Sanctuaire, Grèce, Mai 2006
Orwell ouvrit les yeux sur du blanc. Un blanc sale, à la limite du gris et qui l’enveloppait tel du coton mouillé. Sous lui, le sol tanguait. Se redressant péniblement sur un coude, il réalisa tout à la fois qu’il était allongé sur une banquette en bois, qu’il se trouvait sur un bateau et que le silence régnait en maître pour ne tolérer que le clapotis étouffé de l’eau contre la coque et le ronronnement étrangement lointain des moteurs. Il s’assit. Par-delà le rebord de l’embarcation qu’il distinguait à peine, régnait une brume uniforme et si épaisse qu’il n’y décelait pas le moindre repère auquel se raccrocher.
Ses poings se serrèrent, son corps frissonnant sous l’effet de l’humidité qui transperçait ses vêtements. Où était-il ? Conscient soudain du trou noir qui pour l’heure lui tenait lieu de mémoire à court terme, il tourna la tête avec précaution en direction de la proue : une silhouette indistincte se tenait debout sous l’auvent, aux commandes du bateau, lequel progressait à une vitesse raisonnable mais régulière pour autant qu’il pût en juger. Quant à sa destination… Appuyant avec force ses paumes contre ses yeux, il s’efforça de chasser sa léthargie persistante, sans grand succès. De toute évidence, il avait été drogué au moment où il quittait le siège de la NSA car il ne se rappelait plus de rien après cet instant. Lire la suite »