Sanctuaire, Grèce, Mai 2006
Orwell ouvrit les yeux sur du blanc. Un blanc sale, à la limite du gris et qui l’enveloppait tel du coton mouillé. Sous lui, le sol tanguait. Se redressant péniblement sur un coude, il réalisa tout à la fois qu’il était allongé sur une banquette en bois, qu’il se trouvait sur un bateau et que le silence régnait en maître pour ne tolérer que le clapotis étouffé de l’eau contre la coque et le ronronnement étrangement lointain des moteurs. Il s’assit. Par-delà le rebord de l’embarcation qu’il distinguait à peine, régnait une brume uniforme et si épaisse qu’il n’y décelait pas le moindre repère auquel se raccrocher.
Ses poings se serrèrent, son corps frissonnant sous l’effet de l’humidité qui transperçait ses vêtements. Où était-il ? Conscient soudain du trou noir qui pour l’heure lui tenait lieu de mémoire à court terme, il tourna la tête avec précaution en direction de la proue : une silhouette indistincte se tenait debout sous l’auvent, aux commandes du bateau, lequel progressait à une vitesse raisonnable mais régulière pour autant qu’il pût en juger. Quant à sa destination… Appuyant avec force ses paumes contre ses yeux, il s’efforça de chasser sa léthargie persistante, sans grand succès. De toute évidence, il avait été drogué au moment où il quittait le siège de la NSA car il ne se rappelait plus de rien après cet instant.
Un vertige le ramena aussitôt sur son banc lorsqu’il voulut se mettre debout. L’effet du somnifère ou de ce brouillard étrange ? Toutes ses perceptions se trouvaient altérées : les quelques sons qui lui parvenaient était assourdis, sa vue se heurtait à la brume, il ne sentait rien, pas même l’odeur de la mer – si tant était qu’il s’agît d’une mer ? – sur laquelle il était a priori censé voguer et le froid anesthésiait tout son corps, au point d’engourdir jusqu’à l’amertume de la salive qu’il venait de ravaler.
« Ça fait toujours ça, la première fois. »
Il sursauta. La voix lui parut provenir de sa gauche, aussi se tourna-t-il dans cette direction mais :
« Ne vous inquiétez pas : vous vous habituerez. »
Raté. Il l’entendait depuis la droite à présent.
« Où suis-je ? Et qui êtes-vous ?
— Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis vexée, répliqua la voix, amusée. Vous m’êtes pourtant rentré dedans dans le couloir et vous vous êtes immédiatement confondu en excuses malgré les deux agents de la sécurité qui vous serraient de près : j’en ai eu des scrupules.
— Des scrupules ?
— Droguer un jeune homme aussi poli, si ce n’est pas malheureux… »
Orwell venait certes d’obtenir la confirmation de ses soupçons mais ne se trouvait pas beaucoup plus avancé. Au contraire :
« Vous n’avez pas répondu à mes questions, répliqua-t-il sur un ton qu’il avait espéré ferme mais qui trahissait un peu trop ses inquiétudes à son goût.
— Donc, vous ne vous rappelez vraiment de rien. »
Tout à coup, la brume s’ouvrit sur la femme à qui appartenait la voix : grande, blonde, un sourire aux lèvres et dans ses yeux bleus, elle venait de se planter à moins d’un mètre de lui et il dut lever la tête pour la regarder :
« Je vous ai percuté pour vous injecter de quoi faire une longue sieste, vous êtes tombé, je vous ai imité, des hommes ont surgi et vous avez été enlevé. Non, corrigea-t-elle alors que son sourire s’élargissait, nous avons été enlevés, tous les deux. Vous étiez la cible, et moi une pauvre victime collatérale.
— Je ne… Je ne comprends rien.
— Ah, et aussi, avant que vous ne sombriez dans les bras de Morphée, je vous ai chuchoté que vous n’aviez rien à craindre. Ça aussi, vous l’avez oublié ? »
Le jeune Américain fronça les sourcils dans son effort de mémoire, en vain. Il n’avait pas vraiment le choix cependant que d’accorder sa confiance à la femme qui continuait à lui sourire. Il ne savait ni où il était, ni où il allait. Donc…
« Je ne me rappelle plus, avoua-t-il.
— Ça n’a pas d’importance. Dites-vous seulement que vous êtes désormais en sécurité, ce qui n’aurait pas été le cas si nous les avions laissé vous emmener. Mais vous vous en doutiez, n’est-ce pas ? »
Après un instant d’hésitation, Orwell hocha la tête, lentement, puis demanda :
« Où allons-nous ?
