tous.

Rachel hoqueta lorsque l’or de son poignet s’embrasa à son tour et que la voix du vieux chevalier d’or retentit depuis les limbes du Surmonde :

« Tout ce monde pour moi ? »

Dôkho riait. Sa silhouette trapue et agile fendit les brumes, vêtue d’un pantalon noir et d’une chemise pourpre au col mao négligemment entrouvert sur le torse du jeune homme qu’au fond, il n’avait jamais cessé d’être.

« J’espère que quelqu’un a prévu de quoi célébrer ce moment ! Non ? Quel dommage. Oh… Allons, effacez-moi ces têtes d’enterrement, par pitié. Vous n’allez quand même pas me laisser partir avec un spectacle aussi affligeant comme dernier souvenir de vous, si ?

Angelo fut le premier à réagir, ricanement à l’appui. Il s’avança d’un pas nonchalant, le dos voûté et le visage usé sous sa tignasse couleur de fumée.

« On a vu plus crédible comme gars en train d’agoniser. Tu me ferais presque honte.

— Presque ? » Dôkho sourit. « Remarque, au moins j’ai la chance de te croiser une dernière fois sous ton vrai jour.

— Je suis censé prendre ça pour un compliment ?

— Absolument. A l’occasion, mon garçon, tu te regarderas mieux. »

Dôkho, soudain, se détourna ; la présence de Thétis au milieu de ses pairs était trop vacillante et ne tarderait pas à se dissiper. Il se rapprocha de la silhouette de la jeune femme mais les mains qu’il tendit vers elle la traversèrent. Seules les auras combinées de Kanon, Shaka et Aioros la maintenaient à ce niveau de conscience sur lequel elle n’avait plus les moyens de se projeter toute seule. Quant à cette pâle image qui la représentait, elle sollicitait de sa part une énergie qu’elle n’était pas en droit, en temps normal, de mettre à contribution.

« Merci, dit doucement Dôkho, d’être là.

— Tu vas terriblement me manquer, fit la voix de Thétis, comme venue d’infiniment loin. Tu vas nous manquer, à tous.

— Toi aussi. Mais tu as Andreas, alors tu sais, je ne serais jamais bien loin de toi et de Kanon. »

Celui-ci, vêtu à l’identique de son frère, dans l’habit d’un bleu uniforme et lumineux qui les drapaient toujours dans le Surmonde, hocha la tête en silence.

 « Soyez de bons parents. Cet enfant sera fort, il vous faudra être à la hauteur. Mais je sais déjà que vous y parviendrez. Saga ? »

Le Pope parut se dédoubler de la silhouette de son jumeau comme si jusqu’ici, ils ne faisaient qu’un. A un tel niveau de conscience, il ne subsistait pas la moindre différence entre les deux frères. L’impression était saisissante.

« Shion m’a dit… qu’il ne t’en voulait pas. Enfin, pas tant que ça. »

Saga laissa échapper un rire étranglé tandis que Dôkho poursuivait, avec un léger sourire :

« Le jour venu, vous en parlerez ensemble.

— D’ici là, est-ce que tu peux lui dire quelque chose, si tu le revois ?

— Je t’écoute ?

— Dis-lui que je m’en veux un peu. Mais pas tant que ça. »

L’éclat de rire fut collégial et Rachel elle-même y succomba, elle qui était restée en arrière drapée dans les voiles écarlates dont elle ne se séparait jamais dans le Surmonde, ses cheveux de nouveau d’un noir de jais recouverts de ce même tissu. Alors que la présence de Thétis s’affaiblissait sans tout à fait disparaître, la Grecque laissa Dôkho venir à elle.

Ils restèrent un long moment à se dévisager en silence.

« Ça ira, dit-il simplement. Garde espoir. Parfois, ça suffit. »

Elle ne répondit rien, mais ses genoux ployèrent et elle s’inclina parmi les brumes jusqu’à ce qui tenait lieu de sol, avec profondeur, avec respect, la tête baissée sur laquelle Dôkho posa sa main un bref instant.

Un peu plus loin, avec le visage et le corps de ses vingt ans, le dos droit et l’air vigilant, Shura adressa un simple signe de tête en réponse au vieux Chevalier d’or qui venait de lever les yeux vers lui. Dôkho lui avait déjà dit tout ce qu’il devait, et Shura en avait conservé chacun des mots, désormais à l’abri dans son cœur. Silencieusement, ses lèvres articulèrent un “merci” ; le sourire bienveillant de la Balance en guise de réponse scella définitivement dans ses souvenirs tout ce que le Capricorne lui devait.

