Sanctuaire, Grèce, Mai 2006
Étonnant. Tandis qu’il dévalait l’Escalier de son habituel pas alerte, Shura songeait à la facilité déconcertante avec laquelle, à chaque retour, il se coulait dans le moule du Sanctuaire au point de – presque – en oublier le monde extérieur et les préoccupations qui allaient avec. Saluant d’un signe de tête ou d’un sourire bref tel ou tel habitant des lieux, fût-il un chevalier ou un serviteur, il avait le sentiment d’avoir croisé ces mêmes visages pas plus tard la veille alors que cela faisait près de cinq mois qu’il n’avait pas remis les pieds sur l’île. Depuis le jour de l’an, plus précisément.
Rien ne changeait : les creux et les aspérités des marches mille fois arpentées qu’il savait éviter sans réfléchir, l’horizon bleu profond de la mer Égée sur lequel se découpaient temples et doriennes, les troncs vigoureux des oliviers et des figuiers qui s’élançaient çà et là depuis les recoins les plus arides et toujours ce cosmos intemporel et infini qui baignait chaque atome du Sanctuaire, signant son identité profonde plus que n’importe quoi d’autre.
Le Capricorne parvint jusqu’au deuxième temple et le traversa sans croiser Aldébaran et de fait, sans ralentir : ce dernier, parti en mission de recrutement sur le continent africain, ne serait de retour que dans deux ou trois jours. Enfin, l’arrière de la maison du Bélier se dressa face à l’Espagnol. Il était tôt mais comme lui, Mü était du genre matinal. Nul doute qu’un café bien chaud l’attendait déjà, préparé à sa seule intention : l’Atlante avait toujours préféré le thé.
Cette immuabilité se révélait rassurante. Il l’appréciait de plus en plus au fil des années tout comme il comprenait mieux, aujourd’hui, l’opiniâtreté d’Angelo à ce sujet, qu’il avait souvent qualifiée à part lui d’entêtement, voire d’obsession. Le Cancer n’avait jamais fait mystère de son attachement au Sanctuaire, non pas tant à son fonctionnement ou à ses règles, qu’au foyer qu’il constituait pour tous ceux et toutes celles dont l’existence y était consacrée. A ses yeux, disait-il, il n’existait rien d’autre sur cette foutue planète qui se rapprochait le plus d’une maison que le Sanctuaire. Une affirmation qu’il ponctuait invariablement d’un ricanement que d’aucuns auraient considéré avec suspicion, incapables de mesurer le paradoxe d’un tel constat de la part de l’Italien.
Angelo, au fond, avait tout compris. Lorsque Shura poussa la porte des appartements du chevalier d’or du Bélier, il réalisa que pour la première fois après des mois d’une errance permanente, incolore et sans saveur, il éprouvait enfin quelque chose. Pas du bonheur, non ; ni même de la sérénité. Une sorte de paix plutôt, précaire, fragile et qui ne durerait probablement pas. Mais c’était déjà ça.
Il ne s’était pas trompé. L’odeur réconfortante du café dériva jusqu’à lui pour l’attirer vers la table où Mü était déjà installé et sur laquelle un solide petit-déjeuner n’attendait plus que leur bon vouloir à tous les deux. Comme son alter ego avait-il deviné qu’il avait le ventre vide ? Shura aperçut alors le petit sourire du Bélier, à peine démenti par son coup d’œil attristé alors que celui-ci détaillait brièvement ses vêtements trop sombres pour que les quelques kilos qu’il avait malgré tout repris depuis bientôt un an pussent être appréciés à leur juste mesure. Un coup d’œil si semblable à celui dont Angelo avait coutume de le gratifier lorsqu’ils se revoyaient que Shura préféra l’ignorer avant de s’asseoir à son tour, en face de l’Atlante.
« Il y a donc tant d’archives que ça à consulter ? Plaisanta-t-il comme Mü versait le café dans sa tasse.
— Et encore : j’ai fait un premier tri », répondit le Bélier d’un ton si docte que Shura laissa échapper un rire, aussitôt partagé par son vis-à-vis.
« Ça me fait plaisir de te voir »en vrai » », rajouta le Bélier la tête légèrement penchée sur le côté, ses mèches courtes s’échappant de l’oreille derrière laquelle il avait pris l’habitude de les coincer.
— Moi aussi. Ça faisait longtemps. »
Ils se turent, savourant leurs boissons fumantes et partageant les biscuits préparés par Loukas, péché mignon du Bélier auquel il avait succombé comme tous ses pairs, bien que toujours en proportions raisonnables.
« Tu es allé voir Dôkho ?
— Bien sûr – Shura hocha la tête – il m’a eu l’air…
— … plus mort que vif ?
— … en bonne forme eu égard à son état. »
Shura avait répondu plus sèchement qu’il ne l’aurait souhaité mais son ton eut le mérite de piquer au vif le Bélier. L’Espagnol toutefois ne lui laissa pas le temps de répliquer et reprit plus doucement :
« Dôkho partira quand il l’aura décidé, tu le sais aussi bien que moi. Pour l’heure, il fait en sorte de profiter de l’instant présent : tu devrais prendre exemple. »
Mü pinça les lèvres avant de tourner la tête vers la fenêtre entrouverte qui laissait entrer l’air vivifiant du matin. Un pli barrait son front lisse, signe de sa contrariété ; Shura ne s’en formalisa pour autant et continua à manger.
« C’est idiot.
— Je ne te le fais pas dire.
— Surtout venant de ta part. »
Shura suspendit son geste et une moitié de part de brioche resta là, en suspension entre leurs regards qui venaient de s’accrocher.
« Tu es toujours en deuil et ça va faire deux ans.
— Je n’ai pas précisément envie d’en parler, répliqua le Capricorne d’une voix glaciale.
— N’est-ce pas. »
La brioche amorça une courbe descendante jusqu’au rebord de la soucoupe supportant la tasse de café. Les coudes sur le rebord de la table, Shura entrelaça ses doigts avant de poser son menton dessus :
« Je te répondrais bien que ce n’est pas pareil mais tu ne serais sûrement pas d’accord. Donc je vais me contenter de te présenter mes excuses, si ça te convient.
— On va dire que je les accepte – Mü hocha la tête avec un sourire encore un peu pâle – et que je t’offre les miennes en retour. Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris.
— La fatigue, peut-être ?
