Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 22

Une ville proche d’Asgard, Norvège, 30 mai 2006

Hagen traînait des pieds et n’avait pas besoin des coups d’œil agacés que Syd jetait régulièrement par-dessus son épaule dans sa direction pour en prendre conscience. Et quand bien même ? Tout le monde n’était pas comme les Mizar, empressés – d’aucuns rajouteraient « trop » – dans l’accomplissement de leur devoir envers leur clan d’abord, envers Asgard ensuite. Devoir… Le mot tirait une grimace au Guerrier Divin à chaque fois que le sujet s’invitait dans les discussions entre les nobles d’Asgard, c’est à dire une peu trop souvent à son goût au cours de la dernière décennie. Il n’était encore qu’un enfant lorsque son père lui en avait parlé pour la première fois, avec une gravité qui l’avait impressionné assez durablement pour qu’encore aujourd’hui, il lui semblât entendre sa voix lorsque l’un ou l’autre de ses pairs y faisait allusion.

Il en avait détesté le principe dès le début alors même qu’il était encore trop jeune pour en saisir tous les détails. Son père et sa mère s’aimaient tendrement ; élevé dans leur amour, la simple idée que l’un ou l’autre aurait pu briser cette belle harmonie dans le seul but d’honorer leur devoir envers Asgard le révulsait ; il demeurait d’ailleurs à ce jour encore persuadé qu’ils s’en étaient abstenus. Après tout, n’était-il pas né ? Cela avait suffi à ses parents, certainement. Quant au fait qu’il fût le seul héritier de son clan, il s’en trouvait plus pour l’envier que pour désapprouver cette situation et pour cause : lorsque ses parents ne seraient plus là – plaise aux Dieux que ce fût le plus tard possible ! – aucun conflit de succession n’entacherait le nom des Merak.

Et après ?

Il n’y avait pas d’après. Aussi amère fût cette vérité, aucune autre existait à laquelle il aurait pu se raccrocher. Il trouvait cette situation infiniment injuste : Freyja et lui s’aimaient ! Au sein de la noblesse asgardienne, rares étaient les mariages qui ne fussent pas arrangés, encore aujourd’hui. Le risque de consanguinité était devenu tel qu’il s’avérait indispensable de prendre toutes les précautions, considérant par ailleurs le trop faible nombre de naissances au sein de l’enclave norvégienne.

Ensemble, ils avaient consenti tous les efforts possibles et imaginables, sans succès à ce jour. Pas même l’embryon d’un. Il grimaça de nouveau avec cette fois l’envie de se mettre des gifles. Ce genre d’humour douteux ne lui ressemblait guère mais à son corps défendant, il commençait à comprendre ceux qui en usaient et en abusaient, et qui se trouvaient dans la même situation que lui depuis plus longtemps encore. Ce n’était pas pour autant une raison de devenir comme eux !

« Allons, dépêche-toi un peu… »

Cette fois Syd avait laissé partir les autres devant et l’attendait, ses prunelles couleur de jade empreintes de suspicion.

« Tu n’envisages pas de nous faire faux bond, n’est-ce pas ?

— Si, répondit Hagen avec franchise. Mais je sais aussi que je n’ai pas le choix.

— A la bonne heure ! S’exclama le Guerrier Divin de Zêta en lui assénant une claque sur l’épaule. Tu verras, ce n’est pas si terrible, rit-il encore. Au contraire ! De toutes nos obligations envers Asgard, c’est sans doute celle qui est la moins désagréable. »

Parle pour toi, songea Hagen en emboîtant le pas de son pair désormais de bien meilleur humeur, et ils parvinrent bientôt à l’entrée du quartier recherché. Là les attendaient trois ou quatre de leurs semblables, des nobles encore jeunes, héritiers probables ou potentiels de leur clan. Parmi eux, Sigmund, le cadet de Siegfried qui arborait un niveau d’enthousiasme similaire au sien, à savoir proche du néant.

« Je déteste ce genre de « sorties », lui confia le deuxième né des Dubhe lorsqu’il accorda son pas au sien, surtout… comme ça. En groupe.

— C’est plus facile, suggéra Hagen.

— Ça n’en est pas moins sordide. »

Les deux établissements se faisaient face dans la rue déserte. La neige, totalement inattendue à cette période de l’année, était tombée en abondance l’avant-veille, sa blancheur recouvrant la route et les trottoirs d’un manteau moutonneux que nul n’avait osé fouler.

Le bâtiment de gauche n’avait pas décroché ses guirlandes de Noël qui clignotaient avec un entrain fatigué, témoignant de l’activité de l’établissement quand celui de l’autre côté de la rue avait conservé ses rideaux baissés. Lorsque l’un était ouvert, l’autre ne l’était jamais et inversement. C’était mieux ainsi. Cela évitait les rencontres malencontreuses et les querelles inutiles une fois leurs visiteurs revenus dans leurs foyers.

Le tintement des bouteilles, les rires hauts perchés et une chaleur de fournaise leur sautèrent au visage dès qu’ils eurent passé le seuil, tapant leurs bottes sur un vaste paillasson, se débarrassant de leurs gants et de leurs manteaux. A peine s’ils eurent le temps de prêter attention à l’aréopage d’adolescentes qui s’empressèrent autour d’eux pour les délester de tout ce qui les encombrait ; déjà une table était débarrassée à leur attention tandis que la tenancière des lieux, une solide Norvégienne aux cheveux blonds et courts, aussi grande que la plupart d’entre eux et aussi massive pour certains, les accueillait avec un large sourire empreint de chaleur :

« Votre place habituelle ! Ah, je vois que nous avons de nouveaux invités ? Allons, installez-vous. Rajouta-t-elle avec un clin d’œil et un ton plus bas. Et ne vous inquiétez de rien, d’accord ? »

Malgré lui, Hagen se surprit à sourire en retour à celle que tout le monde appelait Varla et qui tenait depuis plus de trente ans la maison des Mères d’Asgard.

En d’autres lieux, et sans doute d’autres temps, le lieu aurait été qualifié de bordel et Varla de mère maquerelle. Il n’en était rien. D’abord, il n’était pas question d’argent. Bien sûr, les consommations participaient du budget des lieux mais l’essentiel était abondé par Asgard elle-même. Ensuite, il n’était pas non plus question de prostitution. Les filles, toutes âgées de moins de trente ans et confirmées comme fertiles, étaient là de leur plein gré et le choix de leur partenaire d’un soir voire plusieurs était le leur, exclusivement. Elles pouvaient aborder, bavarder, accepter ou refuser. Nul ne les contraignait et il ne serait venu à l’esprit d’aucun des hommes présents dans la salle d’envisager ne serait-ce qu’une seule seconde qu’il pût en être autrement. Enfin, il n’était pas question de récréation mais plutôt de procréation. En ce lieu, deux objectifs : assurer sa descendance pour les uns, assurer son avenir pour les autres. Un accord librement établi et consenti par toutes les parties lorsqu’à la fin des années soixante-dix, Varla, qui avait donné naissance à cinq enfants asgardiens pour autant de pères différents et reconnaissants, avait proposé au souverain de l’époque d’organiser un peu mieux les choses au moment où ces conceptions alors clandestines se destinaient à devenir la norme au sein d’un peuple où les enfants ne naissaient plus en nombre suffisant pour garantir à terme et avec le moins de consanguinité possible le renouvellement des générations.