Ce fut avec cette même gentillesse que Dôkho pivota vers les frères Xérakis dont les auras illuminaient et réchauffaient le Surmonde aussi sûrement qu’un deuxième soleil. Tous deux s’efforçaient de sourire bravement mais leur peine était palpable. Un instant, le regard du Chinois s’attardait sur le visage d’Aioros qui s’ornait désormais de la même cicatrice que celle qu’il arborait dans la réalité ; le Sagittaire avait trouvé la paix et Dôkho hocha la tête sans un mot, jeta un bref coup d’œil du côté de Saga avant de revenir au Lion. A côté de son aîné, Aiolia arborait désormais les traits de l’adulte qu’il était devenu alors que pendant des années, il avait conservé ses vingt ans dans le Surmonde. Ces cicatrices à lui n’étaient pas visibles. Pas encore, comprit Dôkho, mais bientôt.

Comme s’il avait lu dans son esprit, Aldébaran esquissa à son tour un signe du menton approbateur et retourna à la Balance un sourire au moins aussi lumineux que le sien :

« Je suis très triste que tu t’en ailles mais avoir eu l’honneur de servir à tes côtés pendant toutes ces années et de profiter de ta sagesse et ton enseignement saura consoler mon chagrin lorsque je penserai à toi.

— Chaque jour donc, le taquina Dôkho.

— Au moins ! »

Parce que Camus sourit devant la joie simple partagée par le Taureau et la Balance, Milo l’imita. Il n’était pas sûr de ce qu’il ressentait, passablement ébranlé par l’idée d’un avenir sans Dôkho et auquel il n’aimait pas songer. La colère, il connaissait, la frustration aussi, la tristesse également d’une certaine façon, mais le chagrin ? Confusément, il comprenait que ce n’était pas la même chose et il n’aimait pas cette sensation qu’il percevait, comme si quelqu’un ou quelque chose avait entreprit de grignoter son cœur. L’effleurement de Camus à ses côtés – ou du moins estimait-il la distance entre eux comme l’équivalent d’un rapprochement, aussi imprécise fût-elle à ce niveau de conscience – lui fit lever les yeux vers le Verseau, dont les traits demeuraient toujours aussi purs dans le Surmonde malgré les années. Le long de sa joue, une larme, unique, scintillait.

« Je ne veux pas que vous soyez tristes. Aucun d’entre vous. » Il s’était retourné, passant en revue les visages de ses alter ego autour de lui, leurs vrais visages, ceux qu’aucun d’entre eux ne pouvaient masquer à autrui comme à eux-mêmes à ce niveau de conscience qui n’était que Vérité.

« Vous êtes, tous, des hommes et des femmes de bien. Vous l’avez prouvé à maintes reprises tout au long de cette vie qu’aucun de vous n’a hésité à mettre en jeu lorsqu’il l’a fallu. Je suis infiniment fier d’avoir appartenu à notre ordre et combattu à vos côtés. Je suis infiniment fier des adultes que vous êtes tous devenus. Et je suis, aussi, infiniment fier et heureux de savoir que vous vivrez désormais l’existence que vous vous êtes choisi. Mü. »

L’Atlante, drapé dans les vêtements traditionnels de son peuple qu’il n’avait plus arborés depuis la mort de Shion, attendait au milieu de tous, mais seul. Sur ses traits se lisait une profonde détresse qui affectait jusqu’à son maintien cosmique au milieu de ses pairs. Il n’avait pas envie d’être là, pas envie d’étaler son chagrin, pas envie de subir cette souffrance mais dans le même temps, il ne pouvait être ailleurs. Cette certitude le confortait et le déstabilisait tout à la fois et sans le soutien de chacun des ses camarades, il n’aurait pas résisté au déchirement qui cisaillait son cœur autant que son esprit.

« Si cela avait été possible, j’aurais souhaité t’épargner cette épreuve. Nous l’épargner, à tous les deux. »

Pour la première fois, le sourire de Dôkho perdit de son éclat. Il était tout à la fois proche et loin du Bélier et ce dernier frémit lorsque les mains de la Balance se tendirent vers lui. Et s’il ne percevait pas une ultime fois leur poids sur ses épaules, lui qui l’attendait, l’espérait, follement ? La gratitude éclata telle une fleur éphémère au creux de son être lorsqu’il perçut l’aura si familière l’environner et sa chaleur se diffuser des mains de Dôkho devenues inexplicablement tangibles. Plus le temps passait – aussi relatif et distordu qu’il l’était à ce niveau de conscience – et plus sa présence gagnait en substance. Mü savait ce que ce retour de flamme signifiait ; il en mit néanmoins de côté les implications, non sans effort.