— Ça se voit tant que ça, alors. »
Shura dodelina et sans répondre, termina sa viennoiserie puis se resservit du café.
« C’en est à ce point-là ? Finit-il par questionner alors qu’en face de lui le regard de Mü s’échappait au loin, là où Shura n’était pas en capacité de l’atteindre.
— … Oui. »
La réponse avait mis plusieurs secondes avant d’être formulée mais l’Espagnol n’aurait pas mis sa main à couper que Mü en eût conscience.
« Ce n’est pas tant de les entendre qui est épuisant, mais de lutter contre leur omniprésence. C’est une erreur de ma part, je le sais, précisa-t-il en levant une main vers Shura pour couper court à son objection,d’autant que lorsque je baisse ma garde, ce n’est pas si terrible. Au contraire. Et c’est bien ça qui m’inquiète. »
Parce que si je les laisse prendre tout l’espace, qu’est-ce que je vais devenir ? L’angoisse informulée de l’Atlante demeura entre eux sans réponse satisfaisante ni même possible. Shura repoussa sa tasse de nouveau vide sans se resservir cette fois et Mü se leva pour remiser la vaisselle sale sur un plateau et l’emmener jusqu’à l’évier.
L’eau coulait quand il reprit la parole, sur un ton plus enjoué :
« J’ai trouvé des choses intéressantes, suite à ta demande. »
Relevant les yeux, Shura n’aperçut que son dos et ses épaules en mouvement tandis qu’il s’affairait.
« Je ne pensais pas d’ailleurs que le Sanctuaire en détenait autant sur le sujet et je me demande dans quelle mesure une partie des archives d’Asgard n’aurait pas été rapatriée ici à un moment donné.
— Elles sont en norvégien ? S’inquiéta l’Espagnol.
— Non, c’est du grec, le rassura Mü en lui adressant un clin d’œil par-dessus son épaule. J’espère que tu pourras y trouver ton bonheur.
— J’ai déjà… – Shura attrapa la bandoulière de sa sacoche posée à ses pieds pour en extirper son ordinateur – … bien avancé. De toute manière, il n’est pas question de faire référence à des sources d’information dont nous savons qu’elles n’existent pas – à son tour il eut un sourire amusé – mais plutôt pour moi de vérifier mes conclusions.
— Qui sont… ?
— Je m’en voudrais de te gâcher la surprise. »
Mü se retourna, tout en s’essuyant les mains avec un torchon. L’humour plaqué par Shura sur sa dernière réplique était factice : il l’avait entendu dans sa voix.
« C’est si grave que ça ?
— Je te l’ai dit : j’ai besoin d’une confirmation. Puis d’en parler à Saga. »
Ne m’en veux pas, comprit le Bélier sans s’en formaliser outre mesure. En d’autres temps, il aurait sans doute insisté pour en savoir plus : après tout, en tant qu’Archiviste du Sanctuaire, il lui revenait non seulement la tâche de s’assurer de la conservation du passé, mais aussi celle de consigner le présent pour les générations futures ainsi que Saga l’en avait prié. Par la même occasion, il aurait pu en profiter pour satisfaire sa curiosité et son appétit pour le savoir en général.
Néanmoins, toute son énergie était pour l’heure dédiée à la résolution des problèmes dont il avait hérité à son corps défendant et à la lutte contre les angoisses qui en découlaient. Il ne lui en restait pas assez pour se concentrer sur quoi que ce fût d’autre, aussi frustrante cette situation fût-elle.
Aussi se contenta-t-il d’acquiescer et de déployer ses paumes puis ses doigts au sommet desquels dansèrent quelques particules dorées ; un grondement remonta du sol l’instant d’après, une vibration sourde qui se propagea dans les murs comme dans leurs corps avant de s’atténuer aussi vite qu’elle s’était manifestée.
« La voie est libre, confirma Mü. Prends tout ton temps. »
* * *
Ce ne fut que lorsque Saga apparut à l’entrée des archives, demeurée ouverte, et entreprit d’en descendre les quelques marches que Shura prit conscience que la luminosité extérieure s’était amoindrie ; il avait passé la journée entière sous le temple du Bélier. Et sans manger, lui rappela son estomac avec un gargouillis de reproche.
« On va bientôt dîner, indiqua Saga avec un à-propos consommé. Tu te joins à nous ?
— Avec plaisir. »
Shura s’était renversé sur sa chaise, les bras étirés au-dessus de sa tête tout en ravalant un bâillement. Devant lui, l’écran de l’ordinateur portable était noirci par ses notes accumulées au fil de la journée et après sauvegarde, il le rabattit puis le débrancha du secteur. Sa batterie avait beau être performante, elle n’avait pas résisté à près de huit heures de travail.
Il avait conscience du regard pensif de Saga posé sur lui tandis qu’il repliait sa paire de lunettes, rassemblait ses affaires et remettait dans l’ordre où il les avait trouvés les documents préparés par Mü à son attention. Oui, huit heures sans relever le nez, sans sortir, plongé à corps et surtout esprit perdus dans sa tâche. Pour ne pas avoir à penser à autre chose.
D’un geste distrait, il se massa l’épaule gauche avant d’y accrocher sa sacoche.
« Je croyais que tu n’avais plus mal, s’étonna Saga tout en lui emboîtant le pas vers la sortie.
— Quasi, confirma l’Espagnol. C’est plus un réflexe qu’autre chose à vrai dire. Il m’arrive encore de la sentir mais pas plus ni moins que n’importe quelle autre fracture. »
Et les dieux savaient qu’elles étaient nombreuses à consteller les squelettes des chevaliers du Sanctuaire, se rappela Shura comme surgissaient dans sa mémoire les souvenirs encore vifs de la convalescence de ses camarades avant qu’il décidât de les fuir.
Il entra sans réfléchir dans la brèche dimensionnelle ouverte par Saga sur le seuil du temple du Bélier, dont il sortit pile sous le fronton du palais. Bien que la sensation en fût désagréable, Shura ne manquait jamais d’apprécier à sa juste valeur les avantages procurés par le don spécifique des Gémeaux.
Un coup d’œil à sa montre le renseigna : ils avaient encore une bonne heure devant eux avant de se mettre à table.
« Saga ?
— Oui ?
