Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 9

Asgard, Norvège, Avril 2006

Les patins du traîneau crissaient par à-coups sur les plaques encore glacées de neige et s’enlisaient quand, à l’inverse, cette dernière devenait trop molle pour se transformer en une boue informe. Patiemment, Thol enroulait alors les cordes de l’engin autour des bras en bois afin qu’elles ne s’emmêlassent pas avant d’aller redresser le tout au centre du chemin et reprendre sa route.

Bientôt, songeait-il sans enthousiasme, il lui faudrait remiser l’engin une bonne fois pour toutes jusqu’au prochain hiver. Qui arriverait probablement encore un peu plus tard, et se terminerait encore un peu plus tôt. Jusqu’au jour où ce moyen de transport traditionnel qu’il affectionnait devrait être définitivement abandonné pour cause d’inutilité face au manque de neige.

Alors que, perdu dans ses pensées, il procédait pour la quatrième fois aux rectifications nécessaires – non sans un énième soupir et désormais une légère pointe d’agacement – des éclats de voix et une cavalcade soudaine le firent se redresser. Attentif, il pivota sur lui-même lentement avant de s’immobiliser. Là.

* * *

« Ne les touchez pas ! »

Le rugissement de l’homme stoppa net les deux gardes qui s’entre-dévisagèrent tandis que les gamines – une enfant et une adolescente – se réfugiaient avec précipitation derrière celui qui avait étendu ses bras maigres en une tentative dérisoire de protection.

Un troisième soldat, resté à cheval et qui avait entrepris un semblant de manœuvre d’encerclement afin de couper toute retraite à l’homme, soupira d’un air ennuyé :

« Écoute. Personne ne sera blessé si tu te tiens tranquille et si tu nous accompagnes bien sagement.

— Laissez-nous partir, répliqua l’homme le menton levé en guise de défi.

— Tu sais très bien que nous ne pouvons pas accéder à ta demande.

— Si. Si, vous pouvez. Vous n’êtes pas obligés de dire que vous nous avez vus. Vous n’êtes pas obligés de nous dénoncer ! »

Le cheval piaffa et fit deux pas de côté en direction de ses deux semblables attachés à un arbre ; son cavalier, d’un tension brève mais ferme sur les rênes, le ramena face à ceux qu’il venait de rattraper :

« Tu connais nos lois, vieil homme, reprit posément le soldat. Toi et les tiens y êtes soumis comme n’importe quel Asgardien et il ne peut y avoir d’exception. Vous deux, entravez-le », lança-t-il encore à ses deux camarades qui se rapprochèrent alors qu’un gémissement échappait à l’enfant.

— Que se passe-t-il ici ? »

Un sursaut immobilisa les gardes dont les têtes pivotèrent avec vivacité vers l’origine de la question, prononcée d’une voix si profonde qu’elle rebondit loin dans le sous-bois.

« Seigneur de Phecda, fit le cavalier en inclinant brièvement la tête. Des fugitifs que nous avons interceptés à la frontière.

— Que faites-vous sur mes terres ? » Demanda Thol avec un bref regard à destination des fugitifs en question qui avaient levé les yeux vers lui. L’une de ses mains tenait les cordes de son traîneau, l’autre reposait sur sa hanche d’où dépassait le manche d’une hachette.

« Nous patrouillons sur ordre du palais bien sûr », répondit l’un des deux gardes avec dans le ton une évidence un peu trop dédaigneuse qui fit lever les sourcils du Guerrier Divin. Sans doute le soldat se méprit-il sur la signification de cette réaction car il crut bon de rajouter en guise d’explication :

« C’est jour de tirage au sort. »

Bien sûr.

Thol scruta plus attentivement les trois fugitifs : un vieil homme, deux enfants. Puis il releva les yeux en direction de la lisière de la forêt de conifères qui s’étendait de l’autre côté de la combe où ils avaient été acculés par leurs poursuivants. Rien ne délimitait, en apparence, la frontière asgardienne, pourtant chaque habitant était en mesure de la percevoir. Et les trois êtres qui désormais se blottissaient tout en observant le Guerrier Divin s’en trouvaient beaucoup, beaucoup trop proches.forest-5847268_1920

« Ulrich. Où comptais-tu emmener tes deux petites-filles ?

— Là où elles seront en sécurité. »

man-1867224_1920L’homme avait répondu avec calme, sans se détourner de l’attention dont il était l’objet. Évidemment Thol le connaissait, avec sa barbe hirsute et son regard usé, comme il connaissait chaque Asgardien vivant sur les terres de son clan. Délaissant son chargement – des billots de bois au diamètre imposant empilés sur plus de un mètre de haut – il dévala le ravin d’un bond pour se rapprocher à son tour, les deux gardes reculant de quelques pas prudents. Ils venaient d’apercevoir, plantée dans une bûche, une seconde hache autrement plus imposante que celle à la ceinture de Thol, et autrement plus réputée, aussi.

« Le tour de notre famille – ou ce qu’il en reste – est de nouveau venu, poursuivit le vieil homme d’une voix sourde. J’ai déjà perdu ma femme, et leur mère. Je refuse de les perdre, elles aussi.

