New-York, États-Unis d’Amérique, début mai 2006
Cet homme était un cornichon. Un gentil, poli et terriblement sexy cornichon, mais un cornichon tout de même : en guise d’au-revoir, il venait de la gratifier d’une bise. Sur la joue.
Toujours plantée sur le seuil de sa porte d’entrée pour le suivre des yeux jusqu’au bout de la rue, Myriam ne put réprimer un éclat de rire qui fit sursauter son chat alors qu’il se frottait avec insistance contre ses jambes : vexé il s’éloigna vers l’intérieur de la maison non sans un arrêt stratégique devant la cuisine. Peine perdue : sa maîtresse ne lui accordait toujours pas l’attention qu’il lui quémandait et sa gamelle allait rester vide encore une petit bout de temps.
La soirée avait été agréable de bout en bout même si elle s’était avérée compliquée à initier. A ce souvenir encore frais, un nouveau sourire éclaira le visage de Myriam qui finit par refermer sa porte, la haute silhouette d’Aioros ayant disparu sous le dernier candélabre. Sa maladresse et la soudaine timidité qu’elle lui avait découvert lorsqu’il l’avait invitée à sortir – « sortir » : elle pouffa de nouveau dans le silence – l’avaient touchée bien plus que ce à quoi elle s’était attendue, elle qui espérait depuis plusieurs semaines qu’il sautât le pas, au point qu’elle avait hésité avant d’accepter. Oh, à peine quelques secondes mais l’espace d’un instant, elle s’était demandée si ce grand gaillard sur lequel elle ne cessait de fantasmer ne serait pas un peu trop empoté par rapport à l’idée qu’elle s’en était forgé et si elle ne risquait pas une profonde déception.
Déçue, elle ne l’avait pas été… Exception faite du bisou sur la joue. Sans rire. A moins qu’il s’agît là d’une façon subtile de lui indiquer que lui n’était pas finalement pas intéressé ? Que la soirée n’avait pas été à la hauteur de ses attentes ? Que c’était elle qui l’avait déçu ?
A cette idée qui la figea sur place, douchant froidement son enthousiasme, son sourire se délita sur ses lèvres qui adoptèrent le pli amer qu’elle s’efforçait d’effacer depuis des années. Après tout, pourquoi ne serait-ce pas le cas ? Ce ne serait pas la première fois qu’un homme lui tournerait le dos sans avoir pris le temps de la connaître. Quelle erreur avait-elle bien pu commettre encore ? S’était-elle emportée sur l’un des nombreux sujets sociétaux qui lui tenaient à cœur ? Non. Elle avait évité avec soin, justement, de s’aventurer sur ce terrain qui lui était si familier. L’avait-elle bassiné avec les errances médicales auxquelles son jeune frère était en butte depuis son enfance ? Non plus. Elle s’était contenté d’évoquer son existence comme on décrit sa famille à quelqu’un qu’on vient de rencontrer : il n’était pas question d’entrer dans les détails, plutôt d’une simple chronique généalogique, plutôt réduite en ce qui la concernait. Lui avait-elle parlé de la passion de son métier ? Oui, ça par contre, c’était très possible. Et alors ? Eh bien… A présent qu’elle y repensait, il avait fait preuve d’un intérêt réel pour ses explications quant à ce don qu’elle avait pour s’occuper des grands brûlés en sus de son statut de kinésithérapeute. Et pas seulement parce qu’Aiolia était concerné. Il avait posé beaucoup de questions. Ecouté ses réponses avec attention. A vrai dire, c’était peut-être bien la première fois qu’elle avait affaire à un interlocuteur aussi soucieux de sa profession et qu’elle pouvait en parler aussi librement !
Vaguement rassérénée par ce constat, elle repensa au moment de leur séparation et de nouveau le doute l’assaillit : et s’il la trouvait trop petite ? Quitte à se trimballer avec un drame collé aux basques, autant le choisir et elle avait décrété depuis longtemps qu’il lui manquait dix bons centimètres pour être qualifiée d’être humain – et non de hobbit, un surnom qu’elle avait traîné tout au long de sa scolarité. En l’occurrence, Aioros la dépassait de deux têtes, presque trois. Ca faisait beaucoup. Mais il était lui-même vraiment très grand. Deux mètres ? Pas loin en tout cas, elle n’avait pas osé lui demander.
Elle baissa piteusement la tête. Pour tomber nez à museau avec le chat qui s’était assis à ses pieds et patientait.
« Il n’a sûrement pas envie qu’on me prenne pour sa fille, lança-t-elle au félin qui dardait ses yeux jaunes sur elle. Et puis, il a eu le temps de me regarder, à table. Maintenant qu’il m’a bien vue, il n’a plus envie de me voir. »
Il est si beau, pourquoi s’embêterait-il avec une fille aussi quelconque qu’elle alors qu’il pourrait trouver bien mieux ?
Avec ses cicatrices ?
La queue du chat s’agaçait et son extrémité battait le bout de la chaussure de Myriam. Eh bien quoi, ses cicatrices ? Ce n’était pas comme si elle n’était pas en position d’émettre un jugement à ce propos. Et en l’espèce, elle considérait que…
Le bip pourtant discret de la notification d’un message sur son téléphone la sortit de son immobilisme et elle attrapa l’appareil posé sur la console dans l’entrée.
« Merci pour cette soirée, j’ai passé un très bon moment avec toi. J’aimerais beaucoup avoir l’occasion d’en passer d’autres. Si tu es d’accord ? »
Deuxième message juste en dessous :
« Si tu ne le souhaites pas, je comprendrais aussi ! »
Troisième message :
« Mais si tu veux bien, nous pourrions nous revoir bientôt ? »
Quatrième message :
« Demain, après la séance de mon frère ? »
Ce n’était pas le dernier.
