Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 23

Temple du Cancer, Sanctuaire, Grèce, nuit au 30 au 31 mai 2006

« Tu as trop bu.

C’est… très possible ! »

Et Angelo de se laisser tomber de tout son poids à plat ventre sur le lit, le nez enfoncé entre les oreillers. Il inspira : le tissu sentait le frais. Des consignes avaient visiblement été données pour que le ménage fût fait et les draps changés alors qu’il n’avait pas dormi dans ses appartements de fonction – l’expression lui tira un gloussement étouffé – depuis des mois. Voire plus.

« Merci, ta très haute sainteté popale. »

Pas de réponse. L’écho d’un minuscule soupir peut-être ? Bah. Cela n’avait pas la moindre importance alors qu’une douce torpeur – quoi qu’un chouïa vacillante – s’emparait de ses membres et qu’il…

« Déshabille-toi, au moins ! »

Une voix, lointaine et familière, puis une main insistante le tirèrent des bras de Morphée en passe de se refermer sur son esprit embrouillé et il rouvrit un œil. Pour apercevoir un autre œil, en théorie brun mais noir dans l’obscurité ambiante et surtout furibond :

« Tes espoirs de galipette sont on ne peut plus disproportionnés très chère. Je suis tout à fait incapable de lever quoi que ce soit en cet instant, ni plus tard.

Si ça peut te rassurer, la précision est inutile : je – tout le monde s’en est parfaitement rendu compte. Ceci étant, tu pues assez l’alcool comme ça pour ne pas m’infliger en plus tes fringues imprégnées par la clope. Donc, déshabille-toi ou dors par terre. Tu choisis. »

Un genou sur le matelas, Marine se redressa, les mains sur les hanches, pour considérer le Cancer présentement plus lourd qu’une statue en marbre. Au moins. Un coup de pied bien ajusté pourrait cependant faire l’affaire.

« Je compte jusqu’à dix. »

Un gémissement digne des meilleures tragédies antiques lui parvint en guise de réponse aussi entama-t-elle patiemment son décompte tout en entreprenant de se déshabiller elle-même.

« Un. »

Ses escarpins tombèrent l’un après l’autre sur les dalles en pierre.

« Deux. »

La fermeture éclair de sa robe n’était pas des plus simples à atteindre. Sa souplesse naturelle associée à sa ténacité lui permirent toutefois d’attraper la tirette en métal pour lui faire dévaler sa colonne vertébrale tout en maintenant de son autre main ses boucles rousses sur le sommet de son crâne.

« Trois. »

D’abord la manche droite. Puis la gauche.

« Quatre. »

Le bustier ensuite, qui retomba devant elle.

« Cinq. »

Allons, il fallait se lever pour faire glisser le reste de la robe par-delà ses hanches. N’avait-elle pas un peu grossi ? Non, décida-t-elle alors que le satin dévalait jusqu’au sol et qu’elle s’en débarrassait du bout du pied.

« Six. »

Ses lobes hurlèrent de soulagement lorsqu’elle les délesta des perles clippées sur ses lobes. Un jour, elle se les ferait percer. Un jour.

« Sept. »

Au tour des bracelets, fines chaînes en or enroulées autour de son poignet qu’elle portait déjà avant son départ du Sanctuaire, tant d’années auparavant. Détachées, elles reposaient en rond dans le creux de sa paume et tout à coup, il lui sembla qu’elle n’était jamais partie.

« Huit. »

Un grommellement lui répondit : à la bonne heure, il n’était pas encore complètement endormi. Elle contempla ses doigts, vierges de tout anneau. Elle n’avait rien réclamé ; il ne lui avait rien proposé. La situation leur convenait telle qu’elle était. Elle se retourna pour le regarder. Au majeur droit d’Angelo, le contour d’une épaisse bague en argent se devinait dans la pénombre. Elle n’avait pas besoin d’en voir plus pour se rappeler ce que son dessin représentait.

« Neuf. »

Elle avait haussé le ton en même temps qu’elle dégrafait son soutien-gorge.

« D’accord, tu as gagné. »

Après le gémissement tragique, le soupir de l’injustice et elle réprima un fou rire devant le regard de victime qu’il lui condescendit par en-dessous tout en bataillant avec les boutons de sa chemise après s’être retourné tant bien que mal à plat dos. Elle pourrait l’aider. A vrai dire, elle mourait d’envie de l’aider. Trop facile cependant : il aurait été capable de considérer son coup de main comme une victoire. Or, au vu de son état en cette fin de soirée – ou plutôt de nuit – il ne méritait pas un tel honneur.

D’ailleurs, il ne lui demanda rien. A fière, fier et demi et de longues minutes s’écoulèrent encore avant que le pantalon allât rejoindre la chemise roulée en boule au pied du lit, suivi enfin d’une paire de chaussettes. Un instant, Marine se demanda où était passée la cravate avant de se rappeler qu’elle était restée en compagnie de la veste sur un dossier de chaise. Bah, les deux sauraient bien retrouver leur chemin jusqu’à leur propriétaire et tant mieux : l’Italien avait réussi à conserver le mystère jusqu’au jour J en ce qui concernait sa tenue et elle n’avait eu d’autre choix que de lui concéder le point. Le costume qu’il s’était fait confectionner en secret lui allait comme un gant au point qu’il s’en était fallu d’un cheveu pour qu’il éclipsât le marié. Heureusement, son naturel revenu au galop l’avait emporté sur la bienséance et il s’était retrouvé le premier en bras de chemise.