— J’aimerais te parler de quelque chose. »
* * *
Shura ne savait pas ce qui l’inquiétait le plus, entre la contrariété de Saga ou son absence de surprise. Il choisit prudemment la deuxième option :
« Pourquoi suis-je étonné que tu ne le sois pas ?
— Je n’avais pas imaginé que c’était à ce point-là. »
A question directe, réponse indirecte. L’Espagnol patienta dans son siège, allumant sa deuxième cigarette, imité par Saga qui revint une fois de plus au projet d’article rédigé par Shura et qu’il avait imprimé – notes comprises – pour mieux s’en imprégner.
« Et tu dis – le Pope tapota le bord de la feuille du bout de l’index et du majeur entre lesquels sa cigarette était enchâssée – qu’il n’y a pas de retour en arrière possible ?
— Selon le GIEC, non, aucun. Il est seulement possible de ralentir le phénomène, pas de l’inverser. Pour cela, il faudrait s’en donner les moyens, ce qui ne semble pas être sur le dessus de la pile des priorités des dirigeants de ce monde. Et de notre côté… »
Shura désigna du menton ses notes les plus récentes, posées sur le bureau de Saga. Elles n’avaient pas vocation à être exploitées dans son article mais leur simple existence conféraient au dit article une résonance plus sinistre encore.
« … On ne va pas pouvoir faire beaucoup mieux. »
L’esprit synthétique du Capricorne avait fait des merveilles. Pour répondre de la façon la plus claire et la plus factuelle possible à la question du changement climatique, il avait compilé, classé et exploité les composantes économiques, sociales, technologiques et écologiques de l’évolution du monde depuis le début de l’ère industrielle jusqu’à nos jours. Il n’avait pas grand mérite, avait-il argué quand Saga s’en était esbaudi : les études comparatives existaient déjà et depuis longtemps, elles étaient régulièrement mises à jour, il suffisait de les mettre en regard ce que d’autres avaient d’ailleurs fait – et mieux fait – bien avant lui qui s’était contenté d’en résumer les principaux axes. Il n’empêchait : quelques graphiques simples et un texte explicatif adapté permettaient à tout un chacun d’appréhender sans difficulté les principaux enjeux du bouleversement que l’humanité était en train de vivre. Nul aujourd’hui, à l’exception de quelques esprits rompus à l’art de la contradiction ou prompts à la négation de l’évidence, n’était plus en mesure de contester la situation et en ce sens, l’objectif de cet article – informer, sensibiliser et faire réfléchir – était pleinement atteint.
Sauf que. Parce que Shura était un chevalier d’or du Sanctuaire et à ce titre gravitait au plus près de son centre névralgique, il savait que le fonctionnement du climat de la planète n’était pas exclusivement assujetti à des équilibres – ou déséquilibres – naturels, aujourd’hui mis à mal par les activités humaines. Il relevait aussi d’une responsabilité endossée par un peuple en particulier, dont la légende voulait qu’elle lui eût été confiée par un dieu. Par voie de conséquence, l’Espagnol ne pouvait pas, ne serait-ce que pour sa culture personnelle mais aussi au nom du devoir auquel il avait voué sa vie, considérer le changement climatique sous le même angle que tous ceux qui s’étaient emparés du sujet depuis les années soixante dix.
« Donc elle m’a dit la vérité.
— Elle ?
— Hilda de Polaris. »
Saga avait reposé les feuillets imprimés et, le dos enfoncé dans le haut dossier de son fauteuil en cuir, passa ses mains sur son visage avec un soupir avant de considérer Shura quelques instants en silence. Au retour de son déplacement en Asgard, il n’avait fait part de ses conclusions qu’à Rachel et Kanon, des conclusions identiques à celles de l’année précédente, ainsi qu’à celles déjà établies en 2003. Entre les deux, il avait eu une ouverture de Portes à gérer et s’était contenté d’un virement bancaire accompagné de quelques mots d’encouragement choisis avec soin. Aider mais ne pas vexer : un art difficile lorsqu’il s’agissait d’un peuple aussi fier.
Il n’avait abordé le sujet avec aucun autre membre du Sanctuaire ce qui en soi, ne dérogeait pas aux pratiques déjà en vigueur sous l’ère de Shion. En effet, tutelle mise à part, Asgard vivait sa vie sans interaction avec le Sanctuaire et inversement. Les uns savaient que les autres existaient, sans pour autant y accorder d’intérêt et c’était très bien ainsi. Et il n’y avait plus personne désormais en Grèce pour se rappeler les tensions qui avaient dégradé leurs relations au début des années cinquante.
Presque plus personne. Les traits du Pope demeurèrent impassibles, comme il laissait cette pensée le traverser. Regretter que Dôkho ne fût plus apte à lui prodiguer ses conseils ne changerait rien à son problème.
« Chaque année, je me rends en Asgard… », commença-t-il.
Il avait pris sa décision. Shura avait le droit d’obtenir confirmation de ce qu’il avait déduit de ses recherches. Plus encore : le Sanctuaire tout entier allait bientôt devoir être informé d’une situation dont, parce que des accords avaient été passés quelques deux mille cinq cents ans plus tôt, il était lui aussi responsable.
* * *
Shura avait écouté avec attention le récit de son Pope. Et n’eut pas un sourire, même quand Saga acheva de le conforter dans ses observations :
« Ce n’est pas la première fois que Hilda attire mon attention sur le déclin de la population d’Asgard mais cette année – le Grec se mordit les lèvres – je l’ai vraiment sentie désespérée. Or, pour être honnête, je t’avoue que jusqu’ici, je n’avais pas pris ses alertes au sérieux. Pas vraiment. »
Les yeux de Saga tombèrent sur un diagramme tracé le jour même par Shura en quelques coups de crayon et qui comparait le solde naturel des Asgardiens avec le nombre de décès consécutifs à des catastrophes climatiques. Les deux courbes se croisaient quelque part entre 1980 et 1990.
« Mon raisonnement reste simpliste, rappela Shura qui avait suivi son regard. Les conséquences de ces événements sont aussi à relier avec la croissance de la population mondiale dans des régions du monde particulièrement exposées.
— Et quand bien même ? – Saga avait relevé la tête, les traits soudain durcis – la protection de l’humanité reste la priorité, peu importe ses comportements. D’ailleurs, il me semble que ce débat a déjà eu lieu il n’y a pas si longtemps que ça et qu’il a été clos une bonne fois pour toutes.