« Je t’ai vu grandir mon garçon, auprès de celui qui t’a élevé comme un fils. Si je ne l’ai jamais remplacé – je n’aurais pas pu – j’ai essayé de rester près de toi, d’être là pour les fois où tu aurais pu avoir besoin de moi. Il n’y en a pas eu tant que ça, précisa Dôkho non sans une note de fierté mêlée de regret, et cela prouve que tu as su traverser les joies comme les peines avec le courage et les convictions que Shion a su te transmettre. Il a vécu et vivra encore à travers toi qui as été, pour moi, le prolongement de l’ami et du frère. Parce que tu étais là, je me suis gardé de la haine et du reniement. Parce que tu étais là, j’ai choisi de construire, plutôt que de détruire. Parce que tu étais là, j’ai décidé de pardonner. »

 Saga demeurait impassible, entre les silhouettes de Rachel et Kanon qui, lorsqu’on les regardait, se brouillaient tout en se confondant, avant de dissocier lorsqu’on détournait les yeux. Était-ce de ce sujet dont il s’était entretenu avec Dôkho un peu plus tôt ? Ou le savait-il depuis des années ?

« Où que j’aille à présent, et quoi qu’il advienne de mon âme, il restera un peu de toi en moi. Et l’inverse sera tout aussi vrai. Je n’en ai pas la preuve, mais je le sais. Tout comme je sais que tu es une partie de tous et que tous sont une partie de toi. Et quoi que tu puisses penser ou croire aujourd’hui… Ce n’est pas vrai. »

 Mü avait serré les poings en dépit de son impassibilité péniblement regagnée et au milieu de ses traits, ses yeux demeuraient agrandis comme pour s’emplir de cette image de Dôkho dont il savait qu’elle était la dernière qu’il conserverait de lui.

« Tu ne seras jamais seul. » Dit encore le chevalier d’or, avant de laisser retomber ses mains loin des épaules de l’Atlante.

Les brumes avaient gagné en consistance. S’ils avaient pu ressentir quoi que ce fût de physique dans cet état de conscience, ceux qui désormais ne s’apercevaient plus que de loin en loin au travers de longues et épaisses écharpes de brouillard auraient été saisis par un froid glacial. Ce qui tenait lieu de ciel et de terre se confondit progressivement en un gris uniforme tandis que sur ce qui s’apparentait à l’horizon pâlissait l’ombre du Sanctuaire. Une à une, les silhouettes des chevaliers d’or et de Rachel commencèrent à disparaître.

« Je n’ai eu de courage que parce que je te savais là. »

L’Atlante restait, encore. Il luttait contre le courant qui, inexorablement, s’efforçait de le ramener sur le rivage de la vie. Son corps n’était plus que contours et à-plats, une empreinte fragile que modelèrent les brumes en la traversant.

« Tu étais tout ce qui me rattachait encore à moi-même, au travers de notre souvenir de Shion. Il a existé autant pour toi que pour moi. Alors j’existais, moi aussi. Mais maintenant ? Qu’est-ce que je suis ? »

La réponse espérée ne vint pas.

Le visage de Dôkho, son sourire large et ses yeux rieurs, le corps de Dôkho, sa puissance et sa vivacité, l’esprit de Dôkho, sa sagesse et sa bonté, n’étaient plus qu’une rémanence figée pour l’éternité.

Il s’en était allé.

 

6 réflexions sur “Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 28

    • Eh oui T_T Ce qui devait arriver est arrivé T_T Heureusement, le principal concerné n’en fait pas un drame : sacré Dôkho ! De toute façon, je ne le voyais pas partir autrement 😉

      A vrai dire, cette partie est plus longue mais j’ai coupé en deux, la suite sera directe et complètera ce douloureux épisode…

      Merci pour ta lecture et câlin sur ton kokoro ♥

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  1. Nous y voilà… Ce fut un passage bien triste, heureusement compensé par la sagesse et la jovialité sans failles de Dohko. C’était émouvant de le voir échanger avec chacun et chacune de ses compagnons.