D’autres, plus ou moins embarrassés que leurs prédécesseurs continuèrent à s’afficher jusqu’à ce que leur auteur réussît, enfin, à lui expliquer qu’Aiolia et lui allaient devoir s’absenter ce mois-ci pour assister à un mariage auquel ils étaient conviés, que ce ne serait l’affaire que de quelques jours, qu’ils reviendraient vite, qu’il espérait qu’elle l’attendrait – que croyait-il ? Qu’elle collectionnait les conquêtes ? – sans trop savoir s’il fallait s’en offusquer ou en rire, elle choisit la seconde option – et que d’ici, il la reverrait demain – il l’avait déjà dit – et lui souhaitait une bonne fin de soirée.
Attendrie, elle les fit défiler à plusieurs reprises non sans quelques petits rires jusqu’à ce qu’un miaulement impérieux la sortît de sa transe.
« D’accord, d’accord ! Je vais te donner à manger ! Quel pénible tu fais… »
En relevant la tête, elle aperçut son reflet dans le miroir au-dessus de la console : sous son casque de boucles brunes qui grignotaient son petit visage parsemé de tâches de rousseur, le sourire était revenu, sans plus la moindre trace d’amertume.
Asgard, Norvège, début mai 2006
« Où as-tu appris cet arcane ? » avait demandé Mélanthios. « Je ne sais pas », avait répondu Guilty sans faire semblant d’essayer de se rappeler.
Parce qu’il ne se rappelait toujours pas.
Ils avaient pris l’habitude de discuter après chaque affrontement, tout en pansant leurs plaies qui étaient toujours superficielles. Mélanthios, qui avait craint un moment de s’ennuyer après le départ d’Alexei, isolé comme il l’était dans sa bulle dimensionnelle à l’extrémité nord d’Asgard, se satisfaisait pleinement de son nouveau compagnon de jeu et leurs échanges, qui pour l’heure, tournaient pour l’essentiel autour de la science du combat, lui apparaissaient chaque jour plus passionnants.
Si Guilty éprouvait toujours des difficultés d’élocution, celle-ci ne cessait de s’améliorer de jour en jour et il parvenait à demeurer concentré sur son interlocuteur de plus en plus longtemps, avant de décrocher. Mélanthios était étonné, bien qu’il ne le montrât pas, par la rapidité avec laquelle cet homme demeuré à l’écart du monde pendant des années retrouvait ses réflexes sociaux. Par ailleurs, s’il avait tout oublié de ce qu’il avait pu être avant, l’acte de combattre était inscrit au plus profond de son être ; pour l’heure, il n’était que cela : une machine de guerre.
Au fil des jours, Mélanthios réussit enfin à mettre le doigt sur ce qui le turlupinait concernant le cosmos de Guilty : il était protéiforme et changeait en permanence de fréquence. Il ne comprenait pas comment l’homme réussissait à gérer une telle instabilité sans en paraître dérangé le moins du monde, par contre il mesurait non sans une certaine envie tous les avantages que cette particularité conférait à Guilty. Et notamment une imprévisibilité qui constituait un atout précieux dans le cadre de n’importe quel affrontement, sans oublier en outre une identification impossible. Car comment reconnaître un cosmos qui était multitude ? Ce constat, associé à la Galaxian Explosion qu’il avait exécutée à la perfection lors de leur premier affrontement, incitait Mélanthios à penser que Guilty, dans le sens conceptuel du terme, disposait d’une capacité assez extraordinaire dans son genre : son cosmos gardait la mémoire de chaque combat, s’imprégnait de celui de chaque adversaire, puis se transmettait de Guilty en Guilty. Mélanthios n’aurait pas prétendu – quoique – être le seul chevalier des Gémeaux à avoir affronté Guilty, mais il se rappelait parfaitement avoir utilisé la Galaxian Explosion ce jour-là, ce qui lui avait d’ailleurs sauvé la mise. Donc, ce que le Guilty d’aujourd’hui avait accompli, il l’avait appris de Mélanthios par-delà les décennies grâce au Guilty d’hier. Ou d’avant-hier.
Le chevalier déchu trouvait cette idée séduisante : lui à qui le Sanctuaire avait dénié le droit de transmettre en le privant de son identité profonde, venait de trouver son prolongement. D’une certaine manière et malgré tous ses efforts, le Sanctuaire n’avait pas réussi à l’effacer complètement.
Il avait raconté son histoire à Guilty. Celui-ci savait ce qu’était le Sanctuaire, cette connaissance était partie intégrante du rôle qu’il avait été condamné à jouer puisque c’était au nom du Sanctuaire qu’il exécutait ceux qui arrivaient sur l’Île de la Reine Morte.
« Si j’ai été envoyé là-bas, c’est que j’ai fait quelque chose de mal. »
Ils sortaient d’une nouvelle séance d’entraînement. Mélanthios, trop heureux de disposer d’un partenaire à sa hauteur, mettait un point d’honneur à le plier à la discipline à laquelle lui-même s’astreignait chaque jour.
« Ça, tu n’en sais rien, riposta aussitôt le Grec. Le fonctionnement de l’Île de la Reine Morte est tel que personne n’est censé jamais en revenir, pour indiquer où elle se trouve ou raconter ce qu’il s’y passe. On n’a pas trouvé mieux pour se débarrasser du menu fretin dont nul ne se préoccupe ou des empêcheurs de tourner en rond un peu trop puissants. Dans les deux cas, le Sanctuaire est gagnant sur toute la ligne sans devoir rendre de compte à qui que ce soit. Quand on dispose d’une solution aussi commode pour régler ses problèmes, on aurait tort de s’en priver, tu ne crois pas ?
— Mais si, vraiment, j’ai mérité ce châtiment ? » Insista Guilty.