Elle n’avait pas posé de questions. Pas même lorsqu’elle s’était avisée de la tenue de Shura dont il ne fallait pas être grand clerc pour y discerner la patte du même tailleur. Quand, comment et où, elle ne voulait pas savoir. Pour quoi faire ? Son quotidien n’en serait pas modifié pour autant or son quotidien, pour l’heure, c’était tout ce dont elle pouvait être certaine.

Vraiment ? Tu es sûre ?

Oui. Vraiment. Aussi sûre qu’elle se réfugiait en cet instant sous les draps, le nez plissé par l’odeur dégagée par les cheveux de son compagnon dont la main s’égara dans ses boucles rousses. Il murmura d’un voix grumeleuse :

« Tu vois, tu n’as pas eu besoin d’aller jusqu’à dix.

Le sol doit être sacrément inconfortable.

Tu es sans pitié, tu le sais, ça ? »

Elle sourit dans l’obscurité.

« C’était un beau mariage, rajouta-t-il un instant plus tard, la voix pâteuse.

Oui, c’est vrai.

Mais j’espère qu’ils n’auront pas d’autres enfants, parce que… parce que… »

Soupir. Rideau. Marine ne connaîtrait pas les raisons – forcément judicieuses – pour lesquelles le chevalier du Cancer considérait que ses deux amis ne devaient pas procréer de nouveau. Elle en avait cependant une petite idée : Andreas, qui avait navigué de bras en bras avec cet air ravi du bébé qui se retrouve au centre de toutes les attentions, ne s’était mis à pleurer que dans ceux de l’Italien et il avait fallu que Kanon volât à son secours pour que la crise s’arrêtât. Le mystère de cette réaction subite resterait entier de même que son résultat : Angelo était vexé.

Pensivement, elle scruta encore ses traits, indistincts dans la lueur pâle de la Lune qui tombait de biais dans la chambre dont les persiennes étaient demeurées en partie relevées. Comme d’autres, elle avait assisté de loin à l’algarade entre le Cancer et le Bélier qui s’était certes soldée par une poignée de mains mais qui n’avait pas laissé de l’inquiéter. De la même façon que pour tout le reste, elle n’avait pas cherché plus avant à comprendre ce qui s’était passé au Sanctuaire l’année précédente et qui avait permis à Shura de recouvrer l’usage de son bras gauche. Elle savait juste que Mü s’en était mêlé et que depuis, quelque chose avait changé dans le cosmos de l’Italien. Une fréquence, une harmonique qu’elle était bien en peine de définir mais qu’elle ne pouvait ignorer, surtout depuis que son septième sens réveillé deux ans plus tôt lors du solstice d’été avait décidé de ne pas se rendormir. C’était lui qui l’alertait quand le cosmos d’Angelo décidait de partir en vrille. Lui encore qui l’informait des douleurs que le Cancer lui taisait. Lui, enfin, qui l’avertissait depuis des mois que cette situation ne pourrait pas durer éternellement.

Du bout des doigts elle effleura les mèches en désordre au sommet du crâne de l’Italien qui ronflait doucement. L’homme avec lequel elle vivait aujourd’hui était différent de celui qu’elle avait appris à connaître deux ans plus tôt. Rien de surprenant à ce constat au vu de tout ce qui s’était passé entre temps ; elle comprenait confusément que d’une certaine façon, Angelo se ressemblait de plus en plus et qu’il était en passe de devenir plus entier qu’il ne l’avait jamais été de toute son existence. Elle en était à la fois infiniment heureuse pour lui, et infiniment triste pour elle-même car elle, n’avait pas changé. Elle ne changerait plus.

Je ne pourrai pas t’accompagner plus loin.

Ces mots, elle ne les avait pas encore prononcés. Des mots redoutés autant par elle que par lui : ce qu’elle décelait le concernant, elle n’était pas certaine qu’il en fût conscient ou qu’il voulût en prendre conscience ce qui au bout du compte revenait au même. Elle n’avait pas envie d’être à l’origine d’une souffrance pour lui, quelle qu’en fût la raison. Même bonne.

Et à toi, tu y penses ?

Oui.

Justement.

* * *

Il fait chaud. Très chaud. L’air lui manque mais lorsqu’il essaye d’inspirer, ses poumons s’emplissent d’une moiteur lourde et viciée par une odeur qu’il connaît mais qui lui échappe. Quelque chose ne va pas. Rien ne va. Il n’arrive pas à bouger et pourtant un danger approche. Non, il est déjà là, tout près. Il sert les poings, s’efforce de se redresser mais une force venue de nulle part le plaque face contre terre. Il n’entend plus rien d’autre que sa propre respiration… Il y a quelqu’un d’autre. Un halètement rauque lui parvient, d’abord d’en haut puis plus près, de plus en plus près, jusque dans le creux de son oreille.

Il le reconnaît. Il sait qui il est. Frénétiquement il se débat, en vain : il n’est plus qu’un insecte qu’on écartèle pour le river sur son support et l’exposer à la vue de tous. Il tente de hurler, sans plus de résultat : son cri reste coincé dans sa gorge et l’étouffe quand la douleur le cloue sur le sol.

C’est alors qu’il la perçoit. L’odeur.

Ça sent la chair brûlée.

* * *

« Angelo ! »

L’écho qui roulait cependant sous le plafond de la chambre n’était pas celui du cri de Marine mais du hurlement guttural du Cancer, assis sur le lit, le dos raide à se briser.