— Au Sanctuaire. »
* * *
La brume disparut subitement pour laisser place à un ciel et un soleil aussi lumineux l’un que l’autre alors que l’embarcation se trouvait encore à plusieurs dizaines de mètres d’un appontement en contrebas d’une falaise en creux. A son pied, la plage était réduite mais constituée de sable clair et de toute évidence à l’abri des éléments. La mer – puisqu’il s’agissait désormais de la mer Égée – était paisible et translucide au point qu’il n’avait aucune peine à en distinguer le fond tandis que le bateau amorçait ses premières manœuvres d’approche. A côté de lui, celle qui s’était présentée sous le nom de Dominique Nelson, consultait ses messages téléphoniques.
« Aucune communication ne passe pendant la traversée, précisa-t-elle, et je viens de recevoir la confirmation que j’espérais : ils ont perdu toute trace nous concernant.
— C’est… une bonne nouvelle ?
— Excellente ! »
Elle avait éclaté de rire et, interloqué, Orwell l’observa tandis qu’elle sautait avec souplesse à bas du bateau jusque sur le ponton afin d’aider à son amarrage.
« Eh bien, qu’est-ce que vous attendez ? Descendez ! »
Après un dernier regard en direction du pilote qui l’observait en silence il obtempéra, rejoignant d’un pas de plus en plus assuré Dominique qui se dirigeait vers l’amorce d’une sente étroite et pentue à flanc de falaise et qu’il n’avait pas aperçue depuis le rivage.
Sans un mot, il la suivit, économisant son souffle. Souffle qu’il expulsa d’un seul tenant et dont il eut le sentiment qu’il tombait aussi lourd qu’une pierre sur le bout de ses chaussures quand, parvenu au sommet de la falaise, il se retrouva au pied du Domaine Sacré du Sanctuaire.
« Nom de Dieu… Jura-t-il envers et contre tous les principes inculqués par son pasteur de père et sa croyante de mère. Qu’est-ce que c’est que… !
— Oui, ça aussi, ça surprend, commenta Dominique sans plus rien masquer de son hilarité. Allez, suivez-moi. »
Orwell, fils d’un homme qui avait toujours eu la bougeotte et que sa famille – nombreuse : il avait cinq frères et sœurs – avait suivi au gré de ses affectations sur le territoire américain, avait gardé de son enfance le goût des voyages et de la découverte. Aussi avait-il souvent profité de ses permissions et de son statut de jeune célibataire pour voyager, et notamment découvrir l’Europe. La Grèce avait fait partie de ses premières destinations, bien avant qu’il fût affecté au service du général Corman et découvrît l’existence du Sanctuaire. Il en avait parcouru les îles et le continent, goûté aux plaisirs balnéaires, savouré la cuisine méditerranéenne et découvert l’histoire, une histoire tellement ancienne qu’elle ne pouvait qu’enchanter le natif d’un pays trop neuf à ses yeux. Il avait ainsi visité la plupart des sites archéologiques du pays et, avide de connaissances, s’était intéressé à l’époque classique : sa société, sa culture, ses croyances et son architecture. A dire vrai, la période le faisait rêver. Tout alors semblait si majestueux ! Qu’une civilisation aussi en avance sur son temps eût pu ainsi disparaître lui apparaissait impensable. Et pourtant. Riche de son nouveau savoir, il avait alors poursuivi son exploration, avec désormais chevillée au cœur la nostalgie douce-amère d’une ère dans laquelle, il en était certain, il aurait aimé vivre.
Lorsqu’il avait entendu parler du Sanctuaire, qu’il en avait rencontré les membres, cette passion de jeunesse s’était rappelée à son bon souvenir. Rien que le terme : Sanctuaire ! La frustration avait toutefois très vite occupé l’espace laissé vacant par l’aspect lacunaire des informations que sa hiérarchie avait bien voulu lui transmettre au sujet de ces gens. Oui, ils venaient de Grèce. Mais d’un endroit que ne figurait sur aucune carte. Que personne ne connaissait. Plus personne, depuis la mort du vieux Kenton. Quant aux spéculations qui ne manquaient sans aucun doute pas de pallier cette absence d’informations, Orwell n’avait pas eu l’occasion de s’y confronter compte tenu des circonstances. Et si l’envie de poser des questions l’avait taraudé, il avait su se montrer assez prudent alors pour ne pas en faire état.
En fin de compte, le peu qu’il avait réussi à glaner lui avait été concédé par le Général Corman qui connaissait bien son assistant. Il y avait certaines curiosités qui ne pouvaient être bridées trop longtemps ; Corman avait de fait entretenu Orwell à plusieurs reprises du Sanctuaire et de ce que lui en savait. C’est à dire pas grand-chose mais assez pour maintenir son intérêt en éveil : un lieu en dehors de l’espace et du temps, avait alors précisé le Général, sur lequel le monde n’avait pas la moindre prise. Un lieu qui, disait-on, existait depuis des millénaires et qui n’avait pas varié depuis ses origines. Un lieu, enfin, où vivaient des centaines d’êtres comme ces chevaliers d’or qui les avaient tous sauvés de la destruction.
Ce lieu, donc.