Un tonneau de bière accompagné de ses chopes se matérialisa au centre de la table, en même temps que plusieurs filles, plus âgées que celles qui les avaient accueillis. Heureusement ! Constata Hagen, soulagé. Il avait entendu beaucoup de choses au sujet des Mères d’Asgard, et plus précisément tout et son contraire et bien que ce fût là sa deuxième visite, il n’en avait toujours pas élucidé tous les mystères. Et parmi ceux-ci, l’origine des femmes qui leur proposaient leurs services de génitrices. Toutes n’étaient pas scandinaves, c’était un fait établi. Alors d’où venaient-elles ? Comment avaient-elles atterri en ces lieux ? Qui les recrutait ? Les convainquait ?

« Bonsoir ?

— … Nous nous connaissons ? »

Il ne l’avait pas vue arriver et lorsqu’il tourna la tête pour répondre machinalement à sa salutation, il la trouva assise sur un tabouret derrière lui, assez proche pour qu’il sentît son parfum.

« Je n’ai pas du vous faire si bonne impression que je l’imaginais, la dernière fois, rit-elle sans sembler se formaliser de sa circonspection. Je suis Liv. Vous ne vous rappelez pas ? »

Liv… Oui, bien sûr !

« Je suis désolé, fit Hagen, confus. Et, si, je me rappelle de vous. Simplement, ça fait longtemps et…

— et déjà la première fois, vous n’étiez pas ravi d’être ici.

— Ça se voit tant que ça ?

— Oh oui ! » Et la jeune fille de s’esclaffer de nouveau, avec toutefois une gentillesse telle que le Guerrier Divin sentit sa défiance initiale fondre comme neige au soleil. Comment avait-il pu l’oublier ? Avec ses longues tresses d’un blond si clair qu’il paraissait blanc sous la lumière, ses grands yeux d’un bleu limpide et son sourire qui découvrait des dents dont l’émail lui faisait penser aux perles qu’on trouvait à l’occasion dans les huîtres au large des côtes, elle ressemblait…

A Freyja.

Il se figea, tandis que ses voisins de table saluaient Liv à leur tour et qu’elle répondait gracieusement à leurs mots et à leurs questions. S’il était venu – et revenu – c’était aussi parce que sa femme le lui avait demandé. A plusieurs reprises et si souvent qu’il avait fini par céder une première fois après des mois d’un travail de sape de sa part qui avait su porter ses fruits malgré les refus obstinés qu’il lui avait opposés. Freya avait cependant toujours été la voix de la raison dans leur couple : cet enfant qu’elle ne pouvait lui donner, il devait aller le chercher ailleurs, pour le bien de son clan. « Qu’au moins l’un de nous deux ait la chance de voir sa famille lui survivre », avait-elle argumenté à travers les larmes qu’elle peinait toujours à retenir lorsque la réalité de leur situation s’imposait à elle. « Peu m’importe sa provenance : j’élèverai cet enfant comme s’il était le nôtre, puisqu’il sera le tien ».

Et parce que Hagen savait qu’elle avait foi en chacun des mots qu’elle prononçait et qu’elle aurait préféré mourir plutôt que de ne pas honorer son serment, il avait fini par céder, rappelé de son côté à son devoir par ses parents qui se faisaient vieux et désespéraient à l’idée de mourir sans la garantie de voir le nom des Merak perdurer. L’expérience de certains de ses alter ego, dont Syd de Mizar qui s’enorgueillissait officiellement de deux fils et d’une fille, avait fait le reste. Allons, comme disait Syd, ce ne devait pas être si terrible, n’est-ce pas ?

Mais tout de même : avait-il vraiment besoin d’un sosie de son épouse ?

« Je suis heureuse que vous soyez revenu, lui confia Liv, délaissant les autres Asgardiens qui, avec force regards et sourires entendus à l’égard de Hagen, avaient reporté leur attention sur les autres femmes. Que diriez-vous si je vous proposais de nous isoler loin de tout ce boucan ? »

La proposition est claire, nette et sans ambiguïté. Au moins Liv ne s’embarrassait-elle pas de ronds-de-jambe qu’Hagen aurait par ailleurs trouvés incongrus au regard de ce qui motivait leur présence ici, à tous les deux. Pourtant, il hésitait encore. Elle était si semblable à Freyja ! Il n’était pas sûr d’être un bon choix pour cette fille. S’il commençait à s’attacher à elle, ou pire, elle à lui, cela pouvait… risquait…

Il ne dut qu’à sa nature de Guerrier Divin de ne pas sursauter lorsqu’il sentit sa main sur le haut de sa cuisse.

« Tout va bien se passer, murmura-t-elle à son oreille. Et si je suis là ce soir, c’est parce que mon cycle est favorable. Avec un peu de chance, il ne sera pas utile que nous nous revoyions. Cela te rassure-t-il ? »

Hagen savait comment les choses étaient censées se dérouler. La fille tombait enceinte et à partir de cet instant, entrait dans le cercle très fermé des Mères. Varla l’installait dans l’un des appartements doté de tout le confort que quiconque pouvait souhaiter, dans les étages au-dessus de la grande salle ; les neuf mois de grossesse se déroulaient là, rythmés par les suivis médicaux – eux aussi pris en charge par Asgard – et surveillés par Varla elle-même qui mettait un point d’honneur à ce que les engagements pris auprès du géniteur fussent respectés à la lettre. Au moment de l’accouchement, le père était informé et lorsque tout allait bien, il venait récupérer son enfant puis repartait en Asgard. Quant à celle qui l’avait mis au monde, elle se voyait gratifier d’une pension assez confortable pour vivre le restant de ses jours sans travailler. Gagnant, gagnant lui avait toujours affirmé Syd. Tout était simple. Trop simple.

« Tu as déjà eu des enfants ? Demanda-t-il abruptement.

— Tu veux dire… avec des Asgardiens ? Non bien entendu, quelle question ! » Elle eut un charmant sourire ; il se surprit à espérer qu’elle ne le considérât pas comme un idiot parce qu’il n’avait pas réfléchi.