— Linn n’a que dix ans, elle n’est pas soumise au tirage au sort. Et quant à toi, tu as déjà bien servi Asgard, ton âge te vaudra une exemption si ton nom devait sortir.

— Et ainsi condamner quelqu’un d’autre à cause de ma défection ? – l’homme se redressa et sous le masque arachnéen de la vieillesse plaqué sur ses traits usés, flamboyèrent la dignité et l’honneur que l’âge ne lui avait pas ôtés – Vilde par exemple ? »

Ladite Vilde sortit de l’ombre de son grand-père et Thol, qui ne l’avait aperçue de que loin en loin au cours des dernières années, prit la mesure des motivations d’Ulrich. Et pas uniquement les siennes :

« Je ne veux pas mourir, énonça d’une voix ténue mais claire l’adolescente qui allait sur ses seize ans. Je veux me marier et avoir des enfants – elle secoua la tête, deux tresses d’un blond cendré dansant sur ses épaules minces – mais si je suis tirée au sort, ce ne sera pas possible. »

Elle répétait ce qu’elle avait entendu, de la bouche de son grand-père mais aussi de celles de nombreux autres Asgardiens. Si encore il ne s’agissait là que d’affabulations ; il s’en trouvait toutefois peu, aujourd’hui, pour contredire même à mi-voix ce qui avait fini par ressembler de plus en plus à une sorte de vérité.

Le front de Thol se plissa et son poing se serra lentement dans l’ombre comme il répondait :

« Je comprends tes inquiétudes et je sais… Je sais à quel point le devoir qui incombe à chacun d’entre nous est devenu exigeant. »

Non. Cruel. C’est « cruel », le mot qui convient.

« Aussi est-ce la vocation du tirage au sort d’assurer l’équité entre tous les Asgardiens, expliqua-t-il, quant à l’exercice de leurs obligations dans un temps connu et limité, envers l’humanité mais aussi envers leurs familles, leurs voisins, leurs amis. »

Ce n’était pas une explication, ça, se surprit-il à jauger à part lui. Plutôt une récitation. Aussi rajouta-t-il, après une hésitation :

« Nous, les sept Guerriers Divins, avons reçu un ordre de mobilisation dans le cadre du tirage au sort d’aujourd’hui. Ainsi, le nombre de civils choisis sera réduit de moitié, pour une durée de trois mois. »

Et après ?

— Tu parles d’équité ? »

Ulrich qui ne semblait pas avoir compris – ou voulu comprendre ­– les justifications du Guerrier Divin, entreprit d’avancer, l’air furieux, sur Thol qui le dominait pourtant de près de trois têtes :

« L’équité devant quoi ? L’absence d’avenir ? La disparition de notre peuple ? La mort ? Peu importe le statut, Guerrier Divin ou simple paysan : c’est le même sort qui nous attend tous !

— L’équité devant nos chances de survie. »

Une brise remontant du talweg, chargée de la fraîcheur du printemps, s’enroula entre les présents, leur tirant un frisson collectif. Les cris d’un corbeau, quelque part dans les frondaisons au-dessus d’eux, rompit le silence.

Ulrich, le visage toujours levé vers le Guerrier Divin, esquissa un sourire triste et répliqua dans un murmure que seul Thol était en mesure d’entendre :

« Tu ne peux pas me répondre autre chose, n’est-ce pas ? »

Autour d’eux, les deux gardes en livrée du palais piétinaient et ne cachaient plus leur impatience. Leurs chevaux étaient détachés, prêts à être enfourchés. Leur chef interpella Thol :

« Seigneur de Phecda, nous n’allons pas abuser de votre temps et de vos terres plus longtemps et emmener ces trois fugitifs au Palais afin qu’ils soient jugés et punis. Je doute qu’ils tentent de nous échapper de nouveau, n’est-ce pas ? »

Ulrich serra ostensiblement les lèvres sous le coup d’œil d’avertissement du soldat à cheval mais n’esquissa aucun geste susceptible de prêter à une malencontreuse confusion. Les liens avec lesquels les gardes s’apprêtaient à entraver le vieil homme restèrent ainsi dans leurs mains. Ses deux petites-filles regardaient autour d’elles, l’air égaré et la plus jeune se mit à pleurer.

Thol remonta jusqu’au traîneau et arracha sans effort la hache profondément plantée dans le bois :

« Je vais vous accompagner.

— Mais…

— Par mesure de précaution. »

Asgard, Norvège, Avril 2006

La salle d’audience, qui n’était pas censée accueillir qui que ce fût ce jour-là, n’avait pas eu le temps de chauffer. Les mains enfoncées dans le manchon en fourrure posé sur ses genoux, Hilda s’efforçait d’ignorer la température glaciale des lieux avec un succès tout relatif : le froid lui remontait dans les os depuis les dalles froides et s’appesantissait dans le même temps sur ses épaules pourtant recouvertes d’une laine épaisse.

Lorsque les portes s’ouvrirent enfin, Siegfried fut le premier à pénétrer dans la salle, se dirigeant droit verstrône viking le siège vénérable dans lequel elle avait pris place. Autrefois, un trône s’élevait sur cette estrade, qui par sa masse en imposait alors suffisamment pour que fut respecté celui ou celle à qui il était dévolu. Un lointain prédécesseur d’Hilda avait cependant choisi de le sacrifier : le bois dont il était conçu avait en effet trouvé à mieux s’employer dans les cheminées du Palais au cours d’un hiver d’une rigueur telle qu’elle avait confiné tous les Asgardiens dans leurs quartiers pendant des mois sans autre moyen de subsistance que leurs réserves pour manger et se chauffer.

