Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 27

New York, États Unis d’Amérique, juin 2006

« Vendredi en fin d’après-midi, un peu avant sa fermeture pour le week-end, l’une des succursales de la Citizens Bank a été la cible d’un braquage. Particulièrement bien organisés, les malfaiteurs au nombre de quatre ont maîtrisé le personnel, forcé la salle des coffres destinés aux particuliers et se sont évaporés bien avant l’arrivée des forces de l’ordre, dix minutes à peine après la réception de l’alerte automatique.

Les employés ont eux-mêmes ouvert les portes à la police qui a pu constater qu’ils étaient sains et saufs et n’avaient souffert d’aucune violence. Les individus n’ont a priori pas cherché à s’emparer des liquidités présentes dans l’établissement, aucune trace d’effraction n’ayant été relevée au niveau de la chambre forte ; en revanche, aucun coffre n’a été épargné et le nombre de clients spoliés s’élève à près d’une centaine.

Il s’agit du quatrième braquage recensé en un mois à peine, suivant le même modus operandi. Lors de la conférence de presse, le chef de la police a fait part de ses préoccupations mais aussi de sa ferme résolution à arrêter les malfaiteurs au plus tôt. Il a également encouragé les particuliers victimes de ces vols à porter plainte. En effet, à ce jour, à peine quelques dizaines de signalements ont été recensés, un chiffre si peu représentatif des larcins effectivement commis que le bureau du procureur pourrait se voir contraint à ne pas engager de poursuites. »

Jane laissa échapper un bref éclat de rire, avant de remplir de nouveau son mug de ce café si clair qu’elle était la seule à en boire, les capacités d’adaptation d’Aiolia aux coutumes américaines ayant rendu les armes devant cette abomination.

« Évidemment que personne ne porte plainte ! S’esclaffa-telle encore en changeant de journal, pour y diagonaliser un article similaire. Si on a un coffre à la banque, ce n’est pas pour que n’importe qui sache ce qu’il y a dedans ! »

Un grognement, qu’elle décida de considérer comme un acquiescement, lui parvint depuis l’autre bout du salon où se tenait Aiolia dont elle ne voyait que le dos, comme il setenait debout devant la baie vitrée à la vue plongeante sur Central Park.

« C’est malin en tout cas. Très malin, reprit Jane d’une voix pensive où perçait une pointe d’admiration. En l’absence de dépôt de plainte, il peuvent écouler leur butin sans risquer d’être inquiétés car qui pour dénoncer le recel d’un vol qui n’existe pas ? Ah ! »

Agitant les pages du journal dans un froissement qui déchira le silence, elle parvint tant bien que mal à les replier et se plongea dans le courrier des lecteurs. De nouveau un rire secoua ses épaules :

« Hé, écoute ça : « Moi, je leur tire mon chapeau, à ces gens : Ils ne touchent pas à l’argent des honnêtes citoyens, ils ne font que voler des voleurs ! Ceux qui se croyaient au-dessus des lois avec leurs coffres et leur fortune bien cachée qu’ils ne veulent pas partager en ont pour leur argent, ha ha ! » Tu peux être sûr que d’ici la fin de la semaine, celui qui a écrit ça va se faire traiter de sale communiste. Oh, et puis ça ! « J’étais dans la banque, lors du braquage du 6 juin. C’est sûr, j’ai eu peur parce que ça a été très soudain mais ils se sont montrés très courtois et n’ont pas fait usage une seule fois de leurs armes, même pour nous menacer. D’ailleurs, ils n’en avaient qu’une je crois. Aucun d’entre nous n’a protesté et tout s’est déroulé tellement vite que je ne me rappelle plus de grand-chose. Sauf que l’un d’entre eux nous a proposé de l’argent si on en avait besoin. Je les ai trouvés gentils. » De mieux en mieux… De vrais Robins des Bois, tu ne trouves pas ? »

Cette fois, aucune réponse sous quelque forme que ce fût lui parvint et intriguée par le silence qui s’éternisait, Jane releva la tête, les sourcils froncés :

« Aiolia ? Tu m’écoutes au moins ? »

Non. Non il ne l’écoutait pas, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone qu’il tenait d’une main, l’autre légèrement frémissante le long de sa cuisse. Tandis qu’elle le rejoignait, Jane nota son profil fermé, le pli de contrariété au coin de ses lèvres et la fixité de son regard. Quoi qu’il eût découvert comme message, il avait cessé de le lire et de le relire pour s’égarer dans des pensées où elle n’était pas présente.

Après une hésitation, elle posa une main sur son épaule, puis resserra ses doigts jusqu’à ce qu’il tournât la tête vers elle.

« Aiolia ? » Demanda-t-elle de nouveau mais cette fois avec douceur devant son teint devenu gris. « Que se passe-t-il ?

— Dôkho. Il est en train de mourir. »

 

Paris, France, Juin 2006

Putain, il ne manquait plus que ça !

Angelo n’avait plus qu’une seule obsession : enfoncer chacun de ses doigts dans son crâne pour y broyer son propre cerveau. Lentement. Sûrement. Définitivement. Jusqu’à ce qu’il n’eût plus mal. Jusqu’à ce que la douleur qui cognait désormais dans ses yeux, son front et sa nuque et lui filait une envie chronique de gerber disparût. Il pensait pourtant avoir atteint le summum en matière de migraine, du moins en temps de paix. Après tout, rien ne pouvait dépasser la souffrance infligée par une petite dizaine de perceuses ayant décidé de se lancer dans un numéro de foration synchronisée dans le grand bain de ses méninges : grossière erreur. L’agonie d’un chevalier d’or appartenant à son cercle du zodiaque pouvait se montrer encore plus imaginative.

Ses yeux étaient mi-clos – saloperie de soleil ! – lorsqu’il fit irruption dans la chambre où avait disparu Marine depuis un bon quart d’heure :

« Je peux savoir ce que tu fous ? »

Parce que sous l’agressivité du Cancer la Grecque reconnut les échos devenus quotidiens de la souffrance, elle ravala la répartie fleurie qui avait éclos spontanément dans son esprit et se contenta de répondre, non sans une profonde inspiration contrôlée :

« Je suis en train de réserver un avion pour Athènes – elle désigna l’écran du laptop ouvert devant elle sur le lit – il reste encore quelques places pour le vol de ce soir mais si je ne valide pas tout de suite l’achat, pas sûr qu’on puisse partir ce soir.

— … Parce que tu crois qu’on va prendre l’avion ?