« Oui, évidemment. Excuse-moi, je crois que je suis un peu… nerveux.

— Hum… Je vois ça. Mais il semblerait que cela puisse s’arranger rapidement. »

La main baladeuse était remontée jusqu’à son aine et s’arrondissait à présent autour de ses bourses, les massant avec douceur et dextérité mêlées. De l’expérience des pensionnaires de l’établissement, il avait aussi entendu parler sans être en mesure de se l’expliquer puisque leur seul objectif étant de tomber enceintes, leur temps de présence à l’accueil de la Maison des Mères était de fait limité. Il n’était toutefois pas certain d’avoir envie de savoir. Ni d’en être capable d’ailleurs, alors que son pantalon commençait à devenir inconfortable.

« Suis-moi. » Et Liv de se lever, tout en lui tendant la main. Un instant, Hagen eut peur que Syd, dont la discrétion était tout sauf légendaire, fît remarquer son départ à leurs camarades. Il n’en fut rien, trop occupé qu’il était à entreprendre celle dont il avait décidé qu’elle serait la mère de son quatrième enfant.

Louvoyant entre les tables, ils gravirent l’escalier jusqu’au premier étage qui s’ouvrait sur un couloir large et bien éclairé, au sol couvert d’une épaisse moquette blanc cassé. Le contraste était saisissant entre ce qui s’apparentait en haut à un hôtel de luxe selon l’idée qu’il s’en faisait et en bas à une taverne tout droit sortie d’une ère médiévale.

Elle lui avait pris la main et il la suivit docilement jusqu’à sa chambre, l’avant-dernière sur la gauche, au bout du couloir. Il n’entendait rien en provenance des pièces voisines et les sons remontant du rez-de-chaussée étaient étouffés, comme issus d’un lieu lointain et sans rapport avec la vaste pièce décorée en un camaïeu de couleurs grèges aussi sereines que son hôte qui pour l’heure enroulait ses bras autour de son cou après avoir ôté ses chaussures.

« Nous ne sommes pas pressés, lui dit-elle tout en passant et repassant ses doigts dans les longues mèches dorées que Hagen portait librement sur ses épaules. J’espère cependant que je te donnerai envie de rester assez longtemps avec moi cette nuit.

— Et si… – il s’en voulut de poser une telle question dans un tel moment mais il n’était pas sûr d’être capable de quoi que ce fût s’il s’en abstenait – … ça ne fonctionne pas ?

— Tu reviendras. Et moi je t’attendrai. Toi et aucun autre, sauf si tu me libères.

— Te libérer ? – Il ouvrit de grands yeux – mais je ne te possède pas !

— C’est une façon de parler. »

D’un doigt mutin, elle redessina son nez, puis ses lèvres, et enfin l’échancrure entre les premiers boutons ouverts de sa chemise, tirant un frisson au Guerrier Divin lorsqu’il sentit son ongle riper contre son sternum.

« A partir du moment où nous choisissons de concevoir ensemble, mon ventre t’appartient pour garantir que l’enfant qu’il portera sera bien le tien. Mais si cela ne marche pas, s’il s’avère que tu es stérile, alors tu devras me libérer pour qu’un autre puisse engendrer. »

S’il s’avère que tu es stérile. Finalement, il aurait peut-être mieux fait de se taire.

« Il n’y a… toutefois… aucune raison… qu’on en arrive…. là. »

Le dernier bouton de sa braguette céda sous les doigts agiles de Liv qui se refermèrent sur son sexe. Il ne s’était pas rendu compte qu’il bandait autant malgré les pensées peu réjouissantes qui tournoyaient sous son crâne et une fois encore, se demanda si cette satanée ressemblance avec Freyja avait quoi que ce fût à y voir avant de réaliser qu’elle n’était plus si évidente. Au fond des yeux pourtant toujours aussi limpides, nulle trace de cette pureté qui caractérisait le regard de son épouse. Au contraire : il y découvrit une luxure à laquelle il ne s’était pas attendu mais qui inexplicablement le soulagea. Non, il ne ferait pas l’amour à cette femme parce qu’elle n’était pas, et ne serait jamais sa femme. Tout ne serait affaire entre eux que de coït, d’échanges de fluides et d’excitation purement charnelle destinée à accomplir un devoir qui, dans le fond, n’aurait de cesse de le rebuter, quelle qu’en fût l’issue.

Aussi, lorsqu’il posa ses mains sur les seins lourds et chauds de Liv, lorsqu’il prit sa langue dans sa bouche tandis qu’elle s’enroulait autour de lui, lorsqu’il la pénétra une première fois, lui arrachant un gémissement, il cessa de réfléchir pour laisser ses instincts prendre le dessus.

Après tout, on ne lui demandait rien d’autre.

Asgard, Norvège, 30 mai 2006

« Pourquoi ce soir ?

— Parce que quitte à souffrir, autant ne pas lésiner ? »

Hilda dut se mordre les lèvres pour s’empêcher de pouffer mais le rire de sa sœur qui retentit le premier l’autorisa à l’imiter, fût-ce avec le cœur serré. Ma douce Freyja… Elle lissa dans le creux de sa paume la longue chevelure de sa cadette qu’elle achevait de brosser ; elle en avait défait chaque nœud, s’efforçant d’ignorer les plaintes que Freyja laissait parfois échapper d’entre ses dents serrées et se trouvait à présent sur le point de la diviser en trois parties égales. Freyja profitait de sa présence pour offrir à ses cheveux – auxquels elle tenait comme à la prunelle de ses yeux – des soins dont elle les privait trop souvent ces derniers temps, par manque de temps ou par manque d’envie. C’était aussi un moment privilégié ; depuis toujours Hilda adorait jouer avec la chevelure de sa sœur et lorsqu’elles se retrouvaient ensemble de la sorte, temporairement délestées de leurs titres, noms et autres obligations, elles redevenaient les deux petites filles dont la vie heureuse et insouciante n’était plus qu’un lointain souvenir. Rien alors n’était compliqué, songea Hilda en tressant un ruban de soie blanche au milieu des mèches blondes. Freyja en avait eu l’idée ; son aînée avait choisi la couleur. Comme avant.

Le feu crépitait dans la cheminée du salon. La demeure de Freyja et de Hagen, érigée à la lisière de la cité et en bordure des bois était l’une des rares à s’enorgueillir d’un étage et d’un double foyer lequel, couplé aux sources d’eau chaude qui serpentaient sous la maison, garantissait à leurs habitants une atmosphère douce et confortable, quelle que fût la saison. Hilda aimait s’y rendre ; l’empreinte de sa sœur était partout, doublée de celle plus discrète de son mari mais tout aussi bienveillante. Elle se sentait à l’abri dans leur foyer, momentanément délivrée d’une charge qu’elle trouvait plus pesante chaque jour et le quittait toujours avec un pincement au cœur, qui se dissipait lorsqu’elle se rappelait qu’elle pouvait y revenir aussi souvent qu’elle le souhaitait.