Assis l’un en face de l’autre dans la petite maison dissimulée dans le paysage désolé de ce bout du monde, ils se désaltéraient, encore couverts de sueur. Un moment, Mélanthios le considéra. Avec ses cheveux très noirs, épais et presque raides qui lui couvraient le crâne comme un casque, ses yeux gris foncé dont les coins externes retombaient en lui conférant un air triste et son nez busqué en bec d’aigle, Guilty présentait des traits typiquement méditerranéens sans pour autant que quiconque pût le confirmer. Malgré cette incertitude toutefois, le Grec se sentait proche de cet homme par autre chose que leur goût pour le combat, comme s’ils appartenaient à une même et vaste famille qu’unissaient une culture et des atavismes identiques.
« Cette question, je me la suis posé également, admit Mélanthios. Avant de comprendre que si je ne lui trouvais pas de réponse satisfaisante, c’était parce que ce qu’on me reprochait n’était pas une faute. Utiliser mon cosmos, qui est une partie de moi, qui est moi, n’est pas une faute.
— Ce serait pour cette raison qu’on m’aurait envoyé là-bas ?
— C’est possible – il haussa les épaules – aux yeux du Sanctuaire, la plus grande trahison que l’on puisse commettre est de transgresser la première de ses règles : ne pas utiliser son cosmos à des fins personnelles. Et l’Île de la Reine Morte est réservée aux pires des traîtres, donc… Mais ce n’est pas une trahison ! Reprit-il avec véhémence. Doit-on s’empêcher de respirer, alors que l’oxygène nous est vital ? Doit-on s’empêcher de sentir, de toucher, de regarder, d’entendre et de parler quand tout ce que nous sommes nous y destine ?
— C’est ce que Alexei m’a dit. Que nous sommes libres d’user de notre cosmos.
— Libre. Oui, c’est le mot. Une liberté dont le Sanctuaire prive sans vergogne tout un chacun depuis des millénaires, en réduisant au silence tous ceux qui à un moment donné ou à un autre se sont insurgés contre cette loi inique. Et tout cela pour quoi ? Pour préserver son pouvoir. Le Sanctuaire se sert de celui de ceux qu’il contraint à lui prêter allégeance pour mieux asseoir le sien et conserver une position dominante que plus rien ne justifie de nos jours. »
Croisant ses doigts sur la table, Mélanthios leva le menton, l’os puissant de sa mâchoire roulant sous sa joue rasée de frais, pour darder un regard aigu sur son vis-à-vis :
« Peu importe les raisons : le Sanctuaire t’a privé de ta liberté la plus essentielle, à savoir celle d’être toi-même et de vivre selon tes propres convictions et tes propres règles. Il n’est plus question de tolérer son joug plus longtemps, pour tous ceux et toutes celles qui, comme nous, ont éveillé leur cosmos. La valeur de nos existences n’a pas à se mesurer selon la jauge du Sanctuaire qui décide qui doit mériter son cosmos, et qui ne le mérite pas.
— « Plus question » ? »
En face de lui, Guilty le dévisageait. Rien dans son regard ou sur ses traits ne trahissait ses pensées et Mélanthios réalisa tout à coup qu’il ne s’était encore jamais demandé quel genre de réflexions pouvait bien traverser cet esprit demeuré dans le brouillard pendant si longtemps. A vrai dire, il en était venu à conclure que hormis la dissection de leurs entraînements, cet homme ne se sentait pas concerné par grand-chose et cette soudain prise de conscience dessina brièvement un sourire crispé sur ses lèvres. Alexei ne le lui avait pas amené pour rien, et sans doute même n’était-il pas à l’origine de la décision d’arracher Guilty à son destin funeste. Que l’homme, du fait de ses capacités hors normes, leur fût utile dans le cadre de leur projet, suffisait à Mélanthios comme justification. Mais encore fallait-il que l’homme en question fût volontaire et qu’il sût pourquoi il se devait de l’être.
« Alexei. Que t’a-t-il expliqué ? »
Mélanthios, qui s’était levé, avait croisé ses mains dans son dos et entrepris d’arpenter d’un pas lent la pièce au plafond bas dans laquelle le silence avait depuis plusieurs jours remplacé le crépitement du feu dans la cheminée. La température s’était considérablement radoucie et la chaleur serait devenue étouffante dans la petite maison.
« Qu’il voulait me rendre ma liberté. Et mon nom.
— C’est tout ? »
Guilty haussa les épaules, sans toutefois quitter Mélanthios des yeux.
« Je vois, fit le colosse grec en hochant la tête avant de s’immobiliser, debout de l’autre côté de la table.
— En contrepartie, poursuivit Guilty, il a besoin de moi. Vous avez besoin de moi.
— Cela aussi, il te l’a dit ?
— Non. »
Sous-estimer autrui, qu’il fût ennemi ou pire encore, ami, constituait une erreur fondamentale contre laquelle tout apprenti du Sanctuaire était sommé de se prémunir dès les premiers jours de sa formation, qu’il fût destiné à un poste de troufion ou de chevalier d’or. Mélanthios n’était pas né de la dernière pluie, il n’en esquissa pas moins un nouveau sourire guindé non sans, cette fois, un certain amusement à son propre égard : la répartie de Guilty était de bonne guerre.
Tous les combats ne se mènent pas sur le champ de bataille.
« C’est vrai, admit le Grec. Quelqu’un dans ton genre à nos côtés serait pour nous un atout décisif.
— Vous voulez renverser le Sanctuaire. »
Ce n’était pas une question et Mélanthios choisit de considérer les derniers mots de Guilty comme un premier acquis :
« Disons que nous ne voulons plus nous soumettre à sa loi, pour vivre selon la nôtre. »
Depuis son arrivée en Asgard, Guilty n’avait souri qu’un seule fois, lorsqu’il avait pris le Grec à son propre jeu à l’issue de leur premier combat. Aussi, voir ses lèvres craquelées s’étirer en travers de son visage, à moitié tanné par le soleil, à moitié blanchi par l’oubli, puis dénuder ses dents, petites serrées et étonnamment blanches suscita chez Mélanthios un frisson comme il n’en avait plus éprouvé depuis des décennies. Depuis, peut-être, le jour où il avait posé le pied sur l’île de la Reine Morte.
