Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 25

Sanctuaire, Grèce, 31 mai 2006

« Qui a trouvé ça ?

Des apprentis, dans l’arrière-salle à Rodorio. »

Les bras croisés et l’air ennuyé, Aldébaran haussa ses épaules massives sans pour autant quitter l’écran des yeux.

« Igor – tu sais, le petit Russe ? – m’a sauté dessus complètement paniqué en me parlant d’un ordinateur devenu fou, de photos impossibles puis ses deux camarades sont arrivés et ils se sont mis à parler tous en même temps. J’ai cru comprendre que ce serait la faute d’Igor.

Sa faute ?

Il aurait traîné sur des sites un peu louches et en aurait ramené un virus. »

La prochaine question de Saga ne vint pas, cependant qu’il imitait le Chevalier du Taureau en reportant son attention sur la photographie qui occupait désormais la totalité de l’écran. Un cliché satellite de l’île du Sanctuaire, prise par un jour de grand beau temps. Pas l’ombre d’un nuage. Pas l’ombre d’une brume. Rien que les contours aussi précis que déchiquetés de l’île, délimités par le camaïeu des bleus qui s’assombrissaient en direction du large. Ici, le tracé rectiligne de l’unique ponton de l’île se devinait là où il était censé se trouver. Là, une ombre, courte mais bien visible, ornait le sommet nord-ouest du Sanctuaire où s’élevait le Domaine Sacré : l’ombre de la statue d’Athéna.

A côté du Pope, le front plissé, Rachel murmura :

« Il ne peut pas y avoir de doutes… n’est-ce pas. »

Sa voix avait beau s’être éteinte sur sa dernière syllabe, l’espoir, minuscule, que recouvrait sa remarque n’avait échappé à personne.

Un toussotement poli lui fit baisser les yeux, ainsi qu’à Saga et Aldébaran. Assis entre eux et son bureau sur lequel trônait son équipement informatique personnel, Veresh désigna l’écran du doigt :

« Ça, ce n’est pas un virus. Juste un banal site internet accessible de n’importe où à partir du moment où on en connaît l’adresse. Seigneur du Taureau, vous dites que l’ordinateur est devenu fou ?

— C’est ce qu’ils m’ont raconté, oui. »

Veresh hocha la tête, comme ses doigts demeuraient en suspens au-dessus de son clavier, juste assez longtemps pour que les membres du Domaine Sacré debout derrière lui échangeassent un regard interrogatif. Puis, soudain, il entreprit de pianoter frénétiquement, la photographie disparaissant de son écran principal pour glisser sur son écran secondaire et laissant la place à une succession de fenêtres.

La fumée d’une cigarette s’éleva, sans perturber Veresh outre mesure, et bientôt Saga imita sa compagne comme ils s’éloignaient avec Aldébaran de quelques pas pour aller ouvrir le vasistas.

« Comment est-ce possible ? » Finit par murmurer le Brésilien, en jetant en coup d’œil par dessus son épaule en direction de Veresh. Nul ne lui répondit et il laissa échapper un petit soupir. Bien que plutôt à l’aise avec la maîtrise des outils informatiques, comme beaucoup Aldébaran ne s’intéressait pas spécialement aux à-côtés. Du moment que sa machine fonctionnait et répondait à son besoin, il estimait de ne pas avoir besoin d’en savoir plus, d’autant qu’en cas de difficulté il savait qu’il pouvait compter sur Veresh et son équipe de petites mains. Le responsable des moyens informatiques et numériques du Sanctuaire, directement sous les ordres de Saga, était un Pakistanais d’à peine vingt-cinq ans ans qui avait très tôt échoué aux tests physiques en dépit d’une bonne prédisposition au cosmos : une malformation cardiaque telle que celle diagnostiquée lors de son premier malaise n’aurait pas permis à son corps de résister à un entraînement de chevalier et l’aurait à coup sûr conduit à une mort précoce. Toutefois, le garçon était intelligent et avait l’esprit vif ; Saga avait fait le pari de le conserver parmi les effectifs et se félicitait chaque jour de cette décision. Veresh avait su détourner l’usage de son cosmos latent au profit de son intérêt pour les nouvelles technologies et avait ainsi développé une intuition dans le domaine de l’informatique que n’importe quel programmateur chevronné lui aurait enviée. Il travaillait vite, il travaillait bien et le Sanctuaire profitait chaque jour de ses idées et des innovations. Que demander de plus ?

Une réponse, décida Saga qui avait suivi distraitement le fil des réflexions du Taureau. Non, des réponses parce que la question d’Aldébaran ouvrait sur beaucoup trop de perspectives à son goût.

« Si vous cherchez cette île, vous ne la trouverez pas. Et pourtant, elle existe. Votre gouvernement le sait », récita Rachel. Elle n’avait lu le commentaire qui légendait la photographie qu’une seule fois mais en avait retenu chaque mot. « Rien là-dedans ne peut être le fruit du hasard. Alors qui ? » Un « pourquoi«  muet flotta à la suite de la question posée par la Grecque d’une voix grondante et les traits de Saga s’assombrirent un peu plus, son poing se serrant lentement le long de sa cuisse.

« L’ordinateur a été programmé pour mener jusqu’à ce site internet et l’afficher de façon automatique sans action humaine particulière. »

L’accent pakistanais de Veresh avait beau être à couper au couteau et son débit du genre mitraillette, son grec était impeccable. Le Pope se rapprocha, suivi par sa compagne et le Taureau :

« Voici les lignes de commande que j’ai trouvées dans le système du PC en question. »

Sous leurs yeux, un curseur clignotait en guise de conclusion à un encodage incompréhensible.

« J’ai pris le contrôle de la machine, précisa Veresh avec un petit sourire qu’ils détectèrent dans sa voix à défaut de voir son visage rivé sur l’écran et je prévois de les vérifier une à une en suivant. Grand Pope, il faudra interdire l’accès à la salle informatique de Rodorio pendant quelques jours le temps que je fasse le ménage. »

Saga acquiesça avant que Rachel demandât :

« Qui a fait ça ?

— Je ne peux pas le savoir, répliqua Veresh avec franchise. Par contre, il – ou elle – a pu s’y prendre deux manières. Soit par l’implémentation d’un virus, soit en prenant le contrôle de l’ordinateur comme je viens de le faire mais cela suppose de disposer d’un accès à notre serveur.

— Ce qui te semble peu probable, compléta Saga devant le ton peu convaincu du Pakistanais.

— Les protections que j’ai mises en place ne peuvent pas être contournées sauf à disposer d’un accès physique à notre serveur.

— Quelqu’un du Sanctuaire ?

— Impossible. Le serveur est dans cette pièce qui est sécurisée et je suis le seul à disposer des codes d’accès. »

Très tôt, le Pope avait pris la décision de centraliser les moyens informatiques du Sanctuaire au Palais plutôt que dans un bâtiment déconcentré, fût-il localisé au sein du Domaine Sacré. L’informatique, il n’y comprenait pas grand-chose mais avait par contre compris que l’avenir non seulement ne se concevrait pas sans, mais aussi et surtout qu’il en deviendrait totalement dépendant. Garder au plus près de soi ce qui était susceptible de représenter un danger lui était ainsi apparu comme une sage décision. De fait, Veresh s’était vu attribuer le second entresol du Palais pour y installer son matériel et les deux recrues qu’il formait pour lui prêter main forte. Le lieu n’était pas très bien éclairé mais il était vaste, au point que Veresh qui s’y était tout de suite senti bien, l’avait également élu comme domicile en aménageant l’autre extrémité du plateau, seule partie de l’entresol à bénéficier d’une ouverture digne de ce nom sur l’extérieur, à savoir un enchevêtrement de blocs de calcaires entre lesquels la nature avait su se frayer une chemin. Quelques années plus tôt, Thétis y avait apporté sa touche personnelle et depuis, Veresh bénéficiait d’un véritable jardin certes minuscule mais qu’il n’aurait échangé contre rien d’autre au monde.