Stupéfaite, la Grecque redressée sur ses coudes le détailla bouche bée pendant de longues secondes avant de secouer la tête et de s’asseoir à son tour au milieu des draps :

« Angelo, répéta-t-elle sur le ton le plus posé dont elle était capable. Tu as fait… »

La main qu’elle avait posée sur l’épaule de l’Italien fut balayée d’un revers si violent qu’elle ne dut qu’à ses réflexes de ne pas encaisser le poids de son propre bras en pleine figure. Les yeux agrandis par la sidération, elle le vit se recroqueviller avant de se détendre à demi et de ramper, littéralement, hors du lit. Ombre parmi les ombres, il se dirigea droit vers la porte de la chambre qu’il laissa ouverte en sortant. Elle entendit une autre porte tourner sur ses gonds : celle qui donnait sur le cœur du quatrième temple.

D’abord, elle demeura immobile, sa seule respiration occupant tout l’espace disponible. Les battements de son cœur s’apaisèrent. Ses doigts, qu’elle avait crispés sur les draps, se dénouèrent.

Bon. Lève-toi ma fille. Va voir ce qu’il se passe.

* * *

Rendu dans le naos, Angelo s’écroula au pied d’un dorienne. Les yeux dilatés, le corps couvert de sueur, il peinait à retrouver son souffle et sa gorge lui faisait mal. Il avait crié. Tant mieux. Le cauchemar était fini.

Se laissant tomber sur une fesse, il s’affaissa, le dos et l’arrière de la tête contre le fût en marbre. Merde. Merde ! Depuis combien de temps cela ne lui était-il plus arrivé ? Des mois. Des mauvais rêves, oui, bien sûr mais ce cauchemar ?

Les coudes sur les genoux, il enfouit son visage dans ses mains, ses doigts enserrant les mèches de cheveux au-dessus de son front. Et dire qu’il avait cru que c’était terminé… Un rire sans joie le secoua, rêche et douloureux entre ses côtes. Ses doigts se détendirent et il laissa retomber ses mains pour les regarder. La lune tombait sur lui depuis le naos et sa lumière froide s’abîmait dans les sillons qui cisaillaient ses paumes.

Soudain, un frisson remonté du tréfonds de ses os l’ébranla tout entier. Il leva la tête en direction de la profonde obscurité qui noyait le pourtour du temple. Il ne manquait plus que ça. Et de crisper tous ses muscles en anticipation de la première vague de douleur.

Beaucoup plus haut dans le Domaine Sacré, Shura, allongé à plat dos sur son lit, avait les yeux grands ouverts. Le cœur en désordre, il écoutait le cosmos d’Angelo qui pulsait dans les entrelacs du sien après que son cri, qui n’avait pourtant résonné que dans sa tête, l’eut réveillé. Combien de fois en avait-il entendu de semblables, que ce fût dans un passé proche ou lointain ? En d’autres temps, il se serait levé, aurait dévalé les escaliers, déboulé dans le quatrième temple pour… Pour n’importe quoi : le sortir de son cauchemar, le prendre contre lui, encaisser sa souffrance et sa rage jusqu’à ce qu’il se rendormît et qu’il eût tout oublié le lendemain.

Mais cette nuit, il ne pouvait pas. Il ne devait pas !

Alors qu’il mordait les phalanges de son poing fermé pour s’empêcher de crier sa frustration, il perçut le tiraillement. Sur son cosmos. L’appel au secours d’Angelo.

* * *

Malgré la saison et la chaleur qui avait présidé tout au long de la journée écoulée, le sol en pierre était glacé sous ses pieds aussi Marine accéléra-t-elle le pas le long de la coursive. L’entrée des appartements privés du Cancer se situait quasi à l’opposé de celle du temple lui-même et une barrière cosmique en entourait le cœur. Seul le Chevalier titulaire était en mesure de la franchir ; ses invités, eux, n’avaient d’autres choix que de la contourner ce qui les jetait immanquablement dans ses bras, d’un côté ou de l’autre.

L’obscurité était épaisse sous les frondaisons marmoréennes de la forêt de colonnes qu’elle traversait, de même que le silence. Du bout des doigts, elle suivait le mur, faisant confiance à ses autres sens pour lui éviter de se tordre une cheville dans une anfractuosité creusée par le temps ou de rater une marche quelconque.

Elle s’immobilisa tout à coup : quelque chose venait d’effleurer le sommet de sa tête. Un courant d’air ? Non. Pas à cette heure-ci et encore moins à l’angle du temple où ses pas l’avaient conduite. Une chauve-souris, alors ? Elles étaient nombreuses sur l’île, émergence calcaire au cœur de la mer Égée et par définition fissurée en grandes et petites largeurs, autant d’interstices que l’espèce appréciait d’occuper. Dès le crépuscule, on les voyait partir en chasse jusqu’au petit matin et il n’était pas rare de les apercevoir dans les temples qui demeuraient ouverts jour et nuit.

Marine secoua la tête avec une grimace destinée à elle-même, avant de se remettre en mouvement. Être effrayée par une chauve-souris : de mieux en mieux ! Elle ne fit pas trois mètres de plus : le son caractéristique d’une respiration tout ce qu’il y avait de plus animale lui parvenait par-dessus son épaule.