Serrant les poings dans l’ombre, il se ramassa imperceptiblement sur lui-même, prêt à réagir à la moindre alerte. Il avait eu tout loisir d’obtenir confirmation de la dangerosité de celui qui lui faisait face et qu’il avait devinée dès le premier jour ; il ne doutait pas de pouvoir le contrôler mais on n’était jamais trop prudent.
Le sourire se mua en rire. Un rire tonitruant qui éclata et rebondit sous les poutres noircies par la fumée de bois, se heurta aux murs en granit et s’enfla, encore et encore jusqu’à ce que Mélanthios n’eut d’autre choix que de l’assimiler à un cri, sauvage et rugueux. Un cri de guerre.
« Vous voulez les détruire, reprit Guilty d’une voix sourde après son hilarité fut retombée aussi vite qu’elle avait surgi. Vous voulez… qu’il n’en reste rien. »
Le chevalier des Gémeaux déchu ne répondit pas, sans pour autant se soustraire à l’examen sous lequel l’autre homme le tenait et qui finit par rajouter :
« C’est ce que toi tu veux. Pas Alexei.
— Qu’en sais-tu ?
— Il n’est pas comme toi. »
Guilty poursuivait un raisonnement qui n’appartenait qu’à lui et qui matérialisait ce qu’avait été son existence depuis l’exécution du châtiment du premier qui avait porté ce nom. Dans cet homme sans identité s’étaient accumulées des siècles, peut-être même deux millénaires de confrontations avec d’autres êtres humains, tous tués, tous oubliés. Un nombre incalculable d’occasions d’expérimenter toutes les psychés, d’étudier tout ce que l’Homme était susceptible de porter en lui, du plus beau au plus laid, du plus noble au plus déshonorant. Le Coupable éternel avait eu tout le temps de ses multiples avatars d’apprendre l’Autre. Plus encore que la capacité particulière de son cosmos, c’était cette connaissance qui faisait de Guilty le plus redoutable des adversaires.
Les lèvres et les poings serrés, Mélanthios résista encore quelques secondes avant d’admettre sa défaite – pour la première fois de son existence et, il y comptait bien, la dernière – et de se rasseoir en face de Guilty. Ce dernier n’avait pas bougé et recouvré cette expression neutre qui avait remplacé le masque de l’infamie.
« Alexei n’a jamais mis les pieds au Sanctuaire, gronda le Grec de sa voix profonde que les ans avaient éraillée. Cette cause qu’il a embrassée, il dit la comprendre mais c’est faux : il ne peut pas la comprendre. Pourtant, il la porte en lui et lui a dédié son cœur et son âme. Pour cette raison, j’ai accepté de le suivre après qu’il a repris le flambeau de celui qui nous aurait tous libérés si le Sanctuaire ne l’avait pas spolié de son héritage : Dimitri Dothrakis. »
Nulle réaction de la part de Guilty à la mention du nom de l’une des deux familles fondatrices du Sanctuaire ; Mélanthios allait devoir tout lui raconter et devant la perspective de se replonger dans un passé cher à son cœur mais aujourd’hui révolu, un pli se creusa entre ses épais sourcils grisonnants. Il se racla la gorge :
« Je te dirais qui est… qui était cet homme. Sache pour le moment que sa vision était plus grande que lui, plus grande que nous tous réunis, et nous sommes plus nombreux que tu ne saurais l’imaginer. Alexei… Je l’ai vu grandir. Je l’ai entraîné. Tu connais sa puissance comme je la connais. Il sait notre nombre et notre force et compte dessus pour imposer notre vision au Sanctuaire. Il espère en leur écoute. Il croit en notre pouvoir de conviction. Il pense qu’une cohabitation est possible, aujourd’hui. »
La main, qu’il avait posée bien à plat sur la table, se referma en un poing vers lequel Guilty dirigea son attention.
« Mais il se trompe – le poing se leva pour s’abattre lourdement sur le bois – il ne peut y avoir de liberté sans la destruction du Sanctuaire. Sa destruction totale. Tant qu’il restera un seul d’entre eux, nous courrons le risque de nous retrouver, de nouveau, prisonniers d’une loi injuste et sans fondement. Une fois le Sanctuaire rayé de cette planète, puis de l’histoire des Hommes, alors nous pourrons relever la tête, nous dresser dans ce monde, affirmer qui et ce que nous sommes et, enfin, vivre. Veux-tu vivre, Guilty ? »
A cette question, l’autre homme releva la tête. Sur son visage se mélangeaient autant d’émotions que son être avait pu en engranger au fil des générations : de l’envie, de la colère, du désespoir, de la douleur, et tant d’autres ! A cet instant très précis, Mélanthios eut l’impression d’avoir en face de lui un funambule immobilisé sur son fil, en proie à une indécision sur laquelle il n’avait aucune prise mais qui pouvait soit le sauver, soit lui coûter la vie.
La vie.
Une lueur s’alluma dans le regard gris de Guilty alors que ses traits, tantôt froissés par le maelström des sentiments qui venait de le submerger, se raidissaient sous l’effet d’une décision en devenir. Attentif, Mélanthios se pencha vers lui par-dessus la table pour mieux l’observer. Et anticiper ses réactions.
« Nous ne sommes pas des dieux. »
Guilty avait parlé lentement, en détachant ses mots avec soin. Cette fois, pas de doute : malgré le ton, c’était bien une question qui se profilait sous cette apparente affirmation.
Mélanthios sourit.
Victoire !
« Nous pourrions en devenir. Peut-être même en sommes-nous déjà. Après tout, qui pour définir ce que sont les dieux si ce n’est ceux qui sont dépositaires de leur pouvoir ? »
Le poing du Grec s’ouvrit et dans le creux de sa paume naquit un halo de particules dorées.