Sous ses pieds se déroulait une voie aux larges dalles polies par les siècles. Elle donnait, du côté gauche, sur une vaste esplanade bordée par un temple imposant tout ce qu’il y avait de plus grec avec ses colonnes et son péristyle mais dont le toit en forme de dôme évoquait plus sûrement une origine orientale. Derrière la bâtisse s’élevait un escalier. Levant les yeux, Orwell avisa le relief épousé par un nombre respectable de marches qui desservaient d’autres temples de tailles et de formes différentes mais qui lui semblaient inexplicablement apparentés à ce premier édifice dont il pouvait à présent détailler les particularités. De par sa nature apparente, il était ancien ; son état lui conférait cependant un parfum de neuf. La plupart des doriennes étaient lisses et dépourvues des aspérités du temps. Idem pour les quelques marches qui menaient à son porche. Enfin, le symbole à son frontispice aurait pu être gravé la veille. Son subconscient en ramena la signification à la surface de ses pensées : le Bélier zodiacal. Donc…
« Les douze maisons. »
Dominique tendit le bras devant elle, englobant le Domaine Sacré :
« Les demeures de ceux que vous avez rencontrés avant qu’ils n’affrontent les Portes. Et tout en haut, le palais où loge le Grand Pope. La montagne qui le surplombe s’appelle le Mont Étoilé. Derrière nous – elle se retourna et Orwell l’imita dans un réflexe – l’autre partie du Sanctuaire, avec les quartiers des autres chevaliers et du personnel, les baraquements des apprentis, les utilités diverses et l’arène principale. »
De là où il se trouvait, Orwell contemplait ce qu’il fallait bien appeler un village qui s’étalait et s’étageait le long d’une vallée en pente douce qui descendait vers la mer. Et un peu à l’écart de celui-ci, de vastes arènes.
« Il en existe d’autres, indiqua Dominique qui avait suivi son regard, plus petites et réservées au chevaliers d’or. Mais d’ici, vous ne pouvez pas les voir, elles sont de l’autre côté du Domaine. Vous aurez toutefois l’occasion de les visiter. »
Devant le regard interrogateur d’Orwell, l’Américaine sourit :
« Pour une durée indéterminée, vous pouvez considérer cet endroit comme votre nouveau chez-vous. J’espère que cela ne vous ennuie pas trop ? Nous n’avons malheureusement pas d’autre option à vous proposer afin d’assurer votre sécurité comme il convient. »
Orwell ravala le « mais« qui lui chatouillait le bout de la langue tandis qu’il pivotait de nouveau en direction des temples et que les paroles de la jeune femme s’évaporaient. Soudain, le monde extérieur avait disparu. C’était comme s’il n’avait, en réalité, jamais existé alors qu’il se retrouvait propulsé dans un intervalle de lieu et d’époque qu’il avait rêvé, fantasmé même, mais qui ne devrait pas être là. Une envie irrépressible de rire grimpa à l’assaut de tout son corps et il ne dut qu’à sa discipline toute militaire de ne pas la laisser le submerger, à l’exception d’un sourire très large qu’il devinait aussi très bête :
« Ici ?
— Oui, ici. Enfin, plus probablement au village : je doute qu’un étranger puisse être invité à demeurer au sein du Domaine Sacré. Mais vous aurez les autorisations nécessaires pour vous y rendre aussi souvent que vous le souhaitez. Et d’ailleurs – elle consulta sa montre – nous sommes attendus au Palais, il serait bon de nous mettre en route. »
Devant l’air effaré du jeune militaire qui n’avait pu s’empêcher d’ouvrir grand les yeux en avisant l’escalier qu’il jugeait à par lui tout à fait interminable, Dominique pouffa :
« Vous avez peur de quelques marches ?
— Quelques ? Non mais je… Enfin… On en a pour des heures !
— Douze, très exactement. »
Cette fois tout à fait catastrophé, Orwell vacilla sur ses appuis et le rire de l’Américaine éclata littéralement dans le silence paisible de la fin de matinée :
« Je plaisantais ! Allez, par ici, nous allons emprunter les souterrains. Ce sont des raccourcis, rajouta-t-elle avec malice. Nous ne mettrons que trois heures. »
Orwell s’ingénia à demeurer stoïque et écopa d’un hochement de tête approbateur. Il ne s’était pas fait avoir cette fois !
« Sauf que vous êtes déjà en retard. »
Les deux Américains, déjà sur le seuil du tunnel rocheux qui s’enfonçait dans la montagne et dont Dominique venait d’ouvrir la grille, firent volte-face en entendant une voix infiniment grave s’adresser à eux en anglais. Et les cheveux d’Orwell, d’une longueur pourtant toute militaire, de se dresser dans un bel ensemble sur sa nuque.