Saga eut un sourire froid :

« Le seul, avec moi.

— Avec un cosmos, n’importe qui pourrait…

— En plein cœur du Palais ? »

L’air incrédule, Rachel secouait doucement la tête face à Aldébaran et Saga précisa, plus pour rassurer Veresh qui avait subitement relevé la tête et dardait son regard d’encre sur lui que pour le Brésilien qui savait mais avait toutefois omis un détail :

« Le Palais dispose depuis toujours de ses propres protections, auxquelles j’ai rajouté les miennes. La moindre perturbation sur la toile du cosmos m’alerterait. Ou Kanon.

— Donc un virus, conclut Veresh. Que n’importe lequel des apprentis aurait pu activer en cliquant sur un lien ou en téléchargeant un fichier. Là encore, nous sommes protégés mais malheureusement… »

Une collection de figurines de Star Wars constellait le bureau de Veresh qui du bout de l’index en fit pivoter une qui n’était pas parfaitement alignée avec ses consœurs. Il reprit, blasé :

« … les anti-virus sont obsolètes par définition. Même des mises à jour quotidiennes ne suffisent pas pour contrer des attaques qui évoluent en temps réel.

— Les gosses passent beaucoup de temps sur MSN, soupira Aldébaran. Vu que leurs accès vers l’extérieur sont restreints, c’est leur seul moyen de communiquer entre eux, notamment avec ceux qui sont partis hors de Grèce pour leur entraînement.

— Il est très possible que le virus vienne de là, admit Veresh. Ils échangent sûrement des vidéos, des images… Un clic sur le mauvais lien suffit à infecter une machine si le virus ou tout autre programme du même genre est assez récent pour passer le pare-feu.

— Il y a moyen de retrouver ce lien ? Et d’en remonter à la source ? Questionna Rachel.

— Oui à la première question mais cela prendrait du temps : décortiquer tous les échanges MSN de ces derniers jours est possible mais cela suppose de ma part un peu de développement pour automatiser la tâche. Il faudrait qu’on m’en donne le temps. »

Le Pakistanais jeta un bref coup d’œil à Saga qui semblait avoir décroché de la conversation et contemplait fixement le clavier de Veresh qui poursuivit à l’attention de Rachel :

« Non à la seconde : je ne dispose pas des moyens techniques nécessaires.

— Et ce site internet ? »

Du menton, la Grecque désigna le second écran où s’affichait toujours la photographie aérienne de l’île.

« Même chose. Pas les moyens… et pas les accès. Regardez l’adresse du site : il a été créé à partir d’une plate-forme de blogs tout ce qu’il y a de plus basique. La création des comptes ne fait l’objet d’aucun contrôle. Il est inutile que je tente de contacter le gestionnaire de ce site : son identité est probablement fausse et l’adresse mail créée pour le compte déjà désactivée. Pour savoir qui se cache véritablement derrière, et d’où le site a été créé, il faudrait pouvoir accéder aux serveurs de la plate-forme. »

A côté de Rachel, Aldébaran se frottait pensivement le menton puis finit par commenter :

« Le qui est important, c’est un fait. D’autant que cette photo a été prise depuis un satellite, il a donc bien fallu que quelqu’un en fasse la demande, ou contrôle le satellite en question. »

Saga s’ébroua, le vert de ses iris s’avivant comme il pivotait vers le Taureau. D’un signe de tête, il l’enjoignit à poursuivre :

« Mais, quid du comment ? Je veux dire – il montra la photo avec deux doigts – l’île ne peut pas être vue depuis le ciel, ni être trouvée par le mer grâce à son cosmos. Alors en faire une photo ? Cela me semble impossible, rajouta-t-il après un court silence. Ou alors quelque chose m’échappe. »

La poignée de la porte claqua soudain dans le silence et après consultation de Saga, Veresh actionna un bouton sous son bureau pour laisser entrer Kanon et Milo. Le vantail blindé se referma en douceur derrière eux jusqu’à ce que retentît le crissement de la gâche électrique de sécurité.

« Thétis nous rejoint d’ici quelques minutes, indiqua Kanon. Ceux qui ne restent pas sont déjà remontés dans leurs temples pour préparer leurs sacs.

— Pas eu besoin d’inventer une excuse quelconque pour ceux qui restent, ils sont tous bien trop occupés à remplir leurs assiettes pour remarquer quoi que ce soit », renchérit Milo qui, dans un même mouvement, s’avança résolument dans la pièce en direction de Saga qui se tenait toujours derrière Veresh :

« Bon, tu m’expliques : Orwell, qu’est-ce qu’il fait là ?

— Le caporal Orwell ? Qui travaille pour le général Corman ? Il est au Sanctuaire ?

— Bon sang, mais c’est quoi cette photo ? »

Les exclamations d’Aldébaran et de Milo venaient de se télescoper avec une telle vigueur qu’ils s’immobilisèrent tout net bouche ouverte, se dévisageant d’abord en proie à l’incompréhension avant de pivoter, les yeux agrandis par la stupéfaction, en direction de leur Pope non sans une synchronisation consommée :

« Saga ? »

Budapest, Hongrie, mai 2006

La ruelle s’était progressivement emplie d’une foule bigarrée aux conversations animées mais discrètes, et qui s’était organisée en une sage file d’attente dont l’extrémité était matérialisée par une porte sombre et anonyme.

A l’heure dite, la nuit était tombée et ladite porte celle-ci s’ouvrit sur deux hommes vêtus de smokings bon marché. Les uns après les autres, les gens qui avaient patienté défilèrent entre eux, leur montrant leur ticket d’entrée avant de pénétrer dans l’immeuble, nantis d’un « bonne soirée » ou d’un « bon spectacle » fourni avec le sourire.

A l’intérieur, deux volées de marches plus bas, la salle de restaurant au plafond bas et voûté en pierre était de taille respectable ; la scène, tout au bout, ridiculement petite sous la rangée de spots qui l’éclairaient crûment. Toutes les tables les plus proches de l’estrade cependant se remplirent en quelques minutes : les convives avaient réservé. Les autres, renfoncées dans l’ombre, ne furent toutefois pas en reste malgré leur éloignement et leur point de vue partiel sur la scène.

« Nous sommes au complet, malheureusement. »

« N’hésitez pas à nous téléphoner, il reste des places pour la prochaine représentation. »

« Au plaisir de vous recevoir une prochaine fois ! »

Et ainsi de suite alors que les deux hommes à l’entrée refusait des clients supplémentaires. Certains arrivaient trop tard. D’autres s’étaient décidé à la dernière minute. D’autres encore, des touristes attirés par la foule qu’ils avaient vu s’agglutiner, venaient se renseigner. Tous repartaient déçus.

* * *

« Alors le magicien, on est prêt ? »

La question était rituelle, la réponse tout autant :

« Encore quelques minutes, laisse-moi me concentrer.

— Ah, ces artistes ! »

Et Gergõ de lui claquer l’épaule avec vigueur avant de refermer derrière lui la porte qu’il avait entrouverte, le rendant au silence de sa petite loge.