A peine le premier des Guerriers Divins se dressait-il à ses côtés que ceux à qui il avait ouvert la voie se présentèrent à leur tour sur le seuil : des gardes, encadrant trois prisonniers et contre tout attente la haute silhouette de Thol de Phecda qui se détacha des ombres où il était resté dissimulé.

« Votre Grâce, fit le garde le plus gradé tout en s’inclinant brièvement. Voici les déserteurs. »

En fait de déserteurs, se tenaient sous les yeux d’Hilda un grand-père et deux jeunes filles, le premier se maintenant difficilement debout sous l’effet d’un épuisement visible, les secondes se serrant l’une contre l’autre, terrifiées.

La souveraine de Polaris s’était levée et descendait à présent d’un pas lent les quelques marches qui la séparaient du petit groupe. Sa voix s’éleva dans le silence :

« Ce sont des enfants. »

La plus âgée n’était encore qu’une adolescente, la seconde n’avait pas plus d’une dizaine d’années. Et plus encore qu’effrayées, elles étaient frigorifiées avec leurs vêtements humides que le vent frais du matin avait constellé de paillettes de glace.

« Couvrez-les », ordonna-t-elle. Il y eut un instant de flottement, puis l’un des gardes se vit les bras chargés de couvertures avant que se retirât l’un des serviteurs personnels de la famille Polaris. Dans l’intervalle, Hilda avait reporté son attention sur l’homme qui malgré sa fatigue, soutenait son regard aigu :

« On m’a rapporté que tu as été arrêté à la lisière de la frontière sud. Est-ce la vérité ?

— Oui. Votre Grâce.

— Qui sont ces enfants ?

— Mes petites-filles votre Grâce.

— Où alliez-vous ainsi tous les trois, de si bonne heure ? »

Qu’il répondît ou pas n’avait, en réalité, aucune d’importance. Hilda connaissait par cœur les mots qu’il était sur le point de prononcer ; après tout, ne les avait-elle pas déjà entendus cent fois au cours des dernières années ?

Elle ne l’écouta pas moins, une profonde inspiration bloquée là où ça faisait mal. Comme d’habitude.

« Je voulais rallier la ville.

— Pourquoi ? »

Le vieil homme eut un reniflement, rejetant la tête en arrière en signe de défi. Ce fut alors qu’à la lumière tombant des lustres au-dessus d’eux, elle le reconnut.

« Vous le savez bien, non ?

— Hé, toi ! – une bourrade bouscula l’homme qui tomba douloureusement sur un genou aux pieds de Hilda – un peu plus de respect pour ta souveraine !

— Ça suffit. » Elle avait levé une main autoritaire. « Laissez-le parler. Ulrich, je veux l’entendre de ta bouche. »

S’il fut surpris de s’entendre appeler par son prénom, le vieil Asgardien n’en montra rien alors que la mâchoire serrée, il entreprenait de se redresser à grand-peine sur ses jambes chancelantes. Le silence était total lorsque de nouveau, il se confronta au regard clair de Hilda :

« Pour les sauver. »

Trois marches plus haut, Siegfried, resté sur l’estrade, était d’une immobilité de pierre. Personne, parmi l’assistance, ne broncha. Pas un murmure, pas un soupir. Hilda n’était pas la seule à avoir déjà entendu ces mots-là.

Thol fixait la souveraine d’Asgard, comme toujours fasciné par son aura d’une blancheur de neige fraîche. Ce même cosmos accompagnait chaque Asgardien dès la naissance et devenait perceptible par tout un chacun dès lors qu’il était mis à contribution au service de tous. Les tirages au sort se succédaient depuis bientôt trois générations désormais sans pour autant que jamais un souverain d’Asgard ne s’en fût réclamé : Hilda de Polaris ne faisait pas exception et son cosmos demeurait en éveil perpétuel depuis le jour de son accession au trône. Chaque minute, chaque seconde de son existence en tant que souveraine était consacrée au devoir d’Asgard envers l’humanité.

Nul ne l’avait jamais entendue s’en plaindre, ni n’avait surpris sur ses traits les marques de l’épuisement qui de plus en plus souvent affectait ceux et celles qui étaient appelés à ses côtés. Elle démontrait une force peu commune ; tous les clans qui lui avaient apporté leurs voix lors du dernier vote ne s’y étaient pas trompés. Clan Phecda y compris.

Le Guerrier divin de Gamma tourna son attention vers Ulrich. Si tous connaissaient les raisons de son acte, lui-même savait ce qui les attendait, Vilde et lui. Linn serait épargnée, car mineure. Une ombre passa au front de Thol : ces deux-là sauraient-il se montrer raisonnables ? Une fois condamnés, on les obligerait à accomplir leur devoir. Et s’ils persistaient à se dérober, alors ils ne seraient plus d’aucune utilité. Du moins Ulrich. Vilde, elle, était encore jeune : des efforts seraient probablement consentis afin de la remettre sur le droit chemin et qu’elle pût servir encore, quel que fût le sens qu’on accordât à ce mot.