La température avait chuté de plusieurs degrés malgré l’éclat du soleil de midi. Par ailleurs, bien qu’il n’y eût pas la moindre brise, un souffle glacial les environnait en droite provenance de ce qu’il fallait bien appeler une déchirure dans l’espace. Devant eux, l’air avait pris une consistance liquide de part et d’autre d’une ouverture surgie de nulle part et centrée sur ce qui ressemblait furieusement au Néant, ou tout du moins à l’image que se faisait Orwell de ce concept a priori inconcevable. La voix en provenait :
« Et nous avons perdu assez de temps comme ça. Alors… Je vous en prie ? »
Une main, puis un bras, émergèrent de l’ouverture. Les doigts désignèrent Dominique et Orwell avant de se lever en un geste d’invite. A côté du caporal, la femme s’était raidie mais la résignation sur ses traits l’emporta sur ses réticences. Elle soupira :
« Dans ce cas… »
D’un geste décidé, elle saisit la main tendue et s’avança en direction du néant, la moitié de son corps disparaissant déjà :
« Si j’étais vous, je suivrai sans poser de question. Sinon, vous pourriez vous perdre à tout jamais. »
* * *
Orwell était au-delà de toute sensation de froid. Glacé jusqu’au cœur des os, il tomba à genoux, sans avoir toutefois la chance d’atterrir sur l’épais tapis dont il eut tout juste le temps d’apercevoir le bord à quelques dizaines de centimètres avant de basculer vers l’avant. Il ne s’étala pas toutefois de tout son long et perçut, à la limite de l’inconscience qui menaçait de le recouvrir, le secours d’un bras charitable qui le redressa et l’obligea à s’asseoir dans un fauteuil. Un tiraillement sur son esprit acheva de le ramener tout à fait dans la réalité. Et face au Grand Pope du Sanctuaire par la même occasion.
« Vous vous sentez mieux ? »
Non. Pas vraiment. Ceci étant, Orwell, les yeux encore à la dérive derrière ses paupières mi-closes, s’exhorta à répondre de sa voix la moins misérable possible :
« Oui. Oui, merci.
— Bien. »
Il entendit plus qu’il ne vit Saga Antinaïkos s’installer dans un siège qui grinça légèrement sous son poids et devina Dominique qui s’asseyait sur une chaise à côté de lui. La pièce cessa finalement de tourner et il reçut la confirmation de l’endroit où il avait atterri : au palais. Par delà la vitre, il entrevoyait le Sanctuaire et le Domaine Sacré avec, tout en bas et réduit à une tête d’épingle, l’esplanade où il était arrivé tantôt.
« Désolé de vous avoir bousculé de la sorte, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur, ni que vous garderez un mauvais souvenir de cette expérience. »
Désolé, le Pope ne l’était absolument pas, comme le devina Orwell devant son sourire et son regard froids. De l’homme en face de lui, n’émanait toutefois nulle malveillance. Plutôt une exigence qu’il reconnaissait pour l’avoir déjà rencontrée chez nombre de ses supérieurs. Étrangement, cette familiarité le réconforta et il se détendit. Un peu.
« Qu’est-ce que… Qu’est-ce que c’était ? »
Le geste vague d’Orwell désigna l’endroit où il avait menacé de s’écrouler tantôt, et qu’il considérait comme celui où il avait réintégré tant bien que mal la réalité. Il n’espérait pas vraiment de réponse ceci dit car il ne voyait pas comment un tel phénomène pourrait trouver une explication log…
« Une déclinaison de ma capacité à me déplacer entre les dimensions. Très pratique au quotidien, bien qu’aucun d’entre nous ne soit censé faire usage de ses, disons, talents pour son intérêt personnel. En l’occurrence toutefois, de telles considérations ne s’appliquent pas. Dominique ?
— Oui ?
— Merci pour ta rapidité. Vous n’avez pas été suivis ?
— Il semblerait que non. Merci à toi pour les hommes que tu m’as envoyés : très efficaces.
— Trop, sûrement. Il ne faudra pas longtemps à Grisham pour deviner qui a récupéré ce garçon.
— Et après ? – Dominique haussa les épaules – que peut-il faire ? Venir le chercher, peut-être ? »
Ils éclatèrent de rire tandis que le garçon en question s’efforçait d’abord de digérer la réponse du Pope et ensuite de suivre l’échange avec un succès tout mitigé, tant il peinait à réaliser qu’il était le sujet principal de la conversation. Et pourtant :
« Caporal – il s’agit bien de votre grade, n’est-ce pas ? – je vous souhaite la bienvenue au Sanctuaire. Nous avons bien cru ne pas réussir à vous récupérer.
— Pourquoi ?
— De toute évidence, le général Grisham n’est pas prêteur.
— Non, je veux dire : pourquoi m’avoir fait amener ici ? Au Sanctuaire ? »
Le sourire de Saga s’effaça pour laisser place à un air méditatif comme il prenait le temps d’observer Orwell. Celui-ci, passablement gêné, prit soudain conscience de ses joues qui n’avait pas vu de rasoir depuis un moment et de sa mise négligée : durant son bref séjour sur son sol natal, il avait eu accès au minimum syndical en terme d’hygiène ce dont il estimait pouvoir se féliciter au regard de ses conditions de vie au cours des derniers mois, néanmoins à présent qu’il faisait face à cet homme intimidant, il avait le sentiment de ne pas être à la hauteur de l’attention dont ce dernier le gratifiait.