— Angelo ? Qu’est-ce que tu racontes ? »

Sans répondre, il s’avança dans la pièce et avisa deux bagages au pied du lit :

« Ils sont prêts ?

— Évidemment. Mais, hé… ! »

L’aura du Cancer incendia soudain la petite chambre avec une telle puissance que Marine eut tout juste le temps d’espérer être le seul humain doté d’un cosmos conscient dans un rayon d’au moins cent kilomètres à la ronde, avant d’être propulsée droit sur le Puits des Morts, les doigts d’Angelo solidement arrimés autour de son poignet.

Elle exhala jusqu’à la dernière molécule d’air logée dans ses poumons sous la violence du transfert et ne se rendit compte qu’elle s’était pliée en deux qu’au moment où elle dut se redresser pour signifier haut et fort à son compagnon tout le bien qu’elle pensait de cette initiative.

« Non mais tu es complètement cinglé ?

— Ne me dis pas que tu le découvres. Tiens. »

Il lui tendit son sac à main – il a pensé à prendre mon sac ? – puis son bagage dont elle se saisit de justesse avant qu’il ne sombrât dans l’épaisse couche de poussière grise à ses pieds. Non sans un regard mélancolique à ses escarpins, elle lui jeta un nouveau coup d’œil comme il reprenait, son propre sac lancé sans ménagement par-dessus son épaule :

« Je te tiens mais fais en sorte de ne pas me lâcher. Sinon, tu pourras dire adieu à ton âme, et quant à ton corps… »

Il haussa les épaules puis entoura les siennes d’un bras pour une étreinte fugace tandis qu’un frisson incontrôlable la secouait :

« Première fois ? Demanda-t-il avec cette fois cette note taquine qu’elle commençait à désespérer de ne plus entendre depuis plusieurs semaines.

— Et la dernière, je te le garantis », répondit-elle sur le même ton.

Il laissa échapper un rire bref avant de pivoter dans une direction qu’il était le seul à connaître.

« C’est par là. Et si j’étais toi, j’enlèverais mes chaussures.

— Pieds nus ? S’exclama-t-elle effarée en contemplant les innombrables cohortes de défunts fouler le sol qu’elle allait devoir arpenter à son tour.

— Imagine que tu es à la plage.

— Va mourir.

— Techniquement…

— Non. Tais-toi. »

Surprenant un sourire fugace qui creusait la joue de l’Italien, Marine se détendit et entreprit de mettre ses pas dans les siens. Cette insouciance de façade ne durerait pas, elle le savait ; le déséquilibre cosmique encaissé par Angelo depuis plusieurs jours avait achevé d’altérer ses défenses vacillantes. La mort imminente de Dôkho – cette idée lui arracha une grimace – en abattrait les derniers vestiges. Et ensuite…

Une force insistante sur son poignet l’obligea à accélérer et elle revint à la hauteur du Cancer dont elle avisa le regard tout entier tendu vers ce qu’elle supposa être la sortie de cette antichambre des Enfers. Le quatrième temple donc. Le Domaine Sacré. Le Zodiaque. Sa salive, amère tout à coup, lui brûla l’œsophage. Une fois arrivée à destination, quelle serait sa place ? En aurait-elle une seulement ? Elle n’y avait pas repensé. Pas vraiment. Disons que pour être tout à fait honnête, il lui arrivait de se réveiller en pleine nuit, le cœur battant au rythme des mots du journal de Bartolomeo du Scorpion qui cognaient avec force sous son crâne. Une seule lecture lui avait suffi et si elle ne se rappelait pas de tout, l’essentiel lui était resté à savoir une infinie souffrance que rien ne pouvait soulager et que nul n’était en mesure de comprendre… à l’exception de ceux qui partageaient un même cosmos doré.

Son septième sens mal dégrossi ne lui serait d’aucun secours. Aurait-il été affûté que le résultat ne serait pas différent : elle n’était pas un chevalier d’or. Elle n’appartenait pas à leur cercle. Elle ne pouvait pas comprendre. Compatir, sûrement ; et après ? Qu’en auraient-ils tous à faire de sa compassion quand ils seraient plongés dans une affliction que bien peu d’entre eux se seraient donné la peine d’anticiper tant tous la redoutaient ?

Elle s’immobilisa si brutalement qu’Angelo bascula d’un pas en arrière, stoppé dans son élan.

« Je ne viens pas avec toi, déclara-t-elle comme il la dévisageait avec surprise. Renvoie-moi à Paris.

— Mais…

— Angelo, veux-tu bien m’expliquer à quoi je vais te servir ? »

D’abord les doigts de l’Italien demeurèrent cerclés autour du poignet de la jeune femme, qu’ils finirent par libérer, leurs mains retombant lentement loin l’une de l’autre.

« Tu ne peux pas faire demi-tour seule ici. »

Elle le dévisagea, lut dans son regard légèrement de biais la réponse informulée à sa question mais l’absence de surprise n’empêcha pas son inspiration de lui être douloureuse.

« Bien sûr que si. Il me suffit d’un fil d’Ariane. »

D’abord il hésita.

Non, je t’en supplie. Non. Ne te cherche pas d’excuse. N’essaye même pas.

Puis :

« D’accord. Donne-moi ta main. »

Docile elle obéit et sa paume se teinta d’or comme Angelo puisait au sein de son propre cosmos pour matérialiser autour de ses doigts un filament doré. Il crépitait légèrement et elle crut déceler dans sa continuité des absences qui ne remettaient pas en question sa solidité mais témoignaient de l’effort auquel le Cancer consentait eu égard à l’état de délabrement de son aura. Elle suivit la mince ligne de vie des yeux, qui louvoyait entre les cohortes d’âmes jusqu’à se perdre dans le lointain.

« Suis ce fil de près et surtout ne traîne pas, la prévint-il, ses yeux vigilants plantés dans les siens. J’ai scindé une partie du lien qui rattache ma présence à cet endroit, que je te confie le temps que tu retrouves notre point de départ. Je ne pourrai pas me « partager » trop longtemps, ceci dit. »

Pas avec ce qui m’attend à la surface.

Elle hocha la tête puis, avant de tourner les talons pour revenir sur ses pas, elle lança un bras autour du cou de l’Italien pour lui dérober un baiser rapide :

« Tiens-moi au courant, murmura-t-elle, une main sur sa joue. Quand le Sanctuaire lui rendra hommage… je serai là. »

Sans répondre, il glissa ses lèvres dans la paume de Marine et elle partit, sans se retourner.