Le souffle volontairement suspendu, tous ses sens en alerte, elle se figea dans le noir. S’exhortant au calme, son cœur sous contrôle, elle entreprit de pivoter du côté du naos. Avec précaution. La respiration n’avait pas cessé, semblait s’être rapprochée ; son écho étouffé parvenait désormais de toutes parts jusqu’à la Grecque. Les poings serrés, le corps tout entier bandé, elle n’en poursuivit pas moins sa lente reptation sur elle-même, prête à s’élancer ou à esquiver en fonction de ce à quoi elle serait confrontée une fois que…

Rien. Il n’y avait rien. Ni personne. Ses cheveux se dressèrent pourtant sur sa nuque lorsqu’elle perçut un souffle tiède sur sa joue, puis sur son épaule nue. Avant qu’un rire fût chuchoté à son oreille. Il s’éteignit aussi soudainement qu’il s’était manifesté cependant que Marine comprenait que ce qui avait été là venait de disparaître.

D’un geste distrait elle se frotta les bras ; elle les découvrit couverts de chair de poule. Néanmoins, sa propre respiration, précipitée, était désormais la seule à résonner sous son crâne. Ravalant sa salive, elle effectua un nouveau tour sur elle-même ; ce faisant elle aperçut une ombre un peu plus loin, découpée dans le halo formé par la Lune sur le dallage du temple. Angelo.

* * *

« Pourquoi ne m’as-tu rien dit, bon sang ! »

Angelo ne lui répondrait pas, et pour cause : c’était faux. L’Italien lui en avait parlé. C’était lui qui n’avait pas écouté comme il l’aurait dû car cela l’aurait obligé à établir un constat incompatible avec la situation telle qu’elle devait être. Telle qu’elle était censée être.

Shura n’avait pas pris la mesure du niveau de souffrance auquel en était rendu le Cancer dans son combat contre son propre cosmos. A présent qu’il lui avait ouvert le sien – parce qu’il n’avait pas eu le choix – il comprenait. Oui, il savait l’aura d’Angelo abîmée. Oui, il s’était rendu compte – parce que l’autre homme ne le lui avait pas caché – que son cosmos de Capricorne en comblait les béances et dans le même temps, contribuait à l’apaisement d’un corps épuisé par sa lutte quotidienne. Mais, non, il n’avait pas mesuré en quoi la lutte en question consistait.

La tentation était grande de l’assimiler à celle qu’il avait dû mener un an plus tôt mais il ne voulait pas faire injure au Cancer : ce dernier se battait, lui. Il bataillait, ferraillait, résistait quand Shura n’avait aspiré qu’à une seule chose : baisser les bras. Abandonner.

Noyé dans l’aura de l’Espagnol, Angelo s’y abreuvait avec avidité afin de contrer les effets de son cosmos devenu incontrôlable. Leurs harmoniques, à peine déphasées par l’éloignement et le temps passé loin l’un de l’autre, s’étaient tout de suite réalignées et pulsaient désormais comme un seul cœur. La douleur de l’Italien était comme un souvenir dans l’esprit de Shura, dont il percevait les conséquences dans son propre corps sans pour autant en être véritablement affecté. La sensation, pour désagréable qu’elle fût, restait supportable. Pour lui. Pas pour l’autre homme six temples plus bas.

« Angelo ! »

* * *

« Angelo ? »

Cette fois, la main de Marine retomba avant d’atteindre l’épaule du Cancer. Elle n’était pas certaine qu’il fût conscient de sa présence et ne voulait pas déclencher la même réaction que tantôt.

A genoux à côté de lui, elle pencha la tête pour tenter d’apercevoir son visage plongé dans l’obscurité.

« Angelo, l’appela-t-elle de nouveau avec douceur mais fermeté. Tu m’entends ? »

Elle n’y avait pas prêté attention de prime abord mais une mince pellicule de cosmos enveloppait le corps de l’Italien. Elle était si imperceptible qu’elle ne devait sa détection qu’à son septième sens dont elle comprenait qu’il était demeuré en alerte et que c’était lui qui l’avait avertie de la – quoi : présence ? – près d’elle alors qu’elle cherchait Angelo. Chassant résolument l’incident auquel elle aurait tout le temps de réfléchir plus tard, elle réitéra sa tentative, ses doigts effleurant l’épaule musculeuse avant de s’y poser pour de bon quand enfin elle aperçut un œil bleu qui la regardait.

« Comment tu te sens ?

M… – le Cancer toussa et se racla la gorge – Mieux. Foutue crise, hein… »

Pour toute réponse, Marine passa ses deux bras autour de lui et l’attira contre elle, une main recouvrant sa tête.

« Tu m’as fait peur, espèce d’idiot. »

De la crise ou du cauchemar, elle se demandait ce qui l’avait le plus ébranlée et se décida pour la seconde option. Ce n’était pas la première fois qu’il la réveillait en s’agitant ou en marmonnant dans son sommeil mais ce hurlement, elle ne l’avait jamais entendu. Et se prenait à redouter d’y être un jour de nouveau confrontée.

Un « désolé » étouffé lui parvint depuis son giron dont elle desserra l’étreinte pour le laisser respirer. Le dos puissant d’Angelo se souleva comme il prenait une profonde inspiration puis s’abaissa alors qu’il la laissait filer au ralenti. Elle sentait les reliefs des cicatrices sous la pulpe de ses doigts et elle en suivit le tracé avec des précautions qu’elle savait pourtant inutiles. Il ne réagirait pas, puisqu’il ne sentait rien. Trois fois elle l’avait interrogé à ce sujet, trois fois il lui avait opposé une fin de non recevoir. Sans agressivité mais avec fermeté. Elle avait alors cessé de poser des questions mais pas de les formuler dans sa tête à chaque fois que son regard tombait sur le dos supplicié. Parce qu’il ne pouvait en être autrement. Sa répulsion première devant cette évidence n’avait toutefois pas résisté à son esprit analytique et très vite elle s’était retrouvée à examiner toutes les hypothèses, imaginer toutes les solutions et conclure in fine qu’il valait mieux ranger ses conjectures dans le dernier tiroir de son esprit, là où elle saurait les oublier.