« Le cosmos. Il n’existe pas de pouvoir plus grand que celui-ci parce qu’il est la Vie. Cette vie à laquelle tu aspires, à laquelle nous aspirons tous et qui devrait supplanter toute autre considération. Emprisonner et contrôler le cosmos, c’est nier la Vie. Le Sanctuaire n’est rien d’autre que la Mort de ce monde. Et tu te demandes ce que tu as fait de mal ? Il n’y a rien de mal à vouloir exister. Il n’y a rien de mal à désirer être libre. Il n’y a rien de mal à lutter pour obtenir son dû. »
Le visage de Guilty n’était plus que résolution et dans son regard brillait désormais cette flamme que Mélanthios avait entrevue lors de leur premier affrontement, cette flamme alimentée par l’ivresse du cosmos et de la liberté.
« Et n’oublie jamais une chose : départager le bien du mal n’est pas plus compliqué que de départager deux adversaires, rajouta le Grec, ses lèvres étirées en un demi-sourire froid. Le bien est toujours du côté de celui qui gagne. »
Fort Meade, Maryland, États-Unis d’Amérique, début mai 2006
Le délai accordé par son supérieur touchait à son terme et Wiggins n’avait pas avancé autant qu’il aurait pu l’espérer. Un antique crayon à papier vissé entre les dents, avachi dans son fauteuil de direction qui avait dû coûter quelques centaines de dollars et lui causait des douleurs aux dorsales, il effaçait pour la troisième fois consécutive les dernières lignes de son rapport. Enfermé depuis le début de la matinée dans son bureau, il avait vu défiler à peu près toutes les têtes du service derrière les parois vitrées qu’il n’avait pas pris la peine d’occulter, et lu leur incompréhension. Depuis quand le directeur adjoint de la NSA rédigeait-il lui-même des documents ? Il disposait d’une armée d’analystes en tout genre à son service et tout écrit, correspondance ou note était passé au crible des spécialistes du cryptage avant de s’aventurer dans le moindre méandre numérique.
Le sujet devait être grave, supposaient désormais tous ceux qui le voyait cloîtré depuis des heures avec son ordinateur. Et en soi… Ils n’avaient pas tort.
Wiggins poussa un soupir si profond que les feuilles posées devant lui gondolèrent jusqu’à ce qu’il les immobilisât du plat de la main. Il les considéra quelques secondes avant de les glisser dans le destructeur de documents branché sous son bureau et dans le ronronnement de la déchiqueteuse, reposa ses doigts sur le clavier :
« Après interrogatoire de deux soldats présents le 21 juin 2004 et demeurés auprès du général Corman en même temps que le caporal Thomas J. Orwell, la présence de trois civils ce jour-là dans la base de commandement est confirmée. Aucun accord officiel du général Corman validant cette présence n’est attestée : l’hypothèse d’une intrusion non autorisée est par conséquent privilégiée.
Les individus ont disparu après la destruction de la base. La possibilité qu’ils aient pu, par des moyens inexpliqués à ce jour, protéger la vie de nos hommes au moment où les Portes ont été détruites, apparaît plausible en dépit du « caractère inquiétant de leur comportement » selon le caporal Orwell.
Toujours d’après Thomas J. Orwell, Saga Antinaïkos et ses hommes n’ont pas croisé ces individus néanmoins, ils auraient « perçu leur présence ».
Les trois hommes n’ont pu être identifiés et les portraits-robots établis à partir des descriptions recueillies ne correspondent à aucune individu référencé dans les bases de données consultées.
Au vu de ces éléments, une possible implication de ces trois civils dans l’assassinat et/ou la disparition des documents contenus dans le coffre du général Corman ne peut être écartée.
Nos recommandations sont de procéder à l’identification de ces trois civils à partir de tous les moyens disponibles et exploitables depuis J-2 avant le 21 juin 2004 dans un rayon de deux cents kilomètres autour du site des Portes jusqu’à J+2. En parallèle, un avis de recherche à l’échelle d’Interpol est à émettre à leur encontre sur la base des portraits robots. »
Le bilan, ainsi rédigé, n’était pas si catastrophique. Se renfonçant dans son siège avec une grimace, Wiggins se massa la nuque. D’une certaine manière, il éprouvait du soulagement : bien que la NSA eût été laissée dans l’ignorance des Portes, il n’arrivait pas à croire que le Sanctuaire fût impliqué dans la disparition de Corman et de son journal. Parce que s’il ne savait rien des Portes, Wiggins en savait beaucoup au sujet du Sanctuaire et ce qu’il avait conclu de son étude approfondie des données dont l’État disposait à son sujet s’était vu confirmé lors de l’interrogatoire de Saga Antinaïkos. Quelle que fût la puissance de cette organisation, elle n’avait jamais manifesté la moindre velléité de domination. L’homme aujourd’hui à sa tête en était pourtant tout à fait capable ; cette certitude incitait précisément Wiggins à ne pas le considérer comme une menace, même s’il faisait probablement partie des rares à considérer les choses sous cet angle. Aussi, avoir désormais sous le coude trois autres suspects qui n’avaient a priori rien à voir avec le Sanctuaire l’agréait au plus haut point.
Vraiment, il aurait pu se satisfaire de ce bilan, s’il n’avait pas la sensation tenace qu’Orwell ne lui avait pas tout dit. Le jeune homme s’était montré coopératif et avait témoigné sa confiance à l’égard de Wiggins, à la personne qu’il était plutôt qu’à l’institution qu’il représentait. Un résultat qui convenait au directeur adjoint mais insuffisant malgré tout : pour une raison qui lui échappait, Orwell avait tu certains éléments, l’analyse a posteriori des enregistrements vidéos de leurs discussion l’attestait. Une posture différente, une dilatation anormale de l’iris, une nervosité particulière… Qu’est-ce qu’il cachait ?