Ces quelques mètres carrés chichement éclairés et équipés – un siège devant un miroir unique et un table étroite jonchée de matériel, maquillage et autres accessoires, un fauteuil défoncé et, dans le recoin tout au fond, un lit pour une personne ; pas de fenêtre si ce n’était un vasistas qui donnait directement sur les pieds des passants et les crottes de chien – étaient devenus son quotidien depuis qu’il avait posé son unique valise à Budapest. Pourquoi ce cabaret plutôt qu’une autre ? Parce que l’adresse était tout aussi confidentielle que le nom et que l’essentiel de la clientèle était locale. Et que le gîte et le couvert compensaient correctement ses appointements minimalistes. Le confort n’était pas sa priorité ; la discrétion, oui. Gergõ l’avait compris sans qu’il eût besoin de le lui expliquer, et saisi au passage tout l’intérêt – ou plutôt les intérêts – qu’il allait retirer de sa présence. En l’espace de quelques semaines, le bouche à oreille avait fait son effet, et l’établissement affichait complet les quatre soirs par semaine où il était habituellement ouvert. Gergõ commençait d’ailleurs à à caresser l’idée d’un cinquième soir.

Il mangerait après le spectacle, décida-t-il en remisant dans le micro-onde fatigué le plat que Gergõ avait posé au bout de la table. Il était toujours meilleur le ventre vide.

Le brouhaha de voix et de cliquetis de vaisselle mêlés allait en s’amplifiant tandis qu’il parcourait le couloir menant jusqu’à la scène sur laquelle le rideau était toujours tiré. En quelques gestes nés de l’expérience et de l’habitude, il rajusta les outils de son spectacle sur le plancher en bois, repositionnant une chaise par ici, un tissu de velours noir par là. Voilà, c’était parfait, jugea-t-il en se reculant d’un pas : le parfait décor du parfait magicien. D’un claquement de doigt, il avertit Gergõ qui patientait au pied de l’estrade : celui-ci tira le rideau.

Aussitôt le silence se fit. Le service, minuté, était organisé de telle manière à ce que les clients se fussent vu servis le dessert avant le spectacle et qu’ils l’eussent quasi terminé au moment du levé de rideau. Par suite, il était aisé, profitant de leur attention accaparée par le numéro, de leur proposer café, tisanes et autres digestifs qu’ils pourraient siroter d’un air absent et qui généraient la marge la plus appréciable de la soirée.

Il salua. Fut récompensé en retour par une première salve d’applaudissements de bienvenue. Il sourit au public, qui le lui rendit. Sourire n’était pas la plus grande de ses compétences mais il avait appris, par la force des choses, que cette mimique pouvait rendre de précieux services. Son sourire toujours plaqué sur ses traits, il désigna d’un geste sûr – et quelque peu théâtral ; Gergõ l’avait incité à mettre un peu plus de poudre aux yeux / d’emphase dans ses démonstrations – trois pommes vertes et brillantes posées sur un guéridon recouvert d’un tissu aussi sombre que l’arrière plan de la scène. Celles-ci se soulevèrent et commencèrent à jongler les unes autour des autres. Ses bras à lui étaient retombés le long de ses flancs et, parfaitement immobile, il les observait tandis que de la salle en contrebas, lui parvenait une première rumeur émerveillée.

Il leva un index : les pommes s’immobilisèrent dans l’air puis, se regroupant en triangle serré, elles rejoignirent lentement leur point de départ. Il en saisit une, croqua dedans, une première fois, deux, avant de s’en délecter jusqu’au trognon qu’il fit mine de lancer par-dessus son épaule. Celui-ci se figea, pivota sur lui-même et s’en alla rejoindre la poubelle posée à l’autre bout de la scène.

De nouveaux applaudissements nourris éclatèrent sous les voûtes en pierre ; il voyait les convives se pencher les uns vers les autres en désignant la scène, les têtes se hocher ou à l’inverse être secouées par des dénégations plus ou moins convaincues.

Après les pommes, au tour de la vaisselle. Dix verres en cristal – le tintement pur de son ongle contre le matériau en confirma la nature au public – s’élevèrent à leur tour en une farandole chatoyante sous les lumières et lorsqu’au gré de leur danse, ils s’avancèrent jusqu’aux premières tables blotties contre l’estrade pour se positionner au-dessus des convives, leurs exclamations ravies allèrent jusqu’à couvrir la musique qui accompagnait le spectacle. Les verres, tout à coup, se séparèrent et chacun entreprit de descendre à la verticale en direction des tables où ils se posèrent avec des délicatesses de jeune fille sous les yeux agrandis de l’assemblée.

Immédiatement, les chanceux qui avaient l’honneur que leur table eût été choisie, s’emparèrent des verres pour les tourner et les retourner en tout sens avant de les passer à leurs voisins et ainsi de suite jusqu’à ce que la salle tout entière eût éprouvé leur solidité, leur intégrité mais aussi et surtout l’absence de tout mécanisme secret qui expliquerait leurs mouvements.

Nouveaux applaudissements. Caché dans l’ombre au pied de la scène, Gergõ imitait les clients avec un air satisfait qui ne masquait pas tout à fait son admiration pour sa nouvelle mascotte. Son cabaret avait accueilli un tas d’artistes aux talents divers mais celui-là les enterrait tous avec maestria. Il en était à la fois ravi et angoissé : qui diable serait assez à la hauteur pour le remplacer le jour où il partirait ? Car il ne resterait pas ici éternellement, le Hongrois l’avait compris dès le moment où l’autre franchi le pas de sa porte pour lui demander s’il engageait du monde en ce moment. Enfin – il haussa les épaules tandis que l’artiste saluait le public pour le remercier de son enthousiasme – à chaque jour suffisait sa peine, et il trouverait bien un moyen de le retenir lorsque le moment serait venu.

Alors que les démonstrations de manipulation d’objets toujours plus spectaculaires s’achevaient devant une foule euphorique, arrivait à présent le temps fort du numéro, celui pour lequel ceux qui avaient réservé leur place plusieurs semaines à l’avance pour certains, étaient venus. Leurs amis, leur famille le leur avaient raconté ; ils avaient aussi ajouté que malgré toutes les descriptions qu’ils pourraient en faire, ce à quoi ils avaient assisté était proprement indescriptible et que le meilleur moyen de se rendre compte était d’expérimenter par soi-même.

« Mesdames et Messieurs, j’en appelle à un ou une volontaire ! »

Au début, lors de ces toutes premières prestations, cet appel demeurait lettre morte. Chacun se regardait, hésitant, amusé ou peu convaincu et personne ne se levait pour y répondre. Les premières fois, le neveu de Gergõ que celui-ci avait stratégiquement positionné dans la salle et fait passer pour un client, s’était sacrifié pour la bonne cause. Il était à chaque fois redescendu de la petite estrade en proie à un enthousiasme si débordant et sincère que le public avait commencé à se détendre et à répondre favorablement aux propositions de l’artiste.

Et plus que favorablement. Amusé, Gergõ assista à un véritable branle-bas de combat dans la salle de restaurant : c’était à qui se lèverait et se rendrait disponible le premier. En l’occurrence, ce fut une femme, élégante et luxueusement vêtue d’une cinquantaine d’années qui réussit à louvoyer entre les autres convives, sous le regard venimeux d’une de ses semblables, dont la robe s’était empêtrée dans les pieds de sa chaise et avait manqué de la faire chuter quand elle avait voulu se précipiter.

D’un pas ayant sensiblement regagné en dignité, la femme grimpa les deux marches de la scène, glissant ses doigts confiants entre ceux de l’homme tendus dans sa direction et qui l’accueillit d’une courbette impeccable.

« Chère madame, je vous remercie de bien vouloir vous prêter au jeu de l’humble magicien que je suis, l’interrogea-t-il d’abord en anglais. Comment vous appelez-vous ?