Le cauchemar d’Angelo la surprenait cependant en train de farfouiller dans ledit tiroir à la recherche d’une réponse. Elle avait besoin de comprendre cette terreur brutale, si peu en accord avec celui qui s’était fait appeler Masque de Mort pendant des années. Car c’était bien de cela qu’il s’agissait, une peur incoercible, une épouvante sans fond, qu’elle avait perçues dans l’esprit du Cancer au moment où il hurlait.

Ses mains s’immobilisèrent quand il bougea contre elle. Se redressant, il réapparut, l’air hagard dans le jour qui se levait et dont les premières lueurs grisaient les ombres. Son absence ne dura que le temps pour lui de se ramasser pour se relever, entraînant Marine dans son mouvement.

« Une grasse matinée, ça te tente ? 

J’allais te le proposer. »

La fatigue venait de retomber sur la Grecque, plus lourde que le plomb. Étouffant un bâillement, elle s’appuya contre Angelo qui, un bras passé autour de sa taille, la ramena jusqu’à la porte restée ouverte de ses quartiers.

Lorsqu’ils se glissèrent de nouveau sous les draps après avoir, cette fois, soigneusement refermé les persiennes et tiré les rideaux, il n’avait toujours pas prononcé un mot supplémentaire. Ses gestes toutefois parlèrent pour lui et lorsque Marine, enfin, se rendormit, il la serrait dans ses bras.

Rodorio, Grèce, 31 mai 2006

Igor était russe. Petit pour son âge – à quatorze ans, il en paraissait à peine douze – et fluet, il avait coutume de déclencher les rires méprisants de ses camarades, jusqu’au moment où il se mesurait à eux dans l’arène. De cet instant et jusqu’à la fin du combat, le silence remplaçait les moqueries avant de se faire aussi lourd que le corps de son adversaire qui retombait immanquablement assommé au beau milieu de la lice.

Apprenti de longue date au Sanctuaire, il en connaissait les coins et les recoins par cœur tant il l’avait exploré en long en large et en travers, du moins de tous les secteurs où il avait le droit d’accéder. Et quelques autres, aussi. Seul demeurait hors de sa portée le Domaine Sacré et sa curiosité souffrait chaque jour de contempler les douze temples aujourd’hui rénovés, et plus majestueux encore que le jour de son arrivée, sans pouvoir ne serait-ce que les approcher.

Les années avaient passé mais pas son émerveillement pour l’endroit. Petit garçon, il avait plongé à pieds joints dans le joli conte servi par celui qui l’avait recruté et lorsque la belle histoire en question s’était matérialisée sous ses yeux, il l’avait considérée pour acquise sans s’interroger une seule seconde au sujet du comment. Quant au pourquoi, il était alors trop jeune pour l’appréhender ; quelques années plus tard, sa compréhension n’en avait pas amoindri l’aspect épique et sa passion – parce que oui, il s’agissait bien de cela en fin de compte – faisait d’Igor le meilleur ambassadeur possible auprès des nouveaux arrivants, surtout ceux qui avaient besoin d’être rassurés.

Il n’en avait été que plus déçu, voire meurtri dans son cœur, quand il avait constaté que le monde ignorait tout du Sanctuaire lors de ses premiers pas sur le net. Par principe – et mesure de précaution de bon aloi – Saga interdisait au moins de douze ans d’accéder à un ordinateur. C’était déjà assez compliqué comme ça de prendre en charge l’éveil de l’adolescence de certains d’entre eux, si en plus il fallait gérer des velléités de révolte dûment nourries par une découverte trop précoce du monde extérieur, « on n’était pas sorti du sable », ainsi que certains chevaliers d’argent avaient coutume de le préciser, non sans un air exagérément blasé.

Les premiers temps Igor avait cherché des heures durant, les yeux brûlants à force de fixer l’écran, sans rien trouver. Mais comment cela était-il seulement possible ? Alors qu’il disposait enfin d’un accès libre à la plus merveilleuse et la plus infinie des sources de connaissances, capable d’étancher sa curiosité pourtant insatiable, c’était comme si le Sanctuaire n’existait pas. Et pourtant, il y vivait, lui ! Alors quoi ? Cela signifiait-il que lui-même n’avait pas d’existence ?

Il s’était enquis de cette aberration auprès de ceux qui assuraient son apprentissage. Ils l’avaient alors rappelé aux règles régissant le Sanctuaire et qu’il était censé connaître à l’instar de n’importe quel autre apprenti. En soi, oui, Igor les avait apprises par cœur ; toutefois, elles lui étaient dans le même temps apparues si obsolètes, ainsi rédigées et énoncées en grec ancien, que leur portée réelle lui avait échappé. Il avait fallu l’intervention d’Aldébaran, et une longue conversation avec ce dernier pour qu’Igor intégrât enfin la réalité des fondements du Sanctuaire et de ce qu’ils recouvraient, tant pour le monde que pour lui-même. En faisait du Sanctuaire le centre de sa vie et de son avenir, il avait accepté de le servir sans réaliser pleinement que cela signifiait également servir une humanité qui n’avait nul besoin de connaître son existence. Cette prise de conscience s’était concrétisée de façon définitive et pour le moins marquante quand sous ses yeux ébahis et sous ses pieds tremblants, le Sanctuaire avait failli être détruit par les armures qu’il recelait encore en son sein. Ou tout du moins leurs reliques, il ne l’ignorait pas ; mais cette débauche soudaine de cosmos associée à la somme des événements qui s’étaient alors précipités avait achevé de l’ancrer définitivement dans une réalité qui n’avait plus grand-chose à voir avec un conte pour enfants.