— Hé, je te rappelle que moi, je n’ai pas trempé là-dedans. Ou en tout cas, pas plus que certains.
— C’est vrai, concéda Saga et Shura abaissa les mains qu’il avait levées en guise de protestation. Ceci mis à part, les chiffres parlent d’eux-mêmes. De toute évidence, j’ai été trop… insouciant. »
Ainsi, il ne s’était pas trompé. Réprimant un soupir, Shura jeta un coup d’œil en direction de la fenêtre pour constater que la nuit avait achevé de tomber. On n’allait pas tarder à les appeler pour le dîner et il était même surprenant que Rachel ou Kanon n’eussent pas encore fait leur apparition. Il se prit à le regretter : en face de lui, Saga exsudait une solitude qu’il lui avait déjà connue et qu’il avait pourtant crue comblée.
« Qu’est-ce qu’on peut faire ? »
Le regard et le sourire que Saga lui adressa brièvement étaient emplis de reconnaissance : »on » avait dit le Capricorne ; pas »tu ». Sa réponse cependant, n’était guère encourageante :
« Hormis améliorer leurs conditions de vie, pas grand-chose.
— Je ne comprends pas – Shura avait haussé un sourcil – tout comme nous, ils utilisent leur cosmos pour remplir leur devoir. Je sais que la particularité d’Asgard tient au fait que chaque habitant est en capacité de le mobiliser mais s’ils ne sont plus assez nombreux, nous avons suffisamment de gens ici qui pourraient aller s’installer là-bas et…
— Quand bien même Hilda accepterait – ce qui ne serait pas le cas, crois-moi – cela ne fonctionnerait pas.
— Mais… Pourquoi ?
— Parce que leurs cosmos émanent directement de celui de la terre d’Asgard et que seul celui-ci est en capacité d’influer sur le climat. Il s’agit de sa vocation première ; qu’il soit utilisé à d’autres fins, comme le combat ou la protection d’Hilda et de son peuple, n’est pas impossible mais ce n’est pas l’usage prioritaire qui doit être le sien.
— Je vois. Mais dans ce cas, si le Sanctuaire leur doit soutien et protection en échange de l’accomplissement de leur devoir, qu’est-ce qui nous empêche de prendre à notre charge tout ce qui n’a pas trait à ce dernier ? Cela leur éviterait de se… disperser. »
Cette fois, Saga éclata de rire :
« Shura, fais-moi penser à ne jamais t’envoyer négocier quoi que ce soit en Asgard ! »
Quelques années plus tôt, l’Espagnol aurait pu se vexer. Il se contenta en l’occurrence d’un sourire pincé :
« C’est la raison pour laquelle tu es Pope et pas moi.
— Tu es en train de me dire que le poste t’aurait intéressé ?
— Plutôt mourir.
— A la bonne heure. Plus sérieusement : je te l’ai dit, Hilda n’acceptera jamais et malgré leurs luttes internes, s’il y a une chose autour de laquelle ils sont en capacité de se rassembler et de parler d’une même voix, c’est bien leur indépendance vis à vis du Sanctuaire.
— Mais tu finances leur déficit budgétaire, objecta Shura.
— La fierté ne suffit pas à remplir les assiettes. Tant que le Sanctuaire se cantonne à cette aide qu’en effet, nous leur devons, leur honneur n’est pas trop écorné. Et puis, je ne peux pas leur reprocher de ne pas essayer : tant bien que mal, ils ont trouvé des ressources complémentaires au fil des années même si aujourd’hui, elles ne suffisent plus du fait du déclin de leur population.
— Et donc… »
Saga ouvrit les bras et l’espace d’un instant, le bureau parut rétrécir :
« Je vais m’efforcer de me montrer persuasif pour obliger Hilda à accepter une aide supplémentaire même si…. – il joignit ses mains devant lui sur son bureau – … je crains de devoir, à terme, recourir à d’autres moyens plus radicaux. Parce que je ne peux pas me contenter d’attendre que ça, là – il désigna l’article de Shura – nous conduise droit dans le mur.
— Et si malgré tout on le percute ?
— Alors qu’on ne puisse pas nous reprocher de ne pas avoir tout fait pour empêcher que ça se produise. »
Angola, Mai 2006
L’odeur devenait de plus en plus forte. Ralentissant le pas, elle s’enfonça plus avant dans le taillis, ses pieds nus foulant l’épaisse couche d’humus en silence. Les yeux grands ouverts, elle s’efforçait de percer le jour incertain dans cette partie de la jungle où les ombres se mélangeaient, rendant difficile leur identification.
Bien avant de l’apercevoir, elle frémit d’avidité lorsque les effluves caractéristiques du cosmos contactèrent ses récepteurs olfactifs qui en acheminèrent le message jusque dans les couches les plus profondes de son cerveau. Ses muscles s’étirèrent et sa cage thoracique s’ouvrit pour mieux accueillir en elle cette énergie qui piaffait d’impatience de se répandre dans tout son corps.
L’excitation montait, en même temps que la haine. Elle avait retrouvé sa piste. Il ne lui échapperait pas cette fois.
« Tu n’es pas comme tout le monde. »
Combien de fois avait-elle entendu ces mots ? De la mère, du sorcier, des étrangers, des autres enfants, toujours les mêmes mots, prononcés parfois avec du mépris, ou bien encore de la désolation, mais le plus souvent avec de la peur. Au début elle avait cru que c’était à cause de la couleur de sa peau, trop claire pour ceux avec qui elle grandissait, trop sombre pour ceux en route vers les mines et qui s’attardaient à l’occasion dans le village. Et puis, elle avait fini par comprendre en même temps que s’épanouissait au creux de son corps une chaleur qui ne demandait qu’à la déborder, qu’à s’exprimer. Un camarade trop brutal qu’elle avait repoussé ; les réprimandes d’un adulte contre lesquelles elle s’était insurgée ; autant d’occasions où le silence s’était soudain fait autour d’elle, quand il avait fallu ranimer le garçon ou réparer la fracture du bras de l’adulte.
« Tu n’es pas comme tout le monde », lui avait redit la mère un soir où, couchée sur sa paillasse, elle avait fondu en larmes. Ce jour-là, personne n’avait voulu d’elle pour jouer. Mais lorsqu’elle avait demandé ce que cela voulait dire »ne pas être comme tout le monde », la mère n’avait pas su lui répondre.