Un bref instant, son regard croisa celui de Siegfried, dont la rigidité ne se démentait pas, ses deux mains croisées par devant lui, les jambes légèrement écartées. Il lut dans ses yeux ce que lui-même ne pouvait s’empêcher d’éprouver : un profond sentiment de gâchis doublé d’une inquiétude qui ne pouvait plus être ignorée.

La tête d’Hilda avait pivoté vers les deux filles toujours muettes qui paraissaient ne former plus qu’un seul être sous les plaids amoncelés sur leurs épaules.

« Leur père est mort le premier et leur mère, lorsque son tour est revenu, n’a pas survécu. Vous le savez. C’est déjà une chance qu’elles soient nées… »

A ces mots, un bruissement gêné parcourut la salle d’audience, vite étouffé comme l’homme reprenait d’une voix plus forte :

« … Ne devraient-elles pas avoir aussi la chance de vivre ?

— Ulrich, je sais quelle est ta situation et celle de ta famille – Hilda s’était de nouveau tourné vers l’Asgardien, soutenant sa colère – Cependant, tu connais les règles.

— Les règles. »

De nouveau une inspiration brève et chargée de mépris, qui valut à l’homme un regard noir de la part du garde le plus proche de lui.

« Oui, je les connais, reprit-il sombrement. Mais ça suffit. Ça suffit ! »

Il avait crié, suffisamment fort pour que Siegfried s’ébranlât et amorçât à son tour la descente de l’estrade. Il se figea néanmoins, sur un geste d’Hilda.

« Aucun parent ne devrait supporter de mettre au monde un enfant pour sacrifier son avenir. C’est pourtant ce que nous faisons, depuis des siècles, de génération en génération et pour quoi aujourd’hui, votre Grâce ? Pour rien.

— Ulrich, je ne peux pas te laisser affirmer une telle chose.

— Est-elle si fausse ? Oui, vous me connaissez ma dame, comme vous connaissez chacun d’entre nous sur cette terre. Même ceux que vous n’avez peut-être jamais croisés, ou dont vous ne vous rappelez que le visage, vous en savez pourtant autant sur eux que sur moi, là – il désigna le torse de Hilda qui bien malgré elle recula d’un pas – dans votre cœur. »

L’index restait pointé sur elle, désignant à la fois la souveraine et le pouvoir dont elle était dépositaire. Les yeux du vieil homme ne cillaient pas ; le silence autour d’eux s’était épaissi.

« Et nous aussi, nous vous connaissons, rajouta-t-il plus calmement.

— Alors tu sais que j’ai à cœur de protéger chaque Asgardien autant que possible et ce, malgré la mission dont nous sommes investis. Mais aussi que pour y réussir, j’ai besoin de chacun d’entre vous. Nous avons besoin les uns des autres.

— Pendant encore combien de temps, votre Grâce ? Combien, avant qu’il n’y ait plus personne sur qui compter ? »

Ulrich chancela alors qu’il se tournait vers les deux enfants :

« Ce sont mes petites-filles et je serais un bien mauvais grand-père si je n’essayais pas de leur offrir une vie meilleure.

— Ulrich…

— Non, ma dame. S’il vous plaît, ne faites pas ça. Ne me promettez rien que vous ne pourriez tenir. »

Hilda se mordit l’intérieur de la joue, ses traits stoïques ne figurant rien du sang dont le goût métallique envahit sa bouche.

« Libérez-les.

— Mais… Votre Grâce ! »

Sous l’effet du saisissement, le garde avait fait volte-face en direction de Hilda et avançait sur elle comme mû par un élan irrépressible tandis que ses ses camarades s’agitaient, mal à l’aise. Thol, les yeux agrandis par la stupéfaction, s’ébroua néanmoins devant la menace apparente et en moins de deux pas, rattrapa le garde dont il saisit le coude, le stoppant net. L’homme s’était-il seulement rendu compte de la présence du Guerrier Divin tout à côté de lui ? Avait-il compris que le prochain geste malencontreux de sa part verrait les doigts de Thol de Phecda broyer son articulation en mille morceaux ? Rien n’était moins sûr alors qu’il balbutiait de nouveau, le cou étiré vers Hilda :

« Vous ne pouvez pas… ! Ce n’est pas…

— Ce n’est pas ? »

Alors qu’elle avait tourné le dos à la salle pour se diriger vers ses quartiers privés, elle suspendit son pas et pivota vers le garde, l’air sévère :

« Ce n’est pas… la règle, balbutia-t-il. S’il n’est pas puni, il recommencera, votre Grâce. Et d’autres voudront en faire autant.

— Eh bien, vous les arrêterez.

— Mais…

— Sortez. »

La voix posée de Siegfried vit tous les regards converger dans sa direction comme il se dressait devant le siège sur l’estrade, les poings serrés.

« Et, Thol : raccompagne Ulrich et sa famille chez lui. »

* * *

« On peut savoir ce qui t’a pris? »

Malgré la présence de sa sœur, et peut-être bien à cause de sa présence et surtout de son air d’incompréhension, Hilda laissa échapper un soupir excédé :

« Que voulais-tu que je fasse, Siegfried ? Que j’expédie au cachot un homme de plus de soixante-dix ans et deux enfants ? Quel beau message en vérité, à envoyer à notre peuple !