Wiggins relut une dernière fois l’intégralité de son rapport avant de l’encrypter lui-même par un programme de son cru et de le transmettre par la messagerie interne au directeur Guerrero, lequel était le seul de toute la NSA à disposer de la clé d’encodage. Une sécurité supplémentaire qu’ils avaient mis en place dès la nomination de Wiggins. Principe de précaution.
Lorsque, enfin, il sortit de son bureau, le silence sépulcral dans lequel il crut avoir sombré l’espace d’une demi-seconde céda la place au bruissement habituel d’un plateau de bureaux sur lequel déambulent des collaborateurs tout à coup affairés. Il ne put retenir un gloussement qu’il ravala aussitôt en avisant l’extrémité du couloir.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? »
Ça consistait en une paire de jambes interminables sanglées étroitement dans un jean haute couture, surmontée d’une taille svelte et d’une poitrine généreuse sur laquelle dansaient d’épaisses mèches blondes. Quant au visage, Barbie elle-même y aurait vu celui d’une redoutable rivale, à l’exception du regard certes d’un beau bleu intense mais reflétant une acuité et une vigilance qui contrastaient avec l’image que la nouvelle arrivante semblait toute disposée à afficher.
« Nous sommes à l’étage des analystes de la direction. Par ici, on accède à l’ascenseur dédiés aux salles blanches qui sont en sous-sol. Par là, les espaces de briefing… Et voici, enfin, Stanley Wiggins, notre directeur adjoint ! Eh bien mon vieux, j’ai bien cru que tu n’allais jamais sortir de ton bureau aujourd’hui ! »
Et Robert « Bob » Orwyoski de s’esclaffer avec rondeur et bonhomie, en parfait responsable de la communication extérieure de la NSA :
« Ça fait trois fois que je passe par ici pour te présenter notre nouvel agent de liaison avec le FBI !
— « Agent de liaison » ? Demanda Wiggins, conscient tout à coup de son air stupide.
— Toi, tu n’as pas lu le mémo ! Le menaça Bob d’un index faussement menaçant. Dans le cadre du renforcement de la coopération inter-services, chaque structure fédérale doit nommer des agents dédiés au suivi de nos relations afin de s’assurer pleinement de la réussite de nos missions. J’ai bien appris ma leçon, tu vois, rajouta Bob avec un clin d’œil appuyé en direction de la blonde qui patientait, un sourire éblouissant en travers du visage.
— Je n’aurais pas mieux dit, acquiesça Wiggins avec un sourire torve tout en tendant la main vers la nouvelle venue. Notre ami ici présent vous ayant déjà précisé mon nom et mon « matricule », je vous suggère de vous présenter par vous-même avant de faire griller la politesse. »
La femme éclata d’un rire franc qui fit se retourner les têtes dans un rayon de vingt mètres :
« Pourtant, Bob fait ça tellement bien – le sus-désigné rosit de plaisir – j’ai déjà au moins une centaine de noms de gens importants à apprendre par cœur pour demain matin ! Dont le vôtre à présent, fit-elle avec une légère inclinaison de la tête, mais par chance, vous n’aurez que le mien à retenir de votre côté : Je suis l’agent spécial Dominique Nelson. »
Le pigeon voyageur apportant la notification s’est perdu dans ma boîte mail, donc je ne découvre ce nouveau chapitre que maintenant !!
Myriam et Aioros : empotés 30000, mais bordel qu’ils sont mignons 😭 Merci d’avoir si bien donné vie à ma petite hippie 💜
Mélanthios et Guilty : the plot thickens 👀 Je trouve ça super intéressant ce que tu développe autour de Guilty, avec l’idée d’une mémoire collective qui se transmet (un thème cher à mon cœur que j’ai utilisé avec Taous et Zorya). Mais du coup maintenant j’ai envie de savoir qui était ce Guilty là !!
Et Dominique, c’est la sœur de Jane, si je me souviens bien ?? ;P
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Les personnages que tu as invités dans cet univers amènent de la diversité et me font écrire des trucs chelous quand même XD Une hippie au milieu de tous ces guerriers, ça a quelque chose de savoureux, voire de piquant (coucou Saga XD) (ils vont tellement se détester ces deux-là) (ça va beaucoup m’amuser XD). Aioros est le seul à être capable d’assez d’ouverture d’esprit pour aimer Myriam telle qu’elle est et, sur le papier, tellement à l’opposé de tout ce qu’il connaît. Quant à elle, elle va apprendre 😉
Guilty, c’est un Concept créé par le Sanctuaire. Il faudrait se pencher un jour sur le premier Guilty, quoi, pourquoi, comment on en est arrivé là. Quant à cet exemplaire-là… Oui, moi aussi j’aimerais bien savoir qui il est, figure-toi XD Pour l’instant, l’épiphanie ne s’est pas encore produite. Il n’y a pas urgence… mais ce serait bien quand même, que je sache XD
Voui, Dominique est bien la soeur de Jane, tout à fait. Elle avait fait une apparition dans les débuts d’UDC, pour retrouver Kanon. Dans Nouvelle Ere, elle va avoir un rôle un peu plus étoffé. Les soeurs Nelson, c’est mon cameo à moi XD
Merci beaucoup au pigeon voyageur errant de t’avoir amenée ici, pour ta lecture et tes gentils mots ! ❤
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Hello Al’ !
Excellent chapitre !
J’ai beaucoup aimé le premier passage, centré sur Myriam et Aioros. Alors comme ça le Sagittaire fait le timide ? Ou le gentilhomme un peu vieux jeu. Tout est question de point de vue 😉. Oui j’ai beaucoup aimé ta façon d’aborder ce premier rendez-vous selon le point de vue de Myriam, un personnage extérieur au Sanctuaire qui, je trouve, apporte un regard « neuf » très intéressant. Et ce chat qui comprend qu’il n’est pas près d’avoir ses croquettes : j’ai tellement imaginé la scène dans ma tête 😅. Et puis la différence de taille, la déferlante de SMS. Bref, la « vraie » vie quoi, et ça me fait très plaisir pour Aioros.