 

Sanctuaire, Grèce, Juin 2006

« … site miroir. C’est le quatrième depuis vingt-quatre heures. »

Pas de réponse. Après une hésitation, Veresh se retourna sur son siège :

« Grand Pope ? Vous m’écoutez ? »

Assis sur un tabouret à la droite du Pakistanais, les coudes sur les genoux et sa haute silhouette comme avachie sous le poids de sa chevelure, Saga fixait l’écran sans le voir. Il tressaillit toutefois comme le silence s’éternisait :

« Tu disais ? »

Devant le regard perplexe et passablement consterné que Veresh lui retourna en guise de réponse, Saga se redressa avec l’impression de s’extirper de sables mouvants. Portant ses longs doigts à son visage, il se frotta les yeux, cligna des paupières à plusieurs reprises et mobilisa son attention sur les images que lui désignait Veresh. Devant lui s’étalait une nouvelle photographie de l’île du Sanctuaire, prise à une altitude moindre que la première qu’ils avaient examinées quelques semaines plus tôt et redoutablement plus précise.

« Ce sont les temples du Domaine Sacré, là ? Demanda-t-il tout en prenant conscience dans le même temps de la stupidité de sa question.

— En effet », répondit prudemment le jeune Pakistanais qui partageait visiblement son avis.

Les douze maisons du zodiaque. La statue d’Athéna. L’Horloge. Et ces putains d’escaliers. Saga reconnaissait tout sans la moindre hésitation et dut aller secouer sa raison réfugiée dans ses retranchements pour admettre qu’il en était ainsi parce qu’il connaissait les lieux à la perfection. Du point de vue d’un étranger, la nature exacte et la configuration des bâtiments concernés restaient indiscernables. Tout au plus, d’aucuns auraient considéré l’île comme un énième vestige de l’âge antique de la Grèce, ainsi qu’il en existait des milliers dans la région.

La présentation de ladite photographie différait cependant d’une fenêtre à l’autre parmi celles affichées sur l’écran et la signification des mots de Veresh qu’il n’avait pas écoutés de prime abord acheva de se frayer un chemin dans ses pensées :

« Tous ces sites sont issus de la même source ?

— Probablement.

— Ce n’est pas sûr ? »

Veresh s’était saisi d’une balle en caoutchouc qu’il pressait et déformait inlassablement entre ses doigts. Il cherchait ses mots, lesquels auraient replongé Saga dans son abattement si dans le même temps il n’avait pas perçu l’aura de son jumeau, puis son pas alerte, suivi d’un autre plus lourd, approchant de la porte :

« Disons que ça a en a tout l’air, les sites sont conçus selon le même modèle à quelques nuances près bien qu’ils soient hébergés par des plates-formes différentes. Je pense qu’ils ont été répliqués par les mêmes personnes. Mais… »

Kanon et Aldébaran rejoignirent le Pope comme Veresh poursuivait :

« … rien n’exclut que des tiers, qui auraient découvert le premier site, aient décidé de propager l’information de leur propre initiative.

— Sans autorisation de l’auteur du premier site ?

— La propriété intellectuelle sur le net, vous savez… »

Kanon arborait les mêmes cernes sombres que son aîné et Aldébaran n’était pas en reste. Les épaules du colosse étaient voûtées et son habituel sourire bonhomme avait déserté sa figure mate et burinée par le grand air. Sa longue chevelure noire, habituellement rassemblée avec soin dans sa nuque, laissait échapper de fines mèches désordonnées et accentuait son air sombre et préoccupé.

« Comme si on avait besoin de ça aujourd’hui. » Fut le commentaire morne de Kanon qui tomba plus lourd qu’une pierre dans l’esprit de son jumeau.

L’état de Dôkho s’était brutalement dégradé la veille au soir. Alerté par l’infirmier de nuit, Saga s’était matérialisé dans la minute au chevet du Chevalier d’or de la Balance pour constater l’irrémédiable. Le portail dimensionnel était resté ouvert derrière lui mais Rachel n’avait pas fait son apparition aussi, après s’être fait confirmer la situation – rythme cardiaque devenu irrégulier, oxygène rendu obligatoire et conscience altérée – il était revenu au Palais. Sans doute avait-elle voulu le suivre ; il l’avait retrouvée affalée contre la porte de leur chambre, une main encore accrochée à la poignée, les yeux grands ouverts, fixés sur ce qu’il lui était impossible d’imaginer. Égrenant des paroles qui se voulaient apaisantes, il l’avait aidée à se relever puis à s’asseoir sur le rebord de leur lit, non sans se brûler le bout des doigts lorsqu’il avait saisi par inadvertance son poignet gauche. L’or qui le sertissait pulsait littéralement, environné d’une aura dorée qui ne ressemblait à rien qu’il connût, et certainement pas à celle de Rachel. Le phénomène avait duré le temps qu’elle retrouvât une énergie qui lui était propre ou à peu près, puis la sidération avait pris le relais.

« C’est fait ? Demanda Saga à son frère.

— Je les ai prévenus, oui. Angelo se débrouille, quant à Aiolia, il m’appelle quand il sera prêt, pour que je le ramène au Sanctuaire. »

Un même soupir abattu échappa aux jumeaux et Veresh rentra légèrement la tête entre les épaules. A l’instar de quelques rares personnes extérieures au Domaine Sacré, il était au courant du décès imminent de Dôkho. Il n’en demeurait pas moins qu’il n’avait pas coutume de voir le Grand Pope du Sanctuaire aussi… distrait, un adjectif raisonnable jugea-t-il à part lui au cas où le Pope en question serait en capacité de lire dans ses pensées. A dire vrai, il n’avait jamais vraiment cru à cette rumeur tenace que les apprentis se transmettaient depuis des années avec des airs de conspirateurs mais enfin, prudence était mère de sûreté.

« Saga, ça va trop loin. »

Aldébaran, resté debout derrière Veresh, désigna du menton les écrans au Pope et à son frère :

« Je comprends votre position mais comme vous pouvez le constater, certains des gosses sont retombés dessus ce matin. Igor s’est tenu tranquille pendant quelques jours après ton « recadrage », Saga, mais ses obsessions n’ont pas disparu : c’est même pire qu’avant. Cette fois, votre apprenti a pu mettre le holà mais il ne sera pas toujours là où il faut quand il faut. Et tu sais ce que c’est : le prochain s’empressera de partager ses découvertes avec les autres gamins avant que l’idée lui traverse l’esprit de nous mettre au courant et on ne pourra plus rien contrôler. Il faut faire une annonce officielle.