— Non, bien sûr mais tu pouvais lui infliger une punition, même symbolique, objecta Freyja. Ne serait-ce que vis à vis de la garde ; ils n’ont pas compris. Tu leur demandes de patrouiller le long des frontières pour dissuader ce genre de comportement, ils font leur travail et en retour, par ton absence de réaction, tu dénigres leur action. Il va être plus difficile dorénavant de trouver des volontaires pour cette tâche.

— Faut-il vraiment se demander pourquoi ?

— Hilda ! »

Dans le regard de sa sœur, Hilda lut le même genre de désapprobation que celle surprise dans celui du garde tantôt. Mais alors qu’elle s’attendait, déjà résignée, à trouver le même genre d’écho du côté de Siegfried, elle fut presque surprise de le découvrir préoccupé. Presque.

« S’il ne s’agissait que d’un problème de reconnaissance pour le travail réalisé, cela n’en serait pas un, justement. Mais ces hommes sont des Asgardiens avant tout : face au choix que certains font de fuir, ils sont désemparés. Ils se sentent trahis. Et en l’occurrence… doublement.

— Est-ce cela que tu as ressenti, toi aussi, Siegfried ?

— J’aurais préféré que ce ne soit pas le cas. »

Le ton sobre du Guerrier Divin n’empêcha pas les deux femmes de se crisper, mais pas pour les mêmes raisons.

« Il a raison, Hilda, fit Freyja qui se voulait persuasive. Le message que tu as envoyé en ne punissant pas cet homme – ses petites-filles n’y sont pour rien, nous en sommes d’accord – peut laisser penser que tu te désintéresses du sort de notre peuple en acceptant que certains ne veuillent plus assumer leur part. Et moins nombreux nous serons, plus difficile encore sera notre quotidien. Leur quotidien.

— Je le sais, merci.

— Dans ce cas, tu peux pas tergiverser sur ce sujet. »

Hilda dévisagea sa jeune sœur, dont le visage s’était imperceptiblement durci. Depuis toutes ces années où Freyja se tenait à ses côtés, celle-ci avait beaucoup appris, bien que son intelligence et sa finesse innées eussent été ses meilleurs atouts pour un tel apprentissage. La jeune femme avait gagné en confiance et en assurance, sans oublier le respect de la population. Celle-ci reconnaissait en Freyja des qualités dont Hilda aurait du mal à se passer aujourd’hui. Et possiblement, les Asgardiens trouvaient en la cadette un écho qui leur était plus familier que celui renvoyé par l’aînée.

« J’ai… Je suis fatiguée, Freyja. Satisfaire tout le monde est épuisant.

— Non ! Je n’ai pas voulu dire que…

— Je sais ce que tu as voulu dire. Je sais ce que vous voulez me dire, tous les deux. Mais je crains que vous me demandiez l’impossible désormais. »

Se redressant, elle les contempla tour à tour, lisant chez l’un comme chez l’autre ce qu’elle avait toujours redouté de découvrir et dans le même temps espéré. Une lucidité identique à la sienne, une prise de conscience qui d’une façon ou d’une autre avait commencé à creuser son chemin jusqu’à atteindre le point de non retour. Le sien en tout cas, elle avait la sensation, chaque matin en se réveillant, qu’elle l’avait dépassé depuis longtemps déjà. Et qu’elle continuait à s’en éloigner un peu plus à chaque fois qu’un Ulrich était jeté à ses pieds.

« Peut-être devrions-nous solliciter l’aide du Sanctuaire, dit lentement Siegfried. Aucun de leurs chevaliers ne saurait se substituer à un Asgardien en matière de cosmos mais au moins pendant quelques années, ils pourraient nous prêter main forte pour tout le reste, le temps que nous reconstituions nos propres forces.

— Quelques ? Réagit Freyja. Une génération complète tu veux dire.

— Serait-ce si terrible ?

— Par Odin… Siegfried, c’est toi qui parles ainsi ? »

Hilda le considérait, médusée. Aucun Asgardien n’appréciait le Sanctuaire et le Guerrier Divin ne faisait pas exception. Elle imaginait sans peine l’effort colossal auquel il consentait pour émettre une telle proposition, au point de déceler son dégoût dans le pli de ses lèvres.

« Qu’ils soient dix ou cent à fuir Asgard, cela ne changera rien au bout du compte : nous ne serons plus jamais assez nombreux. Mais nous ne pouvons pas, non plus, nous dédire de notre mission, insista Siegfried. Il suffit de regarder ce qui se passe de par le monde pour nous en convaincre. Alors, oui, je crois que c’est à ce jour la seule solution qui nous reste. »

Freyja, qui avait ouvert la bouche, la referma. Une détresse fugitive plissa son front comme elle serrait le poing contre ses jupes, qui ne se détendit que lorsque le bras de sa sœur enlaça ses épaules. Elles savaient encore, toutes les deux, se passer de mots et surpasser leurs maux surtout lorsqu’il s’agissait de chagrins si personnels qu’elles ne pouvaient que les partager ensemble.