— Magda, répondit-elle d’une voix forte et assurée afin que tout le monde l’entendît.

— Vous êtes hongroise ?

— Évidemment ! » Et la salle de s’esclaffer comme il affectait la surprise. En sus du sourire, il avait également saisi la nécessité de laisser la primauté de la supériorité à la clientèle. Il était l’artiste ; eux ceux qui lui permettrait de vivre de son art. Les prendre de haut, quand bien même il valait mieux que tous les gens réunis chaque soir dans le cabaret, n’était guère approprié pour se gagner leurs faveurs.

Il adopta alors la langue hongroise à son tour, avec toutefois une pointe d’accent prononcé qu’il n’avait pas en réalité. Ses facilités pour les langues étrangères lui avaient toujours permis de se fondre dans la population de chacun des pays qu’il avait parcourus. Et il en avait parcouru beaucoup.

« Bien, Magda. Je vais vous demander de vous asseoir sur cette chaise, juste là. Mais avant – il la retint de justesse par le coude et elle lui lança un regard interloqué – je vous invite à en faire le tour, à la soulever, à l’examiner sous toutes les coutures devant notre public. »

Avec un signe de tête approbateur et sous les encouragements des clients, elle obtempéra. Cela dura deux ou trois minutes et Magda poussa même le vice à descendre de la scène avec la chaise pour la montrer à son mari, un gros homme hilare dont la bedaine débordait par dessus la ceinture de son pantalon. Il tapota le meuble que son épouse lui tendait, puis pencha la tête à destination de l’homme resté sur scène.

« Je confirme : il s’agit d’une chaise tout ce qu’il y a de plus… chaise ! » Claironna Magda en remontant sur l’estrade sous le regard patient et amusé du magicien. Elle la reposa et s’y installa.

« C’est parfait. A présent Magda, j’ai une question : avez-vous le mal de mer ?

— Non. Je ne crois pas.

— Bonne nouvelle ! Ceci étant, je vais vous demander de fermer les yeux dès à présent. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez très vite les rouvrir. Et… vous ne sentirez rien », rajouta-t-il en affectant un ton soudain mystérieux qui fit planer un murmure attentif sur l’assemblée.

Il tendit les deux bras cette fois, paumes ouvertes vers le haut. Très doucement, les pieds de la chaise sous la femme commencèrent à glisser sur le parquet, mais en silence. Ils étaient volontairement dotés de patins en feutre afin que la personne n’entendit rien. La chaise poursuivit sa lente reptation au point de traverser la moitié de la scène, puis de s’immobiliser.

Son occupante, elle, n’avait pas bougé et était demeurée assise.

Dans le vide.

« Magda ? Vous pouvez ouvrir les yeux à présent. »

La femme papillonna et regarda droit devant elle. Elle semblait déçue.

« Comment vous sentez-vous ? »

Il s’était positionné sur sa droite, masquant la chaise derrière son corps mince. Il n’était pas très grand mais au vu de la taille de l’estrade, cela suffisait.

« Bien. Très bien. Vous aviez raison, je n’ai rien senti. Mais, que m’avez-vous fait ? Parce que je n’ai pas bougé et… Oh mon Dieu ! » Cria-t-elle, effarée lorsqu’il s’écarta dévoilant la chaise à trois mètres de là et qu’elle baissait les yeux pour regarder autour d’elle, sous elle et se rendre compte qu’elle n’était assise sur rien.

« Vous pouvez vous pencher, l’encouragea-t-il, et passer vos mains – oui, voilà, comme ça – en dessous. Alors ?

— Il n’y a… pas… – elle balbutiait – il n’y a plus de chaise ! »

Un bruissement de stupéfaction s’enfla dans la salle, Magda gardant les yeux levés vers l’homme. Il y lut l’annonce de la panique ; releva élégamment une main, il lui présenta sa paume, à une trentaine de centimètres de son visage :

« Respirez, Magda, lui dit-il à voix basse, afin de n’être entendue que d’elle. Respirez, profondément. C’est bien. Ne vous inquiétez pas, d’accord ? Vous n’allez pas tomber, je vous le promets.

— … D’accord », souffla-t-elle. Le niveau d’appréhension dans son expression avait décru, mais n’avait âs pour autant disparu.

« Vous pouvez bouger, vous savez, reprit-il sur un ton assez fort pour ramener le calme dans l’assistance. Oui, allez-y ! »

La femme leva d’abord, un bras, puis l’autre, avant ses jambes. Elle est toujours assisse cependant et s’éloignant, il lui tendit une main :

« Pouvez-vous me rejoindre s’il vous plaît ?

— Pardon ? Mais…

— Levez-vous, Magda. »

Dubitative, elle ne bougea tout d’abord pas, avant d’entreprendre de se déplier. Elle trouvait tout de même l’entreprise compliquée : quitter la position assise supposait de prendre appui sur quelque chose ! Contre toute attente toutefois, elle se mit debout et avança vers le magicien.

« Ce n’était pas si difficile, n’est-ce pas ?

— Non. Non c’est vrai – et un sourire de soulagement se peignit sur ces traits.

— Mais ne trouvez-vous pas que vous avez grandi ? »

Les sourcils froncés, elle esquissa d’abord un signe de dénégation avant de réaliser que ses pieds ne touchaient plus le sol et qu’elle flottait au-dessus de lui d’une bonne vingtaine de centimètres. Non, trente. Quarante ?

« Qu’est-ce que… ?!

— Ne vous inquiétez pas, je vous tiens ! »

Et l’homme de rire comme Magda s’envolait sous les cintres telle une baudruche qu’il retenait par le fil à bout de bras. Elle aurait pu crier. Hurler. Une réaction des plus compréhensible. A l’inverse, elle se mit à rire. Mais à rire ! Sous les regards médusés du public, elle se laissa aller à une crise d’hilarité telle qu’après quelques instants de flottement – si l’on puis dire – des rires d’abord hésitants et disparates s’élevèrent çà et là, avant de se démultiplier. Et celui qui riait le plus était sans conteste le propre mari de Magda.

Au bout d’un moment, il tira sur le bras de la femme pour la faire redescendre de quelques dizaines de centimètres jusqu’à la positionner à l’horizontale et la faire pivoter sur le dos. Jouant le jeu, elle croisa les mains sur son ventre et affecta de dormir. Avec un clin d’œil à l’assemblée – encore une astuce bien utile pour les conserver à sa cause – il désigna le mari de l’index puis replia ce dernier :

« Et si vous nous rejoigniez ? »

L’homme ne se fit pas prier. Le bois grinça sous ses pas lourds comme il se rapprochait : il prit le temps de considérer son épouse sans masquer sa fascination.

« Je vous laisser vérifier. » Et de se reculer avec un geste d’invite en direction de Magda.

D’abord, il fit le tour. Ensuite il passa son bras plusieurs fois et dans plusieurs directions au dessus du corps de sa femme. Puis en-dessous. Puis sur les côtés.

« Fantastique ! » Conclut-il après s’être reculé et avoir jeté un coup d’œil dans les coulisses, totalement vides à l’exception de Gergõ qui se tenait là, les bras croisés, sans rien faire. « Il n’y a aucun truc ! » lança-t-il encore aux autres convives.

Le magicien s’inclina mais n’eut pas le temps d’achever son geste : l’homme lui saisissait la main pour la secouer :

« Ce n’est pas à vous de nous remercier, mais l’inverse : j’en ai vu des spectacles de magie dans ma vie mais comme celui-là… Jamais. Jamais ! »

La salle tout entière se leva alors pour applaudir à tout rompre. Même Magda, pourtant toujours en lévitation, frappa dans ses mains avec ferveur et ne s’arrêta pas, même quand elle retrouva sa verticalité et que ses pieds se reposèrent sur l’estrade.