— …

— … Au moins auprès des nôtres ! »

En dépit du regard peu amène sous lequel Saga le tenait, le Taureau avait ostensiblement croisé ses bras épais sur son torse qui ne l’était pas moins, et ne baisserait pas les yeux, comprit le Grec non sans serrer les dents.

« Veresh, peux-tu suspendre l’accès à internet depuis les ordinateurs installés à Rodorio ?

— Grand Pope, je… »

Aucun secours n’était à rechercher du côté de Kanon qui avait pour principe d’éviter de contredire son frère en public, aussi le Pakistanais se tourna-t-il vers Aldébaran. Ce dernier hocha la tête :

« Pour quel motif ?

— Relâchement général ? Répliqua Saga, pince-sans-rire.

— Sérieusement ? Tu ne peux pas faire ça. Qu’on le veuille ou non, internet fait partie de ce monde et ces gamins vont nous remplacer. Ce sont eux l’avenir du Sanctuaire, pas nous. Or, les couper d’internet aujourd’hui reviendrait à les couper du monde qu’ils auront pour tâche de défendre. Et mieux ils le connaîtront, meilleurs ils seront dans l’accomplissement de leur devoir.

— Veresh, fit Saga après avoir considéré Aldébaran durant quelques secondes silencieuses. Est-il au moins possible de leur interdire l’accès à ces sites en particulier ?

— Oui.

— Mais ?

— Le nombre de plates-formes utilisable est sans limite. Je peux le faire au fur et à mesure mais il va arriver un moment où suspendre l’accès général à internet sera la seule solution viable.

— On a combien de temps devant nous ? »

Veresh haussa les épaules d’impuissance, sans répondre.

« Aldébaran, sérieusement : tu nous vois annoncer un truc pareil en ce moment ? »

Kanon s’était appuyé de la hanche contre le bureau de Veresh et avait lui aussi croisé les bras. Sur son visage, la fermeté le disputait à une espèce de chagrin diffus qui vit le Taureau abdiquer alors qu’il reprenait de cette voix grave et profonde, si semblable à celle de son jumeau :

« Tu as raison quand tu dis qu’on ne peut plus tergiverser mais aucun d’entre nous n’est capable aujourd’hui de gérer une information comme celle-là. Sans compter les conséquences de l’absence des armures que nous ne pourrons pas passer sous silence non plus : les choses sont déjà assez difficiles comme ça pour Mü, tu ne crois pas ? »

Le Taureau ne répondit rien. A quoi bon ? Comme ses pairs, il redoutait la réaction de l’Atlante une fois que Dôkho les aurait quittés et redoutait déjà sa propre impuissance.

« C’est l’affaire de quelques jours, renchérit Saga. Et puis… J’aimerais autant que Dôkho nous quitte sans avoir à s’inquiéter pour nous. D’ailleurs, à ce sujet, je compte sur Milo et toi pour maintenir le silence lorsque nous serons tous réunis. »

Aldébaran prit une profonde inspiration. Ça aussi, il y avait pensé et savait que sous ses dehors désinvoltes, son alter ego du deuxième axe n’en était pas moins préoccupé. La tâche ne serait pas facile, admit-il in petto tout en adressant un signe d’acquiescement à son Pope. Pas alors que les esprits seraient troublés au-delà de toute expression, confrontés à la disparition de l’un des leurs.

« Et est-ce que vous pourriez… »

Les jumeaux pivotèrent vers Veresh qui se racla la gorge avant de poursuivre :

« … renforcer les protections de l’île ? Je veux dire, les Gémeaux utilisent la trame de l’espace-temps et même s’il est affaibli, le Sanctuaire dispose de son propre cosmos. Alors peut-être qu’en combinant vos capacités avec lui…

— Tu regardes trop de films de science-fiction », rétorqua Saga si mortellement sérieux que Kanon laissa échapper un éclat de rire, une réaction incontrôlée qui était bien la dernière dont il se serait imaginé capable depuis la nuit dernière.

Ce constat renvoya aussitôt son hilarité dans l’œuf, comme son frère reprenait :

« Ce serait possible en théorie mais nécessiterait la mobilisation de mon septième sens ou de celui de mon frère vingt-quatre heures sur vingt-quatre ce qui n’est pas humainement imaginable sur la durée. Nous ne tiendrions pas plus de quelques jours à ce rythme. Eh non – le Pope esquissa ce qui était censé passer pour un sourire mais ne trompa pas Veresh – nous ne sommes pas des dieux. »

L’ironie glacée de cette dernière réplique n’échappa à personne et Aldébaran finit par décroiser les bras :

« D’accord, quelques jours. Mais pas plus parce que si la situation dégénère, nous devrons être prêts. »

Les Antinaïkos s’entre-regardèrent et Veresh se raidit sur sa chaise comme le Brésilien rajoutait d’une voix morne :

« Prêts à nous défendre. »

 

Moscou, Russie, Juin 2006

« C’est malin, ça, très malin !

— Oh ça va, je me suis trompé de compte, ça arrive !

— Tu es vraiment une brêle quand tu t’y mets.

— Non mais regardez qui cause : Ce sont bien avec tes conneries qu’on a failli se faire repérer la dernière fois !

— Sauf que, non, justement : on ne s’est pas fait repérer. C’est le résultat qui compte et avec ta bourde, là, le résultat en question, il risque de nous péter à la gueule. »

Léda leva les yeux au plafond, Spica se renfonça dans son fauteuil, le fit tourner sur lui-même d’un pied agacé pour revenir devant sa batterie d’écrans et lui tourner le dos par la même occasion.

« Et puis d’abord, qui pour faire le rapprochement ? » Marmonna encore Léda avant d’imiter son ami – lequel, pour l’heure, ne l’était plus vraiment. « Il y a au moins une bonne vingtaine ces gamins sur ce groupe qui ne s’expriment jamais ou alors trois fois l’an. Alors un de plus ou un de moins qui sort du bois et y retourne aussi sec, hein…

— Sauf que tu n’as plus quinze ans, et depuis un sacré bail. Suffit que dans le lot, il y en ait un, un seul, qui soit sur l’île d’Andromède en ce moment et qui percute sur ton nom : on fait quoi ?

— On fait rien : les homonymes, ça existe.