« Une solution vouée à être temporaire, précisa Siegfried, tirant un rire sec à Hilda.

— De temporaire à pérenne, il n’y a pas assez long pour que le Sanctuaire n’y voie pas l’occasion rêvée de prendre le contrôle absolu d’Asgard, j’espère que tu en as conscience.

— Je suppose que je dois considérer cette remarque comme une fin de non-recevoir ? Répliqua le Guerrier Divin avec un air pincé.

— … Ce n’est pas ce que j’ai dit, se radoucit Hilda en posant sur son poignet ses longs doigts fins où scintillait une aigue-marine. Et je te promets d’y réfléchir car ne pas me ranger à ton constat serait mentir, à notre peuple, à toi et à moi-même.

— Merci. »

La main de Hilda, toutefois, lui échappa lorsqu’il voulut la prendre et un sourire triste lui échappa, sous le regard compatissant de Freyja. N’était-il pas pathétique ? Des années d’amour à sens unique ne se reniaient pas si facilement cependant et en bon Asgardien qu’il était, l’espoir lui restait chevillé au cœur aussi sûrement que son cosmos demeurait au service de sa terre. Car que lui resterait-il s’il n’y avait plus l’espoir ? Que leur resterait-il, à tous ?

« Tu vas reconsidérer ta décision ? »

La voix de Freyja l’extirpa de sa songerie morne et il vit Hilda esquisser un sourire qui au mieux pouvait passer pour poli. Elle avait beau se reposer sur sa cadette pour traiter de nombreux sujets, l’exercice de son autorité n’incombait qu’à elle seule et la souveraine n’entendait pas se voir disputer cette prérogative. Aussi répondit-elle d’un ton sans réplique :

« J’en informerai les principaux concernés si cela devait être le cas. »

8 réflexions sur “Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 9

  1. Très belle partie en Asgard. Thol est à la hauteur (!) de son homologue de la série. On sent beaucoup de noblesse en lui et un profond respect de son peuple.

    Ce qui est tragique dans ce chapitre c’est que personne n’a fondamentalement raison ou tort. Hilda doit faire appliqué la loi, comme ses gardes et ses guerriers divins et personne ne pourrait reprocher à un grand-père de vouloir offrir une chance de survie à ses petites-filles.

    Le point d’orgue du chapitre arrive quand Siegfried en vient à proposer l’aide du sanctuaire. On sait ce que ça lui en coute d’en arriver à de telles extrémités et il est vraiment très grand seigneur d’oser en parler à voix haute.

    Au fait, c’est très bien les chapitres plus courts. Dans l’idée, c’est sympa d’avoir des mises à jours plus rapprochées.

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    • Heureuse que ce chapitre t’ait plu ! 🙂

      J’aimais beaucoup Thol dans Asgard, on sentait que ce n’était pas un mauvais bougre et dans mes souvenirs, c’était ce personnage qui traduisait le plus la difficulté de vivre en Asgard (puisque si je me rappelle bien, il braconne ?). Dans l’UDC!verse, j’en ai fait un chef de clan, comme les autres GW, mais celui de Thol est un petit clan, pas très riche, et pas très important. De fait, il est très proche de son peuple en effet.

      Le sort d’Asgard est tragique T_T Comme tu le dis très bien, chacun a de bonnes raisons d’agir comme il agit et il est difficile de juger les actes des uns et des autres. Hilda et les dirigeants des clans sont dans une position impossible ! En fait, Asgard fonce droit dans le mur, tout le monde le sait mais tout le monde est impuissant et regarde le mur se rapprocher sans rien pouvoir faire.

      Siegy n’est pas le chef des GW pour rien : il est « le meilleur d’entre eux » et il sait prendre ses responsabilités quand le devoir et l’honneur l’exigent. Même si ça le rend malade 🙂 Donc il essaye de trouver une solution. Il propose. Après, Hilda reste la chef, donc ce sera elle qui décidera de ce qu’il convient de faire, même si elle n’a pas dix mille options.

      Je vais essayer de continuer sur cette optique de chapitres plus courts pour un rythme plus régulier, faut juste que je trouve le bon timing…

      Merci beaucoup, vraiment, pour ta lecture ! \o/

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  2. Salut!

    Ce chapitre était très intéressant, déjà de par ce qu’il explique du fonctionnement asgardien, avec ce tirage au sort qui me fait un peu penser aux Hunger Games. Et on voit bien à quel point la situation est complexe pour Hilda. Elle est obligée de maintenir un équilibre périlleux entre préserver des règles qui permettent de remplir le rôle d’Asgard, mais sont devenues inhumaines et suscitent à juste titre le rejet de la population, ou faire preuve de compassion et risquer d’encourager la rébellion tout en perdant sa crédibilité aux yeux de ses plus loyaux serviteurs. Et si faire appel au Sanctuaire serait peut-être une solution acceptable d’un point de vue purement pratique, elle serait sans doute aussi politiquement très risquée, et pas seulement parce qu’elle mettrait Asgard à la merci du Sanctuaire. A l’interne, ça ne manquerait pas aussi de créer des dissensions qu’Hilda aurait très probablement bien du mal à gérer. Bref, je ne sais pas comment tu vas la sortir de ce mauvais pas!:-)

    Bonne suite et à bientôt, j’espère!
    Lily

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    • Hello Dame Lily !

