Milan, Italie, Avril 2006
Ils n’avaient pas parlé. Ne s’étaient pas même salués. Le sac d’Angelo était tombé à ses pieds sitôt la porte franchie et refermée, Shura, déjà debout, s’était avancé, et ils s’étaient arrimés l’un à l’autre. Mains d’abord, bouches ensuite, corps enfin, unis, verrouillés, enchâssés, puis ils avaient baisé, toujours en silence.
Le coït avait été rapide et brutal, à l’image de la première jouissance qui l’avait soldé ; après seulement, et pour la première fois depuis des semaines, ils avaient fait l’amour.
Et retrouvé la faculté de parler, par la même occasion.
« Tu as maigri », commenta Shura allongé sur le dos sur les draps en désordre, sa poitrine s’élevant et s’abaissant au rythme de sa respiration, ample et profonde. Il avait tourné la tête vers l’Italien qui s’était levé pour s’approcher de l’immense baie vitrée de la suite localisée au dernier étage de l’hôtel où Shura lui avait donné rendez-vous. La vue sur le Duomo1 de Milan, éclairée par les dernières lueurs du soleil, était imprenable.
Pour toute réponse, Angelo laissa échapper un rire bref et sec en se retournant à demi :
« Hé, salut, comment tu vas ? Moi aussi je suis content de te voir ! »