— C’est ça. Paye ta probabilité. »

La voix de Spica avait ce petit côté horripilant auquel la force des années l’avait habitué mais qui l’irritait au plus haut point quand elle lui parvenait sans le visage qui allait avec. Les lèvres pincées, il se dispensa de répondre et se concentra sur son écran.

Le rafraîchissement de la page fit apparaître une série de réactions, entre smileys ébahis et onomatopées stupéfaites, face au lien qu’il venait de poster et qui pointait vers le site qu’il avait créé de toutes pièces quelques semaines plus tôt et fait apparaître sur l’écran du dénommé Igor. Depuis, il l’avait amélioré : après les prises de vue satellite, les photos prises par avion. Plus précises, elles montraient tout : le bourg de l’île, ses rues et ses chemins, l’embarcadère, le parvis du Domaine Sacré et bien entendu, ses douze temples couronnés par le palais du Grand Pope.

Ni Spica ni lui n’avaient posé ne serait-ce qu’un orteil au sein du Domaine Sacré, contrairement au reste de l’île. Comme tous les apprentis en formation à l’extérieur du Sanctuaire, ils s’étaient rendus quelques fois au Sanctuaire accompagnés de leur maître. Mais pas souvent. Puis, très vite, les voyages avaient cessé, jusqu’à l’intervention de deux chevaliers d’or qui avait in fine sonné le glas de leur entraînement avec l’exécution du chevalier d’argent de Céphée.

Les élèves de ce dernier s’étaient enfuis. Ou du moins, ils avaient essayé. Les rumeurs concernant le destin de ceux – la plupart – qui avaient été rattrapés demeuraient contradictoires : certains disaient qu’ils avaient subi le même sort qu’Albior afin de couper court à toute velléité de vengeance contre le Sanctuaire, d’autres affirmaient qu’au contraire ils avaient été intégrés à d’autres centres pour achever leur formation et former les soldats du nouveau Pope. Spica et Léda n’entraient dans aucune de ces deux catégories. Oui, ils s’étaient enfuis mais non, personne ne les avait jamais rattrapés. A se demander même si quelqu’un les avait cherchés. S’ils s’étaient cachés les premiers temps, sursautant au moindre bruit, désespérant de dissimuler leur cosmos encore erratique et capricieux, la confiance avait peu à peu supplanté la peur et bon an mal an, ils avaient réussi à survivre, puis à vivre tout court au moyen des capacités conférées par leur cosmo-énergie qu’ils avaient fini par dompter, sans pour autant se faire remarquer plus que de raison. Jusqu’au jour où celui qu’ils avaient d’abord pris pour un envoyé du Sanctuaire les avait abordés pour leur faire une proposition.

« Ils y croient ? Finit par demander Spica au bout d’un moment, d’un ton toujours sec mais avec un chouïa moins d’animosité.

— On dirait, oui.

— Combien de temps d’après toi avant qu’ils ne filent tout rapporter à leur Pope adoré ?

— Quelque chose me dit que c’est déjà fait ! »

Léda se mit à rire. Le dénommé Ethan O’Farrell qu’il avait depuis longtemps identifié comme étant l’élève des jumeaux Antinaïkos et de fait le très probable futur chevalier des Gémeaux, jouissait de facto d’un certain prestige auprès de ses camarades ; à ce titre, il venait d’intervenir dans les échanges pour appeler les participants au calme devant ce qui était, de son point de vue, « une mauvaise blague ». De toute évidence, le lien ne resterait là que le temps pour le Sanctuaire de le faire retirer ce qui était une affaire de minutes. Quant à lui, deux options : soit il supprimait fissa son compte et de fait attirait l’attention sur son identité, soit il assurait son rôle d’adolescent à côté de ses pompes qui bien entendu n’avait pas pensé à mal mais était tombé sur ce site par hasard et avait trouvé marrant de le partager avec les copains.

Sauf qu’il n’avait pas de copain, qu’il allait sur ses trente ans et qu’il allait devoir en venir à la première option, tôt ou tard.

C’était risqué.

« Tu gardes ta couverture, trancha une voix de baryton qui les fit sursauter tous les deux dans un bel ensemble.

— Oui. D’accord, Mélanthios. »

Et merde. Le vieux leur avait encore fait le coup de l’apparition dimensionnelle. Le cou subitement enserré entre ses épaules, Léda risqua un œil par-delà son écran pour apercevoir la silhouette musculeuse qui s’éloignait de la porte de l’appartement – de leur appartement ! – qui n’avait pas été ouverte et s’approchait d’eux, fendant les quelques rayons de soleil qui réussissaient à se faufiler entre les rideaux tirés.

Sans prendre la peine de saluer le jeune homme, Mélanthios se pencha pour jeter un coup d’œil à l’écran avant de se redresser au milieu de la pièce qui rétrécit subitement :

« Ainsi ils perdront du temps pendant que nous, nous continuerons à en gagner. Il n’en reste pas moins, Léda, que ce genre d’erreur ne doit pas se reproduire. Me fais-je bien comprendre ? »

L’ancien apprenti de l’île d’Andromède hésita. Puis, devant le regard dur et pénétrant du Grec, il abdiqua non sans mauvaise grâce :

« Oui. J’ai bien compris.

— Parfait. La suite est-elle prête ?

— Je suis dessus. »

Le fauteuil de Spica avait pivoté en direction du nouvel arrivant :

« L’historique est rédigé et j’ai inclus quelques photos pour illustrer. Floues et impossibles à localiser, comme vous l’aviez demandé.

— Envoie-moi ton texte : je le corrigerai.

— Bien. »

Et Spica de s’activer pour joindre le futur contenu du site dans un mail qu’il envoya aussitôt.

« Qu’est-ce que tu regardes, Léda ? Allez, dépêche-toi de diffuser le lien dans le groupe avant qu’il disparaisse. »

Ce fut à peine s’il entendit Mélanthios sortir – par la porte cette fois – alors qu’il pianotait avec application sur son clavier. Il détestait ce type. Et savait que Spica ne l’appréciait pas beaucoup non plus même s’il semblait s’accommoder de son autorité mieux que lui.

S’il avait su… Réprimant un soupir, il constata ses efforts couronnés de succès : sa fausse identité ne semblait pas poser le moindre problème aux quelques-uns parmi les membres du groupe qui partageaient enfin son lien à l’extérieur de MSN. En d’autres circonstances, il se serait livré à une petite danse de la victoire rien que pour faire enrager Spica ; en l’occurrence, il se contenta de hocher mollement la tête, la présence de Mélanthios collant à sa cervelle comme un chewing-gum sous sa semelle.