Le lendemain, le sorcier était venu. La mère était là, ainsi que ses frères et sœurs d’adoption qui eux aussi en étaient venus à la craindre même si les plus âgés prétextaient le contraire. Pendant un moment qui lui avait paru affreusement long, il avait agité ses amulettes autour d’elle en psalmodiant dans une langue inconnue. Puis il s’était figé et l’avait regardée avec ces grands yeux qui l’avaient toujours un peu effrayée. Avant d’annoncer à la famille qu’il n’avait pas réussi à chasser le démon qui habitait en elle et que personne n’y parviendrait.
Alors la mère l’avait regardée à son tour sans un mot et du haut de ses huit ans, elle avait compris.
Plus tard, une fois qu’elle se fût installée à l’écart du village, dans une cabane depuis longtemps abandonnée et rattrapée par la jungle, grand-frère, celui qui disait ne pas avoir peur d’elle et lui apportait de quoi boire et de quoi manger, lui avait raconté le jour de son arrivée. Le jour où sa mère – sa vraie mère – était morte en lui donnant le jour, le jour où son père était parti chercher de l’aide et n’était jamais revenu. Il lui avait raconté, aussi, ses parents en fuite, la traque dont ils étaient l’objet, l’angoisse dans laquelle ils vivaient, la paix qu’ils avaient réussi à trouver ici, dans ce village au milieu de nulle part. Il lui avait raconté, enfin, que ce qui vivait en elle vivait aussi en eux, que lui ne croyait pas que c’était un démon mais que c’était à cause de cette chose que ses parents étaient pourchassés.
Par qui, par quoi, il n’avait pas su le lui dire. Est-ce qu’un adulte, saurait, lui ? Désespérée, elle s’était accroché à son bras pour l’empêcher de partir, pour l’obliger à lui répondre quelque chose, n’importe quoi. Il était sorti de la cabane, ses mains à elle agrippées à ses jambes, son corps dans la poussière humide qui collait à ses vêtements, elle l’avait supplié encore, sans rien obtenir en retour.
Elle aurait pu rester dans ce silence assourdissant de questions sans réponse si, un jour qu’elle s’était écartée significativement du village pour laisser libre cours au trop-plein d’énergie qui la dévorait de l’intérieur, un homme n’avait pas surgi de nulle part, en se positionnant pile entre elle et le tronc de l’arbre multi-centenaire auquel elle infligeait coups de poing sur coups de poing.
D’une main, qu’elle n’avait pas vue tant le mouvement avait été rapide, il s’était emparé de son poing couvert de sang et l’avait stoppée net dans son élan. Interdite, elle était restée là, immobile, tandis que le nouvel arrivant l’obligeait à baisser son bras. Ce ne fut que plus tard, en se repassant la scène une énième fois, qu’elle avait réalisé l’effort qu’il avait consenti à ce moment-là pour l’arrêter.
Ce qui l’avait frappée en premier, lorsqu’elle avait levé la tête vers lui – il était tellement plus grand qu’elle – c’était l’odeur. Aussi puissante que celle d’une bête sauvage mais très différente, une odeur unique qu’elle n’avait jamais sentie auparavant mais qui d’une certaine façon lui apparaissait familière.
Sans un mot, il avait lâché sa main et ouvert la sienne, paume vers le haut et tout près de son visage. Une lueur bleuâtre était alors apparue, en même temps qu’une chaleur qu’elle connaissait bien se diffusait à l’entour ; la clairière dans laquelle il l’avait trouvée s’était illuminée progressivement, repoussant les ombres à sa lisière et bientôt, ancré au-dessus de sa tête, ce comme un second soleil, plus froid, dont l’aura avait fini par l’englober comme elle avait avalé tout le reste.
« Tu peux faire ça. »
Ce n’était pas une question, mais elle avait secoué la tête en signe de dénégation.
« Fais-le. » avait intimé l’homme dont elle s’était alors rendue compte qu’il parlait sa langue, bien qu’il fût blanc.
Était-ce parce qu’il la dominait de toute sa taille, qu’ils étaient seuls et qu’il paraissait fort, bien plus fort qu’elle ? Ou parce qu’il l’avait encouragée d’un sourire et que sans s’expliquer pourquoi, elle avait senti qu’elle pouvait – non, devait lui faire confiance ?
Timidement, elle avait tendu à son tour sa main devant elle, les doigts écartés. Sa paume d’abord était restée inerte, d’un rose tendre qui tranchait avec le tapis d’herbe d’un vert sombre de la clairière. Du sang avait filé depuis ses phalanges meurtries dans le creux des plis de sa peau, lignes rougies qui s’entrecroisaient pour former une carte aussi mystérieuse que celles que les étrangers parfois brandissaient sous les yeux des habitants du village lorsqu’ils cherchaient leur route.
Elle avait serré fort ses paupières et son front s’était contracté alors qu’elle partait à la recherche du »démon » tapi en elle. D’abord elle ne l’avait pas trouvé et en avait retiré une immense frustration : comment, alors qu’il se manifestait de plus en plus souvent, alors qu’il occupait parfois toute la place en elle au point de l’empêcher de penser, pouvait-il se montrer aussi silencieux tout à coup ? La jungle, cependant, s’était comme rapprochée. En un éclair, elle avait été sur elle, bruissante de vie. Les animaux, tapis dans le sous-bois ou réfugiés dans la canopée ; les insectes, sur les troncs, dans les herbes, sous la terre ; la sève des arbres, le sang dans ses veines, un immense, un gigantesque battement de cœur qui avait cogné avec violence dans sa poitrine et à ses tempes. Lorsque ses yeux s’étaient enfin rouverts, une luciole dorée dansait dans le creux de sa paume, mince mais vive. Elle avait regardé l’homme ; il la fixait avec un mélange de stupéfaction et d’approbation.
Comment avait-elle fait cela ? Elle avait posé sa question timidement, déjà résignée à l’idée qu’une fois de plus, on ne lui répondrait pas. L’homme lui avait alors de nouveau tendu la main mais cette fois pour qu’elle la prît. Après une hésitation, elle avait glissé ses doigts d’enfant dans les siens et l’avait suivi.