« Tu aurais du garder ton mari auprès de toi ce soir, gronda Hilda affectueusement. Tu as travaillé toute la journée à mes côtés et tu dois être fatiguée : Hagen saurait te réconforter.

— Hum… Je ne sais pas comment je dois prendre cette remarque  : suis-je donc si insupportable que tu n’aies pas envie de m’entendre me plaindre ?

— Si c’était le cas, alors que dire de moi !

— Je ne sais pas… Et si on demandait à Siegfried ?

— Méchante ! »

Et les deux femmes de rire comme des adolescentes avant que Freyja reprît :

« C’est vrai, tu as raison, je suis méchante : pauvre Siegfried. Il me fait de la peine, tu sais.

— C’est son problème : j’ai toujours été claire avec lui. Il est mon ami et ne sera jamais rien de plus.

— Pourtant, tu pourrais tomber plus mal : il est bel homme, aimable, cultivé, riche, honnête et courageux. Un vrai prince charmant comme on n’en fait plus !

— Mais peut-être que ce n’est pas pas d’un prince charmant dont je rêve.

— Ah oui, c’est vrai : toi, ce sont plutôt les mauvais garçons.

— … C’est de l’histoire ancienne.

— Tu crois que ça aurait pu marcher, entre vous ? »

Hilda suspendit son geste, enroulant et déroulant distraitement le ruban de soie autour de son index et de son majeur. Cette question, elle se l’était posée mille fois. Sans jamais y trouver une réponse satisfaisante, comprendre une réponse qui aurait pu lui laisser entrevoir la moindre petite chance.

« Non, répondit-elle après un silence, tout en reprenant son ouvrage.

— Dommage. Je me demande ce que ça ferait d’avoir un beau-frère Grand Pope du Sanctuaire.

— Petite impertinente !

— Aïe ! »

Malicieuse, Hilda avait serré un peu fort le tissu, tiraillant au passage quelques cheveux, un geste tout à fait illégal qui lui valut un coup d’œil faussement courroucé de sa cadette dans le miroir qui leur faisait face.

« Enfin, si ce n’est qu’une question de mauvais garçons, j’ai ce qu’il te faut.

— A savoir ?

— Albérich de Megrez.

— Mais veux-tu te taire, oui ?

— Eh bien quoi ? Il est intelligent mais retors, riche mais avide, beau mais petit et… arrête, arrête ! »

Riant aux éclats, Freyja tomba à bas de son tabouret, sa sœur à califourchon sur elle en train de lui prodiguer force chatouilles avec une précision qui faisait supplier sa cadette tout en lui tirant des larmes d’hilarité. A force de se débattre cependant, Freyja réussit à la repousser et elles retombèrent le dos, essoufflées, tête contre tête sur l’épais tapis qui recouvrait le parquet.

Un silence tranquille s’installa dans le salon, rythmé par les chuintements des bûches qui sifflaient tout en se consumant.

« Freyja, le problème ne vient peut-être pas de toi, tu sais.

— Si.

— Qu’en sais-tu ? Es-tu seulement allée à la maison des Pères ?

— Et toi ? Tu l’as fait ?

— Non.

— Alors tu ne peux pas être plus sûre que moi dans ce cas.

— …

— Hilda ? Oh. Non… ! »

Se dressant sur un coude, Freya contempla sa sœur qui gardait les yeux rivés sur les poutres du plafond.

« Ça n’a pas marché, expliqua celle-ci sourdement. Pourtant, j’avais fait tout ce qu’il fallait, j’avais même avalé l’horrible décoction que prépare cette vieille folle, tu sais, celle qui habite au pied de l’ancienne tannerie. Mais rien.

— Pourquoi avec lui ?

— Parce que j’en avais envie. »

Cette fois, Hilda accepta la confrontation et une ride se creusa entre les sourcils de Freyja :

« Tu l’as aimé, n’est-ce pas ?

— Oui. Follement.

— Oh, ma sœur chérie… »

Hilda ferma les yeux quand les mains de Freyja saisirent sa tête pour la serrer contre elle. Elle était stérile et sa folie à elle avait été de croire qu’elle ne l’était pas alors que depuis vingt ans, son corps ne lui appartenait plus, tout entier dédié au cosmos d’Asgard. C’était l’évidence même. Une folie plus grande encore que celle qui avait consisté à vouloir un enfant avec Saga Antinaïkos. Parce que cette lubie n’était que le désir d’une femme amoureuse, rien de plus. Une femme qui avait cru pouvoir en chasser une autre du cœur de l’homme qu’elle aimait si elle avait pu lui offrir un fils. Ou une fille. Ou peut-être même les deux, qui savait ? Ne disait-on pas que la gémellité pouvait être héréditaire… ? De nouveau en proie à ses rêves qu’elle continuait à entretenir depuis des années en dépit de tout ce qui les condamnait, elle ne sentait pas les larmes qui coulaient sur ses joues, dans son cou, sur les bras et les mains de sa sœur qui la berçait doucement. Le vide était immense. Et elle n’aurait bientôt plus rien pour réussir à le combler.

Quelque part en Asgard, Norvège, 30 mai 2006

Guilty ne s’était jamais servi d’un ordinateur. Non qu’il s’en serait rappelé mais à l’instar de la capacité de parler, d’écrire et de compter, un tel apprentissage ne pâtissait pas du châtiment de Death Queen Island. S’il ne savait pas le manipuler, avait décrété Mélanthios, c’est qu’il n’y avait jamais été confronté.

Le Gémeau déchu avait alors entrepris, quasiment dans les premiers jours qui avaient suivi l’arrivée de Guilty en Asgard, de l’introduire auprès des mystères de l’informatique et l’élève s’était montré aussi intéressé que doué. Bientôt autonome, Guilty n’avait plus eu besoin de requérir l’aide du Grec et passait désormais tout son temps libre – à savoir le temps qu’il ne passait à combattre Mélanthios – sur internet. Si rien de sa propre existence ne lui revenait, il disposait désormais de la possibilité de combler ses lacunes en ce qui concernait le monde qu’il venait de réintégrer et sa boulimie d’informations ne connaissait aucune limite.

Très vite, Guilty avait néanmoins posé la question : à quel genre de miracle Mélanthios devait-il de disposer d’une connexion internet ? L’intéressé s’était d’abord contenté d’un sourire matois en guise de réponse avant de dévoiler, devant l’insistance de Guilty, son petit matériel.