C’était Alexei Roudnikov qui le leur avait présenté et de prime abord, ni Spica ni lui-même ne l’avaient pris au sérieux : il était vieux. Eux gagnaient leur vie grâce à leur passion commune pour l’informatique, non pas tant grâce à leur travail quotidien dans la société de services qui les employait que par le biais de leurs activités illicites sur le net qui leur avaient permis de survivre d’abord, de vivre ensuite et ce, de plus en plus confortablement au point de s’offrir, bakchichs compris, ce superbe appartement en plein cœur de la capitale russe. L’argent, cependant, n’engendre pas l’oubli. Pas tout à fait. Parce qu’ils avaient toutes les raisons du monde – et parmi celles-ci, l’assassinat de leur maître n’était pas la moindre – ils avaient tous deux adhéré au projet présenté par le Russe et mis spontanément leurs compétences à son service. Ils n’avaient pas imaginé que ce serait sous la supervision d’un vieil homme qui, aussi impressionnant paraissait-il pour son âge, n’était à l’évidence pas compétent pour juger de leur travail.

Ils avaient pris toute la mesure de leur erreur et de l’abîme qui les séparait du Grec quand celui-ci, non content de leur démontrer ses capacités en concevant en moins d’une demi-heure un programme qui avait détruit leur dernière création virale en date, les avait soumis corps et esprit à la puissance écrasante de son cosmos en ne l’élevant que de quelques degrés. Où et comment ce type qui avait plus de deux fois leur âge avait-il acquis une telle maîtrise d’une technologie qui n’aurait pas dû être la sienne, ils n’en savaient fichtre rien mais avaient commencé à se demander si ce n’était pas le Grec qui les avait dénichés dans leur repère doré, plutôt qu’Alexei. Quant à ce qu’il était en réalité, Spica avait préféré ne pas demander. Spica avait toujours été plus malin que lui. Il avait fallu plus d’une semaine à Léda pour se remettre de la correction infligée par Mélanthios en récompense de sa curiosité mal placée.

Depuis, il n’avait plus posé de question.

Comme prévu, le lien posté par Léda finit par disparaitre de l’écran, de même que les échanges à son sujet. Le groupe MSN écopa également d’un verrouillage en bonne et due forme – qui avait toute l’apparence d’un bug informatique ; celui ou celle qui était à la manœuvre au Sanctuaire donnait l’impression de maitriser son sujet – le temps que les esprits en mal de sensations fortes se calmassent. Peu importait : le ver était dans le fruit. L’image, éculée, pouvait prêter à sourire, pourtant Léda n’aurait pas pu en trouver une plus à propos. Le Sanctuaire était comme l’une de ces pommes aussi brillantes qu’appétissantes. Le ver a coutume de se développer au centre du fruit, au plus près des pépins puis, lorsqu’il est assez vaillant, de se frayer un chemin vers l’extérieur tout en se nourrissant de tout ce qu’il trouve sur son passage. Lorsqu’enfin il parvient au terme de sa destination, il se transforme et prend son envol. Il laisse alors derrière lui la pomme.

Irrémédiablement gâtée.

Pourrie.

Bonne pour la poubelle.

8 réflexions sur “Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 27

  1. Léda et Spica!!!! Trop cool !!!!

    Dommage que la mort imminente de Dohko vienne gâcher cette belle apparition surprise. C’est la fin du voyage et il va y avoir de la casse chez ses congénères.

    En tous cas, le camp adverse commence à bien s’étoffer. On sent des frictions à venir.

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    • Ah ah ! *explose de rire* J’en étais sûre, que tu apprécierais l’apparition des deux kékés tout droit sortis de Jem et les hologrammes XD J’ai trouvé que leur coller un profil de nerds améliorés leur allait comme un gant. Heureusement qu’il y a l’anime pour piocher des persos intéressants (…. quoi ?) et les utiliser sans vergogne XD

      La mort de Dôkho est inéluctable, malheureusement, et elle rôde depuis le début de cette histoire. Il y a plusieurs fils rouges, et celui-ci est en plomb : pour ses pairs, ce sera très difficile (surtout pour l’un d’entre eux).

      Le camp adverse comptera son lot de no name parce qu’il faut bien du menu fretin mais effectivement, il commence à y avoir quelques têtes connues (Geist, Guilty, Spartan et maintenant Leda et Spica), en plus des personnages créés spécifiquement pour cette histoire. Mélanthios n’est pas le gars le plus sympathique du lot, mais je ne sais pas pourquoi, je l’aime bien. De loin.

      Merci beaucoup pour ta lecture et ton enthousiasme, et pour ta fidélité, ça fait du bien 🙂

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  2. Hello Al’ !

    Et me revoilà du coup, presque dans la foulée ! Yess !!

    Excellent chapitre, comme toujours, qui a, comme souvent, engendré toute une ribambelle de questions dans le cerveau de la lectrice trop curieuse que je suis. Mais avant de te bombarder de questions, quelques commentaires pour partager mon ressenti sur ce que tu nous as proposé aujourd’hui.

    J’ai beaucoup aimé le passage entre Angelo et Marine et leur escapade à Yomotsu. Je trouve ta façon d’appréhender ce lieu si particulier toujours vraiment très intéressante et tellement en adéquation avec la manière dont je l’imagine moi-même. Et ta description de ce fil d’Ariane m’a beaucoup plu elle aussi. Ainsi Marine a-t-elle décidé de laisser Angelo affronter l’épreuve qui l’attend sans elle. Le moment de leur séparation était fort et très touchant. D’une certaine manière, j’ai eu l’impression de lire leurs adieux à tous les deux. Parce que j’imagine que la disparition de Dohko va tout changer, tout chambouler et qu’après, plus rien ne sera comme avant. Il me semble que Marine l’a parfaitement compris d’ailleurs.  Bon et les révélations à venir des hackers – dont nous connaissons maintenant l’identité (très bien vu d’ailleurs !! Nous bénéficions une nouvelle fois de ton talent pour dépoussiérer les perso oubliés !! Ah et soit dit en passant, excellent le coup des hackers qui bossent pour une société de conseil !XD). Bon mais j’en étais où moi ? Ah oui, donc les révélations… Oui, je disais donc : et j’imagine que les révélations à venir concernant la vie privée de certains chevaliers d’or n’arrangeront rien non plus. Heureusement que Marine a de la ressource, un caractère bien trempé et l’indépendance chevillée au corps, sinon je craindrais le pire à son sujet parce que les mois à venir risquent d’être compliqués.
    Enfin, ils le seront pour tout le monde de toute façon. La douleur, le déchirement, le séisme que la mort imminente de Dohko va provoquer dans la vie de tous se ressent déjà pleinement dans tes mots. Mince, ils vont douiller ! C’est certain que la bande d’Alexeï ne pouvait pas choisir pire moment (ou meilleur… tout dépend du point de vue) pour se mettre en action. Saga n’a pas fini de souffrir d’insomnies et de se faire des cheveux gris.