      Comme j’ai déjà du le dire, Asgard est une feuille blanche que je prends beaucoup de plaisir à écrire. L’anime nous a offert des bases intéressantes qui n’attendaient que d’être exploitées. Le devoir d’Asgard est écrasant en terme de responsabilités et repose sur les épaules de quelques milliers de personnes qui ont en charge, indirectement, la survie de milliards d’autres en maintenant l’équilibre climatique. En essayant tout du moins : on sait bien que c’est plutôt mal barré.

      La particularité d’Asgard repose, entre autres, sur un concept de cosmos unique « partagé » entre les Asgardiens. Ils ont tous le même, la même fréquence, la même harmonique. Il est passif pour la majorité de la population, actif pour les GW et Hilda, bien entendu. C’est l’action de ce cosmos qui permet à Asgard d’honorer son devoir. Lorsque les Asgardiens étaient plus nombreux ET que le climat n’était pas encore parti en vrille, honorer cette charge n’était pas si difficile, car la contribution de chacun était minime. Avec le temps, il s’agit d’en demander de plus en plus au peuple et afin d’équilibrer les choses, le tirage au sort s’est avéré la moins pire des solutions. Laisser oeuvrer le hasard, avec cependant quelques règles, essentiellement en lien avec l’âge + une limite : par exemple, il n’est pas possible d’être tiré au sort plus de trois fois. Ne sont pas soumis au tirage au sort les GW qui, eux, sont mis à contribution chacun leur tour, et autant de fois que nécessaire jusqu’à la mort. C’est une solution à la fois cruelle et juste. Un peu à l’image d’Asgard en fin de compte.

      Hilda joue les équilibristes et le fil est de plus en plus mince. Elle n’a d’autre choix que de poursuivre sa route mais c’est de plus en plus difficile, c’est vrai :-/ D’autant qu’en sus, elle n’a pas la totale maîtrise des choses, puisque sa lutte pour maintenir l’équilibre du climat se heurte à l’activité humaine sur laquelle elle n’a aucune prise. Il y a vraiment de quoi désespérer… Et effectivement, le Sanctuaire n’est pas en odeur de sainteté en Asgard depuis très très longtemps et certains événement passés et pas si lointains y sont pour beaucoup. Comme tu le dis, il est très probable que des voix s’élèvent contre une telle solution !

      Hilda, elle, ne voit pas en tout cas comment s’en sortir 🙂

      Merci infiniment d’avoir pris le temps de la lecture et du commentaire,

      J’espère aussi à bientôt !

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  3. Je rejoins Chrysos, très bon chapitre sur Asgard !

    Thol est pétri d’humanité, à la fois extrêmement fidèle à Hilda et conscient des épreuves de son peuple.
    On sent le tiraillement qui doit s’agiter en lui. Loin des questions politiques (recours au Sanctuaire, luttes de pouvoir des clans), il aimerait certainement trouver une solution « locale » qui arrange tout le monde, mais le contexte ne lui permet pas.

    Asgard est face au mur (de glace), HIlda à besoin du Sanctuaire (et inversement), la position de HIlda est vraiment intenable. Mais savent-ils à quel point Saga, le Sanctuaire à changé depuis les Portes ?

    Une mise au point, ou du moins une explication franche de Saga sera-t-elle la bienvenue pour le bien des deux communautés. Un petit « séminaire » entre guerriers divins et les 12 serait une idée (à moins qu’ils finissent par se « foutre sur la gueule » bien entendu).

    A terme, Saga fera « payer » à Hilda le fait d’avoir laissé Dimitri sur ses terres. J’imagine bien les guerriers être mis à contribution – forcée – pour éliminer le « problème » en guise de punition (pas certain qu’ils en reviennent tous d’ailleurs). Enfin, c’est ma vision des choses.

    J’ai déjà hâte de lire le prochain chapitre et désolé pour les retours tardifs (encore).

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    • Merci beaucoup, heureuse que ce chapitre t’ait plu ! \o/

      Thol est effectivement le moins « noble » des chefs de clan dans l’Asgard de l’UDC!verse même si c’est bien du « sang-bleu » qui coule dans ses veines. Sans doute le fait que son fief soit parmi les plus modestes et que les revenus qui en sont tirés relèvent pour l’essentiel de l’exploitation du bois, une ressource qui résonne avec l’histoire millénaire d’Asgard et qui reste déconnecté du monde extérieur. Thol lui-même met la main à la pâte et il est de fait très proches des gens qui habitent sur ses terres. Il est donc bien placé pour voir au quotidien la dégradation de la situation au fil des années sans qu’il puisse y faire grand-chose, effectivement.