« Compte tenu des interrogatoires dont vous avez été l’objet ces derniers temps, j’imagine que vous en avez une petite idée, répondit le Pope en se renfonçant dans son siège. Toutefois, au-delà du fait que, moi aussi, je compte sur vous pour me fournir les informations dont j’ai besoin, je n’ai rien oublié, ni de ce que vous avez fait pour nous il y a bientôt deux ans, ni des conséquences qui en ont découlé pour votre vie et votre carrière. Aussi, au regard de votre situation actuelle, j’ai considéré qu’il était de mon devoir de vous sortir d’une situation qui n’était, a priori, pas destinée à tourner à votre avantage.
— Ma situation actuelle ? »
Dans son fauteuil, Saga laissa échapper un petit soupir avant finalement de se lever pour aller se poster devant la fenêtre.
« Le général Corman s’inquiétait à votre sujet. »
Les mains croisées dans le dos, le Grand Pope du Sanctuaire poursuivit sans regarder Orwell assis derrière lui et suspendu à ses lèvres :
« Il m’en avait fait part dans l’un de ses premiers courriers. Il m’informait que vous aviez été envoyé en Afghanistan et disait – je cite de mémoire, alors peut-être la phrase n’est-elle pas tout à fait exacte… »
La tête de Saga Antinaïkos pivota vers la droite et au travers des mèches bleu sombre de sa longue chevelure, Orwell aperçut l’éclat vif de son regard étréci :
« … « il aurait voulu se débarrasser de lui qu’il n’aurait pas pris de décision plus adaptée ».
— Il ?
— Le général Grisham. C’est sur son ordre que vous avez été affecté au front alors que votre formation et vos compétences auraient dû vous valoir une place dans le génie.
— Je sais me battre, comme chacun de mes camarades ! Protesta Orwell, subitement dressé sur son siège et le poing serré. Je n’aurais pas été affecté dans mon bataillon si mes supérieurs m’avaient jugé inadapté pour ce poste : cela serait revenu à mettre la vie des autres soldats en danger !
— Je n’ai aucun doute en la matière. »
Saga avait achevé de se retourner et levé une main en signe d’apaisement. Sous le regard encore indigné du jeune Américain, il passa derrière son bureau pour se rasseoir dans son fauteuil :
« Vous avez d’ailleurs survécu beaucoup trop longtemps. »
C’était donc vrai. Les dents serrées, Orwell riva son regard sur les motifs du tapis, entre ses pieds. Le général Grisham ne l’avait pas fait rapatrier du front uniquement pour l’interroger au sujet du décès de son ancien supérieur. Les doutes l’avaient assailli bien sûr : les conditions de son retour avec sa mise au secret dès le pied posé sur le sol américain, la façon dont il avait été sorti du Pentagone pour être emmené à la NSA, les quelques mots qu’il avait surpris de l’échange entre le directeur Guerrero et Stanley Wiggins, les paroles sibyllines de ce dernier, sans oublier le mépris affiché du général Grisham à son égard lors de son passage en cour martiale. Il ne s’était pas autorisé cependant à croire en l’évidence et même encore à présent…
« L’enquête en cours n’a rien à voir avec le Général Grisham. Il est normal que des précautions soient prises.
— Vous êtes un bon soldat, Caporal. »
Celui-ci ne sut pas comment interpréter ce commentaire, prononcé d’une voix grave sans qu’il pût y déceler de trace d’ironie mais qui le mit mal à l’aise :
« Je ne suis pas sûr de pouvoir vous aider, finit par répondre Orwell prudemment. Je ne sais pas qui aurait pu en vouloir au général Corman au point de l’assassiner.
— La question n’est pas tant que vous puissiez m’aider, mais plutôt que vous le vouliez. »
L’inspiration du jeune Américain se bloqua quelque part dans sa poitrine comme une sensation d’oppression lui écrasait les côtes. Les yeux agrandis, il dévisagea Saga Antinaïkos qui dardait sur lui un regard dont il avait le sentiment qu’il le perçait de toutes parts, pour atteindre le fond de son cœur et ses pensées. Un frisson involontaire dévala son échine et il ne put s’empêcher de rechercher – quoi, du soutien ? – du côté de Dominique Nelson qui se levait déjà :
« Si tu n’as plus besoin de moi, Saga, je vais me retirer.
— Où vas-tu aller ? Tu sais que tu peux rester ici le temps que les choses se tassent.
— Hum – elle eut de nouveau un sourire, sarcastique cette fois-ci – je te rappelle que je suis censée avoir été kidnappée, moi aussi. Je dois donc disparaître assez longtemps pour que ce soit crédible mais pas trop pour que mon statut de malheureuse victime collatérale soit plausible.