« Merci, oh merci ! – elle prit à son tour la main de l’homme et la serra entre les siennes – j’ai vécu une expérience inoubliable grâce à vous ! »

Ce fut le moment que choisit Gergõ pour expédier d’un geste vif sa brigade entre les tables pour renouveler les commandes afin de profiter de l’euphorie ambiante, puis pour monter sur scène, permettant ainsi à sa petite merveille de s’éclipser :

« Tu as été extraordinaire, lui glissa-t-il au passage. Vraiment extraordinaire. Tu me diras ton truc un jour ? »

Au moins dix fois qu’il lui posait la question. Dixième réponse similaire :

« Quand bien même j’accepterais, tu ne me croirais pas. »

Sanctuaire, Grèce, 31 mai 2006

Saga hésita. Ce qu’il s’apprêtait – non, ce qu’il était obligé d’expliquer à ses pairs devait demeurer confidentiel et par voie de conséquence, ne pas dépasser le cercle de sa garde rapprochée. Or Veresh, s’il demeurait en cet instant parfaitement silencieux et concentré sur le monitoring de l’ensemble des postes informatiques rattachés au serveur interne au point de se faire tout à fait oublier, n’était pas censé entendre quoi que ce fût de ce qui allait suivre.

D’un autre côté, le jeune homme allait avoir besoin de connaître le contexte pour orienter ses recherches et ses actions pour protéger le Sanctuaire de ce genre de désagréments et Saga n’aurait pas vraiment le choix des informations à lui transmettre s’il voulait qu’il fût efficace. En tant que Pope, il était censé dispenser sa confiance avec parcimonie et cette dernière se cantonnait au-delà du cercle de sa garde rapprochée.

Il consulta son jumeau du regard qui dodelina imperceptiblement avant de hocher finalement la tête. Rachel l’imita en haussant les épaules, sans faire l’effort de masquer son impuissance.

« Est-ce qu’on a le choix ?

— Au moins, si ça sort, on saura d’où ça vient, ajouta Kanon.

— J’aimerais autant qu’on n’en arrive pas là. »

S’éclaircissant la gorge, Saga posa une main – lourde – sur l’épaule de Veresh, qui sursauta sur son siège :

« Quoi que tu entendes dans cette pièce, tu devras le garder pour toi. Me fais-je bien comprendre ? »

Il n’eut même pas à resserrer les doigts ; déjà le Pakistanais opinait à plusieurs reprises avec vigueur sans pour autant oser relever les yeux vers son Pope.

« A la bonne heure. Bien, Aldébaran, Milo, installez-vous, ça risque d’être long. »

* * *

« Je ne saisis pas. »

Les bras croisés et les sourcils froncés, le Chevalier du Taureau souffla son agacement :

« Ce général Grisham, dont j’ai bien compris qu’il ne nous appréciait pas beaucoup, n’a aucun intérêt à ce que le contenu du journal volé soit dévoilé, et il en est de même pour nous. En supposant bien entendu que ce journal contienne effectivement des informations susceptibles de compromettre le secret de notre existence.

— Tu essaies de te rassurer ? » Intervint Milo, l’air plus sombre encore que son complément d’axe qui lui retourna un coup d’œil circonspect. « Si du jour au lendemain, tu te retrouvais confronté à l’inimaginable et que tu tenais un journal personnel : tu n’y consignerais pas tout ce que tu as découvert ? D’autant plus si tu ne peux pas en parler à qui que ce soit dans ton entourage ?

— … Je suppose que oui, admit Aldébaran ce qui lui valut un sourire mince de la part du Scorpion en guise d’excuse.

— Nous sommes tous d’accord sur ce point, intervint Rachel. Donc, toute la question est de découvrir quel genre d’informations Corman a-t-il consignées et si elles sont susceptibles de nous porter préjudice.

— S’il y a vraiment un lien entre ce journal et ce que les gosses ont vu sur leur écran d’ordinateur, je crois qu’on tient notre réponse », ironisa Milo.

Le sourire de ce dernier était factice. Tout dans ses traits et sa posture trahissait sa tension : ses poings fermés sur ses cuisses, sa mâchoire saillante sous ses joues et un éclat, inquiétant, dans l’azur de ses yeux.

« La coïncidence est grosse, je te l’accorde.

— Et donc ? On fait quoi ? »

Ce fut la large main apaisante du Taureau sur son épaule qui fit prendre conscience au Grec de l’agressivité contenue dans sa dernière question et il prit une profonde inspiration avant de lever les mains.

« OK. Désolé. C’est juste que… Milo eut un geste vague en direction de l’écran … pour l’instant, ce n’est qu’une photo, qui aurait pu être prise n’importe où sur cette planète. Pas d’indication de lieu, rien qui puisse nous localiser. Mais pour combien de temps ? »

Il n’y avait pas de réponse à cette question, et le Scorpion n’en espérait aucune de toute manière. La voix de basse d’Aldébaran prit le relais comme les jumeaux et Rachel échangeaient un regard impuissant :

« Le caporal Orwell, tu en attends quoi exactement, Saga ?

— Le Général Grisham ne l’a pas rapatrié d’Afghanistan juste après le vol du journal sans raison. Ce garçon était l’assistant personnel de Corman : s’il y a une personne susceptible de savoir ce qu’il y a dans ce journal, c’est bien lui.

— Nous espérons qu’il pourra nous renseigner à ce sujet, intervint Rachel à la suite du Pope, ce qui nous permettra d’anticiper les suites éventuelles de…ça, en attendant de découvrir qui en est à l’origine.

— Qui vous dit qu’il n’a pas déjà donné ces informations à ses supérieurs ? Questionna Milo en ouvrant les mains.

— Il n’en a pas eu le temps. »

Kanon avait répondu avec sécheresse. Pas plus que son frère, le chevalier d’or en titre des Gémeaux n’avait digéré la manœuvre de Grisham visant à les laisser mourir devant les Portes. Le fait d’avoir failli rester paralysé à vie en rajoutait une pincée en matière de rancune.

« Il est méfiant et ça peut se comprendre, rajouta Rachel. Après tout, Grisham l’a envoyé au front pour se débarrasser de lui une bonne fois pour toutes après les Portes. Quant à nous, nous l’avons kidnappé. Une fois qu’il aura dit ce qu’il sait, quelle garantie a-t-il de rester en vie ?

— Nous n’irions tout de même pas jusqu’à…

— Ne me vexe pas, Aldébaran. »

La voix réfrigérante de Saga coupa court au murmure du Taureau, qui parut toutefois rasséréné. Milo pencha la tête de côté, hésita, puis :

« Qu’est-ce que ce général Grisham voudrait faire de ces informations, à part pour préparer un démenti en cas de fuite ? Et pourquoi ne pas vouloir nous les partager, sachant que nous ne souhaitons pas plus que lui qu’elles soient divulguées et que nous serions prêts à l’aider dans ce but ?

— Encore faudrait-il qu’il en soit convaincu.

— Parce qu’il aurait des raisons de ne pas l’être ?

— De toute évidence. Milo ! »

L’exclamation furieuse de Saga mit aussitôt fin à la fixité douteuse avec laquelle l’autre Grec le dévisageait :

« Tu ne penses tout de même pas que je pourrais… !

— Non. Non, évidemment. Encore une fois…

— … tu es désolé. Je sais, ne put s’empêcher d’asséner le Pope d’un ton glacé.