L’antenne satellite était bien cachée sous un amas de branches de sapin que le Grec mettait de côté à chaque utilisation. Accrochée à la face nord de la maisonnette en pierre, elle pointait droit vers un ensemble de satellites spécifiquement dédiés au réseau internet et qui permettaient aux zones blanches d’être raccordées au monde. Une catégorie dans laquelle entrait pile ce coin reculé d’Asgard, oublié de tous.

Guilty, qui s’était immédiatement renseigné sur cette technologie, avait par la suite cherché à en savoir plus : quel réseau, quel fournisseur, quel débit et surtout, à présent qu’il avait identifié le comment, le pourquoi. Pourquoi cette nécessité de disposer d’une connexion ? A quels usages Mélanthios la destinait-il ? Quels étaient ses objectifs ?

A toutes ces interrogations, l’ancien Gémeau avait opposé une fin de non-recevoir. Non pas franche et directe mais plutôt toute en non-dits et autres réponses évasives. Et ce n’était pas cette pièce annexe et sans fenêtre dont la clé de la porte toujours fermée pendait autour du cou de Mélanthios qui incitait Guilty à abandonner sa quête d’informations. A présent qu’il avait ouvert la boîte, il avait bien l’intention de l’explorer jusque dans ses moindres recoins.

« Il est intelligent. Très intelligent », avait écrit Mélanthios dans un mail à Alexei auquel ce dernier avait répondu par « je te laisse seul juge » suffisamment éloquent pour que le Grec considérât désormais Guilty d’un œil songeur. A dire vrai, si ses impressions se confirmaient, elles l’obligeraient à modifier pour partie la suite des opérations et plus précisément leur temporalité. Cependant, était-ce si grave ? Non à la vérité : au goût de Mélanthios, les choses n’allaient pas assez vite ; l’intégration de Guilty à ses plans pourrait bien faire pencher la balance dans un sens qui lui agréerait au plus haut point.

A l’occasion, Mélanthios s’interrogeait : le recrutement de Guilty avait beau avoir été prévu de longue date par Dimitri, ce dernier ainsi qu’Alexei avaient-ils anticipé le panel entier de ses capacités ? Qu’il fût un combattant hors pair d’un niveau propice à mettre n’importe quel chevalier d’or en difficulté était une chose ; qu’il fût doté d’une capacité de réflexion aussi rapide et précise en était une autre qui n’en rendait ses talents pour le combat que plus dangereux encore. L’arme était belle, Mélanthios en convenait volontiers ; encore fallait-il parvenir à la contrôler.

* * *

« D’accord ! »

Essoufflé, les mains sur les genoux, Mélanthios contemplait Guilty par en-dessous :

« Tu as gagné, je me rends. »

A ces mots, le sourire de Guilty s’élargit sous le sang qui coulait de son arcade sourcilière fendue tantôt par le poing du Grec. Ce dernier n’était pas en reste bien que ce fussent en réalité les coups portés avec constance et application à son foie par son adversaire qui avaient eu raison de lui, et non les chairs éclatées ici ou là qui n’auraient d’autres conséquences que de lui rajouter de nouvelles cicatrices.

Après quelques semaines de réglages, Guilty avait découvert – ou plus probablement redécouvert – les avantages indiscutables de la ruse et de l’illusion et s’en donnait depuis à cœur joie. Son opposant n’était pas né de la dernière pluie et s’y connaissait en matières de tromperie, il avait néanmoins fini par être battu à son propre jeu.

Et si ce n’était que ça…

Tout en achevant de reprendre son souffle, Mélanthios observait l’autre homme du coin de l’œil. Son attitude n’avait plus rien à voir avec celle un peu gauche et artificielle qu’il avait adoptée les premiers jours, déstabilisé par les changements opérés autour et en lui. Désormais parfaitement à l’aise avec son nouveau statut d’amnésique libéré de la tutelle du Sanctuaire, il parlait d’une voix assurée – dans un grec si parfait que Mélanthios commençait à soupçonner qu’il fût grec lui aussi – tenait une conversation sans plus fuir le regard de son interlocuteur et se fendait même de quelques traits d’humour. De sa constellation tutélaire, toujours aucun indice cependant, ni de son identité. A moins que Guilty lui dissimulât un éventuel regain mémoriel ? Non, décida Mélanthios en essuyant la sueur sur sa figure au moyen d’une serviette, car le seul sujet en capacité de replonger Guilty dans sa morosité était justement celui de ses souvenirs. Ou plutôt de son absence de souvenirs.

Ceux-ci néanmoins n’étaient pas indispensables au rôle que les Enfants du Cosmos entendaient lui faire jouer, bien au contraire : tant que Guilty ne recouvrerait pas la mémoire, il continuerait à pouvoir dérouter ses adversaires par sa capacité à user des attaques de n’importe quel chevalier. Et cet atout-là était trop précieux pour le gâcher par de subites réminiscences, Surtout en prévision de la suite.

Mélanthios n’avait plus de nouvelles d’Alexei depuis plusieurs jours à présent mais ne s’en inquiétait pas outre mesure ; tous deux savaient ce qu’ils avaient à faire et si le Gémeau déchu prenait un peu d’avance sur son programme, qui pour l’en blâmer ? Pour ce qu’il en savait, les préoccupations du Domaine Sacré relevaient pour l’heure de l’anecdotique pour la plupart de ses membres et quant au Pope en exercice, il avait d’autres chats à fouetter. Restait le cas de Rachel Dothrakis dont l’évocation tira un sourire sardonique au vieux Grec : une souris coincée dans un labyrinthe ne l’aurait pas plus amusé.

« Viens avec moi », jeta-t-il à Guilty tout en lui tournant le dos pour revenir jusqu’à la maison. Du coin de l’œil, il décela l’étonnement, puis la curiosité de l’autre homme qui ne tarda pas à lui emboîter le pas au travers des pans de glace de plus en plus rares et minces qui jalonnaient leur retour sur la terre ferme.

Une fois à l’intérieur de l’habitation, Mélanthios tira de sa chemise la cordelette en cuir qu’il portait autour du cou et se tourna vers Guilty :

« Il y a un moment pour tout. Ton moment à toi est arrivé. »

6 réflexions sur “Nouvelle Ère – Émergence – Chapitre 22

  1. Salut!

    Oh là là, je ne l’avais pas vue venir cette industrie de mères porteuses/donneurs de sperme asgardienne… C’est absolument sinistre. Ils n’ont vraiment pas tiré le gros lot… Et ça doit causer plein de problèmes, non? Je veux dire, comment est-ce qu’on peut savoir qui est le père d’un enfant avec la moindre certitude, dans ces conditions? Ils sont incroyablement confiants ou il y a test de paternité systématique? (Bon, tu me diras, en conditions « naturelles » on ne peut jamais être sûr non plus, mais bon…).