L’échange entre Mélanthios et Guilty était lui aussi très intéressant. J’ai bien entendu repensé à notre récente discussion en un autre lieu au sujet de Guilty, et je te le répète : j’aime beaucoup ce que tu as imaginé. Cette fois-ci le côté « absorbeur de pouvoirs » du personnage a été clairement révélé. Je trouve que c’est une très bonne idée que tu as eue, car cela en fait un adversaire redoutable pour le Sanctuaire. Ce qui paraît d’autant plus inquiétant à la lecture des propos de Mélanthios. Ce dernier veut donc la destruction totale du Sanctuaire et la mort de tous ses représentants. Hum… Cela n’augurerait-il pas d’une bonne grosse baston à venir ?
Bon et la dernière scène dans le Maryland est elle aussi très riche en nouvelles informations. Donc ça y est : Wiggins a compris que d’autres individus « particuliers » étaient impliqués dans cette affaire, et il semble vouloir se donner les moyens de les identifier. Très intéressant… Et puis on a assisté à l’arrivée d’une nouvelle protagoniste. Dominique Nelson. Tiens tiens tiens. Ne s’agirait-il pas de l’une des soeurs de Jane ? Ma mémoire d’aujourd’hui n’est plus assez efficace pour me rappeler si 1) tu as déjà donné le nom de famille de Jane dans UDC ou NE, et 2) si c’est le cas, pour me souvenir du nom en question. MAIS ma mémoire d’il y a longtemps l’est suffisamment pour me rappeler avec une quasi certitude que l’une des soeurs de Jane dans Cobra s’appelait Dominique. Et donc voilà l’origine de mon raisonnement. Je suis curieuse de savoir si je suis tombée juste ou si je suis totalement à côté de la plaque 😅 !
Bon et la date Du mariage approche. J’ai hâte…
Voilà pour mes impressions sur ce nouveau chapitre de ton histoire qui me passionne de plus en plus. Tu fais avancer ton intrigue en disséminant de nouvelles informations petit à petit, et j’adore ça. Et puis je me pose tellement de questions, surtout par rapport à mes récentes lectures de certains de tes autres textes de l’UDC!verse. Alors j’attends la suite avec impatience, mais aussi avec beaucoup de patience, hein. No pressure ! 😊
Merci à toi de nous faire profiter de ton talent. Bon courage pour la suite et à bientôt !
Bises,
Phed’
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Hello !
Yay, merci beaucoup, je suis très contente que ce chapitre t’ait plu !
Ah sacré Aioros… En fait, il n’a pas beaucoup d’expérience en ce qui concerne la façon de mener une relation avec une femme. On ne sait pas trop : il a sans doute eu quelques petites aventures sans lendemain mais il n’en parle jamais et pas grand monde ose lui poser des questions à ce sujet. Sans doute qu’Aiolia en sait-il un peu plus mais on a bien compris que de son point de vue, son grand frère n’a jamais vraiment eu de « vie à lui ». Donc, il est un peu empoté et les quelques repères qu’il a sont… datés. C’est mignon mais avec quelqu’un de plus entreprenant, ça peut virer au fiasco.
Utiliser le PdV de Myriam m’a permis de la présenter aux lecteurs 😉 Contrairement à Jane, elle est totalement extérieure au Sanctuaire, en fait elle ne sait même pas ce qu’est le Sanctuaire ! A l’occasion, je le préciserai quelque part mais elle croit qu’Aioros travaille avec Aiolia et qu’ils tiennent tous les deux une salle d’arts martiaux.
Myriam n’est pas de moi, c’est la création de Mab (la lectrice du dessus) qui connaît l’UDC!verse depuis fort fort longtemps et qui aime bien y essaimer des nouveaux persos XD Ce qui est intéressant, c’est que ce ne sont pas des profils que je créerais de moi-même et de fait, ça m’oblige à sortir de ma zone de confort. Dans le cas présent, Myriam constitue un contrepoint à exploiter qui sera utile pour la suite de l’histoire et elle est aussi, c’est vrai, un ancrage dans la réalité. L’UDC!verse, bien qu’étant du Saint Seiya, se déroule dans notre monde et depuis le début, je me suis toujours efforcée de m’y tenir. En effet, dans ma tête, les personnages vivent dans notre monde et c’est sans doute la raison pour laquelle ils nous semblent proches de nous / on se sent concerné par ce qui leur arrive. On a des repères communs avec eux, ils vivent ce qu’on vit et inversement, et ce malgré leur cosmos. Ca me fait donc super plaisir que tu aies noté ces petits détails, parce que c’est super important en fait !
Ah ah, oui, de la baston il y aura ! De la bonne, grosse, et terrifiante baston avec des gros cosmos tout partout XD Guilty, en soi, apparait en effet comme un adversaire redoutable. Tu imagines, un gars qui connaît toutes les attaques ? Donc à qui on ne peut pas la faire ? Ca promet XD Quant à Mélanthios, il sait bien ce qu’il veut, en effet : une destruction totale. Et lui-même est loin d’être un nain (puisqu’il a battu un Guilty).
Alors je te confirme que, oui, oui, il s’agit bien de Dominique Nelson, la soeur de Jane ! Et oui aussi, c’est totalement une référence assumée à Cobra, qui avec StS et Versailles no Bara (Lady Oscar), fait partie de mon trio d’animes préférés de tous les temps.
Elle apparaît au début d’UDC – c’est elle qui indique où se trouve Kanon – et dans Nouvelle Ere, on devrait la revoir un peu plus.