— Raison de plus.
— Je te sais gré de ta proposition mais avec tout le respect que je dois, si je reste ici, je vais mourir d’étouffement. Je préfère autant choisir moi-même mon lieu de réclusion forcé.
— Comme tu voudras. Tu veux que je prévienne tes sœurs ? »
Le silence qui se fit alors mit Orwell mal à l’aise. Sans pouvoir se l’expliquer, il devinait confusément que sa présence ici induisait des conséquences malheureuses. Bien malgré lui, la culpabilité l’envahit.
« … Non. Moins elles en sauront, mieux elles se porteront. Rachel est là ? – Saga opina – D’accord. Je vais voir avec elle pour la suite. De toute façon – elle se retourna une dernière fois avec un clin d’œil à l’attention du Pope – quelque chose me dit qu’on va vite se revoir. » Et sans attendre de réponse, elle disparut, laissant la porte ouverte derrière elle.
« Caporal Orwell…
— Thomas.
— Pardon ?
— Je m’appelle Thomas Jefferson Orwell. Je ne suis pas… Je ne suis pas qu’un militaire de l’armée des États Unis d’Amérique, vous savez.
— C’est vrai, admit Saga en inclinant légèrement la tête avant de tirer une cigarette du paquet posé près de l’ordinateur et de l’allumer. Vous fumez ? Non ? Bon, Thomas, écoutez-moi – les coudes sur le rebord du bureau, il se pencha vers Orwell, la cigarette coincée avec soin entre son index et son majeur droits, pour river son regard au sien – à ce jour, personne ne sait ce que le général Corman a pu consigner dans son journal. Ni l’armée américaine, ni le Sanctuaire. Ce document peut tout aussi bien ne rien contenir qui puisse prêter préjudice à qui ou à quoi que ce soit. Néanmoins, son auteur a été assassiné au moment même ou le journal en question était volé dans son coffre-fort personnel à plusieurs centaines de kilomètres de distance. Pourquoi assassine-t-on l’auteur d’un document conservé à l’abri des regards depuis des années, selon vous ?
— Pour qu’il ne puisse pas en divulguer le contenu. »
Orwell n’avait pas hésité une seule seconde avant de formuler sa réponse, sous le coup d’œil approbateur du Pope du Sanctuaire. Cette question, il se l’était posé presque tout de suite lorsqu’il avait su pour le vol et ses premières certitudes s’étaient vu confirmer par la teneur de l’interrogatoire mené par Stanley Wiggins. Ce dernier aussi était parvenu à la même conclusion. Les raisons pour lesquelles le Général Corman avait été exécuté – à cette idée, un léger frisson parcourut l’échine du jeune Américain – résidaient dans son journal.
« En effet, répliqua Saga d’une voix plus grave encore qu’à l’accoutumée. Par conséquent l’hypothèse selon laquelle ce document ne contiendrait que des informations inoffensives ne tient pas et je n’ai pas d’autre choix que de considérer les répercussions que pourrait engendrer la divulgation de ce journal. Des répercussions dont ni vous, ni moi ne pouvons mesurer l’ampleur. Je dois m’y préparer. Pour protéger le Sanctuaire. Pour protéger ceux et celles qui en dépendent et qui lui ont voué leur existence. Moi, et les miens, courrons dorénavant le risque d’être exposés au monde. J’ai besoin de savoir à quel point. Donc la question est : allez-vous m’aider ? »
Un imposant cendrier en cristal à moitié rempli trônait sur le bureau et dans le silence, Orwell se surprit à suivre les gestes du Grand Pope qui, tirant une dernière fois sur sa cigarette, tendit la main pour en écraser consciencieusement le mégot parmi ses semblables. Une dernière volute de fumée s’éleva pour disparaître presque aussitôt. La pomme d’Adam d’Orwell monta et descendit lentement sous la peau mal rasée de sa gorge. Il était resté consigné dans un secteur ultra-sécurisé du Pentagone, puis avait subi un traitement similaire dans les locaux de la NSA, avant de finalement se retrouver au Sanctuaire qui, de ce qu’il en comprenait, se résumait à une île perdue et très probablement introuvable au milieu de la mer Égée. Dans les deux premiers cas, on ne lui avait pas demandé son avis. Le troisième ne ferait pas exception, comprenait-il alors qu’il prenait conscience qu’il se trouvait désormais au milieu de nulle part, sans moyen de communication ou de transport, et soumis au bon vouloir d’un homme qui avait survécu à une explosion quelques milliers de fois plus puissante que Hiroshima, que lui et ses semblables avaient eux-mêmes provoquée. Et qui, accessoirement, voyageait entre les dimensions.