    J’ai bien apprécié le petit moment de complicité entre Hilda et Freyja. Surtout pour Hilda, ça fait du bien de la voir délestée du poids de ses obligations, plus humaine. Décidément, je la plains. Sa vie de femme n’est pas plus gratifiante que sa vie « professionnelle » qui se complique de plus en plus. Quelle idée, aussi, d’être tombée amoureuse de Saga… On aurait envie de lui dire d’ouvrir les yeux et de s’intéresser un peu à Siegfried…

    Et donc Guilty est en train de devenir un parfait petit hacker au nez et à la barbe de Mélanthios, c’est ça? Je n’oublie toujours pas qu’on a la NSA dans cette histoire, sans parler des apprentis qui papotent fort imprudemment sur MSN. Quiii va pirater qui? Je ne sais pas. Par contre, je suis à peu près sûre que l’équipe d’Alexei a fait un mauvais calcul et que Guilty va effectivement leur exploser entre les pattes à un moment donné. Entre son intelligence et ses capacités, il n’y a aucune chance qu’il se contente de jouer le rôle de pion qu’ils lui auront assigné.

    J’ai l’impression que tu ne cesses d’ajouter de nouveaux fils à cette histoire, et je me réjouis de voir quelle tapisserie tu vas nous tisser avec tout ça!

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    • Bonjour Lily !

      Dans les faits, Asgard a deux problèmes. Le premier, c’est la consanguinité (qui découle en partie du deuxième problème) : à la base, les Asgardiens étaient bien plus nombreux qu’ils ne le sont aujourd’hui mais même ainsi, leur nombre ne suffisait pas de toute manière à éviter la consanguinité à terme (quand tu vois qu’en Islande, qui compte tout de même 300 000 habitants, existe une application qui permet à chacun de vérifier si son « love interest » ne lui est pas apparenté…). A présent qu’ils sont de moins en moins nombreux, c’est encore pire. Asgard est fière de sa culture et de ses traditions et cultive l’entre-soi, de fait devoir « s’ouvrir » à un patrimoine génétique extérieur a suscité moult débats. Néanmoins, la réalité étant ce qu’elle est, ils n’ont plus le choix (à noter que je soupçonne que par le passé, les enfants nés handicapés du fait de cette consanguinité aient été abandonnés « aux bons soins » des loups…). La solution trouvée est assez glauque, je te l’accorde volontiers ! Néanmoins, de leur point de vue (qui n’est pas forcément le mien) elle permet de concilier la préservation de la culture asgardienne (pas d’étrangers accueillis sur le sol asgardien) et un renouvellement génétique indispensable. Tes interrogations sont tout à fait légitimes et tu penses bien qu’ils ont eu les mêmes XD Nous sommes au 21ème siècle, donc oui, on peut penser qu’ils font des tests de paternité même si comme expliqué dans le chapitre, les filles qui endossent le rôle de mère porteuse s’engagent par contrat à n’avoir qu’un seul partenaire jusqu’à ce qu’elles tombent enceintes. Du côté de la maison des Pères, la question ne se pose pas, par contre XD
      Il n’empêche que ça génère des difficultés « autres » parce que, bon, même si le principe est acté, ce n’est pas pour autant qu’il fait plaisir à tout le monde, je pense aux épouses légitimes par exemple, ou aux enfants « officiels »… Bonjour les ennuis !

      Le second problème, c’est la stérilité induite par l’usage du cosmos pour réguler le climat (usage qui s’est encore intensifié, donc vu la situation). Comme chaque Asgardien est appelé à jouer son rôle dans cette action, ils sont tous soumis à ce risque. Et donc la natalité chute, ils sont de moins en moins nombreux, la consanguinité augmente, etc. Certains passent au travers mais d’autres, malheureusement, n’ont pas cette chance. C’est le cas de Freyja donc, mais aussi d’Hilda.

      J’aime beaucoup Hilda, ce personnage m’a toujours touchée. Elle est forte, très forte et a appris à masquer ses fragilités parce qu’elle détient le pouvoir et qu’elle sait que certains (Albérich, coucou !) n’attendent qu’un faux pas de sa part pour s’en emparer. Ceci étant, elle n’a pas un quotidien facile et s’est effectivement entichée du mauvais prince charmant ! Siegy lui conviendrait tellement mieux… *soupir*

      Alors, Guilty est initié à l’informatique par Mélanthios 🙂 Dans un (lointain) chapitre précédent, Alexei demande à Grisham un accès par satellite et on voit ensuite que c’est pour le compte de Mélanthios sur son bout de glace. En tout cas, je vois que tu rappelles de pas mal de détails qui seront fort utiles pour la suite ! 😉
      Quant à Guilty, let’s wait and see ! Comme le pense Mélanthios c’est un garçon… prometteur XD

      Tu as tout à fait raison, il y a de nombreux fils dans cette histoire (trop, si tu veux mon avis et à mon grand désespoir T_T Je sais où je vais mais j’ai l’impression de m’être attaquée à l’Everest…) et tous vont finir par se recouper ! J’espère que le dessin final te plaira :-p

      Un grand grand merci à toi pour ta fidélité et ta lecture attentive, bonnes vacances à toi et à bientôt !

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  2. Un bordel non deux bordels pour aider à la repopulation d’Asgard ! Où est-ce que tu as été cherché une idée pareille? Quoique non, en fait c’est très logique qu’un peuple à de souffle et de sang en arrive à ce genre d’extrémités.

    Il est mignon Hagen, en tous cas, à ne pas vouloir y aller par respect pour sa femme. Tout le monde n’aurait pas ce genre de considérations (il est marié Syd, d’ailleurs?). Cela met en perspective beaucoup de choses, notamment sur Hilda et Saga… Un rejeton du Pope en Asgard, ça aurait pu donner lieu à un sacré chaos. De là à imaginer un autre univers parallèle à UDC où ce fameux héritier aurait pris le pouvoir terrestre au nom du d’Asgard, il n’y a qu’un pas.

    Et on finit en beauté sur un Guilty de plus en plus intriguant. Il est tellement mystérieux que ça donnerait presque à penser que c’est un personnage qui existe déjà dans l’univers de Kurumada ou de la série de 86. Mais aucun perso n’a cette faculté de recopier les attaques, donc le mystère reste entier pour le moment.

    Dernier point, Sigmund est devenu le frère cadet de Siegfried plutôt que son aîné… C’est pour laisser au dragon bicéphale l’honneur de diriger son clan, je suppose.

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    • Hello !