— Rassure-moi, tout de même : je ne suis pas le seul dans cette pièce à avoir tout à coup le sentiment que notre sécurité est compromise, si ?… Non. C’est bien ce qu’il me semblait. Merci. »

Et Milo de se rencogner dans son siège, la tête imperceptiblement agité par des pensées qu’il n’avait aucune intention de partager pour le moment.

« Regardez. »

Tout le monde avait oublié la présence de Veresh. Pivotant comme un seul homme dans sa direction, il le trouvèrent sur son fauteuil qu’il avait tourné vers eux, une jambe repliée sous lui, en train de pointer du pouce par dessus son épaule ce qui lui servait d’écran principal.

« J’ai passé en revue Google Earth1, ainsi que toutes les autres sites internet produisant des photographies satellites. Là où devrait se trouver le Sanctuaire, il n’y a rien.

— C’est normal : il n’est pas censé y avoir quoi que ce soit, fit Kanon, le front barré par la contrariété.

— Hum. Pas exactement ? »

Aldébaran s’était penché vers l’écran les yeux plissés avant de se résoudre à tirer une paire de lunettes de la poche de sa chemise :

« Le Sanctuaire est bien là mais il est invisible. Le bleu de la mer n’est pas tout à fait identique au droit de l’île que dans les environs. Et l’image est floue. »

Veresh acquiesça :

« Un phénomène de dispersion lumineuse je suppose.

— De diffraction pour être plus précis mais, oui, c’est le principe, expliqua Saga, les mains au fond des poches, l’air songeur devant les images capturées par Veresh. Lorsque la lumière parvient jusqu’au Sanctuaire, l’angle selon lequel elle est renvoyée diverge en tous sens dès qu’elle traverse sa protection cosmique. Depuis le ciel, il est par conséquent impossible de nous apercevoir ou de nous prendre en photo. C’est cette même protection qui empêche toute intrusion étrangère par la mer et génère la brume qui nous entoure. »

Un léger grattement se fit entendre à la porte de l’entresol :

« C’est Thétis, fit Kanon en allant l’accueillir tandis que le jeune Pakistanais déverrouillait de nouveau la porte.

— Je suis en retard, s’excusa-t-elle, j’ai eu toutes les peines du monde à convaincre Andreas de faire sa sieste. Oh par tous les dieux… »

A son tour, elle venait d’apercevoir la photographie du Sanctuaire et blêmit :

« C’est donc ça que les apprentis ont découvert ? Kanon…

— Nous n’avons rien discuté dont tu ne sois pas déjà au courant. On essaye par contre de comprendre comment cette photo peut exister. »

Thétis se rapprocha à son tour et, comparant les deux écrans, désigna le second où figurait l’île :

« On sait quand elle a été prise ?

— Non, je ne peux pas accéder à…

— Veresh. »

La main de Saga, qui s’était soudain avancé d’un pas vif, s’abattit sèchement sur le bureau du jeune informaticien qui sursauta en même temps que ses figurines.

« Grand Pope ? Interrogea prudemment Veresh sans réussir à reculer assez dans son fauteuil décidément bien trop près de l’immense Grec qui venait d’envahir subitement son espace vital.

— De quand datent ces photos ? Celles sur l’autre écran.

— Eh bien… – un enchaînement précipité de clics droits fit apparaître et disparaître plusieurs fenêtres tandis que les lèvres du Pakistanais absorbaient les données en silence – … la plus récente date de mai 2004. »

Veresh vit les paupières du Pope s’abaisser. Plus tard, il s’interrogerait souvent : n’était-ce pas une lueur rougeâtre qu’il avait alors aperçue, juste avant qu’elle disparût ?

Un frémissement parcourut Rachel, comme le dos de Saga se voûtait et que celui de Kanon, à l’inverse, se raidissait plus encore qu’il ne l’était devenu à l’issue de l’affrontement contre les Portes.

« Bordel…, souffla le cadet des jumeaux.

— Quoi encore ? » Fit Milo, un coude sur un genou tout en lançant un coup d’œil par en-dessous à Kanon.

Thétis qui, de blême, avait viré au livide, s’appuya d’une main contre le mur sous le regard soudain alarmé d’Aldébaran. Ce fut Rachel qui répondit à son interrogation muette, d’une voix si fatiguée qu’il dut tendre l’oreille :

« Les protections du Sanctuaire sont affaiblies. Tu ne l’as peut-être pas senti cette nuit mais Shaka m’a signalé tantôt que la barrière avec l’Hadès donne des signes de faiblesse dans le quatrième temple. Aioros… – elle se mordit les lèvres ; elle avait omis de le signaler à Saga et lui partagea mentalement une excuse – s’est par ailleurs étonné de la minceur du banc de brume autour de l’île lorsqu’il est arrivé pour le mariage.

— … Et deux apprentis n’ont éprouvé aucune difficulté à accéder à la nouvelle salle souterraine où se trouvent désormais ce qui reste des armures d’or alors que ce passage est sous scellement cosmique, compléta Saga tout en se redressant.

— Quel rapport avec la date des ces photos ? Demanda Aldébaran.

— Les Portes. »

Milo passa en revue le triumvirat à la tête du Sanctuaire et qui pour l’heure avait collégialement rivé le regard au sol jusqu’à s’arrêter sur Thétis :

« Il y a un avant et un après. La barrière de protection du Sanctuaire a perdu de son efficacité depuis, j’ai bon ? Pour quelle raison ? Questionna-t-il d’un ton rogue.

La Suédoise hocha lentement la tête :

« Les armures d’or. »

Un silence se fit jusqu’à la sentence :

« Celles qui ne sont pas revenues. »


1Google Earth existe sous ce nom depuis 2005.

13 réflexions sur “Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 25

  1. Gniiiiiih mon dieu mais que de suspense !! Qui est ce mystérieux magicien ? Comment va finir Orwell ? Veresh va-t-il se retrouver avec des palpitations ??

    Ça fait plaisir de reprendre l’histoire, et j’ai trop hâte d’avoir la suite 💜

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    • Veresh va vivre sa meilleure vie (… enfin, presque XD), Orwell a du pain sur la planche et quant au mystérieux magicien, je ne me rappelle plus si tu sais de qui il s’agit ?

      Merci beaucoup, ça a été compliqué de m’y remettre, j’espère pouvoir reprendre le rythme comme il convient pour 2024 et je suis ravie que tu sois contente de retrouver cette histoire, encore merci ♥

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  2. Bien vu pour le magicien qui use tranquillou de son cosmos en public. On n’est jamais mieux caché que lorsque l’on est devant tout le monde.

    Va savoir pourquoi, tout l’intrigue autour de la photo du sanctuaire me fait penser à l’album le Domaine des Dieux d’Astérix. Si l’île est localisée, ce n’est pas dur d’imaginer des centaines de badauds venant faire leurs photos et leurs emplettes au Sanctuaire sous le regard de plus en plus rougeoyant de Saga, avec Rachel lui rappelant bon gré mal gré que ça remplit les caisses.

    Et encore, à cette époque du récit, on n’en est pas encore aux stories Instagram.

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    • Alors ? Tes pronostics concernant l’identité du magicien en question ? S’il y a bien quelqu’un capable de trouver, c’est toi, spécialiste des personnages obscurs comme tu l’es XD Un indice : l’anime, pas le manga.

      Ah m’en parle pas ! 2006, c’est vraiment les balbutiements des réseaux sociaux (cette engeance du diable) mais c’est malgré tout le début des emmerdes à grande échelle. Mais bon, localiser le Sanctuaire, c’est une chose, y accéder c’en est une autre même si ce point pose question. Ceci dit, l’image mentale de ton commentaire est plutôt du genre très savoureuse XDDD (mais ce serait vraiment horrible XD)

      Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire, et par avance, je te souhaite une belle et heureuse année 2024 !