Non, c’était mille fois mieux.

Deux années s’étaient écoulées, le confortant dans son avenir de chevalier – ses capacités ne soulevaient plus le moindre doute chez ses instructeurs – ainsi que dans le rôle qu’il serait amené à jouer dans le monde extérieur un de ces jours. Son indignation première lorsqu’il s’était rendu compte que nul, jamais, n’aurait vent de ses actions pour le bien commun, n’était plus qu’un souvenir. Néanmoins, plus par habitude qu’autre chose, il écumait encore régulièrement le net à la recherche du plus petit indice qui laisserait à penser que quelque part, il y avait des gens qui connaissaient le Sanctuaire, qui savaient ce qu’il était et qui par conséquent, lui rendaient hommage. Parce qu’il ne pouvait en être autrement, surtout après sa victoire contre les Portes. Mais toujours sans le moindre succès.

«  Hé, c’est quoi ça, Igor ?

Hein ? »

Merde. Il avait oublié de fermer sa session.

« C’est rien. Et puis d’abord, pourquoi tu ne te connectes pas avec ton compte ?

Tu regardes des trucs vraiment bizarres, toi… Comment ça, le onze septembre, c’était du flan ?

Ça suffit, arrête! »

Sous le regard ahuri de l’apprenti qui venait de prendre sa place devant l’écran, Igor bouscula ce dernier et en quelques clics efficaces, fit disparaître la page incriminée puis se déconnecta du système.

« Voilà », fit-il en se redressant non sans un coup d’œil mauvais à l’égard de l’autre garçon qui avait croisé les bras et le fixait par en-dessous :

« Non, c’est trop facile. Pourquoi sur ton site, là…

Ce n’est pas mon site.

… ils disent que le onze septembre, c’est un truc inventé ? »

Igor soupira quand une seconde voix ricana :

« Il est russe, t’as oublié ?

Ça n’a rien à voir ! »

La protestation lui avait échappé en même temps que deux paires d’yeux intéressés se rivaient à sa personne, bien décidées à ne pas le laisser s’enfuir sans qu’il eût fourni une réponse. Il soupira : heureusement, à cette heure, les lieux étaient plutôt déserts.

« Ce… C’est un site complotiste.

Complotiste ?

En gros, ce sont des mecs qui ne croient jamais rien de ce que disent les différents gouvernements et qui élaborent leurs propres théories pour expliquer des tas d’événements.

Et… tu es du même avis qu’eux ? »

Pendant que le second garçon secouait la tête d’un air ostensiblement méprisant, le premier le contemplait avec curiosité.

« Non ! Non – Igor eut un rire nerveux – tout ce qu’ils racontent, c’est des conneries, du genre l’homme n’a jamais marché sur la Lune, ou l’armée américaine a eu des contacts avec des extra-terrestres, ou bien encore Kennedy a été tué par la CIA…

Alors pourquoi tu consultes ces sites ? »

Parce que, peut-être, ils ont entendu parler du Sanctuaire. Peut-être, ils savent qu’on existe.

« Je trouve ça marrant.

T’es vraiment pas bien dans ta tête, toi », soupira son interlocuteur qui pivota sur sa chaise afin de lancer sa propre session, non sans partager un regard entendu avec le second garçon qui l’imita, tournant ainsi le dos à Igor qui réprima à grand peine son soulagement. De toute façon, pas plus que lui, ces deux-là n’avaient l’intention de s’éterniser encore longtemps à Rodorio. Un banquet organisé par le palais du Domaine Sacré sous l’égide du Grand Pope lui-même les attendait au Sanctuaire pour célébrer le mariage des chevaliers d’or des Gémeaux et des Poissons en compagnie de tous les habitants de l’île sans aucune distinction. Pour ce qui le concernait – et il n’était pas le seul – il n’aurait raté ce moment pour rien au monde : la chance de côtoyer hors de tout protocole ceux qu’il considérait comme des demi-dieux ne se refusait pas !

« Merde, ça ne marche pas. »

Igor suspendit son pas, alors qu’il se dirigeait vers la porte.

« Igor, qu’est-ce que tu as foutu, sérieux ! Tu paries que tu as réussi à choper un virus avec ton site débile ? »

Se retournant, l’apprenti avisa l’écran, dont il était pourtant sûr qu’il affichait la page de connexion du système moins d’une minute plus tôt, se parer d’une superposition de fenêtres surgissant les unes après les autres sans discontinuer, indépendamment de la frappe frénétique sur le clavier de son condisciple qui ne parvenait pas à les juguler.

L’échine glacée, il vit successivement apparaître des publicités pour des casinos, puis pour des sites pornographiques – non sans les rires gras et gênés des deux autres apprentis en toile de fond – avant que l’écran devînt intégralement noir, un curseur clignotant paresseusement dans le coin en haut à gauche. Il recommençait tout juste à respirer quand s’afficha soudain une nouvelle page web, telle qu’il n’en avait jamais vue auparavant. Cela ressemblait aux nombreux autres sites du même acabit que celui qui lui avait valu les sarcasmes des autres garçons tout en étant subtilement différent. Les couleurs, peut-être ? Moins agressives ? La mise en page, aussi : plus ordonnée, moins tape-à-l’œil. Dans tous les cas, s’il était déjà tombé dessus, il s’en serait souvenu.