Des trois situations, laquelle était la pire ? Orwell ravala une nouvelle fois sa salive, conscient de sa soudaine pâleur et de la sueur qui perlait à son front. Un contrecoup probable de la drogue qui se dissipait dans ses veines mais pas seulement : j’ai peur, admit-il, vaguement désespéré devant l’absence d’alternative sur son horizon personnel et au souvenir de son euphorie première lorsqu’il avait tantôt découvert le Sanctuaire, il eut envie de pleurer.
Ce fut la voix profonde. de Saga Antinaïkos qui l’extirpa de sa paralysie galopante et il redressa brusquement la tête :
« Je n’ai pas l’intention de vous garder ici contre votre gré, Thomas. Toutefois, si vous preniez la décision de partir, je ne saurai garantir votre sécurité une fois hors du Sanctuaire. »
Évidemment. Le cœur d’Orwell battait la chamade, achevant de le désorienter mais depuis les tréfonds de la panique qui gagnait doucement mais sûrement ses pensées, il décela ce qu’il décida de considérer comme un semblant de compassion quand Saga reprit :
« Ces derniers jours ont été éprouvants. Des quartiers vous ont été réservés au village que vous avez aperçu à votre arrivée. Vous y trouverez tout ce dont vous avez besoin et pourrez y demeurer aussi longtemps que vous le souhaiterez. Profitez-en pour réfléchir à tête reposée. »
Le Pope quitta de nouveau son fauteuil, une main ferme tendue dans sa direction par-dessus le bureau. Tant bien que mal, Orwell se rassembla pour l’imiter mais sa main tremblait lorsqu’il serra celle que l’immense Grec lui offrait :
« Lorsque vous serez prêt, faites-le moi savoir – le sourire de Saga était franc mais aussi et surtout empreint d’assurance – je suis certain que nous ferons du bon travail, ensemble. »
Il ne s’en sort pas si mal Orwell. A choisir entre toutes les « options » qui s’offraient à lui, une petite villégiature au Sanctuaire, ce n’est pas si mal.
Bon chapitre, comme d’habitude, qui prépare bien le terrain pour la suite. Curieux de voir comment Orwell va s’intégrer dans le huis-clos de l’île.
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Clair qu’il a eu de la chance ! Pour le moment, il n’en prend pas encore complètement la mesure – il y a de quoi être chamboulé et avoir les idées en vrac – vu qu’il sait ce qu’il perd mais ne sait pas encore ce qu’il gagne, il va lui falloir un peu de temps pour digérer.
Va déjà falloir que Saga trouve une explication qui tienne la route à servir à ses éminents collègues pour justifier la présence d’Orwell sur l’île sans pour autant générer de l’inquiétude. Pour rappel, personne n’est au courant pour le vol du journal, à l’exception du triumvirat à savoir lui, Rachel et Kanon. Et le Pope s’en contente fort bien XD
Merci pour la lecture et ton avis, passe de bonnes fêtes !
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Hello Al’ !
Et avant toute chose : belle et heureuse année à toi ! (mais je ne m’étends pas davantage à ce sujet, car j’aurais très probablement l’occasion de te renouveler mes voeux par ailleurs 😊).
Ensuite, pardon pour mon délai de review pour ce chapitre, que j’ai pourtant lu quasiment le jour de sa sortie, et que, comme d’habitude j’ai beaucoup aimé.
J’ai été assez surprise de voir Orwell ainsi débarqué au Sanctuaire (au sens figuré comme au sens propre du coup 😅). Je ne m’y attendais pas forcément, et je trouve que c’est une très bonne idée que tu as eue. Car j’imagine que ça va insuffler une tournure assez intéressante à ton intrigue (en plus d’ajouter un invité surprise à un certain mariage dont le point de vue extérieur vaudra très certainement le détour à lire 😉), et j’ai donc hâte de voir ce que le séjour d’un caporal de l’armée de l’oncle SAM en terres sacrées va donner.
Ensuite, cette arrivée nous a aussi permis de lire une description du Domaine Sacré sous un angle extérieur et un regard de profane que j’ai trouvée très intéressante. Et puis je dois avouer que je me suis totalement projetée à la place d’Orwell, et son émerveillement a pour ainsi dire été le mien, ce qui était une expérience de lecture assez chouette ! Bon sachant que tu ne l’as tout de même pas ménagé ce nouveau pensionnaire… Car un saut interdimensionnel comme ça, à peine réveillé d’un kidnapping, d’un trajet en bateau éprouvant et d’une arrivée dans un monde mythologique parallèle… Heureusement qu’il est entraîné, parce que le commun des mortels aurait probablement eu une attaque 😅.
Merci pour ce chapitre qui introduit une suite que je crève d’envie de découvrir, ce que je vais d’ailleurs aller faire de ce pas avec la lecture du chapitre quatorze !
Encore meilleurs voeux et à tout bientôt !
Phed’
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(fausse manip de clavier, je me déteste parfois… T_T)
Coucou Phed’ !