    Bon et maintenant les questions…
    La première que je me pose, c’est pourquoi le Sanctuaire (en la personne de Saga j’imagine) a fait assassiner Albior. Qu’avait donc fait le chevalier d’Argent pour provoquer la colère de Saga ? Ou alors n’a-t-il été qu’une victime de plus de la folie sanguinaire du Grand Pope dans ses années les plus sombres ? Ensuite je me demande qui sont les deux chevaliers d’Or qui ont joué les exécuteurs. Shura et Angelo ?
    Et pour continuer avec la Team Andromède, une question me taraude maintenant qu’on a découvert l’implication de Spica et Léda dans ton récit : quelle est la place de Shun dans tout ça ? Et là, mes plus plates excuses si jamais j’ai oublié ce que tu auras peut être mentionné à son sujet dans UDC et que ma pauvre mémoire fatiguée aura alors totalement éludé.
    Et enfin, cette histoire de hold-up… Je me demande qui se trouve derrière tout ça. Alexeï, encore lui ? Car je sais que tu ne mentionnes jamais rien par hasard ou sans raison… Bon je me doute que tu ne me diras rien à ce sujet. Mais tu seras peut être ravie d’apprendre que ce détail-là aussi, me fait cogiter.

    Et voilà, je crois que j’ai fait le tour de mes interrogations. Pour cette fois en tout cas.

    Encore merci à toi pour cette histoire passionnante. Bonne continuation dans son écriture et à bientôt !

    Bises,

    Phed’ 

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    • Et re-coucou m’dame !

      Ecrire sur Yomotsu est un vrai kif en fait XD C’est fou tout ce qu’on peut en faire, et c’est bien dommage que ce lieu n’ait pas été plus exploité que ça dans le canon. J’ai encore pleiiiiiin d’idées à ce sujet, et écrit pas mal de petites choses, avec des clins d’oeil à des éléments du canon parmi les plus improbables. Ca me fait plaisir de voir que ça résonne avec ta propre conception de l’endroit !

      Alors… quand les deux prochains chapitres arriveront, tu comprendras mieux la décision de Marine, considérant que les chapitres en question sont écrit depuis au moins 3 ou 4 ans 😀 Quoi qu’il en soit, Marine est une femme intelligente et empathique (même si elle s’en défend), elle comprend beaucoup de choses, les perçoit même avant de les conceptualiser clairement. Angelo a eu une chance folle de tomber sur elle et il le sait très bien. C’est intéressant que tu aies ce sentiment d’adieux entre eux à ce stade de l’histoire, il faut croire que là encore, avec la suite en ligne de mire, j’ai inconsciemment « préparé » le terrain. Quoi qu’il en soit, Marine va rester l’un des personnages importants de cette histoire, et j’espère que tu auras autant de plaisir que moi à la retrouver 😉

      Quant aux actions de la bande d’Alexeï… tu connais la loi de Murphy ? Si Saga l’avait oubliée, lui, elle va se rappeler à son souvenir XD (le pauvre…)

      Alors passons à tes questions ! Eh bien figure-toi que concernant Albior j’ai – pour une fois XD – respecté le canon (de l’anime) ! Donc Albior a été exécuté sur ordre de Saga après sa prise de pouvoir, et ce sont Milo et Aphrodite qui se sont chargés du sale boulot. Replacé dans l’UDC!verse, Albior a été exécuté car il a ouvertement contesté l’assassinat de Shion par Saga et la prise de pouvoir de ce dernier et choisi de se rebeller contre le Sanctuaire. Or, c’est un silver, et pas le plus faible : Saga l’a considéré comme une menace assez crédible pour décider de s’en débarrasser. De plus, comme Albior est puissant, c’est un message fort envoyé à tous ceux qui prétendraient le suivre dans sa rébellion. Milo est envoyé pour l’exécuter, et Aphrodite l’accompagne, considérant que dans l’UDC!verse, Aphrodite a quelques années de plus que Milo (environ 6 ans je crois).

      Concernant Shun, il existe dans l’UDC!verse au même titre que les autres bronzes (notamment Shiryu, ancien compagnon de Rachel et qu’on va bientôt revoir par la force des choses). Dans l’UDC!verse, les bronzes en question ont également contesté la prise de pouvoir de Saga mais 1/ ce sont des bronzes dont bon, un claquement de doigt d’un gold et ils meurent et 2/ Rachel était tombée amoureuse de Shiryu à l’époque et elle a convaincu Saga de leur foutre la paix en échange de la garantie qu’ils vivront leur vie de leur côté.

      Il y a eu une side-story écrite par Kiranagio à l’époque, qui s’appelle La Révolte et qui raconte cette histoire, donc si tu veux en savoir plus, c’est par là 🙂

      Effectivement l’article de journal n’est pas là pour rien 🙂 Stay tuned, to be continued ! XD

      Encore merci, merci et merci pour ta lecture attentive, tes interrogations, tes hypothèses ! Tu n’imagines pas à quel point c’est enrichissant pour moi et satisfaisant aussi ❤

      A très bientôt, bises !

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  3. Coucou!

    Aïe, le moment fatidique est arrivé on dirait… Tu retranscris très bien le poids que la mort prochaine de Dhôko fait peser sur tout le Sanctuaire, et bien évidemment sur les ors en particulier. Angelo en subit de plein fouet les conséquences. Je me demande qu’est-ce qui, dans sa souffrance, est dû à son statut de collègue d’axe, et qu’est-ce qui est simplement un résultat de la dégradation de son cosmos. J’imagine en tous les cas que Shura n’est pas en meilleur état.

    D’ailleurs, je me demande aussi dans quelle mesure Alexeï et sa bande sont potentiellement au courant de la situation au Sanctuaire. Parce qu’ils ont vraiment choisi le moment idéal pour frapper, et j’imagine qu’ils ne vont pas s’arrêter là… C’était d’ailleurs intéressant d’avoir un aperçu des choses vues du côté ennemi. Je redécouvre grâce à toi Léda et Spica (oui j’ai une mémoire lamentable). Et j’avoue qu’en tant que « vieille », je suis bien contente que Mélanthios ait rabattu le caquet de ces blancs-becs persuadés que la technologie leur appartient, non mais.