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      • Bonne et heureuse année 2024 (déjà…) à toi et à tes proches.

        Merci pour ton retour. Le magicien, c’est peut-être un perso peu mémorable mais qui apparait dans une poignée d’épisodes qui eux le sont beaucoup plus : Spartan ?

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  3. Hello M’dame Alaiya,

    Je te souhaite une très belle année 2024, pleine de bonheur, de belles surprises et d’une forme aussi éclatante que celle d’un chevalier d’or.

    Vu que je n’ai pas posté d’avis depuis un bon moment (mais que je reste un lecteur assidu), je vais faire un retour global.

    Entre les américains (surtout un) qui se fait un gros flip d’infériorité vis à vis du Sanctuaire (à raison d’ailleurs), un Alexei qui veut être nourri ses rêves de vengeance (et entraîne) toute une troupe derrière lui…..

    In fine, la confrontation va être sanglante… (hâte de lire cela). Je suis aussi curieux de voir ce que donnera Guilty…. Dans le lot, peut être que certains retourneront leur veste…..

    Le récit du mariage était vraiment cool. Les derniers moments de partage de notre Balance sont émouvants.

    Vu que Aldé est allé faire du recrutement en Afrique, a-t-il ramené James dans ses bagages ?
    J’ai hâte de lire l’arrivée des apprentis (Sybil, Rosa, James…). De suivre leurs premiers pas au Sanctuaire.

    En l’état, j’espère que Mû trouvera le moyen de remettre la main sur les amures manquantes (du moins de les localiser) avant que la situation ne dégénère totalement. Ce sera moche de voir un bateau de croisière accoster à l’embarcadère du Sanctuaire…. Saga, pourrait être tenté de rejouer la fin de Titanic 😆

    Encore tous mes vœux à toi et les tiens pour ce nouveau millésime.

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    • Coucou M’sieur Phénix !

      Merci pour tes bons voeux ! A mon tour, je te souhaite une excellente année 2024, qu’elle soit positive, heureuse et surtout en pleine santé 😉

      Je suis très contente de savoir que tu lis encore cette histoire, d’autant que je n’avais pas fait de mise à jour depuis un moment. J’espère pouvoir être plus régulière cette année.

      Tu as raison, on a pas mal d’antagonistes dans cette histoire ! (qui a dit « trop » ?) Le général Grisham supporte en effet assez mal l’idée qu’une organisation, quelle qu’elle soit, soit plus puissante que ses USA chéris. Rien, de par le monde, ne devrait être supérieur aux USA de son humble (XD) point de vue. Et comme lui-même se croit tout puissant, n’est-ce pas… Quant à Alexei, il accomplit le dessein de Dimitri, il se pose comme son prolongement, d’autant qu’il est lui-même convaincu du bien-fondé de la philosophie de son mentor. Ce faisant, il se livre aussi à la vengeance de ce dernier qui a bien laissé entendre à Rachel qu’il ne comptait pas en rester là, même mort. On n’a pas encore vu tous les affidés d’Alexei, ils vont arriver petit à petit. Bon, je ne te cache qu’il y aura aussi des no-name, parce qu’il faut bien un peu de piétaille ! Et sinon… oui, ça risque de défourailler sec ! XD

      Le mariage risque fort d’être le dernier bon moment qu’ils auront partagé, je le crains, ne serait-ce qu’en considérant la fin prochaine de Dôkho. Contente que cette partie t’ait plu !

      Aldé n’a pas fini son recrutement en Afrique et va donc retourner en Angola : L’arrivée de James au Sanctuaire ne saurait tarder 😉 De même que celle d’autres apprentis, en effet et là aussi, on devrait assez vite les découvrir.

      Mü est dans une impasse malheureusement et je ne vois pas bien comment du jour au lendemain, il pourrait retrouver les armures qu’il cherche depuis quasi deux ans. Pourtant, il y a urgence… Un coup de pouce du destin viendra-t-il à son secours ?

      La tronche de Saga en voyant accoster un paquebot de quelques milliers de touristes serait absolument priceless ! XD Je crois qu’il serait bon pour chacun de se mettre aux abris parce qu’il va y avoir de la Galaxian Explosion dans l’air XD Pour la santé mental de notre Gémeau préféré, il vaudrait mieux qu’un tel cauchemar ne se réalise jamais.

      Un tout grand merci à toi pour ton commentaire et le temps que tu lui as consacré, plein de bonnes choses pour 2024 et à très bientôt !

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      • Bonjour M’dame !

        Je commente (trop) peu mais reste très assidu t’inquiète, à l’affut de nouveaux drabbles ou de nouveaux chapitres de la nouvelle nouvelle Ere.

        Merci pour les infos 😉
        Si Mû arrive à avoir un coup de pouce, cela ne lui fera que du bien. Etant bélier, mon ptit cœur souffre à chaque fois que je le vois dans la tourmente.

        Cool pour l’arrivée de nouveaux apprentis, j’ai hâte de lire leurs premiers pas. (en fait, a travers tes autres publications, on sait par exemple peu de choses sur les débuts de James par exemple).

        En effet, les confrontations promettent d’être intenses.
        Un général que je nommerai pas pourrait bien aller tester sa morgue dans une autre dimension histoire de voir si les USA sont les maîtres de tous les mondes…. 😏, et ce, de façon définitive.

        Bref, je vais attendre tes prochaines publications ( et celles de LittleBakemono pour la next-gen) avec impatience !

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  4. Technologie 1 – Cosmos 0…

    J’attendais avec impatience le moment du face à face entre le Sanctuaire et Internet, et je ne suis pas déçue! Je crois qu’il est urgent d’ajouter un cours de sécurité informatique de base au curriculum des chevaliers…
    En tout cas moi je dis: virus informatique + photo prise par satellite + connaissance de la localisation exacte du Sanctuaire = NSA + Alexei… Et donc apparemment ce sont les armures manquantes qui sont responsables de l’abaissement du niveau des barrières du Sanctuaire. Je me demande si quelqu’un savait que leur disparition aurait cet effet, puisqu’apparemment les chevaliers viennent juste de le réaliser? Cela rend en tout cas d’autant plus urgent de les récupérer!
    J’attends avec impatience de savoir comment Saga va gérer ce problème. Et de savoir quelles sont les prochaines révélations qui vont apparaître sur ce fameux site, parce que je n’ai aucun doute sur le fait qu’il va être régulièrement alimenté…

    Je te souhaite une très belle année! Qu’elle soit douce et créative!

    Bises,
    Lily

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    • Bonjour Lily,

      Et avant toute chose, à mon tour je te souhaite une très bonne année 2024, qu’elle te soit aussi douce et joyeuse que possible, ainsi pour tes proches ❤

      Le face-à-face ne fait que commencer très chère 😉 Quant aux compétences informatiques des uns et des autres, nous pourrions être surpris XD Vu que cette histoire se déroule en 2006, il convient de bien garder à l'esprit qu'à l'époque, on n'était pas encore entré dans l'ère du smartphone et que tout ce qui va avec n'avait pas encore complètement envahi notre quotidien. La sécurité informatique était déjà un sujet mais les risques étaient "moindres" qu'aujourd'hui par exemple, où tout un tas de données personnelles se baladent joyeusement à travers le monde. Ceci étant, l'alerte est sérieuse, de même que la menace sous-jacente qui ne dit pas son nom.