      A dire vrai, Asgard reste campée sur ses positions à l’égard du Sanctuaire, et les positions en question, elles sont… anciennes. Très anciennes. Il y a une espèce de cécité volontaire, un déni sur le sujet et une tradition orale tenace selon laquelle Asgard est inféodée au Sanctuaire par la vertu d’un accord entre les dieux, alors que le peuple Asgardien aspire à son indépendance. Donc il ne se trouvera pas un Asgardien pour croire que le Sanctuaire a « changé » ou que les choses pourraient être considérés sous un autre angle. Et enfin, il y a eu un événement dans les années 50 qui n’a rien arrangé, bien au contraire. J’ai rédigé une préquelle complète à ce sujet mais je ne peux pas la mettre en ligne car ce serait spoiler la suite de l’histoire ^^;

      Il y aura de toute manière des interactions entre Sanctuaire et Asgard / Golds et GW et ça promet… du lourd 😀

      Merci encore une fois pour ton enthousiasme et ton intérêt, et pas de souci pour le délai, nous en sommes tous rendus au même point…

      Bon dimanche à toi et à bientôt !

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  4. Hello Al’ !

    Déjà toutes mes excuses pour mon retard de lecture. Le temps file toujours beaucoup trop vite.
    Mais me voilà tout de même aujourd’hui pour partager avec toi mes impressions sur ce nouveau chapitre qui m’a beaucoup plu, même si je l’ai trouvé profondément triste. Car la vie en Asgard que tu décris est difficile voire cruelle, et les sacrifices qu’elle impose semblent terriblement injustes. Mais c’est aussi une vie faite d’abnégation, de courage et de force. Et je trouve que tout cela résonne parfaitement avec ce que l’on pouvait percevoir de ce royaume et de ses habitants dans l’animé. Mais tu sais aussi apporter ta touche personnelle, en replaçant le devoir qui incombe à Asgard dans un contexte climatique extrêmement pertinent, déjà en 2006 et probablement encore plus aujourd’hui. Et ton idée de faire de ce royaume et de son peuple les garants du fragile équilibre de notre belle planète est je trouve vraiment très bien vue. Je crois que je te l’ai déjà dit, mais je profite de ce chapitre 100% asgardien pour te le dire une seconde fois.
    Et puis comme toujours, j’ai beaucoup aimé tes descriptions des personnages, de leurs blessures, de leurs peurs et de leur colère. J’ai aussi aimé lire la réaction d’Hilda, que j’ai trouvée digne et juste, même si certains ne manqueront pas de critiquer sa mansuétude, j’imagine.
    Je me demande comment la situation va évoluer à court terme. La souveraine va-t-elle finalement accepter la venue de « renforts » en provenance du Sanctuaire, et si oui, à quels chevaliers Saga confiera-t-il cette tâche ? Hilda aura-t-elle son mot à dire sur ce choix et comment ses rivaux, Alberich en tête, réagiront-ils à ce qui pourra passer pour un aveu de faiblesse voire même pour une trahison ? Et puis la présence de représentants du Sanctuaire en Asgard risque aussi de déplaire à la bande de Dimitri… Oui, je suis vraiment très curieuse de voir comment tout cela va évoluer.

    Merci encore pour ce nouvel épisode, toujours aussi bien écrit. Bon courage pour la suite, prends soin de toi et à bientôt !

    Phed’

    Aimé par 1 personne

    • Coucou !

      Ne t’excuse pas, le temps file pour tout le monde, et de plus en plus vite au fil des années. Du moment que cette histoire arrive à te trouver à un moment donné ou à un autre, c’est le principal ! 🙂

      C’est vrai que la vie en Asgard est très difficile, d’autant que les Asgardiens sont enchaînés à leur devoir par le destin qui leur a été imposé. Il y a quelque chose d’inéluctable là-dedans, contre lequel ils ne peuvent pas lutter car c’est aussi une part intégrante de ce qu’ils sont, en soi et avec leurs semblables. D’où leur courage et leur force, car il en faut bien plus que la moyenne pour garder la tête haute : c’est un peuple très fier et cette fierté constitue leur colonne vertébrale. Il leur faut bien se raccrocher à quelque chose, et en fin de compte – et c’est tristement ironique – c’est leur devoir si cruel qui les maintient debout.

      Rattacher Asgard à l’équilibre climatique de la Terre découle directement de l’anime puisque c’est lorsque Hilda cesse de prier Odin que les inondations commencent. Alors OK, dans l’anime, c’est Poséidon (enfin… Kanon !) qui est derrière tout ça et ici, j’ai choisi de lier Asgard au climat en direct. De plus, dans la lignée de l’UDC!verse, la notion d’Equilibre est de nouveau mise en avant ici, sous une forme différente mais le fond du propos reste le même : déséquilibrer un système, quel qu’il soit, n’est jamais une bonne idée… Je suis en tout cas très touchée que tu apprécies cette approche !

      L’exercice du pouvoir est une tâche ardue et bien souvent ingrate : il est quasi impossible de prendre des décisions qui fassent consensus, il se trouvera toujours des gens pour ne pas les cautionner. Ici, Hilda réagit de façon très humaine. Toutefois, l’humain ne fait pas toujours bon ménage avec l’intérêt collectif et en l’occurrence, Siegy et Frejya sont fondés à le lui reprocher. Le devoir d’Asgard dépasse les intérêts particuliers, quels qu’ils soient, c’est un fait indiscutable. De là, le dilemme n’est jamais bien loin.

      Hilda est confrontée à des situations de plus en plus insupportables, elle est seule face à des choix en passe de devenir impossibles. Toute la question est, en effet, de savoir sur quel chemin la mèneront ses réflexions…

      Merci beaucoup pour tes mots adorables et tes encouragements ! ♥

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