Tout d’abord, un grand merci à toi d’avoir pris le temps non seulement de lire ce chapitre mais aussi de le commenter. C’est à chaque fois une grande source de motivation et de joie pour moi, alors merci ♥
Orwell, en bon personnage secondaire qu’il est, constitue l’un de mes nombreux outils, nécessaires au bon déroulement de cette histoire. Ceci étant, je l’aime bien, ce jeune homme, et je suis contente d’avoir pu le faire revenir sur le devant de la scène. En l’état actuel des choses, et comme souvent, je sais pourquoi il est là, je sais comment les choses vont se finir pour lui mais entre les deux, c’est encore un peu flou… 😀 Quoi qu’il en soit, le mariage sera resserré uniquement sur les personnages principaux, qui sont déjà bien assez nombreux ^^; Mais nous aurons l’occasion de revoir notre Caporal plus tard 🙂
Ouiiii, moi aussi j’adore les points de vue extérieurs sur le Sanctuaire et quand j’ai l’occasion d’en placer un, je saute dessus XD Contente de voir que sur toi aussi, le Sanctuaire produit son petit effet 🙂 Pour ma part, je sais que j’adorerais être à sa place, pour me retrouver immergée dans une sorte d’antiquité vivante (… bon, d’accord, en vrai, derrière les colonnes et les murs en marbre, ils ont tout le confort XD). Sinon, j’avoue que son arrivée a été sportive, le pauvre !
J’espère que la suite te plaira, encore une fois un grand merci pour ta fidélité et ton enthousiasme ! A bientôt !
Al’
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Coucou!
J’ai beaucoup aimé ce chapitre! Je trouve toujours très intéressant de voir le Sanctuaire et ses habitants à travers les yeux de personnes « normales », c’est d’ailleurs un aspect que j’avais déjà apprécié dans UDC. Là je suis servie!
Et franchement, félicitations à Orwell parce qu’il gère plutôt bien le truc. Se faire kidnapper, débarquer en pleine Antiquité grecque, et se retrouver face à Saga dans toute sa splendeur après un petit tour entre les dimensions, il y avait de quoi en perdre ses moyens mais il est resté droit dans ses bottes. Je me demande quel tour va prendre leur collaboration et si la présence d’Orwell sur l’île va avoir un impact sur ses habitants, j’espère en tout cas qu’on aura l’occasion de partager son regard sur les coutumes locales, ça serait assez fascinant!
Et en passant, j’ai adoré le petit clin d’oeil aux escaliers qui se montent en 12 heures. Heureusement que le monde entier connaît le raccourci par les souterrains, sauf 5 chevaliers de bronze, hein…;-)
Sur ce, je vais aller lire le chapitre suivant, non sans te souhaiter au passage une très belle année 2023 pleine de joies et d’inspiration!
Bises,
Lily
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Hello Lily !
Avant toute chose, à mon tour je te souhaite une belle, heureuse et joyeuse année 2023 ! Puisse-t-elle être aussi bonne que tu l’espères 🙂
Un grand merci pour ton temps consacré à cette histoire, cela me touche à chaque fois de savoir que ce récit trouvent un ou une destinataire qui prend du plaisir à le lire et à me le faire savoir 🙂
Je ne te cache pas que j’ai un petit sentiment de redite avec la découverte du Sanctuaire par Orwell, car j’avais déjà usé du même procédé avec Jane dans UDC. Ceci étant, ici, cette incursion dans le monde antique s’il y a 2500 ans (moyennant quelques concessions à la modernité, fort heureusement XD) a permis au passage de caractériser le caporal, que j’aime beaucoup au demeurant et dont j’espère que ce petit aperçu de sa vie et son caractère aura su te trouver. En effet, comme tu dis, il reste droit dans ses bottes et malgré les « capacités » de persuasion de Saga, il réussit à réserver encore un peu son choix. A voir donc s’il va décider d’aider le Sanctuaire et si oui, de quelle manière…
Le coup des escaliers, c’était trop tentant ! XD Dans l’UDC!verse, qui se veut un peu plus réaliste que le canon, les escaliers se montent – en temps normal – en bien moins que 12 heures, fort heureusement. Douze heures, c’est uniquement quand les barrières de protection cosmique sont apposées sur le Domaine Sacré. Mais même en temps normal, ça reste long (parce qu’il y en a, des marches !) et les souterrains, c’est le bien.
Pour ma part, je considère qu’ils n’étaient que 4 bronzes à s’être fait avoir… Parce qu’Ikki débarque comme une fleur dans le sixième temple ! Que Mü et Aldé le laissent passer en considérant qu’il arrive en retard, soit mais qui du temple des Gémeaux ? Saga est toujours à pied d’oeuvre et il aurait du l’empêcher de passer. Donc Ikki a trouvé les souterrains. CQFD XD
J’espère que le chapitre suivant t’aura plu, encore une fois un tout grand merci à toi d’accepter de me suivre dans cette histoire et à bientôt !
Bises !
Al’
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