« Hé. Venez voir ça. »

Non.

Non ! C’est impossible !

8 réflexions sur “Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 23

  1. Merci pour ce chapitre.

    Une cuite suivie d’une terreur nocturne… Pas facile pour Angelo et encore plus pour son entourage. Il est vraiment en vrac l’Italien.

    Ce chapitre soulève de nombreuses questions :

    Qu’est-ce que c’est que cette entité qui est venue susurrer à l’oreille de Marine ? Projection de cosmos ? Fantôme oublié dans le temple ? Mystère.

    Si en plus les apprentis se mettent à traîner sur les sites complotistes, ça promet.

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    • Une cuite, une cuite… Pour un chevalier d’or, c’est une situation toute relative XD Je ne crois pas qu’un gars comme ça puisse *réellement* être bourré au sens où toi et moi on l’entend XD Il lui suffirait d’activer son septième sens pour retrouver instantanément toute sa lucidité 🙂

      On est au-delà de la terreur nocturne ici. Ce n’est pas un cauchemar, c’est une réminiscence, un souvenir. Ce qui, dans le cas d’Angelo, est encore pire que le pire des cauchemars. Il en avait très souvent étant ado (et ravageait régulièrement ses appartements à l’occasion), ce qui n’aidait pas à améliorer ses relations sociales (sauf avec Shura qui s’était mis en tête de lui porter secours quand il était dans le coin). Ça s’était calmé et puis… Disons que l’état lamentable de son cosmos n’aide pas, même si ce n’est pas la seule raison 😉

      Quant à l’identité de l’entité en question… A vrai dire, ce n’est pas très difficile à trouver 😀 (disons que la réponse est trouvable dans un texte que j’ai écrit concernant Shura et Angelo :P) (comment ça, y en a trop ?)

      Ah ces jeunes ! XD Moi j’dis, faudrait endurcir un peu plus leur entraînement, histoire qu’ils soient trop crevés pour aller trainer n’importe où sur internet XD

      Merci beaucoup pour ta lecture et d’avoir pris le temps de partager tes impressions sur ce chapitre !

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  2. Hello!

    Pas une nuit facile pour Angelo… Il n’est vraiment pas en forme! De là à se dire que ce serait urgent de prendre les choses en main, hein… Mais la personne qui me fait vraiment de la peine dans cette histoire, c’est Marine, je dois dire. Victime collatérale d’une situation sur laquelle elle n’a absolument aucune prise tout en étant parfaitement lucide, et qu’elle subit avec beaucoup de force et de dignité. J’espère qu’elle ne souffrira pas trop, ou du moins pas trop longtemps…

    Et je me demande aussi quelle est cette présence qu’elle a ressentie? Un ennemi aurait-il pu pénétrer les protections du Sanctuaire? (par exemple, un qui aurait les capacités des Gémeaux?) Ou alors, une des victimes du Cancer qui a mal digéré ses méthodes…

    Quant à la fin, je devine qu’on s’apprête maintenant à passer aux choses sérieuses! Avec des révélations aussi croustillantes que malveillantes peut-être? Je crois qu’Igor qui regrettait qu’on ne parle pas du Sanctuaire sur internet risque de bientôt regretter l’inverse… (et encore des causes de migraines et insomnies pour Saga, youpi!)

    Je me réjouis de voir où tu vas nous emmener pour la suite!

    A bientôt,
    Lily

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    • Coucou Lily !

      Pas facile pour Angelo en ce moment, en effet : il avait la paix (certes toute relative) depuis quelques mois pendant la nuit et ne s’attendait pas, de fait, à voir ressurgir « ça ». Des cauchemars, ça lui arrive régulièrement, mais « ça », c’est autre chose. Son cosmos est en mauvais état ce qui implique une fragilité dans ses défenses psychiques : s’il était en meilleure forme, ce ne serait pas pas arrivé. Enfin… sans doute 😉

      Marine est confrontée à une situation dont elle savait qu’elle se produirait tôt ou tard. D’une certaine manière, elle en avait inconsciemment accepté et intégré le principe dès le départ et choisi de profiter du sursis qui lui était offert. C’est son choix, d’autres auraient peut-être vu les choses sous un autre angle. Elle sait, à ce stade, que le pied du mur se rapproche dangereusement et ma foi, elle aimait assez Angelo pour lui vouloir du bien, quand bien même ça lui fait du mal. Mais elle serait encore plus malheureuse si par égoïsme, elle le rendait lui aussi malheureux. Marine est une femme admirable ♥ (et étant ce qu’elle est, elle saura sortir de cette situation la tête haute)

      L’identité de cette présence peut faire l’objet de moult supputations : tu imagines bien que je ne te répondrai pas 😉 Mais tu détiens déjà une partie de la réponse…

      Oui, Igor va expérimenter les conséquences du « méfie-toi toujours de ce que tu souhaites » XD Quant à Saga… Le pauvre ! Sois donc un peu charitable à son égard XD (ce n’est que le début, en plus…)

      Heureuse que cette histoire continue à t’intriguer et à t’intéresser ! La prochaine MAJ n’est pas pour tout de suite parce que je suis très prise par ailleurs et que je manque de temps mais le prochain chapitre est tout de même prêt à 40 %, donc je ne désespère pas.