      Tu as raison, le fait que les armures (enfin, ce qu'il en reste, ne l'oublions pas) ne soient pas au complet sur l'île abaisse le niveau de protection de cette dernière. Et, non en effet, les membres du Sanctuaire n'étaient pas au courant de cette subtilité, Mü inclus. Si Saga veut les récupérer c'est à la base parce que, eh bien elles appartiennent au Sanctuaire et ensuite parce que même endommagées, elles sont le siège d'un certain niveau de pouvoir comme on a pu le voir face aux Portes : cela peut représenter un danger potentiel si elles tombent entre de mauvaises mains… Mü de son côté fait ce qu'il peut mais avec une culture atlante dont il ne dispose pas, c'est compliqué. Sauf que là, oui, il y a urgence. Mais comment faire ? Cela fait deux ans que Mü les cherche, sans succès. Et visiblement, leurs consœurs, si elles réclament de retrouver les trois manquantes, ne sont pas en mesure d'indiquer quoi que ce soit à Mü concernant leur localisation. Donc on est dans une impasse…

      Ah ah, oui, le site est une belle boîte de Pandore en devenir XD A ce stade, nous n'entrevoyons que le tout petit sommet de l'iceberg !

      Encore un tout grand merci pour ta lecture attentive et tes questionnements, c'est toujours un plaisir de les découvrir et d'y répondre 😀

      Belle année à toi, Bises !

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  5. Hello Al’ !

    En préambule : je hais la technologie ! J’avais écrit une super review, bien argumentée et presque sans faute d’orthographe, et une mauvaise manip de mes doigts malhabiles m’a fait tout effacer ! Ah mais attends, c’est pas la technologie qui me débecte. C’est ma maladresse ! 🤣 Bon cette petite introduction de pleurnicheuse-râleuse étant à présent terminée, rentrons dans le vif du sujet. Mais probablement de manière moins développée et avec plus de fautes de frappe et de fautes d’orthographe que dans l’original que j’avais écrit. Tu m’en vois sincèrement désolée.

    Ça y est, on connaît THE explication à la subite apparition de l’île du Sanctuaire toute belle – toute réelle sur internet ! Les Armures d’Or manquantes ! Logique. Presque évident. Mais… fallait y penser ! Et que c’est bigrement bien pensé ! Après, je suppute (et là je triche car en réalité, je ne suppute rien du tout puisque d’autres lectures me l’ont déjà clairement fait comprendre) que les hackeurs / vils pseudo-lanceurs d’alerte aux très mauvaises intentions ne vont pas s’arrêter à de banales photographies de beaux paysages grecs. Et s’ils ont tous pris chaud comme ça à voir cette « simple » photo divulguée sur le World Wide Web (enfin pour ceux qui ont été mis au parfum), je crains le pire pour la suite…
    D’ailleurs au sujet de cette mise au parfum, petite question pour éclairer la lectrice étourdie à la mémoire fatiguée que je suis : pourquoi Saga et Rachel ont-ils fait le choix de limiter le partage de cette information d’importance à la poignée de chevaliers d’Or que l’on a vu réunis dans l’entresol de Veresh ? Et pourquoi Aldelbaran et Milo ? Et pourquoi pas Mu et Shaka ? Je crois me souvenir que Igor est venu trouver le Taureau lors de la fête pour lui parler de son « petit problème », et peut être bien que Milo se trouvait avec lui à ce moment là ? Mais pourquoi Saga n’a-t-il pas souhaité en informer d’autres chevaliers, Mu et Shaka notamment ? Serait-ce pour contenir la propagation de l’onde de stress à un cercle restreint tant que c’est encore possible ? Ça pourrait faire sens (même si probablement un peu vain ?)

    Bon et évidemment, j’ai gloussé à la mention des figurines Star Wars. Ah Geek Attitude, quand tu nous tiens ! 🤣
    Merci aussi pour la note de bas de page concernant Google Earth. Ça m’a évité une recherche sur le net. Car je dois avouer que je ne pensais pas que cet outil existait déjà en 2006.

    Et maintenant, venons en à l’autre sujet intrigant de ce chapitre : mais boudiou, qui est donc ce magicien ?!! J’ai d’abord pensé à Kiki, avant de me raviser. Ça ne collait pas du tout. Alors j’ai commencé à réfléchir aux autres perso de Saint Seiya dotés de pouvoirs telekinesiques. Mais mes réflexions se sont heurtées à ma curiosité qui m’a incitée à lire les précédents commentaires. Et là je dois saluer la très grande perspicacité de certains de tes lecteurs. Chapeau !

    Et sur ce, il ne me reste plus qu’à enchaîner avec le chapitre suivant. De l’avantage d’être à la bourre dans ses lectures ! 🤣

    Encore merci pour cette excellente histoire !

    Des bisous !

    Phed’

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    • Coucou Phed !

      Ah ah, le coup de la fausse manip sur le clavier qui efface tout, mais ça m’est arrivé TELLEMENT (notamment sur AO3) que désormais, quand j’écris un commentaire, j’applique à intervalles réguliers le combo ctrl+A / ctrl+C, afin que le PC garde en mémoire le « copier » et en cas de doigts capricieux, récupérer l’ensemble avec un bon vieux « coller ». C’est même devenu un automatisme à force 😉

      Le coup des armures d’or manquantes qui par leur absence fragilisent les défenses cosmiques du Sanctuaire est une idée qui a germé je ne sais plus comment mais j’étais plutôt contente de l’avoir eue XD Encore un truc pas prévu au départ et je suppose que j’ai du partir à la recherche d’une bonne raison pour justifier que le Sanctuaire se soit transformé en gruyère XD

      Alors, pourquoi ce cercle restreint ? Par défaut XD En effet, Igor prévient Aldébaran d’abord dont forcément, ce dernier se retrouve au courant, et Milo… parce qu’il est là au mauvais endroit et au mauvais moment, tu as raison ! Il va voir Saga au moment où Aldé va le voir aussi, et en plus, il a vu Orwell. Donc ces deux-là sont obligés de savoir. Saga décide de ne pas en parler aux autres pour le moment car il a besoin d’avoir plus d’informations, c’est quelqu’un qui a besoin d’avoir le contrôle des choses pour prendre les meilleures décisions de son point de vue. Il est face à un problème dont il n’a pas tous les tenants et aboutissants et il ne souhaite pas créer de l’inquiétude ou de la panique tant qu’il ne sait pas exactement de quoi il retourne, ou qu’il n’a pas de solutions à proposer. Ceci étant, ce n’est pas une situation destinée à perdurer mais au moins ça laisse le temps à Saga de se retourner.

      J’essaye autant que possible de rajouter des touches de réalisme dans l’UDC!verse, et le cliché du geek avec ses figurines SW s’imposait absolument XD Quant à Google Earth… je pique régulièrement des suées avec l’écriture de cette histoire par rapport aux dates en rapport avec l’évolution d’Internet, puisque tout s’est accéléré en 2006 justement. Je m’oblige donc à vérifier chaque élément et j’ai croisé les doigts TRES fort concernant la date de création de Google Earth, c’est pas passé loin… ^^;;;;

      Aller récupérer du perso ultra secondaire, et qui plus est dans les fillers, c’est un jeu auquel j’aime bien le livrer d’abord parce que ça crée de la surprise chez le lecteur, et ensuite parce que ça m’offre plus de liberté. Tout le monde ou presque a oublié ces persos, ou s’en fout : ça tombe bien, moi j’en ai besoin XD Et je peux donc en faire ce que je veux vu qu’on ne sait rien d’eux 😉 Mais là, j’avoue que le challenge était gros, si j’avais été lectrice, je pense que je n’aurais pas trouvé non plus XD

      Un tout grand merci à toi pour ta lecture attentive et ton enthousiasme ! Je suis heureuse que cette histoire continue à t’intéresser, vraiment ❤

      Bises et à bientôt donc !

      Al'

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