      Eh bien oui, deux « bordels » : En ces temps de metoo, c’est qu’il faut respecter le principe de parité, mon bon monsieur ! 😀 Plus sérieusement, je ne voyais pas pourquoi les Asgardiens auraient eu la possibilité de sauvegarder et de transmettre leur patrimoine génétique, et pas les Asgardiennes. Et puis la stérilité touche indifféremment les hommes et les femmes de l’enclave, donc… Enfin, ce ne sont pas des bordels mais des centres de PHA : procréation humainement assistée XD (quant à l’idée, je ne sais pas, elle a surgi un beau matin et je me suis dit « ohmaistropbien! ») (et dis-toi que le pire est encore à venir. Si, si)

      Syd est effectivement marié à une femme qu’il n’aime pas et inversement. On est typiquement dans le cas d’un mariage arrangé. Son épouse est stérile qui plus est, ce qui lui fournit une eeeeexcellente raison d’aller batifoler ailleurs en toute légalité.

      Un rejeton mi-grec, mi-asgardien, en effet, v’là le chaos ! Dans le même temps… Quelle puissance potentielle !

      Je n’ai pas encore totalement défini les contours du sieur Guilty mais je pense pouvoir affirmer que ce Guilty-là n’existe pas dans le StS qu’on connait. En effet, nous n’avons pas de « copy cat » il me semble et je te confirme que le mystère reste entier (y compris pour moi, ahem…).

      Ah ? Sigmund est l’aîné de Siegy dans Soul of Gold ? Ah… Oups ? XDDD C’est là qu’on voit que Soul of Gold m’a durablement impressionnée (non). J’étais persuadée que c’était son cadet, moi… Et il va donc rester son cadet dans NE ! Dans ma tête, Siegy est l’aîné en effet, et le chef de son clan. Vu le profil du gars, je l’imagine très TRES mal dans la Maison des Mères et puis il est de toute façon tellement amoureux d’Hilda en mode amour courtois que jamais il n’irait voir ailleurs. Il ne l’imagine même pas. Donc c’est Sigmund qui doit s’y coller sur ordre de son grand frère pour la perpétuation du clan. Or, Sigmund, c’est vraiment pas son truc non plus, même si pas pour les mêmes raisons.

      Merci beaucoup pour ta lecture attentive, tes hypothèses et ton intérêt pour cette histoire !

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  3. Hello Al’ !

    Voilà un chapitre très intéressant dans lequel nous avons pu prendre connaissance de plusieurs aspects assez instructifs pour ce qui est de l’évolution de ton récit (enfin il me semble en tout cas). Bon certains plus sordides que d’autres, hein, mais je reviendrai sur ce point plus tard.

    J’ai beaucoup aimé le passage Hilda-Freyja, leur complicité, la sincérité de leur échange et la manière avec laquelle les deux sœurs essaient de s’apporter un peu de réconfort mutuellement (l’allusion aux « attraits » d’Alberich m’a beaucoup fait rire d’ailleurs !) La vie des femmes Asgardiennes n’est décidément vraiment pas facile. Bon, celle des hommes non plus, même si dans ce chapitre, ils ne donnent pas vraiment l’impression d’être les plus à plaindre… Mais revenons à Hilda. C’est une femme forte, dévouée à son Royaume et à son rôle de souveraine, mais Dieux, à quel point elle me brise le cœur ! Être amoureuse à ce point et avoir pris conscience depuis longtemps que cela ne la mènerait nulle part mais aussi, et c’est certainement ce qui doit être le plus douloureux à accepter, que l’homme qu’elle aime en aime une autre et ne l’a probablement jamais aimée elle (ou alors pas de la même manière). Pfou, tu ne l’as pas gâtée quand même… Je me demande ce qu’il se serait passé si elle avait finalement eu un enfant avec Saga. Le lui aurait-elle dit ? Si oui, je n’imagine pas Saga ne pas vouloir s’en préoccuper. Et même si elle avait fait le choix de garder ce secret pour elle, Saga l’aurait forcément compris tout seul lors de ses visites. Parce que le cosmos, et parce que la génétique s’exprime souvent d’elle-même sans avoir besoin de test de paternité 😉 (tiens, bizarre ce gamin à la longue chevelure bleu et au teint halé, non ?) Enfin la question ne se sera jamais posée de toute façon.

    Et en parlant de test de paternité… Drôle de solution qu’a choisi d’implémenter la population d’Asgard, dis-moi ! J’ai un petit trou de mémoire en écrivant ma review, mais je gagerai que le souverain ayant choisi de mettre en place une telle approche était un homme, non ? Car je ne vois pas une femme avoir une telle idée… Après, Hilda ne semble pas s’être opposée à cette tradition lors de sa prise de fonction, alors qu’en 2006, il y a d’autres moyens pour procréer sans mettre en jeu le moindre échange « direct » de fluides entre le donneur et la mère porteuse 😉. Mais cela impliquerait peut-être des infrastructures trop coûteuses ou trop sophistiquées pour le Royaume ? Sans parler du personnel qu’il faudrait former ou recruter. En même temps, ils recrutent bien des mères porteuses non scandinaves, alors… Mais c’est clair que certains seraient probablement déçus de devoir se passer de ce genre de petites « sorties » (hello Syd), même si d’autres en seraient probablement plus que ravis (les époux fidèles amoureux de leurs épouses comme Hagen, mais pas que… J’imagine la difficulté de la situation pour les Asgardiens n’ayant pas la même « orientation » que la majorité de leurs concitoyens). Sinon, j’ai totalement imaginé la taverne moyenâgeuse en te lisant, à tel point que j’en ai un temps oublié que cette histoire se déroulait au XXIème siècle 😅.

    Bon et pour terminer, Guilty est donc devenu un petit génie de l’informatique. Hum pratique ça dis donc pour mettre en place le plan d’Alexei ! Non ? (Je n’ai pas oublié mes lectures parallèles impliquant la diffusion de certaines photographies… Mais l’utilisation d’internet n’aura peut-être rien à voir dans cette affaire ? Bah, je verrai bien !) Sinon, je sais que tu m’as déjà dit que ce n’était pas le cas, mais je ne peux pas m’empêcher d’imaginer Guilty sous les traits d’Ikki. J’ai beau me dire que ton personnage n’a rien à voir avec lui, le mal est fait dans mon esprit 😅.

    Voilà, je crois que je n’ai rien oublié de ce que je voulais échanger avec toi sur cet excellent chapitre. J’ai vraiment hâte de découvrir la suite ! Et comme toujours, merci à toi de partager ton histoire et ton talent avec nous !

    Bises et à très vite !

    Phed’

    PS: et promis, je répondrai à ta review sur ffnet bientôt ; j’ai essayé de me déconnecter un peu pendant mes congés, mais mes vacances étant à présent terminées (retour au boulot demain), je rattraperai mon retard d’ici peu.

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    • Coucou Phed !