      Grand merci à toi pour ta lecture et le partage de tes impressions, à bientôt !

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  3. Hello Al’,

    Encore un excellent chapitre, avec un énorme cliffhanger en prime. J’adore 😀

    Pauvre Angelo ! Sa souffrance fait mal à lire. J’ai compris que son cauchemar avait tout à voir avec les sévices exercés par son tortionnaire de maître. Et pourtant, Shura l’avait libéré de ses peurs cette nuit-là, lui avait rendu sa liberté. Mais il semblerait que les pires démons d’Angelo soient de retour aujourd’hui. La faute à l’absence du Capricorne, au cosmos déchiré du Cancer, à un mélange des deux ? A autre chose ? Quoi qu’il en soit, l’ombre du monstre ayant servi de maître à Angelo semble toujours planer au-dessus de lui. D’ailleurs j’ai même imaginé que le souffle animal qui a balayé Marine dans le quatrième temple était son fantôme. Mais là, je délire certainement.
    Je ne sais pas comment Angelo va se sortir de cette mauvaise passe. Je suppose qu’il ne pourra pas y arriver sans Shura. C’est même une évidence. J’ai hâte de les voir à nouveau réunis tous les deux, mais en même temps, j’ai de la peine pour Marine qui va finir par souffrir. Forcément.

    Sinon, pour revenir à une touche un peu plus joyeuse, j’ai beaucoup aimé la scène introductive, avec le strip-tease de Marine sous forme de compte-à-rebours. C’était très bien trouvé, très joliment décrit et superbement orchestré. Et puis j’ai quasiment pu ressentir le soulagement de Marine en l’imaginant retirer ses clips d’oreille. De véritables objets de torture ces choses-là ! J’ai aussi repensé au passage de l’achat des costumes, ce qui a une nouvelle fois rappelé à mon souvenir ces fameux clichés volés.

    Et sans transition donc… Ça y est, on dirait bien que l’heure de la « révélation » de l’existence du Sanctuaire aux yeux du monde a sonné. Ça va être hard-core. J’entends déjà Saga hurler, sans parler de ceux dont les frimousses (voire plus si j’ai bien compris ?) vont se retrouver données en pâture sur la toile. Bien joué Guilty ! Car j’imagine que c’est lui qui se trouve derrière ce fameux site internet. Mais je me trompe peut-être ?

    To be continued… Et tu ne peux pas savoir à quel point j’ai hâte que ça continue !
    Merci pour cette histoire et pour la partager avec nous.

    Prends soin de toi et à tout bientôt.

    Bises,

    Phed’

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    • Coucou Phed’ !

      Je suis ravie que ce chapitre t’ait plu ! Ah ah, ça faisait longtemps que je n’avais pas pratiqué la technique du vil chiffhanger XD D’autant qu’en plus – et j’en suis bien marri – la suite n’est pas prête d’arriver vu mon emploi du temps actuel T_T

      Tu as tout à fait raison : le « cauchemar » est bien un souvenir dans le cas présent et découle directement de cette noire période. En tout état de cause, Shura a initié la libération : le premier pas a été fait. Si je devais en donner une image, c’est comme s’il avait ouvert le cadenas des chaînes mais que le porteur des chaînes en question n’avait pas pris conscience qu’il pouvait enfin en sortir. Angelo en est là : désormais, il a les cartes en main pour gagner sa liberté mais le chemin sera long et très difficile. A vrai dire, il n’en est qu’au début. Et comme l’introspection poussée n’est pas son genre, il va falloir du temps. Beaucoup de temps.

      De fait, les démons n’ont pas disparu et profitent de la faiblesse du cosmos d’Angelo pour s’engouffrer dans la brèche de ses barrières psychiques. Ceci étant, ce n’est pas la seule raison 😉 Quant au souffle animal perçu par Marine… tu brûles très chère !

      Eh oui : Angelo a besoin de Shura pour se sortir de là et regagner son intégrité, tant mentale et physique que cosmique. Quant à Marine, elle savait. Depuis le début. Que ça se terminerait comme ça. Elle en a pris son parti et a choisi de profiter du sursis qui lui a été offert. C’est une femme forte, qui a la tête sur les épaules et qui a à coeur le bonheur d’Angelo parce qu’elle l’aime. Ca peut sembler un peu sacrificiel dit comme ça, mais elle est assez égoïste pour ne pas avoir envie de souffrir encore plus si elle s’acharnait à vouloir garder Angelo, qui serait malheureux à ses côtés.

      J’ai beaucoup aimé écrire le début de ce chapitre parce que j’aime beaucoup la complicité très forte qui existe entre Angelo et elle. Ce lien ne disparaitra jamais, Marine comptera toujours pour Angelo et inversement. Ils partagent tous les deux un solide sens de la dérision et Marine apprécie l’humour parfois très borderline d’Angelo ; quant à lui, il est ravi que ce soit le cas et il est plutôt fan de la personnalité très affirmée de Marine.

      On n’est qu’au tout début des emmerdes ! Saga va effectivement s’arracher les cheveux (après tout, c’est pas comme s’il n’avait pas de réserves en la matière XD) mais il n’a pas idée de ce qui l’attend, le pauvre… Quant à savoir si c’est Guilty… Hum. N’oublions pas *qui* lui a mis le pied à l’étrier du web, et *qui* fait mumuse avec son antenne satellite du fin fond de la Norvège 😉

      Merci tout plein pour ton intérêt et ton enthousiasme ! Cela me touche vraiment et me motive pour préparer la suite ♥

      Bises et à bientôt !

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