    Par contre, l’absence de Shiryu est étonnante. Même s’il est en Chine à ce moment-là, il aurait du se joindre à cette veillée funèbre psychique. A moins qu’il n’ait pas accès au Surmonde, du fait de son rang. Probablement que Dohko lui sera apparu une dernière fois, fut-ce en rêve, avant de partir. 

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    • Eh oui, il fallait en passer par là… T_T Dôhko étant ce qu’il est, il devait le rester jusqu’au bout, c’est comme ça qu’on l’aime ! J’ai eu beaucoup de satisfaction à écrire ce personnage dans UDC et ici, comme Aldébaran, c’est un bonhomme reposant, en accord avec lui-même sans ombre dans son âme qu’il n’aurait pas reconnue, assumée et éclairée. Comme il le dit lui-même, il a su surmonter sa colère, sa tristesse et sa haine après l’assassinat de Shion et ce, pour le meilleur. Ce gars est un exemple à suivre 😀 Il n’y a plus qu’à espérer qu’il laisse un peu de sagesse à ses remuants alter ego XD

      Comme tu le devines, en effet Shiryu n’a pas sa place dans cette ultime réunion, qui résulte de la mise en harmonie des cosmos du zodiaque, et qui n’est possible que depuis UDC. Il sera bien entendu mis au courant de la situation. Quant à savoir si Dôkho lui aura fait un dernier clin d’oeil… who knows ? 😉

      Merci beaucoup encore une fois pour ta lecture et ta fidélité !

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  2. Chapitre vraiment émouvant.
    J’ai été à deux doigts de verser ma petite larme.

    L’attention porté par Dôkho à chacun de ses camarades est à la fois à son image et réellement touchante.

    Une nouvelle ère (facile, j’avoue) va débuter pour le Sanctuaire et de nouveaux défis à relever. Et, une nouvelle génération à mettre sur les rails.

    L’entremêlement des cosmos de Shura et Angélo, ne va-t-il pas finir par devenir problématique ?
    Ne serait-ce qu’en terme d’efficacité lors d’un combat ?
    Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai imaginé l’action de Mü (façon « Fragments ») pour remettre les choses dans l’ordre.

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    • Merci beaucoup ♥ Cela fait plusieurs années que ce chapitre était écrit (car, oui, j’écris dans le désordre le plus absolu), il s’agit d’une scène clé de l’histoire, qui sonne la fin d’une ère (haha) et le début d’une nouvelle (haha bis, oui, je me fais rire toute seule) (mais je vois que tu considères les choses sous le même angle que moi et ça fait super plaisir !)

      La scène était dans ma tête depuis fort longtemps et je ne l’ai pas tant retouchée que ça, j’y ai surtout rajouté des interactions avec les autres chevaliers d’or. J’étais émue moi-même lors de son écriture, et mon cœur s’est beaucoup serré pour Mü pour qui cette disparition est une tragédie T_T

      Avant que la nouvelle génération soit sur les rails, il faut déjà que la génération actuelle ne déraille pas sinon ça va faire désordre et les aînés risquent de ne pas pouvoir accompagner leurs successeurs dans de bonnes conditions. C’est que nos p’tits jeunes, ils vont avoir besoin d’être formés 😀

      Les cosmos d’Angelo et Shura ont fusionné et il est impossible de revenir en arrière, pour le meilleur comme pour le pire. En l’occurrence, et au vu des effets plutôt positifs des axes et des croix devant les Portes, cela peut être un atout lors d’un combat, ou quand le résultat est supérieur à la somme des parties (valable également pour l’harmonisation des douze cosmos dorés). Par contre, au quotidien, ça peut avoir quelques inconvénients…

      Donc quant à y mettre de l’ordre, c’est trop tard malheureusement et le fait est que Mü, dans Fragments, a involontairement contribué au renforcement de cette symbiose (c’est pour ça qu’il était tout retourné pendant le mariage, quand il s’est rendu compte des « conséquences » sur le cosmos d’Angelo et qu’au fond de lui, il anticipe déjà les autres effets à long terme). Et quand bien même il le pourrait, je crains qu’il ne soit présentement pas en état d’y faire grand-chose…

      Encore une fois, un tout grand merci à toi pour ta lecture, tes questions et le partage de ton ressenti ! Merci aussi d’avoir pris le temps 🙂

      A bientôt pour la suite et porte-toi bien !

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