La jungle l’environnait aujourd’hui tel un cocon protecteur. Du monde a priori hostile auquel ceux qui étaient différents d’elle l’avaient vouée, elle avait tiré une force qu’elle avait appris à dompter grâce aux conseils de l’homme. Celui-ci était resté à ses côtés près d’une année entière. Il n’était pas habitué à un tel climat et elle avait vite compris qu’il ne s’y habituerait jamais ; chaque jour elle s’éveillait avec la crainte chevillée au cœur d’un nouvel abandon. Toutefois, il n’était pas parti et, chaque jour, lui avait enseigné comment s’y prendre pour non seulement dresser mais aussi et surtout utiliser le démon en elle. Il le désignait sous le nom de cosmos mais elle préférait conserver le mot démon. Et la jungle, tout à la fois théâtre et outil de son apprentissage, avait fini par devenir le prolongement d’elle-même.
C’était en tout cas ainsi qu’elle le ressentait alors que pour l’heure, elle progressait en son sein accueillant et complice, se rapprochant de sa cible. Ses cibles.
Après des jours de traque, elle s’était retrouvée aux abords d’un bourg, autrement plus important que le village qu’elle avait quitté depuis près de deux ans à présent. Des routes y parvenaient et en repartaient, l’effervescence y était permanente, nourrie autant par la population locale que par les blancs, particulièrement nombreux.
Hors du couvert à présent, elle cheminait, pieds nus, au milieu de la foule sans que quiconque remarquât le jeune adolescent auquel elle ressemblait, ses cheveux crépus à peine plus épais qu’un doigt, vêtue d’un pantalon trop grand pour elle et d’un tee-shirt qui avait connu des jours meilleurs, arborant l’air farouche qu’adoptaient les garçons pour tenir au loin les opportuns.
Le bâtiment objet de sa destination n’était rien d’autre qu’une bâtisse basse et rectangulaire, dont la devanture se voulait celle d’une échoppe quelconque sans pour autant que la nature de ce qu’elle commerçait soit clairement établie au premier coup d’œil. Ni au second d’ailleurs et cet anonymat la conforta dans l’idée que son flair ne la trompait pas. Et en effet.
Se dissimulant derrière le tronc d’un arbre, elle entreprit d’observer avec intensité ceux qui conversaient en haut des quelques marches devant l’entrée. Ils étaient trois, un blanc, un noir et un métis dont la stature proprement colossale jurait avec son environnement. Mais si les regards des passants s’arrêtaient de loin en loin sur l’homme, ils ne s’y attardaient pas non plus. La force qui émanait de lui dissuadait quiconque de tenter de lui vendre quoi que ce fût.
L’odeur du démon était si forte à présent qu’elle trépignait dans la poussière, ses pieds plus impatients encore que son esprit, tout prêts à la propulser vers ceux que l’homme aux cheveux argentés lui avait désignés comme étant les assassins de son père et de sa mère.
Mais alors qu’elle prenait son élan, une main accrocha son bras et la tira en arrière avec autorité. Si elle n’avait pas été aussi surprise, elle aurait pu résister à cette poigne ; pourquoi n’avait-elle pas senti son assaillant approcher ?
Dans sa volte-face, elle se heurta à son agresseur, prête à frapper, avant de suspendre son geste in extremis :
« Alexei ? »
Sa voix n’avait été qu’un souffle alors qu’il l’attirait déjà à couvert, loin de la foule, loin du bâtiment, loin de ces gens qu’elle voulait tuer.
L’idée de se débattre, si elle fit plus que l’effleurer, s’éteignit toutefois quand elle avisa une femme, debout et immobile dans l’ombre de la forêt. Son premier geste fut de reculer ; la pression d’Alexei sur son bras l’obligea à avancer vers l’inconnue. Il ne lui fallut dans le même temps qu’un coup d’œil pour l’évaluer, avec sa peau blanche, ses vêtements de brousse tout neufs, ses longs cheveux noirs brillants soigneusement attachés dans sa nuque et ses ongles longs et bizarrement colorés : une étrangère, qui n’était visiblement pas à sa place. Quant à son odeur, si elle ressemblait à celle d’Alexei ou des hommes qu’elle pourchassait, elle n’en avait ni la puissance, ni l’ampleur.
Une grimace de mépris lui venait aux lèvres quand la voix d’Alexei s’éleva :
« Sema – il désigna la femme à la jeune fille – je te présente Geist. »
Bonjour!
Et donc, le Sanctuaire prend la mesure du changement climatique en route… C’est un peu mesquin de la part de Saga de ne pas avoir cru Hilda alors que quand c’est Shura qui le dit, ça passe comme une lettre à la poste, mais bon, il est vrai que Shura a les archives et la science pour crédibiliser ses propos. Je me demande bien maintenant quels « moyens radicaux » il peut envisager d’employer pour faciliter la tâche d’Asgard? Et ceci sans mettre à mal d’une manière dramatique les relations Asgard-Sanctuaire…
J’ai bien aimé le petit passage dédié à Mu et Shura, on y voit que la relation qu’ils ont nouée en combattant les Portes, puis dans Fragments, persiste et se développe. C’est une bonne chose pour ces deux solitaires!
Et je suis très intriguée par le détour par l’Angola et la présence de Geist? Et Alexei qui entraîne Sema en secret… je me demande bien qui sont ses parents, et qui sont ceux qu’il a voulu lui faire assassiner. Par ailleurs, je n’ai pas raté la mention du voyage d’Aldébaran en Afrique, et je me demande s’il va faire irruption là-dedans? Je m’attendais à le voir apparaître dans ce passage!
Bref, un chapitre qui soulève pas mal de questions, comme souvent!:-)
Bonne suite,
Lily
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Salut, ça y est, j’ai entièrement relu nouvelle ère. Que du plaisir. Et je n’ai pas noté de point pas claire. Tu as sacrément progressé depuis une deuxième chance. Le début était parfois peu clair. (Le début seulement) Mais « Fragements » etait déjà mieux. Je suis tournée vers le passé, désolée.
Mais bref, pour en revenir à ce chapitre, c’est intéressant c’est personnages secondaires qui arrivent. Quel place prendront ils ? Et le parti de qui ? Les réponses s’annoncent passionnantes. J’ai beaucoup aimé bien sûr l’échange Shura vécu Mu. Les liens tissés dans fragments sont toujours là, c’est rassurants pour la suite. Le fait que Saga n’est pas cru Hilda mais crois tout de suite Shura découle aussi de ce lien. C’est bien trouvé.