      Tout d’abord, plein de courage pour la reprise ! Et ensuite, un grand merci d’avoir pris le temps dans ce rush de rentrée de lire et de me partager tes impressions quant à ce chapitre ❤

      J'aime beaucoup les sœurs Polaris. Elles ont une belle relation, empreinte de respect et d'amour, et sont très proches l'une de l'autre. Ces moments d'intimité loin du palais sont pour elles deux, mais aussi et surtout pour Hilda, le moyen de se libérer des apparences. Avec sa soeur, Hilda est libre d'être elle-même, à savoir une femme forte qui assume aussi ses fragilités. Son amour pour Saga est sans conteste la plus significative et même si elle a, à première vue, surmonté cet échec, il a laissé des traces d'autant qu'elle n'a aucune prise dessus et qu'elle ne peut pas en vouloir, non plus, à Saga, d'en aimer une autre. A sa manière, il l'a aimée pour de vrai : elle le sait très bien et c'est ça qui est le plus douloureux. Dans une autre réalité, peut-être qu'ils auraient été heureux ensemble et cette certitude lui fait mal.
      Tu as raison, si elle avait réussi à avoir un enfant de lui, elle n'aurait pas pu le lui cacher car "bon sang ne saurait mentir" XD Qui sait ? Peut-être que cela aurait réussi à réconcilier le Sanctuaire et Asgard ? A moins qu'à l'inverse, cet enfant ait déclenché une guerre ? (pas sûr qu'un Antinaïkos bon teint accepte que sa précieuse descendance soit élevée ailleurs qu'au Sanctuaire, hein…) nous ne le saurons jamais !

      Le peuple d'Asgard est traditionaliste. Très. On le voit dans les chapitres précédents, ils sont dans leur très grande majorité très attachés à leur mode de vie ancestral, qui est simple, parfois fruste mais dans tous les cas très proche et respectueux de la nature souvent rude qui les entoure. Bien entendu, ils ont évolué – grâce notamment aux Megrez qui sont toujours les premiers à tester de nouvelles choses et en font profiter les autres Asgardiens quand ils estiment que ça peut être bénéfique au plus grand nombre (et à eux en priorité, oui, bon, d'accord XD) – ils utilisent les ressources géothermiques pour se chauffer et / ou pour produire de l'électricité, le palais est équipé d'internet, ils vont et viennent entre l'enclave et le monde extérieur (pour ceux qui le souhaitent), mais sur leurs terres, ils ont conservé un système "féodal" (sans le côté asservissement) de type clanique, ils se déplacent à cheval (sauf urgence, dans ce cas, vive les moto-neige en hiver), l'essentiel de leur économie est basé sur l'agriculture et l'élevage, ils chassent, ils se soignent avec les moyens à leur disposition, etc. Par ailleurs, du fait de leur rôle à l'échelle de la planète et de leur usage du cosmos, ils se soumettent à une série de règles qui garantissent le vivre ensemble ainsi que la pérennité de leur action. Enfin, ce peuple est fier de ses origines mythologiques, de ses racines et de son sang, qui dans son esprit s'assimile au cosmos commun dont il est dépositaire. Ce dernier point est vraiment très ancré dans les esprits, y compris des moins conservateurs d'entre eux.

      Par conséquent, bien que les instances dirigeantes soient bien évidemment au fait des progrès de la médecine et des solutions "techniques" offertes pour tenter d'enrayer l'inexorable, la "manière" s'accorde mal avec l'importance de la nature dans leur existence. Il en existe pas mal parmi eux d'ailleurs qui considèrent qu'au fond, s'ils sont condamnés à disparaître, eh bien ainsi soit-il : si la nature en a décidé ainsi, c'est que cela doit être, point final. Néanmoins, pour la sauvegarde l'humanité, le rôle d'Asgard doit être perpétué donc il a bien fallu trouver un "compromis" sans se "compromettre". Respecter le déroulement naturel des choses tout en lui donnant un petit coup de pouce. Choisir avec soin le nouveau patrimoine génétique à intégrer au patrimoine originel (les "reproducteurs" ne sont pas tous scandinaves, certes, mais sont tous d'origine européenne) tout en apportant assez de diversité, vitale à la survie d'Asgard. Disposer d'un contrôle total sur ce qui est fait. On est clairement pas très loin de l'eugénisme, hein, et de fait il est souhaitable que ce genre de procédés soit strictement encadré par un minimum de personnes dans un maximum de confidentialité parce que ça reste éminemment discutable.

      Asgard est plutôt du genre égalitaire, entre les hommes et les femmes. S'il existe une Maison des Mères, il existe également une Maison des Pères, comme précisé dans le chapitre. C'est à dire que les Asgardiennes ont elle aussi à leur disposition un "vivier" de Y : en effet, dans un couple, si l'homme est stérile mais qu'il faut assurer la descendance de la lignée, alors les femmes sont elles aussi appelées à accomplir leur devoir si de leur côté, elles peuvent enfanter. Comme pour les hommes il n'y a pas d'obligation… mais c'est vivement conseillé. Et comme le sens du devoir envers Asgard est puissamment ancré dans les esprits, même ceux dont l'orientation n'est pas "compatible" avec le devoir en question se sentent un peu beaucoup obligés de s'y coller. D'ailleurs, ta remarque est fort bien vue ! 😀 En effet, certains ne sont pas ravis d'être là… 😉 (et d'autres ont carrément décidé de boycotter le truc, comme on le verra plus tard). Et comme partout, d'autres n'ont pas tant de scrupules (coucou Syd !) et décident de considérer les choses sous un angle "positif" XD (et c'est vrai : c'est plus "fun" pour les hommes que pour les femmes qui, une fois fécondées, n'ont pas besoin d'y retourner avant une bonne année même si Syd devrait se faire rattraper par la patrouille incessamment sous peu : l'objectif n'est pas qu'une lignée devienne plus puissante que les autres en abusant du système avec tout plein de descendants "au sang neuf" car cela déséquilibrerait Asgard)

      Guilty est un homme très intelligent, à l'esprit vif. De plus, il est très curieux et à ce niveau-là, c'est plus dans sa nature profonde que du fait de son rôle de Guilty pendant des années. Son esprit était alors bien trop embrumé. Cette facilité qu'il a pour l'informatique montre qu'il a de grandes capacités d'adaptation à toutes les situations ce qui peut être un atout important.
      C'est marrant que tu imagines le visage d'Ikki en le visualisant ! XD Je me rappelle que tu avais émis cette hypothèse au tout début. Difficile de faire mentir le cerveau quand il a décidé quelque chose, hein 😉 Bah, tu pourras te dire que Guilty ressemble à Ikki, et ça devrait passer comme ça XD

      Un tout grand merci une fois de plus pour ta lecture attentive, tes hypothèses et tes ressentis ! 😀 A très bientôt !

      Bises !

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