    J’avoue avoir trouvé drôle qu’Angelo s’improvise Uber interdimensionnel via Yomotsu. Si la situation était plus légère, je suis sûre qu’il s’en trouverait quelques-uns pour essayer de profiter de cette aptitude si utile en cas de grève des compagnies aériennes! Toutefois, je me rappelle aussi d’une intrusion relativement récente qui signalait un problème de ce côté, et je me demande s’il n’y aurait pas moyen de faire de mauvaises rencontres lors de ce genre de petites escapades? A voir…

    Je ne vais pas dire que je me réjouis de la suite, parce que je pense que ça va être assez dur… mais je suis impatiente de la lire quand même!

    Joyeuses Pâques et bon week-end prolongé si tu en as un!

    Lily

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    • Coucou Lily !

      Avant toute chose, je suis très désolée de te répondre aussi tard, ça reste compliqué de mon côté mais ce n’est pas une raison, j’espère que tu ne m’en veux pas trop 🙂

      La mort de Dôkho est redoutée par tous, car personne n’imagine vraiment quelles en seront les répercussions (tout en se doutant que ça ne sera pas franchement festif, n’est ce pas). Concernant Angelo, c’est clairement l’état très dégradé de son cosmos qui « aggrave » le ressenti de la disparition prochaine de Dôkho. Je pense que s’il était en pleine possession de ses moyens, il le vivrait « mieux » (toutes proportions gardées) grâce, justement, à la force du 4ème axe qui l’aurait stabilisé. Dans le cas présent, ce qui est censé être un atout est devenu un désavantage certain pour lui.

      Hum… Concernant Alexeï et sa clique, on peut imaginer qu’ils ont des informations. Comment, par qui, quand, leur niveau de précision, difficile de le savoir mais je ne crois pas aux coïncidences en règle générale 😀

      Léda et Spica, ces deux « no names » de l’anime XD Pratique d’avoir ces personnages sous le coude que les fans ont soit oublié, soit détestent cordialement XD Leur inutilité les rend particulièrement utiles à mes yeux. J’aime bien jouer à ça, Chrysos l’a très bien fait dans toutes les side-stories qu’il a écrites à l’époque d’UDC, en ressortant du placard des persos… improbables, et ça m’a donné envie de lui emboîter le pas.

      Les talents de Mélanthios en informatique vont à l’encontre des clichés sur les « vieux », je rigolais toute seule devant mon écran XD

      Dans les chevaliers d’or, on en a 3 qui ont la capacité de voyager sur différents plans dimensionnels : Saga et Kanon bien sûr, mais aussi Shaka et Angelo. Pour rappel, Shaka et Ikki sont revenus d’on ne sait où et on ne sait comment après leur combat, grâce à Shaka. Quant à Angelo, je me suis dit que si tous les morts de la planète se retrouvaient au même endroit, c’est que ça pouvait aussi marcher dans l’autre sens XD Partir de Yomotsu pour aller n’importe où, c’est hyper pratique en fait !

      (à noter qu’on peut aussi rajouter Mü dans le lot, même si dans son cas, c’est de la télékinésie et qu’il a besoin de déjà connaitre son point d’arrivée pour s’y matérialiser)

      Les mauvaises rencontres sont toujours possibles, si l’on n’y prend pas garde. Angelo n’est pas en très bon état mais sa vigilance, les protections dont il s’entoure depuis l’adolescence sont encore là (bien que fragilisées). Pour combien de temps, là est toute la question…

      La suite devrait arriver assez rapidement si j’arrive à finaliser mes corrections 😉

      Un tout grand merci à toi pour ta lecture attentive et tes interrogations auxquelles je prend toujours un grand plaisir à répondre !

      PS : j’ai bien vu la sortie du nouveau chapitre de « La vie en bleu », je veux me trouver le temps nécessaire de me poser confortablement pour le savourer à sa juste valeur ♥

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  4. Hello M’dame,

    L’inéluctable n’empêche(ra) pas le chagrin…
    La disparition à venir de Dôkho sera bouleversante pour tout le monde.

    Cool la capacité d’Angélo à semer des fils d’Ariane dans le Puits des Morts. En fait, il a plein de talents cachés !

    Tu as ressuscité Léda et Spica 😲. Honnêtement, d’eux, je garde le souvenir de deux loseurs et deux têtes à claques. Réellement insupportables.

    J’espère que le moment venu, ils vont se prendre une vraie raclée ! 😈

    Très bon chapitre en tout cas (comme toujours).

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    • Coucou M’sieur !

      La disparition prochaine, bien que prévisible, de quelqu’un qui fait partie de la « famille » est forcément douloureuse, même en y étant préparé, malheureusement…

      Ce Puits des Morts est insuffisamment exploité à mon goût dans le canon 😀 Quand on y réfléchit deux secondes, on peut en faire plein de choses ! Vu que tous les morts y convergent à un moment donné ou à un autre, cela signifie donc que l’endroit est une sorte de « carrefour du monde » et que de là, on peut remonter le courant des âmes vers le monde réel. Il suffit juste d’avoir un bon sens de l’orientation XD De plus, et c’est assez marrant quand on y pense, les carrefours sont réputés depuis l’antiquité pour être des endroits pas très fréquentables. Pas pour rien qu’on y trouve souvent des croix, histoire de conjurer le Mal et déjà à l’époque grecque, on y trouvait des statues d’Hécate. Bref, moi j’dis, Kurumada a raté une occasion XD

      Deux têtes à claques : la définition parfaite des deux crétins en question ! XD Utiliser des persos issus de l’anime est un exercice que j’aime beaucoup vu qu’on ne sait rien d’eux… donc on peut en faire ce qu’on veut. L’UDC!verse se veut réaliste (autant que faire se peut dans un contexte de base Saint Seiya, of course) donc ils sont « insérés » dans la société et je me suis dit qu’ils avaient de bonnes têtes pour en fait des espèces de geeks superficiels qui trempent dans l’illégalité. Je n’ai pas encore statué sur leur sort mais il risque fort de ne pas être très enviable hinhinhin…

      Merci beaucoup pour ta lecture et ton appréciation de ce chapitre, je passe à ton second commentaire 🙂

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