Le mariage approche à grands pas, en effet ! Et d’ailleurs à partir du prochain chapitre, on revient au Sanctuaire et on va commencer à retrouver tout notre petit monde ❤
Je m'efforce de donner des infos au fur et à mesure des chapitres pour ce qui concerne l'intrigue principale et la principale difficulté est de ne pas trop en dire non plus, pour ne pas révéler trop tôt le(s) pot(s) aux roses. Ca me fait vraiment très plaisir que tu trouves de l'intérêt à cette histoire, qu'elle titille ta curiosité et que tu aies envie d'en savoir plus ! J'ai vraiment envie de la raconter et de la partager alors merci de me suivre dans cette aventure au long cours. Tout viendra en temps et heure, ne t'en fais pas 🙂
Un tout grand merci pour ta fidélité et tes mots adorables,
Bises !
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Merci pour ta réponse et pour toutes ces précisions. Désolée, j’avais oublié que Dominique était déjà intervenue dans UDC. Quand je te dis que ma mémoire à long terme et plus efficace que ma mémoire à court terme (damned !).
Et de la bonne grosse BASTON alors. Chic chic chic ! Bon, mais à condition que ce soit les gentils qui gagnent, hein !! Et là, je me doute que tu ne me diras rien du tout à ce sujet. Alors je vais croiser les doigts :D.
Bises et à bientôt avec, si j’ai bien compris, un retour au Sanctuaire pour retrouver tous nos loustics !
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Coucou!
C’était assez drôle de lire le compte-rendu du rendez-vous d’Aioros et Myriam à travers les yeux de celle-ci! Je trouve toujours intéressant de lire les chevaliers du point de vue de personnes totalement extérieures, souvent ça permet d’amener des choses nouvelles et très justes. Ici Aioros apparaît comme un grand timide, probablement peu expérimenté avec les femmes mais très soucieux de « bien faire ». Sa série de messages après coup était super mignonne, je trouve que ça donne vraiment un côté attachant à ce personnage qui n’a jamais été parmi mes préférés. Ce qui est intéressant avec Myriam, c’est qu’il a l’air d’être tombé sur la seule femme qui a aussi peu confiance en elle que lui en lui-même. Du moins c’est comme ça que j’interprète le fait qu’elle a immédiatement pensé qu’elle ne lui avait pas plu, plutôt que de se dire qu’elle n’avait peut-être pas affaire à un grand séducteur pour des raisons facilement imaginables… Je ne sais pas si c’est bien ou mal pour leur histoire!
Du côté de la NSA, le voile se lève (un tout petit peu) sur les personnes impliquées dans toute cette histoire. Le point de vue de Wiggins sur Saga et le Sanctuaire est assez intéressant: original mais il se tient! On dirait donc que l’attention va se déplacer sur le groupe d’Alexei, et je me demande si cela portera ses fruits…
Et de ce côté, ce que j’ai trouvé très intéressant dans la scène entre Mélanthios et Guilty, c’est de voir que les opposants au Sanctuaire se divisent en réalité en deux factions, si je comprends bien: Alexei qui est un modéré plutôt partisan d’essayer de créer une entente, et Mélanthios (et maintenant Guilty), qui tout en faisant croire à Alexei qu’il est de son côté, a en réalité des buts beaucoup plus radicaux puisqu’il veut littéralement annihiler le Sanctuaire. J’ai juste? En tout cas je trouve ça passionnant, l’intrigue se complexifie encore!
Bref, merci pour cette lecture à nouveau stimulante!
Bises,
Lily
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Hello Lily !
Je suis super contente que tu aies apprécié ta lecture et ton intérêt me fait vraiment plaisir ! Ca motive vraiment (surtout à l’approche du NaNo) pour poursuivre cette histoire pour laquelle « se complexifier » est un doux euphémisme… ^^;;; Que des lecteurs soient prêts à me suivre dans ce projet m’encourage énormément.
Aioros ce personnage qu’on ne connaît pas. C’est vrai quoi : à part qu’il a écopé du rôle du crucifié de service qui rachète les péchés du Sanctuaire , qu’est-ce qu’on sait de lui ? Pas grand-chose. De fait, tout est ouvert en ce qui le concerne. Dans l’UDC!verse, il n’y a pas eu de passage aux Enfers, ni de résurrection (because univers réaliste, tout ça), donc je m’épargne le traitement d’un tel sujet (nota : je suis très cliente, dans le fandom, du dark!Aioros dans ce contexte) et je me retrouve avec un garçon qui était trop gentil pour devenir Pope (lui-même en convient) mais qui a tout de même quelques failles dont il n’a pas encore tout à fait pris conscience à ce stade *se frotte les mains*. On a donc plein de choses à découvrir à son sujet et sa relation avec Myriam va nous y aider. Moi aussi, j’adore écrire les personnages du point de vue de gens extérieurs ! Comme tu dis, on apprend ainsi plein de choses et c’est aussi trèèèès pratique pour pratiquer de l’info-dump.
Myriam donc. Je prends précieusement note de ta perception du personnage, et son peu d’assurance. C’est un point très intéressant que tu soulèves ! Je ne peux guère en dire plus sur la suite mais c’est un aspect qui va voir son importance.
Wiggins a compris que celui qui a le pouvoir et est conscient dudit pouvoir est finalement moins dangereux que celui qui évalue mal son pouvoir. Parce que Saga est très sûr de lui et a d’excellentes raisons de l’être, on peut lui faire confiance. C’est vrai que c’est tordu et ça me fait bien plaisir que tu l’aies compris quand même !
Quant au groupe d’Alexei, c’est un sujet… délicat. On va bien voir si Wiggins va réussir à trouver quelque chose.
Mélanthios a soif de vengeance, il n’a jamais digéré d’avoir été banni, c’est là l’une de ses principales motivations. Pas la seule, certes, mais tout de même. Alexei le sait cependant. Tout la question va être de savoir lequel des deux est capable de prendre le dessus…
Merci encore pour ta lecture et ton commentaire engagé, et à bientôt pour la suite !
Bises !
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