Bref bon courage pour la suite, je trépigne de plus en plus d’impatience.
Bisous
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Coucou !
Hey, ça me fait sacrément plaisir, ce que tu me dis là ! D’abord, que tu aies relu NE depuis le début, j’imagine que cela te permet d’avoir une vision plus globale de l’histoire et de voir plus facilement l’enchaînement des choses : en effet, j’ai semé pas mal de détails / indices qui vont trouver leur aboutissement plus tard et les avoir bien en tête, ça peut aider 😉
Ensuite, pour la progression depuis UDC : heureusement ! XD Il s’est passé 20 ans (!!) entre le tout début d’UDC et NE, ça m’aurait inquiétée si tu n’avais pas noté d’amélioration entre les deux XD Alors merci !
Il y aura beaucoup (trop) de personnages secondaires dans Nouvelle Ère : j’ai pioché allègrement dans l’anime (que je préfère au manga) donc il y en aura d’autres qui vont apparaître. Chacun aura son rôle à jouer et on n’est pas à l’abri des surprises 😀
Saga a besoin qu’on lui mette des preuves sous le nez pour croire. Il est comme Saint Thomas, il ne croit que ce qu’il voit XD Il connaît Shura, son sérieux et n’a effectivement plus aucun doute devant ce qu’il lui démontre (et puis leur lien permet en effet de détecter les mensonges, les failles, etc – ce que Shura a compris, Saga le comprend de la même façon). Hilda, il l’avait bien écoutée mais n’y a pas forcément accordé toute l’importance qu’il aurait du lui témoigner parce que, pour lui, ça ne reposait pas sur quelque chose de tangible et de mesurable.
Un grand grand merci pour tes encouragements ! Au bout d »un an, je pensais sincèrement en être rendue plus loin que ça dans l’histoire mais bon, on va faire avec ! Je suis très heureuse que cette nouvelle histoire te plaise autant ♥
A bientôt !
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Hello !
Eh oui, Saga est un homme pragmatique et très terre-à-terre dans son genre. Les impressions, les ressentis, c’est bien gentil mais il est du genre à ne croire que les faits dûment étayés et démontrés. Par pour rien qu’il n’a jamais cru à cette histoire de déesse qui aurait créé le Sanctuaire XD (et, non, ce n’est pas parce qu’il l’a « vue » derrière les Portes que ça change son point de vue sur la question XD) (du tout XD).
Il a entendu Hilda, en a tenu compte, mais a possiblement mis sur le compte d’une tendance à l’exagération ou d’une tentative de l’apitoyer les alertes qu’elle lui a lancées. Là, les faits sont sous ses yeux, indiscutables, il ne peut plus les ignorer. Maintenant, il faut qu’il les digère pour décider de la stratégie la plus adaptée. Et ce ne sera pas une mince affaire en effet !
L’appartenance à la même croix et, comme tu le rappelles, le fait d’avoir vécu des choses importantes ensemble, lient Shura et Mü de façon très solide. Pour Mü, ce lien est très important, surtout en vu de la prochaine disparition de Dôkho. Il se croit seul mais il ne l’est pas tant que ça, fort heureusement…
Pour tes questions, quant à ceux qui ont assassiné le père de Sema et à la présence d’Aldébaran… A dire vrai, les réponses sont dans le texte :-p Tu es vraiment sûre de ne pas avoir vu Aldébaran ? Pourtant, je t’assure qu’il y est XD Certes, les réponses que tu cherches sont présentées du point de vue de Sema mais elles sont bien là 😉
Contente de continuer à piquer ta curiosité et un tout grand merci à toi pour ta fidélité et le partage de tes impressions ♥
A bientôt !
Al’
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Echanges intéressants entre Shura et ses frères d’armes. C’est drôle de voir que l’espagnol s’adapte à son interlocuteur (effet secondaire de leur fusion d’âmes devant les portes). Il est plus sur la retenue et la subtilité avec Mu et autrement plus direct avec Saga. Faut dire qu’avec le Pope, mieux vaut ne pas y aller par quatre chemins pour ne pas l’agacer.
En filagramme, on voit se profiler le « problème » Asgard et tout ce qui en découle. Pas évident de jongler avec les susceptibilités des nordiques, même Saga l’a bien compris. Au sud, ça bouge aussi de façon significative. Les armées dissidentes se renforcent, dirait-on. Content de revoir Geist!!!
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Plus encore que les Portes, c’est aussi et surtout l’appartenance à la même croix et l’action de Mü pour sauver l’épaule de Shura dans « Fragments » qui le rend si proche de Shura. Ce dernier n’a pas perdu son habitude de dire les choses comme elles sont mais tu as raison en disant qu’il fait en fonction de son interlocuteur. Il a blessé Mü mais a su s’en rendre compte à temps (et aussi parce qu’en retour, Mü ne l’a pas loupé non plus XD).
Avec Saga, c’est plus direct en effet ! Ils se ressemblent assez par leur côté terre-à-terre et leur capacité à aller à l’essentiel.
Le sujet du climat et par extension d’Asgard est toujours là, c’est vrai. A ce stade, il constitue la préoccupation principale de Saga et disposer d’un point de vue basé sur des faits étayés et prouvés est important pour lui, ça lui permet d’y voir plus clair.
Revoir Geist ? Donc j’en déduis que tu l’avais bien identifiée lorsqu’elle est apparue pour la première fois dans cette histoire ? :-p Sinon, oui, Alexei continue à consolider ses troupes 😉
Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire, j’espère que la suite te plaira toujours !
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Re ! (youpi, j’ai eu le temps de lire et d’écrire une review un dimanche après-midi ! :D)
Encore un chapitre très intéressant, et ce, sur bien des points. Déjà, tu es revenue sur l’article que Shura a commencé à écrire il y a quelques temps déjà (enfin si ma mémoire est bonne) concernant le changement climatique. Et donc, les conclusions de celui-ci ont permis de convaincre un Saga qui n’avait pas voulu croire ce que Hilda lui avait pourtant déjà exposé plusieurs fois. Ah mais ça, c’est le pouvoir des graphiques !! L’analyse de données, y a que ça de vrai ! (pardon… private joke ;-). Mais pour revenir sur le sujet qui nous préoccupe de manière un peu plus sérieuse, je me demande comment la prise de conscience du Pope va impacter la vie des Asgardiens. Et comment Hilda réagira à ce subit changement de position de son ancien amant (car non, je n’ai pas oublié ce « léger détail » ;-). Un petit : « ah ben il était temps ! je te l’avais pas dit ? t’as tout de même été un peu long à la détente » ne serait probablement pas volé.
Ensuite, et d’ailleurs j’aurais dû commencer par là, j’ai beaucoup aimé la scène d’ouverture avec Shura descendant les marches millénaires. Les descriptions étaient comme toujours saisissantes, et le point de vue de Shura toujours aussi intéressant à découvrir. La relation qu’il partage avec Mû me plaît beaucoup, parce qu’elle coule tellement de source pour tellement de raisons, et parce que je suis persuadée qu’elle peut leur apporter beaucoup à chacun.
Bon et enfin, le passage en Angola m’a beaucoup plu. J’ai en particulier trouvé très intéressant le fait que tu donnes une « odeur » au cosmos. Cette façon de voir les choses a renforcé le côté « prédateur » de ta nouvelle protagoniste (Sema, si j’ai bien compris). Je ne sais pas si c’était ton intention ? Comme suggéré par Lily dans son commentaire, je m’attendais moi aussi à croiser Aldébaran dans ce passage étant donné l’allusion à son séjour en Afrique que tu avais glissée en début de chapitre (car je sais que venant de toi, rien n’est jamais écrit par hasard ;-). Intuitivement, j’ai pensé que c’était lui que Sema était en train de pourchasser, et j’ai cru le reconnaître dans l’homme à « la stature proprement colossale » sur lequel se retournaient les regards de certains passants. Mais je n’étais pas sûre de moi non plus. Et puis ta réponse au commentaire de Lily m’a laissé penser que je ne me trompais peut-être pas ? Alors : verdict ?
Et donc… nous venons de faire la rencontre de Geist ! Ah mais j’en suis ravie, car c’est un personnage que j’avais bien aimé dans l’animé (même si on ne la voit pas longtemps). D’ailleurs, il se pourrait qu’elle fasse aussi bientôt son apparition dans une certaine histoire de camping (désolée pour le spoil, mais je n’ai pas pu résister). Mais quel rôle joue-t-elle dans tout cela ? Est-ce que c’est elle que l’on avait vue dans le prologue ? (la jeune femme en zibeline qui attendait dans une range le meurtrier de Corman ?) (bon et là, je suis vraiment heureuse d’avoir relu le prologue sur AO3, car sinon, pas sûre que je me serais souvenu de ce détail peut-être important). A moins qu’il ne s’agisse de la jeune femme au Nikon qui espionnait Shura et Angelo ? A moins que ces deux personnages ne soient une seule et même personne ? Raah, j’hésite ! Je doute ! Je veux savoir !!
Voilà, je crois que c’est tout. A non, une dernière petite précision : vivement la suite ! Pour obtenir encore un peu plus de réponses à mes questions, et pour assister (enfin) au mariage de Thétis et de Kanon. Oui, j’ai hâte de découvrir tout ça, même si je sais que je vais aussi probablement devoir prévoir des mouchoirs (parce que Dokho, et parce que Camus – oui, ça non plus je n’ai pas oublié !…)
Bonne continuation à toi, bonne fin de dimanche et à tout bientôt !
Bises,
Phed’
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Re !
Eh oui, l’article ! Faut pas croire mais il y a un scénario dans cette histoire XD Et en l’occurrence, ce ne sont pas des fusils de Tchekov que je sème mais une véritable armurerie XD En gros, rien (ou pas grand-chose : juste quelques accès de fangirlisme à l’occasion) n’est gratuit dans ce récit.
Saga est un esprit rationnel. Oui, on peut être chevalier d’or du Sanctuaire, manipuler des dimensions, ouvrir des brèches spatio-temporelles et être rationnel : si, si, si. Il l’est même trop parfois pour son propre bien. Et donc, en bon héritier de Saint Thomas, il ne ne croit que ce qu’il voit, et là il voit bien. Très bien. Le pouvoir de la science et des chiffres, y a que ça de vrai. Quant à ce que va se passer avec Asgard… *ricanement*
Shura et Mü sont devenus des amis très proches, d’abord par la croix, ensuite par l’aide de Mü pour sauver son bras. Ce coup de main a immergé Mü dans l’intimité absolue de Shura et d’Angelo, et eux lui font une confiance absolue. Ça ne pourra jamais s’effacer.
J’ai adopté le point de vue de Sema pour la narration en Angola. On a affaire à une jeune ado à demi-sauvage d’une certaine façon, pour qui les perceptions sensorielles prennent le pas sur le rationnel. Pour elle, le cosmos a effectivement une odeur. A sa manière, elle est synesthésique : elle attribue des perceptions sensorielles à des choses qui ne sont pas censées les générer. Et donc, oui, cela renforce ce côté animal qu’elle a.
Oui, bingo ! L’homme à la stature colossale (et à l’aspect métis : dans l’UDC!verse, Aldé est un métis brésilien, avec du sang autochtone dans les veines) est en effet Aldébaran 😉 Mais elle, elle ne sait pas qui il est et comme la narration est faite de son point de vue, elle ne l’identifie pas comme on pourrait s’y attendre.
Geist – que j’aime beaucoup moi aussi ! Un personnage de filler peut-être mais je suis restée sur ma faim, j’aurais aimé en savoir plus à son sujet – est déjà apparue dans Nouvelle Ere, en effet : cheveux longs et noirs, aspect soigné, ongles manucurés… ça ne te fait penser à personne ? 😉
Ah ah, non mais un an après, je pensais non seulement y être, au mariage, mais même l’avoir dépassé ! ^^; Décidément, autant je progresse sur certains trucs, autant sur l’estimation du nombre de mots nécessaires pour ce que j’ai à raconter est toujours autant à côté de la plaque (et elle est loin, la plaque…). Tout ça pour dire que moi aussi, figure-toi, j’ai envie d’assister à ce mariage, nom de nom ! Mais ça va venir. Bon. Peut-être pas dans le prochain chapitre. Mais dans celui d’après. Je crois. J’espère !
Un tout tout grand merci à toi (et moi aussi, deux réponses à commentaires un dimanche après midi, hell yeah !), j’espère que la suite te plaira, et très bientôt ! ♥
Bises !
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